Cachez ce sexe que je ne saurais voir
Besse Chrystel , Bertini Marie-Joseph, Fontan Arlette, Gaillard Françoise, Zabunyan Elvan - Editions Dis Voir
De la monstration à l'effacement, de la nature à la culture : le statut artistique du féminin des origines à nos jours.
La créativité serait-elle un attribut intrinsèquement masculin ? Toute l’histoire de l’art le laisse supposer, au même titre cependant que les multiples tentatives pour tuer dans l’oeuf tout désir de création féminine. Paradoxalement, l’art en général – qu’il soit graphique ou littéraire – regorge de représentations de la femme et de son sexe, un sexe étudié exclusivement à travers le prisme d’une vision masculine – à tel point que lorsque des femmes le représentaient, leur regard subissait l’influence d’une vision masculine, imposée par une société masculine - chose qui est encore vrai(e) aujourd’hui dans une majorité des cas.
C’est cette histoire souvent méconnue ou délibérément occultée que cet ouvrage passionnant, influencé par les Gender Studies, entend retracer, en laissant la parole à des femmes chercheuses, philosophes, artistes et/ou historiennes d’art – des regards croisés qui en disent long sur le formidable complot qui maintient, depuis des siècles, la femme dans l’ombre de son alter ego masculin, en la représentant certes différemment selon les époques et les lieux, mais toujours avec une constante : en lui assignant des rôles passifs et fonctionnels, en la renvoyant sans cesse à son « essence », voire à son animalité. Les objectifs avoués de l’ouvrage : retracer cette vision exclusivement masculine de l’histoire de l’art (qui reflète bien entendu le regard social et politique porté sur la femme), dénoncer les dérives essentialistes qui toujours renvoient la femme à ses fonctions biologiques - maternelle ou sexuelle -, tout en soulignant l’émergence de nouvelles artistes qui, depuis les années 1970, ne subissent plus le voyeurisme séculaire qu’elles se sont peu à peu réapproprié.
Elvan Zabunyan, dans Anatomie/Autonomie, exprime un constat douloureux : « malgré l'implication plus affirmée des femmes artistes et/ou intellectuelles dans le territoire de l'art, la problématique reste d'actualité dans un champ culturel où les idées patriarcales occidentales ne sont que partiellement remises en cause. » Il s'agit désormais de repenser la représentation du sexe féminin, jusque-là confisquée par et pour des hommes et de cesser d’y voir un manque ou un vide (opposé à la proéminence phallique), en proposant un regard neuf, autoréflexif, qui permette à l'artiste femme de passer de l'état d'objet à celui de sujet, de celui de regardée à celui de regardante, et à faire voler en éclats le manichéisme d'une société fondée sur une binarité ancestrale dépourvue de sens.
On retrouvera, parsemées tout au long de l'ouvrage, quelques reproductions des travaux des artistes que présente Elvan Zabunyan : Shigeko Kubota et son œuvre Vagina Painting (1965), une performance directement influencée par l’action painting de Pollock, Barbara Hammer et son film Multiple Orgasms (1976), Valie Export et Genital panic, autre performance réalisée en 1969 (où l'artiste, téméraire, se met en scène, détournant brutalement les clichés généralement assimilés au sexe féminin), ou encore Judy Chicago (on retrouvera de multiples exemples sur le site internet de l’artiste, même si les travaux de cette dernière paraissent s'engouffrer dans le piège essentialiste) et Hannah Wilke et ses autoportraits filmés et photographiés. Des représentations qui revendiquent pour la plupart le droit à une jouissance individuelle, dont seraient temporairement exclus les hommes, de manière à affirmer l'indépendance totale de l’être-femme dans un monde qui lui a longtemps refusé tout pouvoir, qu’il soit sexuel ou politique ; ces différents travaux donnent naissance au « cunt art » (ou « art du con »), terme inventé par la critique Cindy Nemser ; quand bien même l’image initiale qu’il évoque pourrait sembler réductrice, il permet, à travers une prise de conscience personnelle, de revaloriser l’image d’un sexe jusque-là diabolisé et malmené (au sens propre comme au figuré). En dépit de la provocation explicite de la plupart de ces œuvres, il ne faut confondre celles-ci avec de la simple pornographie (régression plus que libération, par le biais d'une « prolifération d'images stéréotypées et sexuées du corps féminin répondant à des canons masculins ») qu'Elvan Zabunyan condamne esthétiquement.
Revalorisation, donc, qui prend toute son importance quand on examine, avec Chrystel Besse (Iconographies du sexe féminin), les visions protéiformes du corps de la femme, de la préhistoire à nos jours, de l’Asie à l’Occident, et sur lesquelles elle pose un regard attentif et approfondi, rappelant comment certaines oeuvres prénéolithiques évoquent un culte à la féminité, à travers l'image d'une déesse mère nourricière indispensable à la survie de l'espèce humaine - croyance rendue possible par l'ignorance du lien entre rapport sexuel et enfantement, et de l'intervention masculine dans le processus de procréation ; une représentation ébranlée par les monothéismes qui imposent peu à peu (sur le modèle du polythéisme grec) la figure unique d'un dieu le père, en avilissant le sexe féminin et en l’associant au péché et au « cloaque » anal (pour s’en persuader, il suffira d’observer les reproductions obscènes qui accompagnent l’article, les visions diaboliques d’un sexe « animal» proposées aux chrétiens). Il est évident que le statut de la femme a la plupart du temps été déterminé par le statut qu'elle tenait dans la sphère religieuse et en particulier dans l'art religieux, et l’osmose sexe/sacré appartient à des temps révolus : s’est imposé un phénomène d'exclusion du sexe féminin par la triade dieu/mâle/père ; et l’auteure de rappeler combien les textes dits sacrés ne cessent d’accumuler les contradictions internes à ce sujet (on renverra le lecteur au Traité d’athéologie de Michel Onfray).
En d’autres lieux, les échelles de valeurs changent et Chrystel Besse évoque des « représentations érotisées de divinités féminines », moins connues, de l'Égypte ancienne à la Chine taoïste (qui célèbre, sans pourtant se départir d’un certain phallocentrisme, «le couple divin (qui matérialise l'union des principes masculin et féminin) étant à l'origine du monde.»), du bouddhisme à l'hindouisme : des points repris en partie par Arlette Fontan (Le sexe féminin dans les religions), qui propose une analyse diachronique des notions jointes ou disjointes de sexe et de sacré : les religions monothéistes ont joué un rôle déterminant dans l'histoire des inégalités, en inculquant des siècles durant les visions cauchemardesques et négatives d'une créature bestiale et dangereuse, naturellement castratrice (Freud lui-même, héritier involontaire de ces représentations, épousait cette idée), à la fois gorgone et sirène, Eve et Lilith, rendue impure par le sang des menstrues ou par d’autres sécrétions intimes.
Quant à la déification de la femme aux temps préhistoriques, Arlette Fontan se montre plus circonspecte et se démarque prudemment de l’essayiste précédente en affirmant que cette instrumentalisation enfermait déjà la femme dans une fonction précise et établie, celle de la procréation. Plus tard, la femme est tout entière assimilée à son seul sexe, et devient victime d’une irréductible misogynie qui toujours semble se fonder sur une crainte indéfinissable, enfouie dans l'inconscient masculin. Une question explorée en détail par Françoise Gaillard dans l'article Vierge ou démone : la femme dans les fantasmes fin de siècle. « La femme n’est que sexe », nous rappelle-t-elle, pour les artistes et les écrivains du XIXe siècle, époque du naturalisme, de la biologie, de la théorie darwinienne et des grands misogynes (de Schopenhauer à Maupassant, de Baudelaire à Michelet…) ; la femme, privée de son humanité, devient « une espèce à part », considérée comme un objet d'étude au même titre que les autres espèces animales, un être instinctif, influencée par ses hormones et sa matrice (cette « hystérique » - littéralement : menée par son utérus), incapable de raison : « la femme est abominable parce qu’elle est naturelle » écrit Baudelaire, synthétisant le point de vue de l'époque et ajoutant : « elle est toujours en rut et veut être foutue » ; « Baudelaire, sans le savoir peut-être, énonce, en ces propos aussi crus que cruels, la véritable raison du dégoût que suscite la femme chez l'homme civilisé. Par ce sexe insatiable qui commande en elle, la femme en est restée à un stade de naturalité quasi animale. Ce qui angoisse donc en cette créature détestable, c'est le rappel constant à l'ordre de la nature que fait entendre son sexe et qui tire l'homme loin en arrière, vers les bas-fonds de son origine animale. »... Toujours la même la crainte, voire la même névrose, éprouvée par les hommes face à ce continent inconnu, un féminin « qui dit le vrai sur l'origine » : le masculin détient, dans le même temps, les rênes de la culture et refuse de les lâcher au profit de menaçantes inconnues à l'état de nature ("Il est l'Un, lisible, transparent, familier. La femme est l'Autre, étrangère et incompréhensible", écrivait Elisabeth Badinter).
Justement, plusieurs articles font référence au tableau de Courbet, L'origine du monde, une oeuvre quasi photographique que longtemps Jacques Lacan posséda en secret : « la toile trônait en fait au milieu de son salon, invisible mais bien là, présence-absence si signifiante. » écrit Marie-Joseph Bertini (Le Monde comme volonté et représentation : l'irruption des femmes), ce tableau fonctionnant comme la métaphore de la représentation féminine dans l'imaginaire collectif : «l'intense paradoxe qui force le corps des femmes, et plus particulièrement leur sexe, à s'inscrire dans le double espace de la faute et du manque : caché ce sexe n'existe pas. Il est pure absence ontologique. (...) Exhibé, il n'est qu'indécence et obscénité, toujours proche d'une fureur frénétique dont l'ensemble du corps social doit veiller à se protéger. » Là encore, un homme signe une œuvre au regard unilatéral et la figure féminine, résumée à son seul sexe, est objectifiée et privée de langage.
Mais il ne suffit pas de constater, même si les enseignements que l'on tire de cet ouvrage sont inestimables ; Existe-t-il des solutions ? Comment rompre avec ce schéma annihilant, incarné entre autres par le tableau de Courbet, qui enferme le féminin dans une vision univoque, «l'obligation d'être vue, d'être en vue, c'est-à-dire contrôlée par le regard des hommes. » ? Et comment s'affranchir de ces regards qui ne voient que la créature sexuée, une représentation qui «participe du refus de les considérer comme sujets à part entière. » ? Marie-Joseph Bertini propose une réponse : en s'appropriant les langages de l’art et en les subvertissant, afin de les faire progresser.
Concrètement, elle constate que l'égalité des chances en matière de création artistique en est à ses balbutiements, que ce soit dans le domaine cinématographique ou pictural, tant les obstacles aujourd'hui sont encore grands par la faute de préjugés et d'idées reçues si longtemps inscrits dans l'imaginaire collectif masculin (et féminin, ne l'oublions pas). Le génie n’a rien de féminin, ont ressassé les hommes des siècles durant… L’auteure explique avec bon sens (et faits historiques à l’appui) que « les femmes peintres furent rarement dans l'histoire parmi les artistes les plus audacieux et les plus inventifs de leur temps, tout simplement parce qu'elles n'avaient pas reçu de formation pour cela. » - contrairement à la création littéraire, un domaine où les femmes ont pu exceller beaucoup plus tôt. Dans le même temps, l’essayiste regrette en partie le mouvement contemporain qui consiste à ne se servir que de son corps, à l'excès, pour inventer un langage féminin à part entière, « aux dépens d'une approche plus abstraite et sophistiquée. (...) Au fond, ne partent-elles pas ici de ce qui est réputé leur être le plus familier : le biologique et l’inarticulé ? » La transgression apparaît dans ce cas comme un leurre, un nouveau « piège de la ruse de la Raison masculine», l'indépendance et l'expression d'une liberté nouvelle requérant probablement autre chose que l'outrance ou la transgression ; par conséquent, (et c'est une interrogation qui s'applique aussi, en parallèle, à l'art postcolonial de nombreux artistes cherchant à se libérer de l'emprise esthétique des métropoles) « quelle langue parler qui ne soit celle du dominant ? » ; et de donner quelques pistes à travers les exemples d'artistes femmes, comme Sophie Calle ou Mandy Havers, dont les travaux sont de « véritables dispositifs d'autonomisation en s'accordant le droit de produire leurs propres représentations du monde et d'elles-mêmes. »
Tout au long de cet ouvrage sans tabous, en regard des réflexions des cinq contributrices, se déroule une narration parallèle qui sert de légende aux multiples reproductions d’œuvres passées et présentes qui accompagnent les articles, reprenant visuellement les points développés dans ces derniers : les iconographies mythologiques et religieuses frappent par l’exhibition d’une violence associée aux femmes (la « grande bouche vaginale armée de dents acérées » de la méduse, des créatures repoussantes chevauchées par des diablotins, sorcières lubriques…) ; d’autres images ramènent le féminin à la froideur médicale et pseudo scientifique des siècles passés (la vulve béante dessinée par Léonard de Vinci au début du XVIe siècle, la Figure lascive et obscène de Jean-Jacques Lequeu, vers 1790...) ; ou encore le réduisent à un érotisme pervers et dégradant (quand les corps féminins s’offrent allègrement à des animaux…). Restent les œuvres féminines contemporaines qui s’insinuent dans ce récit visuel, lui ôtant peu à peu son regard phallocentrique et laissant la place à des représentations libres et novatrices, où ce sont cette fois des femmes qui se mettent en scène et parlent enfin d’elles-mêmes sans intermédiaire. © Blandine Longre
à découvrir aussi : http://www.lepeuplequimanque.org/maisonpop-et-melies-2007
Le conseil d’administration de la Bibliothèque nationale de France a approuvé l’intégration à la BNF des équipes et des activités de l’association "Les amis de la Joie par les livres", à compter du 1er janvier 2008. L’association, créée en 1972, a pour mission de "favoriser la promotion de la lecture publique au sein de la jeunesse, d’entreprendre toutes activités et expériences de création ou d’expression reliées à la lecture des jeunes, de conduire des actions contractuelles dans son domaine de compétences", et développe quatre types d’activités : la gestion d’un centre de ressources "Centre national du livre pour enfants La Joie par les livres", et d'un portail documentaire
La Joie par les livres publie, entre autres, La revue des livres pour enfants
Pour l'anecdote (et en lien avec l'idée de
Du strict point de vue de l’illustration, il serait vain de chercher une homogénéité dans ce florilège (un aspect encore plus flagrant dans Substance Profonde de l’artiste amie Batia Bolton, publié simultanément dans cette collection) et c’est plutôt du côté des thèmes abordés et des préoccupations auctoriales que l’on trouvera matière à parler d’harmonie : troubles psychiques ou affectifs, familles déconstruites ou recomposées, individus brisés par les carcans des règles sociales et collectives, espoirs avortés... L’auteure décrit et reproduit les perturbations de microcosmes qui lèvent le voile sur des dysfonctionnements à plus grande échelle. C’est le cas de Jamili, qui s’inscrit ouvertement dans le contexte sociopolitique israélo-palestinien, en mettant en scène la rencontre émouvante, point nodal du récit, d’une jeune infirmière fiancée à un imbécile (raciste de surcroît) et d’un terroriste palestinien qui s’automutile lors d’un attentat raté : deux individus que tout sépare et qui, dans un autre contexte, auraient pu s’unir.
Les grands médias ont rarement l'occasion de parler de littérature jeunesse, et la plupart n'y connaissent pas grand-chose - mais quand ils le font (à l'occasion du Salon de Montreuil, une fois l'an), on aimerait qu'ils la traitent sur le même plan que les autres littératures... Et non comme une "production" à part. En effet, certains auront peut-être lu un article paru dans Le Monde des livres du vendredi 30 novembre, qui s'intitule "Un âge vraiment pas tendre - Mal-être, suicide, maladie, viol... Pourquoi les livres destinés aux adolescents sont-ils si noirs ?"
pas penchée sur les textes et leurs qualités narratives, langagières, esthétiques, imaginaires, etc. et s'est contentée de remettre en cause des "thématiques" (qui, on le sait, sont toujours les mêmes, le plus souvent inhérentes à la condition humaine) - ce qui, en soi, est bien réducteur quand il s'agit de littérature.
Fabrice Vigne est l'auteur, entre autres, des
C'est un blog tenu par des libraires, forcément très concernés par l'évolution des supports. J'ai beau avoir conscience des enjeux économiques (pour les éditeurs, les auteurs, les libraires, et les lecteurs aussi..., bref, toute la chaîne du livre), j'avoue avoir un peu de mal à m'intéresser aux débats actuels sur les e-books, le papier électronique et autres livres sur écran... pour plusieurs raisons. D'abord par manque de temps, peut-être par paresse, mais surtout par méfiance & prudence. Il est vrai que quelques années en arrière, je me revoie, accrochée à mes vinyls (aujourd'hui au fond d'un carton), en train de lancer "no pasaran" aux CDs... Malgré tout, le livre, c'est autre chose... Avec un livre sur soi, on n'est pas à la merci d'une panne ou d'un bug..., c'est un objet dans lequel on peut écrire, annoter, souligner, dont on peut corner les pages, tordre la couverture... Bref, les livres sont des objets à part, que l'on peut malmener à sa guise, histoire de se les approprier, et dont la présence, tout autour de soi, est rassurante, tangible. Sans parler du plaisir de tourner les pages.
En ligne sur Sitartmag, quelques articles portant sur des romans à paraître début 2008.
Je recommande aussi la lecture de La Langue du mensonge de Andrew Wilson (traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier), aux éditions Albin Michel, que j'avais lu en anglais.
Je reproduis ici leur présentation : Loin des modes et des avants gardes, des esprits de chapelle et du parisianisme, tous les trimestres, Le Grognard vous propose une sélection de textes originaux et de trésors oubliés. Résolument inactuel, Le Grognard affiche ouvertement sa nostalgie pour les revues mythiques du 19e siècle : La Plume, La Revue Blanche, Le Mercure de France… mais aussi pour certaines revues anarchistes fortement teintées d'idéologie individualiste telles que L'En dehors, L'Unique, L'Ordre Naturel, La Mêlée …
Ils lisent cinq pièces sélectionnées et se réunissent en comités de lecture pour en choisir une. Ils décernent un prix à l'auteur, doté de 2500 euros. Les groupes constitués se fixent des enjeux en suivant différentes étapes : lecture des textes, discussion, et sélection. Les collégiens sont invités à trouver leurs « outils », leurs « entrées » pour aborder la littérature dramatique contemporaine : comment parler d'une pièce ? Comment parvenir à restituer son identité ? Comment se forger un avis et en fonction de quels éléments ?
"Le jour où George brise la statue d'un dragon, il est loin de se douter qu'il a réveillé une épouvantable malédiction. Statues malfaisantes, gargouilles et sculptures inquiétantes prennent vie. Une course-poursuite terrifiante est lancée dans Londres car tous ces êtres maléfiques n'ont plus qu'un seul but : tuer George. Commence alors pour le jeune garçon une quête vertigineuse pour trouver Stoneheart, le Cœur de pierre."
A quoi pensent les manchots ? Cet ouvrage entend aborder la question, même s'il n'apporte pas nécessairement de réponses tranchées aux questionnements d'Ôsolémio ; celui-ci est un petit manchot singulier qui, l'hiver venu, ne peut se résoudre à rejoindre le groupe de ses congénères serrés les uns contre les autres pour se protéger du froid et dormir en paix. Tant de questions se bousculent dans son jeune esprit, qu'à force de les poser à haute voix, il réveille les autres manchots, allant jusqu'à en secouer certains afin d'obtenir des réponses à ses cogitations : "Pourquoi y a-t-il tout ce qu'il y a ? Pourquoi n'y a-t-il pas rien ?" demande, avec obstination, Ôsolémio (qui fait écho, sans le savoir, à Leibniz). Les autres ne semblent pas enclins à partager ses questionnements existentiels mais lui répondent malgré tout, d'abord avec mauvaise grâce (n'oublions pas qu'on les empêche de dormir...), puis en prenant un peu d'intérêt à l'affaire qui secoue le jeune manchot ; l'un des premiers à répondre invoque une instance divine, indiscutable ("Par la grâce de Dieu"), une réponse malheureuse (personne, bien entendu, n'étant d'accord) qui provoque bientôt un grande bataille, les coups remplaçant immédiatement les arguments verbaux... Du coup, Ôsolémio décide de faire les questions et les réponses, découvrant ainsi le libre-arbitre à travers sa capacité de penser par lui-même : "Si rien ni personne ne peut me dire ce que je fais là, c'est donc à moi d'en décider !"
"Moi si j'avais faim et me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes, j'attaque violemment ceux qui ne parlent que revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles : ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir, qu'ils profitent de tous les fruits de l'esprit humain car le contraire reviendrait à les transformer en machines au service de l'état, à les transformer en esclaves d'une terrible organisation de la société."
Alors que sa fille Anna est sur le point d’épouser un homme «tristement parfait», une mère fait le tour et le bilan des années écoulées, revient sur ses relations avec une fille qu’elle aime mais qu’elle ne comprend pas toujours. Une fille qui se donne des allures de « bourgeoise », qui a fait « des études de chiffres » - contrairement à elle, romancière à plein temps, un peu bohême, ouverte sur le monde et ses différences, mère célibataire depuis l’âge de vingt ans. Elle a toutefois décidé de ne pas gâcher la « noce d’Anna », de s’adapter à la situation, de jouer le jeu des faux-semblants (« Je serai comme elle aime que je sois. »), de se résigner à observer les préparatifs de loin et à rester sur la touche, tout en prenant conscience de ce qui la sépare de sa fille « vieux jeu » : « on dirait que c’est elle la mère, qu’elle m’enseigne et me transmet une certaine idée de la famille, des valeurs traditionnelles et immuables », ajoutant cependant : « quand ma fille me fait sa leçon sur la vie, je la ferme et je souris. » - respectant les choix d'Anna et sachant bien, en femme rompue à la vie, qu’on ne peut empêcher les autres de se forger leurs propres expériences, quitte à les voir s’effondrer ensuite.
Narcisse, petit professeur de lettres, séducteur invétéré, passe la nuit avec Joséphine quand Edith (la maîtresse de tout le monde, qu’il fréquente depuis peu) l’appelle, affolée. Il la rejoint chez elle et découvre le corps ensanglanté d’un haut fonctionnaire du régime togolais, le colonel Katouka, venu rendre « visite » à la jeune femme ; cette dernière prétend ne rien avoir vu ou entendu et demande à Narcisse de l’aider. Il hésite, s’agite, prend peur puis refuse. Pourquoi faire appel à lui, précisément, alors qu’elle le connaît si peu ? Pourquoi sa petite vie jusqu’alors tranquille devrait-elle être perturbée, voire bouleversée, par une affaire qui ne le concerne pas ? Edith contacte alors le sous-préfet de la ville (un autre de ses amants), qui prend les choses en main, et Narcisse, bon gré mal gré, se voit forcé de l’aider à se débarrasser de l’encombrant cadavre.
Les Éditions les Allusifs viennent d'annoncer le décès de Heloneida Studart
João et Marina, chacun à leur manière, ont en tête de dérégler un ordre social archaïque – le vieil ordre imposé par l’argent et la religion, tout aussi moribond que la grand-mère Menina ; cette dernière symbolise la maison nourricière, matrice étouffante, sachant si bien rejeter les siens et les dévorer, telle l’araignée qui guette Joao dans sa cellule, quand les individus dérogent à la règle ancienne – à l’image des routines domestiques qui obsèdent Marina, « comme un manège cauchemardesque » ; pour échapper fugacement aux cauchemars qui contaminent son esprit, elle lit des romans policiers qui remettent de l’ordre dans le chaos de la réalité : « Tout y est logique. La vie n’y est pas irrationnelle, avec des mères qui détestent leurs filles et des filles qui détestent leurs mères. » Mais le réel l’emporte, avec ses découvertes et ses désillusions, et le monde éphémère des privilèges s’efface pour laisser place à une lucidité nouvelle : « Dans mon monde, les enfants mangeaient de la terre mouillée et des garçons têtus pourrissaient en prison. » En refusant de continuer à exister dans l’obscurité d’une maison décadente, baignée de religiosité superstitieuse, dans l’ombre d’une mère vénale et de femmes soumises à leur sort de femelles, Marina, en quête d’absolu, entre sensualité et froideur calculatrice, ouvre un chemin nouveau. On repense, par de nombreux aspects, à la pièce de Garcia Lorca, La maison de Bernada Alba – et à la lutte obstinée d’Adela contre sa mère (l’allusion est directe à travers l’évocation d’une autre branche de la famille, en passe de s’éteindre, les cousines Lima Carvalhais : « Les quatre filles ne s’étaient pas mariées à cause des idées que leur mère, Dona Delfina, alimentait contre les hommes. »)
Les Editions Théâtrales (en co-édition avec le Scérén-CNDP), viennent de publier une Anthologie critique des auteurs dramatiques européens (1945-2000), élaborée par Michel Corvin. A l'occasion de cette publication, ce dernier propose une conférence le jeudi 6 décembre 2007 à 19h00 au Petit Odéon (Théâtre de l'Europe, Place de l'Odéon, 75006 Paris).
Je découvre le blog d'une "chercheuse en herbe et en littérature", spécialisée dans le masculin/féminin. L'auteure, Caroline Scandale, est professeure documentaliste, titulaire d'un Master II Lettres spécialité Masculin/Féminin et travaille entre autres sur : La sorcière, héroïne de romans-jeunesse contemporains : pour quelles images des femmes ?
Amourons-nous de Geert De Kockere et Sabien Clement