
Elles
David Haziot
(Autrement, collection Littératures, 2004)
Pour une révision de l'histoire et une audacieuse mythologie féminine
L'histoire débute sur une course-poursuite étonnante, une chasse à l'homme (au sens propre du terme) organisée et impitoyable : les chasseurs sont des chasseresses, des femmes-gardes habiles et bien entraînées, des archères de premier ordre résolues à capturer leur proie masculine... Le mâle est roi, mais au lieu d'avoir accepté la castration rituelle qui devait mettre fin à son règne d'une année, il a tué la reine et s'est enfui...
Nous sommes quelque part sur une île de la mer Égée (la Crète, peut-être), à une époque indéterminée du néolithique, un lieu où les femmes détiennent le pouvoir et vouent un culte quasi monothéiste à la Déesse-mère, une idole féconde, bienveillante envers ses croyantes mais terriblement belliqueuse envers les hommes. L'île de Keypora abrite ainsi un royaume prospère, une société rurale où la répartition des rôles est savamment agencée, de façon à assurer bien-être et confort aux femmes - un système qui ne peut passer que par la soumission des hommes. Afin de procréer, les femmes entretiennent une poignée d'hommes choisis pour leur docilité et leur obéissance aux désirs féminins, tandis que ceux qui sont jugés comme les plus agressifs sont émasculés, une façon d'éradiquer leurs penchants brutaux et leur agressivité naturelle.
Ce bel équilibre est pourtant sur le point de se rompre et le drame, insensiblement, prend tournure, déterminé par les actes et les sentiments de quelques personnages pivots : Anya, la nouvelle reine, une jeune fille à qui Sakya, la grande prêtresse, transmet oralement ses savoirs et le grand "secret" de la procréation, détenu par quelques femmes seulement, un secret qui maintient les hommes à leur place et les empêche de se révolter ; Penthéa, une jeune guerrière fougueuse mais lucide, ennemie farouche de tout ce qui peut entraver les femmes ; Sigur, enfin, l'homme qu'Anya a choisi comme roi pour l'année à venir. Un homme dangereux selon Penthéa, l'Amazone qui déteste les hommes, mais dont la nouvelle reine, la douce Anya, est amoureuse.
"Faute de mieux, nous appellerons roman le résultat de cette recherche (...) Conte, mythe des origines, fantasmes personnels ou libre enquête, chacun jugera selon son goût", nous dit l'auteur dans un éclairant prologue, refusant ainsi de se prononcer et dans le même temps d'imposer au lecteur une interprétation unique... Ceci étant, cet ouvrage peut d'abord se lire comme un merveilleux roman qui nous transporte dans un univers à la fois barbare et profondément humain, un âge d'or qui laisse songeuse, quand le monde appartenait encore à "elles"... Mais David Haziot n'a pas seulement voulu raconter l'amour, la trahison, la vengeance et l’extermination, et l’histoire sert avant tout d'une thèse, certes personnelle, mais étayée par de savantes recherches : ce récit inclassable interroge et remet en cause certains mythes fondateurs (avant un "dieu-père", il y aurait eu une "déesse-mère"), notre système social et notre regard sur la Préhistoire et les débuts de l'Antiquité. C'est ainsi qu'est explorée la théorie de l'existence d'un matriarcat ancestral sans lequel les premières tribus et les premières civilisations n'auraient pu survivre, une domination féminine qui aurait été ensuite éradiquée, occultée par les hommes durant des siècles - des hommes soucieux de maintenir, consciemment ou inconsciemment, un pouvoir durement gagné sur l'autre moitié de la race humaine. Cette reconstruction poétique de temps révolus, volontairement effacés des annales de l'histoire et de la mémoire collective est certes propice à la rêverie, mais pas seulement : les thèses ici avancées et le regard scientifique qui est porté sur l'histoire de l'humanité se fondent sur un abondant matériau livresque et une érudition de taille (présentés en détail en fin d'ouvrage, dans une passionnante bibliographie) et reprennent des recherches déjà effectuées par des historiens, des paléontologues, des primatologues, des anthropologues pour la plupart anglo-saxons (citons entre autres Marija Gimbutas, S. Blaffer Hrdy, Yves Coppens, C. Knight, M. Stone ou Merlin Stone).
Il subsiste, au cœur de ces hypothèses, suffisamment de zones d'ombre pour entourer le récit d’une aura mythique et pour enclencher un riche processus imaginaire et une véritable attente dans l'esprit du lecteur, mais ce que le romancier-chercheur met en place apparaît comme hautement vraisemblable. En se penchant sur un moment pivot, l'époque où tout aurait basculé pour les femmes (entre 8000 et 4000 av. J.-C.) d'abord sur l'île de Keypora puis dans les territoires où les rescapées auraient tenté de reconstruire leur civilisation, David Haziot a pu construire une trame qui permet d'englober à la fois le passé lointain, le présent et l'avenir de la femme et de ses aspirations. On saura gré à l'auteur d'être un homme... Défenseur indirect de la cause des femmes, tout en refusant de promouvoir un féminisme de l'extrême, il met l'accent sur l’importance de la parité dans la dernière partie du roman (quand s’ébauchent les fondations d'une société plus juste, dans le respect mutuel et le partage des tâches et des pouvoirs - ce à quoi les sociétés occidentales tendent de nos jours, même maladroitement) ; un point de vue sociologique particulièrement intéressant, développé tout au long du roman, chacun des personnages principaux incarnant une conception différente de ce que doit être une vie en société : Penthéa la guerrière, convaincue de la suprématie intellectuelle et stratégique des femmes, a raison de se méfier des hommes et prône l'extermination et l'humiliation : "Sans la terreur que nous répandons, nous aurions depuis longtemps disparu. (...) Dès qu'ils mesurent leur force, ils ne rêvent que de s'en servir pour nous réduire en esclavage. (...) Partout des femmes vivent dans l’abjection, brutalisées, brisées, labourées par les hommes nuit et jour pour enfanter sans fin." Lance-t-elle à Anya, beaucoup plus mesurée et optimiste, peut-être plus naïve aussi : "Acceptons les hommes, élevons-les dès l'enfance dans l'idée du respect des femmes."
C’est Sigur qui symbolise les hommes dont parle Penthéa - des hommes-esclaves, qu'ils soient objets sexuels ou eunuques, tous soumis aux lois des femmes qu’ils parviendront à combattre quand leur sera révélé le grand secret... C'est des années plus tard que Sigur comprendra que les hommes et les femmes gagneraient à vivre en harmonie, même s'il s'interroge toujours sur l'essence énigmatique de la féminité : "Comment les hommes avaient-ils pu voir des monstres en ces femmes ? Certes, il acceptait l’idée que la femme fût un être d'une étrangeté définitive. Ne l’avait-il pas remarqué même chez celles qui lui étaient apparemment soumises ? (...) Et pourquoi cette division de l'humanité en deux groupes liés pour la vie et si ennemis l'un de l'autre ? Les hommes autour se trompaient en leur attribuant des museaux de louve ou de panthère. Elles se montraient bien plus terribles en femmes, selon lui, car si dans l'âme elles étaient des fauves, leur masque de beauté les rendait beaucoup plus redoutables."
Parabole universelle qui développe un révisionnisme éclairé, Elles est une vision fulgurante et lumineuse de l'histoire ancienne, revisitée par une plume vive et souple et une sécheresse narrative qui évite les digressions ; on appréciera la beauté et le souci de précision des descriptions de ce monde antique et parfois décadent, la grandeur des sentiments évoqués (sans pourtant en faire un mélo ou une interminable saga) et, bien entendu, l’évocation d’une société égalitaire, l’auteur opposant, au manichéisme des plus brutaux (qu’ils soient hommes ou femmes), les visions pacifiques d’Anya. Quand bien même certains seraient tentés de mettre à mal les théories ici émises (il est de bon ton aujourd'hui de dénigrer de nouvelles avancées féminines en se réconfortant dans l’idée que le statut des femmes a déjà pu bénéficier d'évolutions non négligeables et certainement suffisantes), cette re-création épique ne s'estompe pas avec le temps et pourrait peut-être devenir l'un des mythes fondateurs à propager autour de soi.
B. Longre
(article publié en juillet 2004 dans feu Sitartmag)
******************
Entretien avec l'auteur (novembre 2004) à lire en format pdf.
"Le récit a encore de beaux jours devant lui."
 À une époque où certaines publications profondément pernicieuses racontent tout et n'importe quoi et font du neuf avec du vieux (en véhiculant les perpétuels schémas sclérosés d'un patriarcat hétérosexuel confortable et d'un différentialisme rétrograde, en prétendant dévoiler les prétendues "énigmes" de la binarité masculin/féminin), l'ouvrage du sociologue britannique Anthony Giddens, professeur à Cambridge, mérite d'être présenté, ne serait-ce que parce qu'il ouvre des champs de réflexion (dont on n'entend pas suffisamment parler en France) et qu'il s'inscrit dans un mouvement sociologique qui prône réciprocité et égalité entre les individus, quel que soit leur sexe biologique, leur genre ou leur orientation sexuelle. Giddens, rationaliste et visionnaire, classique et post-moderniste, réconcilie les contraires.
À une époque où certaines publications profondément pernicieuses racontent tout et n'importe quoi et font du neuf avec du vieux (en véhiculant les perpétuels schémas sclérosés d'un patriarcat hétérosexuel confortable et d'un différentialisme rétrograde, en prétendant dévoiler les prétendues "énigmes" de la binarité masculin/féminin), l'ouvrage du sociologue britannique Anthony Giddens, professeur à Cambridge, mérite d'être présenté, ne serait-ce que parce qu'il ouvre des champs de réflexion (dont on n'entend pas suffisamment parler en France) et qu'il s'inscrit dans un mouvement sociologique qui prône réciprocité et égalité entre les individus, quel que soit leur sexe biologique, leur genre ou leur orientation sexuelle. Giddens, rationaliste et visionnaire, classique et post-moderniste, réconcilie les contraires. La relation "pure"
La relation "pure"
 On parle beaucoup de Marie-Antoinette (en témoigne la fascination qu’elle exerce sur nombre d’artistes), mais relativement moins d’une autre guillotinée, elle aussi victime d’une révolution à laquelle elle avait pourtant activement participée ; elle mérite malgré tout davantage de célébrité que l’épouse de Louis XVI (qui elle s’est contentée d’être reine) – ne serait-ce que pour son humanisme universaliste. Porteuse d’un vrai message, Olympe de Gouges, plus révolutionnaire que ses bourreaux prétendaient l’être, fait figure d’avant-gardiste dans la défense des droits humains – ceux des femmes, des plus démunis, des esclaves… – en prônant un égalitarisme global qui lui valut sa tragique fin. La courte pièce d’Elsa Solal est une parfaite illustration de tout ce que fut cette militante emportée, insolente, opposée au fanatisme de Robespierre, toujours agissante et lucide ; « Je sais qui je suis », écrit-elle à son ami Louis-Sébastien Mercier depuis sa cellule de la Conciergerie, tandis qu’elle attend une parodie de procès.
On parle beaucoup de Marie-Antoinette (en témoigne la fascination qu’elle exerce sur nombre d’artistes), mais relativement moins d’une autre guillotinée, elle aussi victime d’une révolution à laquelle elle avait pourtant activement participée ; elle mérite malgré tout davantage de célébrité que l’épouse de Louis XVI (qui elle s’est contentée d’être reine) – ne serait-ce que pour son humanisme universaliste. Porteuse d’un vrai message, Olympe de Gouges, plus révolutionnaire que ses bourreaux prétendaient l’être, fait figure d’avant-gardiste dans la défense des droits humains – ceux des femmes, des plus démunis, des esclaves… – en prônant un égalitarisme global qui lui valut sa tragique fin. La courte pièce d’Elsa Solal est une parfaite illustration de tout ce que fut cette militante emportée, insolente, opposée au fanatisme de Robespierre, toujours agissante et lucide ; « Je sais qui je suis », écrit-elle à son ami Louis-Sébastien Mercier depuis sa cellule de la Conciergerie, tandis qu’elle attend une parodie de procès.
 Effectivement, 80 pour cent des condamnés au bûcher sont des femmes, jugées « démoniaques » par des hommes, forcément, qui s’appuient sur des traités de démonologie pondus au fil des décennies – par des hommes, forcément ; des "coupables" pour la plupart intégrées dans la société – à ne pas confondre avec les guérisseuses ou autres vieilles femmes qui vivent en marge de la société rurale. La femme accusée d’avoir forniqué en secret avec le Diable (un rituel qui scelle le pacte) n’a, en apparence, rien qui puisse la différencier de ses voisines et le phénomène n’est en aucun cas « périphérique », contrairement à ce que soutenait Michel Foucault.
Effectivement, 80 pour cent des condamnés au bûcher sont des femmes, jugées « démoniaques » par des hommes, forcément, qui s’appuient sur des traités de démonologie pondus au fil des décennies – par des hommes, forcément ; des "coupables" pour la plupart intégrées dans la société – à ne pas confondre avec les guérisseuses ou autres vieilles femmes qui vivent en marge de la société rurale. La femme accusée d’avoir forniqué en secret avec le Diable (un rituel qui scelle le pacte) n’a, en apparence, rien qui puisse la différencier de ses voisines et le phénomène n’est en aucun cas « périphérique », contrairement à ce que soutenait Michel Foucault. La chasse et les procès sont interdits à partir de la fin du XVIIe siècle – les puissants se seraient-il convertis à l’humanisme ? Seraient-ils soudain devenus sensibles au sort des condamnées ? Restons lucides ! S’ils se penchent sur ces « épidémies » démoniaques qui ne se contentent plus de se propager aux seules campagnes mais commencent à s’attaquer aux centres urbains, c’est principalement pour des raisons politiques : la multiplication des procès (et leur lot de tortures et d’incitations à la délation) a pris une ampleur presque incontrôlable que le pouvoir central regarde d’un œil méfiant ; on commence à réagir aux abus de pouvoir des petits juges de campagne et certains s’étonnent enfin de découvrir qu’on ne trouve de sorcières que dans les lieux où se déroulent les procès… Dans le même temps, la gestion des sujets de l’Etat se démarque peu à peu de la sphère religieuse et de ses fantasmagories. Les femmes restent toutefois interdites de politique (« une femme au pouvoir est peu différente d’une sorcière ») et, placées sous la tutelle du mari, elles se voient refuser les droits élémentaires qui ne reviennent qu’aux hommes dans l’Etat moderne qui se construit au fil des décennies ; la loi, qui définit clairement le statut de la femme et limite son influence dans la sphère publique, a remplacé le bûcher. Dans La société démocratique qui se met en place, la dictature du genre demeure. La sorcière a certes disparu, mais la femme est « longtemps encadrée par les lois masculines », qui l’empêchent de prendre trop d’ascendant et, pourquoi pas, de comploter pour renverser le pouvoir masculin. Au XXe siècle, le féminisme et la revendication du droit de vote font « resurgir le spectre de la sorcière » et la menace d’un complot (cette fois organisé) contre les hommes se matérialise à nouveau.
La chasse et les procès sont interdits à partir de la fin du XVIIe siècle – les puissants se seraient-il convertis à l’humanisme ? Seraient-ils soudain devenus sensibles au sort des condamnées ? Restons lucides ! S’ils se penchent sur ces « épidémies » démoniaques qui ne se contentent plus de se propager aux seules campagnes mais commencent à s’attaquer aux centres urbains, c’est principalement pour des raisons politiques : la multiplication des procès (et leur lot de tortures et d’incitations à la délation) a pris une ampleur presque incontrôlable que le pouvoir central regarde d’un œil méfiant ; on commence à réagir aux abus de pouvoir des petits juges de campagne et certains s’étonnent enfin de découvrir qu’on ne trouve de sorcières que dans les lieux où se déroulent les procès… Dans le même temps, la gestion des sujets de l’Etat se démarque peu à peu de la sphère religieuse et de ses fantasmagories. Les femmes restent toutefois interdites de politique (« une femme au pouvoir est peu différente d’une sorcière ») et, placées sous la tutelle du mari, elles se voient refuser les droits élémentaires qui ne reviennent qu’aux hommes dans l’Etat moderne qui se construit au fil des décennies ; la loi, qui définit clairement le statut de la femme et limite son influence dans la sphère publique, a remplacé le bûcher. Dans La société démocratique qui se met en place, la dictature du genre demeure. La sorcière a certes disparu, mais la femme est « longtemps encadrée par les lois masculines », qui l’empêchent de prendre trop d’ascendant et, pourquoi pas, de comploter pour renverser le pouvoir masculin. Au XXe siècle, le féminisme et la revendication du droit de vote font « resurgir le spectre de la sorcière » et la menace d’un complot (cette fois organisé) contre les hommes se matérialise à nouveau. On retrouvera, parsemées tout au long de l'ouvrage, quelques reproductions des travaux des artistes que présente Elvan Zabunyan : Shigeko Kubota et son œuvre Vagina Painting (1965), une performance directement influencée par l’action painting de Pollock, Barbara Hammer et son film Multiple Orgasms (1976), Valie Export et Genital panic, autre performance réalisée en 1969 (où l'artiste, téméraire, se met en scène, détournant brutalement les clichés généralement assimilés au sexe féminin), ou encore Judy Chicago (on retrouvera de multiples exemples sur le site internet de l’artiste, même si les travaux de cette dernière paraissent s'engouffrer dans le piège essentialiste) et Hannah Wilke et ses autoportraits filmés et photographiés. Des représentations qui revendiquent pour la plupart le droit à une jouissance individuelle, dont seraient temporairement exclus les hommes, de manière à affirmer l'indépendance totale de l’être-femme dans un monde qui lui a longtemps refusé tout pouvoir, qu’il soit sexuel ou politique ; ces différents travaux donnent naissance au « cunt art » (ou « art du con »), terme inventé par la critique Cindy Nemser ; quand bien même l’image initiale qu’il évoque pourrait sembler réductrice, il permet, à travers une prise de conscience personnelle, de revaloriser l’image d’un sexe jusque-là diabolisé et malmené (au sens propre comme au figuré). En dépit de la provocation explicite de la plupart de ces œuvres, il ne faut confondre celles-ci avec de la simple pornographie (régression plus que libération, par le biais d'une « prolifération d'images stéréotypées et sexuées du corps féminin répondant à des canons masculins ») qu'Elvan Zabunyan condamne esthétiquement.
On retrouvera, parsemées tout au long de l'ouvrage, quelques reproductions des travaux des artistes que présente Elvan Zabunyan : Shigeko Kubota et son œuvre Vagina Painting (1965), une performance directement influencée par l’action painting de Pollock, Barbara Hammer et son film Multiple Orgasms (1976), Valie Export et Genital panic, autre performance réalisée en 1969 (où l'artiste, téméraire, se met en scène, détournant brutalement les clichés généralement assimilés au sexe féminin), ou encore Judy Chicago (on retrouvera de multiples exemples sur le site internet de l’artiste, même si les travaux de cette dernière paraissent s'engouffrer dans le piège essentialiste) et Hannah Wilke et ses autoportraits filmés et photographiés. Des représentations qui revendiquent pour la plupart le droit à une jouissance individuelle, dont seraient temporairement exclus les hommes, de manière à affirmer l'indépendance totale de l’être-femme dans un monde qui lui a longtemps refusé tout pouvoir, qu’il soit sexuel ou politique ; ces différents travaux donnent naissance au « cunt art » (ou « art du con »), terme inventé par la critique Cindy Nemser ; quand bien même l’image initiale qu’il évoque pourrait sembler réductrice, il permet, à travers une prise de conscience personnelle, de revaloriser l’image d’un sexe jusque-là diabolisé et malmené (au sens propre comme au figuré). En dépit de la provocation explicite de la plupart de ces œuvres, il ne faut confondre celles-ci avec de la simple pornographie (régression plus que libération, par le biais d'une « prolifération d'images stéréotypées et sexuées du corps féminin répondant à des canons masculins ») qu'Elvan Zabunyan condamne esthétiquement. Mais il ne suffit pas de constater, même si les enseignements que l'on tire de cet ouvrage sont inestimables ; Existe-t-il des solutions ? Comment rompre avec ce schéma annihilant, incarné entre autres par le tableau de Courbet, qui enferme le féminin dans une vision univoque, «l'obligation d'être vue, d'être en vue, c'est-à-dire contrôlée par le regard des hommes. » ? Et comment s'affranchir de ces regards qui ne voient que la créature sexuée, une représentation qui «participe du refus de les considérer comme sujets à part entière. » ? Marie-Joseph Bertini propose une réponse : en s'appropriant les langages de l’art et en les subvertissant, afin de les faire progresser.
Mais il ne suffit pas de constater, même si les enseignements que l'on tire de cet ouvrage sont inestimables ; Existe-t-il des solutions ? Comment rompre avec ce schéma annihilant, incarné entre autres par le tableau de Courbet, qui enferme le féminin dans une vision univoque, «l'obligation d'être vue, d'être en vue, c'est-à-dire contrôlée par le regard des hommes. » ? Et comment s'affranchir de ces regards qui ne voient que la créature sexuée, une représentation qui «participe du refus de les considérer comme sujets à part entière. » ? Marie-Joseph Bertini propose une réponse : en s'appropriant les langages de l’art et en les subvertissant, afin de les faire progresser.
 Je découvre le blog d'une "chercheuse en herbe et en littérature", spécialisée dans le masculin/féminin. L'auteure, Caroline Scandale, est professeure documentaliste, titulaire d'un Master II Lettres spécialité Masculin/Féminin et travaille entre autres sur : La sorcière, héroïne de romans-jeunesse contemporains : pour quelles images des femmes ?
Je découvre le blog d'une "chercheuse en herbe et en littérature", spécialisée dans le masculin/féminin. L'auteure, Caroline Scandale, est professeure documentaliste, titulaire d'un Master II Lettres spécialité Masculin/Féminin et travaille entre autres sur : La sorcière, héroïne de romans-jeunesse contemporains : pour quelles images des femmes ? Mon nom est Salma, de Fadia Faqir
Mon nom est Salma, de Fadia Faqir L’auteure dénonce évidemment la condition des femmes d’orient, confrontées à l’obscurantisme religieux et au poids des traditions qui perdurent au-delà des frontières, et insiste sur le fait que le salut passe nécessairement par l’instruction et la lecture ; mais c’est d’abord la difficulté d’être en exil, d’être « autre » qui l’emporte sur tout le reste : Salma a bien du mal à se métamorphoser en Sally, à « s’ajuster », et elle commet nombre de bévues, même si la liberté dont elle jouit est inestimable à ses yeux. Malgré tout, mérite-t-elle d’être encore en vie ? Comment peut-elle vraiment devenir Sally avec son statut d’étrangère et sa peau sombre?
L’auteure dénonce évidemment la condition des femmes d’orient, confrontées à l’obscurantisme religieux et au poids des traditions qui perdurent au-delà des frontières, et insiste sur le fait que le salut passe nécessairement par l’instruction et la lecture ; mais c’est d’abord la difficulté d’être en exil, d’être « autre » qui l’emporte sur tout le reste : Salma a bien du mal à se métamorphoser en Sally, à « s’ajuster », et elle commet nombre de bévues, même si la liberté dont elle jouit est inestimable à ses yeux. Malgré tout, mérite-t-elle d’être encore en vie ? Comment peut-elle vraiment devenir Sally avec son statut d’étrangère et sa peau sombre?