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Littérature étrangère

  • Le Chaos en poésie - D. H. Lawrence

    Le Chaos en poésie
    D. H. Lawrence
    ouvrage bilingue
    Introduit et traduit de l’anglais par Blandine Longre
    Black Herald Press, novembre 2017

     

    « Mais l’homme ne peut vivre dans le chaos. (…) L’homme doit s’envelopper dans une vision, se bâtir une demeure à la forme, à la stabilité, à la fixité apparentes. Dans sa terreur du chaos, il place d’abord une ombrelle entre lui et l’éternel tourbillon. Puis il peint l’intérieur de cette ombrelle comme un firmament. Ensuite il parade, vit et meurt sous son ombrelle. »

    Si D. H. Lawrence (1885-1930) a toujours écrit sur la poésie, Chaos in Poetry, composé en 1928 à la demande de Harry Crosby, cofondateur de la maison d’édition parisienne Black Sun Press, est peut-être l’un des textes les plus importants qu’il ait jamais consacrés au sujet. En exposant ses vues sur la « vraie » poésie et en développant la notion du « chaos vivant » que celle-ci serait censée révéler, Lawrence s’inscrit dans la tradition du poète visionnaire qui dévoile des mondes insoupçonnés, terrifiants – visions éblouissantes du chaos que l’humanité préfère occulter, un chaos cosmique, divin et intime qu’il faut rapprocher des notions d’élan vital et de flux protéiforme, traits essentiels de la créativité lawrencienne que l’on retrouve dans ce texte infiniment poétique.

    https://blackheraldpress.wordpress.com/books/le-chaos-en-poesie-d-h-lawrence-chaos-in-poetry/

    D.H. Lawrence, Black Herald Press, Blandine Longre, Harry Crosby, Black Sun Press

     

    pour commander l’ouvrage

    https://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

     

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  • Eva Mozes Kor - Survivre un jour de plus

    Vient de paraître aux éditions Notes de Nuit, dans la collection "le passé immédiat" :

    Survivre un jour de plus
    Le récit d'une jumelle de Mengele à Auschwitz
    Eva Mozes Kor & Lisa Rojany Buccieri
    Traduit de l'anglais par Blandine Longre
    Notes de Nuit, mars 2018

    Née dans le village de Porţ, en Roumanie, Eva Mozes Kor est déportée à Auschwitz-Birkenau avec sa famille au printemps 1944. Ses parents et ses deux sœurs sont assassinés dès leur arrivée. Les cadettes, Eva et Miriam, dix ans, livrées au Dr Mengele, vont subir ses expérimentations sur les jumeaux. Portées par l’énergie hors du commun d’Eva, elles survivent à ces tortures. Après une dizaine d’années passées en Israël, Eva s’installe en 1960 dans l’Indiana avec son mari et fonde une famille. Elle crée en 1984 une association destinée à rapprocher et recenser les jumeaux victimes des expériences de Josef Mengele. Après la mort de Miriam, elle fonde en 1995 à sa mémoire le CANDLES Holocaust Museum and Education Center. Célèbre aux États-Unis, Eva Kor donne des conférences dans le monde entier sur des sujets liés à la Shoah, à l’éthique médicale, au pardon et à la paix. Son histoire a fait l’objet de deux documentaires : Forgiving Dr. Mengele (2006) et The Story of Eva (2018).

    http://www.notesdenuit-editions.net/

    https://www.thestoryofeva.com

    eva mozes kor,survivre un jour de plus,mengele,shoah,éditions notes de nuit

     

     

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  • Keith Barnes, par Jacqueline Starer

    barnes-poems.jpgWant to Wake Alive – Selected Poems
    Aussi petit que mon prochain - poèmes choisis
    Keith Barnes (traduction de Jacqueline Starer)
    K.B. – récit de Jacqueline Starer
    (traduction anglaise Helen McPhail)
    Ouvrage bilingue, Editions d’écarts, 2014

     

     

     

     

     

     

    The white sun scalds in our song

    From the white soil     blood

    winedark as your hair across the moon

    begins       through the scarcehealed wounds

    to pout       from silence

    petals of carmine       crimson petals

    bedding in the pulse       urgent

    flowers of the mouth

    demanding soil to strike their roots in

     

    from “White Sun”

     

     

    Le soleil est à blanc       brûlant dans notre chant

    De la terre blanche       du sang

    sombre comme le vin       comme tes cheveux barrant la lune

    commence       au travers de blessures à peine guéries

    à dessiner une moue       de silence

    des pétales de carmin     de pourpres pétales

    s’inscrivent dans mon pouls     marquant l’urgence

    paroles-fleurs

    qui exigent la terre pour y forcer leurs racines

     

    extrait de « Soleil à blanc » (traduction Jacqueline Starer)

     

    KB-a-Bard-1965-1.jpgNé dans l'East End de Londres en 1934, Keith Barnes entre sur concours à la Royal Academy of Music à l'âge de treize ans. Bientôt ses œuvres sont jouées à Londres par plusieurs groupes de musique de chambre. Il travaille chez un éditeur de musique puis comme monteur de films à la BBC. A 25 ans, il cesse d'écrire de la musique. Son premier poème, "Dévaluation", écrit en 1960, paraît aussitôt dans le Times Literary Supplement. A partir de 1962, il voyage et se consacre à l'écriture. C’est en 1963, après un long séjour à Chypre, qu’a lieu sa rencontre décisive avec Jacqueline Starer. Ils vivront à Paris, aux Etats-Unis, en Israël puis de nouveau à Paris. En 1967, son premier recueil de poèmes, Born to Flying Glass (Né sous les éclats des vitres) est publié à New York par Harcourt, Brace & World. Il termine à Paris son second recueil The Thick Skin (La Peau dure) et commence le troisième Ain't Hung Yet (Ils ont pas encore eu ma peau) quand une leucémie aiguë interrompt brutalement sa vie le 10 septembre 1969.

     

    Quelques liens

    http://www.keith-barnes.com/index.html

    https://ecartsmbh.wordpress.com/2010/05/22/k-b-de-jacqueline-starer-extraits/

    https://www.worldliteraturetoday.org/2015/november/want-wake-alive-selected-poems-k-b-aussi-petit-que-mon-prochain-keith-barnes

    http://www.recoursaupoeme.fr/po%C3%A8tes/keith-barnes

    https://www.facebook.com/KEITH-BARNES-135792343103906/

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  • La vie de l'homme est cette viande - David Gascoyne

    david gascoyne, black herald press, Blandine Longre, Will Stone, poésie britannique, traduction, surréalisme anglais, Man's Life is This Meat, La vie de l'homme est cette viandePour démarrer la nouvelle année en poésie, on peut s'offrir LA VIE DE L’HOMME EST CETTE VIANDE (Man’s Life Is This Meat) de David GASCOYNE (1916-2001), recueil bilingue à paraître ce mois (et en précommande via le site de Black Herald Press).

    Il s'agit de la première parution en français de ce deuxième recueil de David Gascoyne (publié en mai 1936, alors que le poète, dont on fête cette année le centenaire de la naissance, n'avait pas encore vingt ans). D’abord influencé par le surréalisme (on lui doit le premier ouvrage en anglais consacré au surréalisme français ainsi que le « Premier Manifeste Anglais du Surréalisme »), Gascoyne s’en détache dès la fin des années 1930 pour se consacrer à une poésie à tendance humaniste et spirituelle (Breton lui-même, jugeant ses écrits trop « catholiques », l’« excommuniera » du groupe des surréalistes en 1947). Le recueil Man’s Life Is This Meat appartient bien à la période surréaliste de David Gascoyne, mais témoigne déjà d’une originalité saisissante et d’une imagination hors du commun : marqué par une profonde angoisse existentielle, il comprend des poèmes sculpturaux, crépusculaires, empreints d’un mysticisme prophétique et tourmenté qui participe de l’œuvre visionnaire à venir.

    Au sommaire : avant-propos de la traductrice, le recueil lui-même, d'autres poèmes surréalistes composés à la même époque, des autotraductions de Gascoyne (lui-même traducteur d'André Breton, de Philippe Soupault, de Pierre Jean Jouve...), le « Premier Manifeste Anglais du Surréalisme », une bibliographie, des notes sur les poèmes, et une postface du poète et traducteur britannique Will Stone. 

    Pour en savoir davantage :

    http://blackheraldpress.wordpress.com/books/la-vie-de-lhomme-est-cette-viande-mans-life-is-this-meat-david-gascoyne/

    Traduit de l’anglais par Blandine Longre
    Avec des autotraductions de David Gascoyne
    Postface de Will Stone
    Black Herald Press, janvier 2016
    144 pages – 15 € – isbn 978-2-919582-03-6

     

    Extrait de l'avant-propos :

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  • Les 20 ans du Visage Vert, revue et maison d'édition

    le visage vert,mikaël lugan,actualitté"Entrer dans sa troisième décennie d’existence lorsqu’on est une revue tient du miracle. Et lorsque, en plus, on s’affiche orgueilleusement comme une revue de littérature, et plus encore comme une revue de littérature fantastique, cela relève du surnaturel. Eh bien, cet exploit, Le Visage Vert vient de le réaliser. Son n° 26 vient de paraître vingt ans, mois pour mois, après sa naissance. La livraison inaugurale était apparue en effet en octobre 1995, composée par une poignée de passionnés rudement calés en la matière et qui avaient forgé leurs armes dans le fanzinat." Mikaël Lugan

    Pour lire la suite : 

    http://www.actualitte.com/article/monde-edition/le-visage-vert-20-ans-deja/62462

    Le site du Visage Vert, revue et maison d'édition (et pour commander les ouvrages)

    http://levisagevert.com/

    Tous les numéros de la revue

    http://levisagevert.com/Revues/accueil.html

    Le blog du Visage Vert

    http://leblogduvisagevert.wordpress.com/

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    En outre, le Visage Vert s'est également lancé dans la petite édition, suivant la même démarche de découverte et de mise en lumière d'œuvres anciennes et contemporaines. Vingt-deux titres déjà parus, dont le deuxième recueil d'Anne-Sylvie Salzman, Vivre sauvage dans les villes, Chants de désir, chants de morts, un recueil de contes, nouvelles et poèmes fantastiques français (période 1880-1920) consacré aux sirènes, et dernièrementL'Animal blanc (1904) une nouvelle de l'écrivain allemand Georg von der Gabelentz (1868-1940). Enfin, cette fin d'année a été riche en parutions : Le Club des défis de l'humoriste anglais Barry Pain, un recueil d'essais consacrés à Sherlock Holmes par Jean-Pierre Naugrette (Détections sur Sherlock Holmes) et un enfin un recueil d'Yves Letort : Le Fleuve, illustré par Céline Brun-Picard. À paraître prochainement : un court roman de Philippe Riviale (L'Enlèvement d'Elsa), une réédition de Lilith de Rémy de Gourmont. Le Visage Vert n°27 est en préparation.

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  • Arturo Toscanini, Bruno Walter & Stefan Zweig à Salzburg, 1937

    "J'entends encore l'écho des heures animées passées en compagnie de Toscanini et d'autres amis, dans la maison de Stefan Zweig, d'où la vue s'étendait au loin et sur Salzbourg à nos pieds."
    Bruno Walter, Thème et Variations.

    "I vividly remember the hours I spent in the company of Toscanini and other friends at Stefan Zweig's house looking into far distances and down upon Salzburg..."
    Bruno Walter, Theme and Variations.

    (Thema und Variationen, Stockholm : Bermann-Fischer, 1947) ; English translation by James A. Galston (New York : Knopf, 1946) ; traduction française André Tanner (Lausanne : M. et P. Foetisch, 1952).

     

    4187836.jpg

    source
    http://www.europeana.eu/portal/record/92061/BibliographicResource_1000125966307.html

     

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  • La fin de l’épreuve de l’homme - Paul Stubbs

    The End of the Trial of Man

    after ‘Blood on the Floor’ 1986, by Francis Bacon

     

    Upon these floorboards, amid the blood and

    the death-throes of gods, the ‘rough beast’ has

    eaten its last, has eaten and spat out man’s rib;

     

                  eaten and spat and stamped

    down its feet onto the now crushed and un-

    recognizable face-mask of Yeats:

     

                  one mile outside

                  of Bethlehem…

     

    (© Paul Stubbs, 2015)

     

    ***

    La fin de l’épreuve de l’homme

    d’après Du sang sur le sol, 1986, de Francis Bacon

     

    Sur ce plancher, parmi le sang

    et les affres de la mort des dieux, la « bête brute » a dévoré

    son dernier repas, a dévoré et recraché la côte de l’homme ;

     

                  dévoré et recraché et piétiné

    le masque du visage de Yeats, à présent

    broyé, méconnaissable :

     

                  à un mille des murs

                  de Bethléem…

     

    trad. de l'anglais: B. Longre.
    Première publication : The Black Herald, n°5, printemps 2015

    Le site du poète: http://paulstubbspoet.wordpress.com/

    Son dernier recueil:
    http://paulstubbspoet.wordpress.com/2014/12/20/the-end-of-the-trial-of-man/

     

    Bacon.jpg

     

    Blood on the Floor, 1986
    Francis Bacon
    Oil and pastel on canvas

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 7)

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier,an imperfect lens« Enfin, le rivage : les charrettes, sur lesquelles s’empilaient les marchandises, roulant bruyamment sur les planches étroites des docks, la voix insolite du muezzin appelant les fidèles à la prière, la couleur sable doré des bâtiments, le poste de douane avec ses soldats en uniforme, galons et boutons luisants dans la chaleur, les ânes aux longues oreilles plaquées vers l’arrière et les enfants aux mains tendues, accroupis sur le seuil des maisons, des mouches collées à leurs yeux chassieux. Les odeurs étaient étranges : crottin, safran, gingembre, banane, transpiration, poissons dans des tonneaux, attendant d’être portés au marché. On voyait des turbans et des pagnes, des sandales faites de papier et de bois. Des cloches tintaient, des hommes lançaient des chiffres en arabe, en français et en anglais, et des marins ferlaient les voiles. Un baril de clous s’était déversé sur le sol, à ses pieds – Louis avait la tête qui tournait. Marcus posa sur un chariot la grosse boîte en carton qu’ils avaient apportée ; Louis sauta sur le siège avant, Roux et Nocard s’installèrent derrière lui. Marcus resta à l’arrière, debout sur une barre de métal. Ils se dirigèrent vers l’hôtel Khedivial, à l’angle de la rue Chérif Pacha et de la rue Rosette, où ils avaient réservé une suite pour la semaine à venir. » (extrait du chapitre 3)

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    traduction de l’anglais (États-Unis) Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

    (tous les posts : http://blongre.hautetfort.com/tag/l%27insaisissable)

     

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  • "L'inconciliable dans un poème..."

    Hamlet contre Shakespeare

    L'autre mot derrière le mot.

    Derrière le meurtre l'autre mort.

    L'inconciliable dans un poème :

    L'ordre. Et, le brisant, la brèche.

     

    Hamlet Gegen Shakespeare

    Das andere Wort hinter dem Wort.

    Der andere Tod hinter dem Mord.

    Das Unvereinbare in ein Gedicht:

    Die Ordnung. Und der Riß, der sie zerbricht.

     

    Thomas Brasch, Belles sont les rimes, Les rimes te mentent
    édition bilingue, traduction de l’allemand par Bernard Banoun et Aurélie Maurin
    Editions Hochroth Paris, 2015

    Poète, dramaturge, prosateur, cinéaste, traducteur, Thomas Brasch (1945-2001) peut être considéré comme l’héritier et successeur méconnu de Brecht.

    http://www.paris.hochroth.eu/fr/3286/belles-sont-les-rimes-les-rimes-te-mentent/

     

    hochroth, Thomas Bracht, Bernard Banoun, Aurélie Maurin, poésie, traduction

     

     

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 6)

    "C’était le docteur Koch, pressé de regagner son laboratoire. Désireux d’étudier une lamelle préparée la veille, il ne pouvait attendre le lever du soleil. Il avait prélevé un peu de tissu de l’intestin d’une victime du choléra qu’il avait examiné avec soin, aux côtés de celui d’une femme morte en couches. Il avait obtenu ces échantillons à force d’insister, de distribuer des pots-de-vin, d’envoyer son assistant, Gaffkey, à l’entreprise de pompes funèbres du quartier. Il comparerait les deux spécimens. S’il faisait une trouvaille digne d’intérêt dans le tissu du cholérique, il la dessinerait dans son carnet. Il la conserverait, au cas où celle-ci pût être observée de nouveau. Si un élément devait apparaître sous son microscope, qui ne fût pas présent dans l’intestin de la femme, sans doute aurait-il obtenu quelque chose. Mais rien n’était moins sûr. Le corps d’une femme en couches sécrétait peut-être des substances différentes de celles d’un homme. Il ne tirerait pas de conclusions hâtives. Il se contenterait de consigner ses observations. Il faisait confiance à sa vue. À sa main, habile au dessin. À son cerveau."

    (extrait du chapitre 4)

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    Traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

    (tous les posts : http://blongre.hautetfort.com/tag/l%27insaisissable)

     

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    Robert Koch dans son laboratoire à Berlin. Dessin Marold. Gravure Dochy, 1890 (Musée Pasteur).

     

     

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  • "Le maestro cassa alors sa baguette..."

     

    Toscanini_HD-FICHE-2.jpgLe nouveau Premier ministre, cependant, souhaitait être considéré comme un homme de culture. Quant à la Scala, elle avait besoin, pour des raisons économiques, de rester dans les bonnes grâces du gouvernement. Lorsqu’en avril 1923 Mussolini se rendit à Milan, il se fit photographier avec toute la troupe de l’opéra, y compris Toscanini. Et ce, en dépit du fait que ce dernier avait eu, quelques mois plus tôt, sa première passe d’armes avec les partisans du nouveau régime. En décembre 1922, pendant une représentation de Falstaff, une poignée de fascistes avait accueilli le retour du chef dans la fosse, au début du dernier acte, par des hurlements. Que Toscanini interprète d’abord l’hymne du parti, Giovinezza ! Toscanini fit signe à l’orchestre de poursuivre Falstaff, ce qui ne réduisit pas les perturbateurs au silence. Le maestro cassa alors sa baguette et quitta la fosse, écumant et rageant. Après une longue interruption, un employé des services administratifs vint annoncer que l’hymne serait joué à la fin de l’opéra. Toscanini revint alors au pupitre. Maria Labia, qui chantait le rôle d’Alice Ford, raconta ainsi la suite des événements : « A la fin de la représentation, le directeur nous dit : “Attendez, vous allez chanter l’hymne accompagnés au piano.” Toscanini arrive : “Ils ne chanteront rien du tout, les artistes de la Scala ne sont pas des chanteurs de variétés. Retournez dans vos loges. ” On s’en va. L’hymne a été joué au piano [seul], car l’orchestre, disait-il, ne savait pas le jouer… » Mais le pire était à venir…

    Harvey Sachs, Réflexions sur Toscanini, musique et politique
    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Sylvie Homassel et Laura Brignon pour les textes d'origine italienne.
    Editions Notes de Nuit, 2014

    ***

    Auteur de nombreux ouvrages sur Toscanini, dont il est considéré comme « le » biographe, Harvey Sachs livre ici l’essentiel de la vie et de la carrière du légendaire chef d’orchestre, mais dévoile aussi des documents inédits sur les rapports que Toscanini, antifasciste de la première heure, entretint avec Mussolini et Hitler.

    http://www.notesdenuit-editions.net/ouvrage/reflexions-sur-toscanini-de-harvey-sachs/

    http://www.notesdenuit-editions.net/

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 5)

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier,an imperfect lens"De grands palais bordaient la large avenue qui suivait la courbe du rivage, tandis que des demeures plus humbles se dressaient au centre de la ville. Les mosquées blanches, coiffées de dômes, s’élevaient au-dessus des ruelles. La coupole de l’église orthodoxe brillait comme une moitié de citron, dominant les arbres qui flanquaient les rues. Sur les pavés du bazar, les noyaux d’olive et les éclaboussures de vin et de fruits trop mûrs se mêlaient au sang des animaux égorgés. Les bruits de la ville, le clic-clac des souliers aux semelles de bois, le tintement des cloches, les cris des marchands, le claquement des sabots des baudets sur les pierres, la course des petits âniers qui lançaient des « promenade à dos d’âne, promenade à dos d’âne » en italien, anglais, arabe, français, les aboiements des chiens, les piaillements des oiseaux en cage, la chaleur lourde et humide qui régnait ce jour-là, la poussière dans laquelle toutes ces choses remuaient et soupiraient, se déplaçaient et changeaient de position – tout cela fatiguait le mousse. (…)
    Plus tard, le garçon s’endormit sur le banc d’une taverne. Il se réveilla en sursaut. Il avait mal au ventre. Il se précipita dans la rue et, aux premières heures, à la lueur du million d’étoiles pâles qui baissaient au-dessus de lui, le contenu de son estomac se répandit dans la fange du trottoir en pierre. Quand le soleil se leva, que les animaux et les hommes commencèrent à s’agiter et que par les fenêtres cintrées, ouvertures sans vitres, filtrèrent les rayons innocents d’un jour nouveau, ce fut dans le caniveau que le mousse s’allongea, tremblant de tous ses membres, couvert de saleté – la sienne et celle qu’il avait récoltée dans la rue. (…)
    On était en 1883. Le choléra était arrivé à Alexandrie."

    (extrait du chapitre 1)

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    Traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

    (tous les posts : http://blongre.hautetfort.com/tag/l%27insaisissable)

     

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  • Le Rêve du mouvement perpétuel / Dexter Palmer

    "Si tant est que je parvienne encore à mesurer le temps, je commence ce journal le jour du premier anniversaire de mon emprisonnement à bord du vaillant Chrysalide, zeppelin de très grande altitude conçu par le plus prodigieux et le plus doué des inventeurs du xxe siècle, Prospero Taligent. Un an qui s’est écoulé sans que je prononce un seul mot. À l’attention de qui que ce soit. À ma geôlière moins qu’à quiconque. Si je refuse de lui adresser la parole, c’est précisément parce qu’elle ne souhaite rien d’autre ; je ne peux protester que par mon silence.
    Écrire, ce n’est pas du tout la même chose. Le mot sur la page a d’autres qualités, d’autres pouvoirs. Si le monde d’avant mon incarcération m’a appris quelque chose, c’est bien cela.
    Excepté moi, il n’y a sur le Chrysalide que Miranda, la fille adoptive de Prospero Taligent. Durant l’année qui vient de s’écouler, la voix de Miranda m’a constamment harcelé. Elle me suit sans relâche dans les couloirs de l’immense habitacle du zeppelin tandis que j’essaie de trouver sa cachette, où j’espère l’affronter en personne. Sa voix ne s’interrompt jamais : même quand je dors, elle s’insinue dans la plupart de mes rêves et dans tous mes cauchemars, scintillant fil d’argent qui chuchote, supplie, menace..." (Prologue)

    Dexter Palmer, Le rêve du mouvement perpétuel
    traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Sylvie Homassel et Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL)
    Passage du Nord-Ouest, 2014
     

     

    Le site de l'auteur
    http://dexterpalmer.com/

    Anne-Sylvie Homassel
    http://ashomassel.wordpress.com/

    L'éditeur sur Lekti
    http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Le-reve-du-mouvement-perpetuel.html

     

    Quelques articles :

    http://jplongre.hautetfort.com/tag/dexter+palmer

    http://addict-culture.com/dexter-palmer/

    http://www.undernierlivre.net/blog/reve-du-mouvement-perpetuel-dexter-palmer/

    http://laccoudoir.com/romans/le-reve-du-mouvement-perpetuel-dexter-palmer-6367/

    et cet article, paru dans Les Inrocks en octobre 2014

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 4)

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier,an imperfect lens"Louis Pasteur alla chercher un lourd volume sur ses étagères. C’était L’Histoire du choléra asiatique de Macnamara ; publié quelque douze années plus tôt à Londres, le livre était déjà un classique. (…)
    Il y avait dans un temple du Gujarat, en Inde occidentale, un monolithe datant de l’époque d’Alexandre le Grand et sur lequel était inscrit : « Les lèvres bleues, le visage hagard, les yeux caves, l’estomac affaissé, les membres contractés et ratatinés, comme par le feu : tels sont les symptômes de la grande maladie qui est invoquée par une malédiction des prêtres et s’abat sur les braves pour les occire. » Hippocrate décrivit cette diarrhée mortelle. Il l’avait vue à l’œuvre à bord des navires qui entraient dans les ports grecs. Il avait examiné les suintements liquides qui s’écoulaient des corps des victimes et les grumeaux de mucus dans leurs intestins. (…)
    Anonyme, invisible, cet organisme minuscule, recourbé et muni d’une queue mobile, flottait dans les fleuves où les grands dieux avaient plongé, dérivait près des rochers sur lesquels les femmes battaient leurs draps, effaçant les souillures laissées par l’amour et la procréation, par le sang et la salive, par les mucosités, le pus, les taches fécales, les caillots des bronches. Ces êtres n’avaient pas de poésie propre, aucun mythe ne les soutenait en chemin, et pourtant ils prospéraient sur les panses des poissons, se cachaient dans les carapaces des crabes – à la jointure des pattes et des pinces –, et là, se multipliaient au cœur des bouquets d’algues qui filaient dans les courants, vers la mer. Quel était l’objectif de ce vibrion, quelle place tenait-il dans le grand dessein, si grand dessein il y avait ? Ses errances servaient-elles Satan, où était-il simplement une chose en soi, s’efforçant de survivre, ne contenant aucun souvenir, mais dotée d’une férocité plus grande que celle du tigre, que la puissance d’une chute d’eau, que le tonnerre dans le ciel, une férocité concentrée sur sa propre pérégrination ? Ce vibrion était-il seulement une autre manifestation de la colère de la nature contre l’humanité ?"

    (extrait du chapitre 2)

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    Traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

    (tous les posts : http://blongre.hautetfort.com/tag/l%27insaisissable)

     

     

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    A young Venetian woman, aged 23, depicted before and after contracting cholera.
    Coloured stipple engraving. Courtesy of Wellcome Library, London Iconographic Collections, Library reference no.: ICV No 10741. source: 
    http://www.branchcollective.org/?attachment_id=1297

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    Albert Edelfelt: Louis Pasteur en 1885, huile sur toile (source: Musée d'Orsay)

     

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    Le choléra en France. Paris - mesures de désinfection prises à la gare de Lyon, à l'égard des voyageurs arrivant de Toulon et de Marseille, L'Illustration Edition Paris, 1884

     Source : http://www2.biusante.parisdescartes.fr/img/?refphot=CISC0238x1

     

     

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 3)

    "Louis  ne se faisait pas d’illusions. Les intuitions, les suggestions, les convictions elles-mêmes pouvaient s’avérer inutiles. Toutes les hypothèses antérieures pouvaient se révéler fausses. Ce qui était vrai de la fièvre charbonneuse, de ce qui avait provoqué la maladie des betteraves, de ce qui gardait la levure en vie ou la tuait, de ce qui décimait les vers à soie n’avait sans doute rien à voir avec les causes du choléra. Un scientifique se devait d’être son propre hérétique.

    « Nous sommes fous, dit Edmond, un soir que les trois hommes finissaient leur dîner dans la cabine du capitaine.

    — Que voulez-vous dire ? s’enquit Louis. Pour ma part, je suis parfaitement sain d’esprit.

    — Mais alors, reprit Edmond tout en plongeant sa cuiller dans les restes du pudding au pain d’Émile, pourquoi naviguez-vous vers une ville où sévit le choléra ? La plupart des gens normaux voyageraient dans la direction opposée.

    — Vous n’avez pas tort, répondit Roux en riant. Nous devrions immédiatement rentrer en France.

    — Si je meurs, dit Nocard, mes chiens seront inconsolables. Et mon frère cupide héritera de ma maison et de mes terres.

    — Dans ce cas, fit Roux, veillez à ne pas mourir. »

    (extrait du chapitre 2, mettant en scène Louis Thuillier, Edmond Nocard et Emile Roux).

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

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    Portrait d'Edmond Nocard, vers 1890. Vétérinaire. Collaborateur de Pasteur, puis de Roux.

     

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    Emile Roux dans son laboratoire travaillant sur la toxine diphtérique, vers 1890

     

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier,an imperfect lens

    Louis Thuillier, vers 1880

    Source :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b32000224
    [Pasteuriens et personnalités du monde médical, 1868- 1970] 

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  • Le Visage vert 25 (février 2015)

    "C’était en hiver, dans la dernière région un peu mouvementée, onduleuse et chargée de forêts, que le vieux père Rhin traverse avant de se lancer dans les terres basses de Hollande, où il s'attardera, se divisera et subdivisera en plusieurs bras , se croisant et s'entrecroisant ; le Waal, le Nider-Ryjn, le Lets, le Rhin Tordu, la Vieille Coulée, la Coulée de la Potence, etc.

    C'était en hiver et la neige tourbillonnait, recouvrant toutes choses, champs et forêts, villages aux toits frileusement serrés qui déroulaient de longues fumées dans le ciel noir ; en haut d'un dernier mamelon baigné par le fleuve, le burg s'élevait, noir et farouche sous la couche blanche qui dessinait la ligne de ses crénelages et les pointus de ses tours, des ses tourelles et de son gros donjon carré.

    Le châtelain de ce burg avait gagné dans les batailles une renommée de rude chevalier, corps, tête et bras de fer, durs à tous et à lui-même. Il n'était pourtant qu'un petit garçon timide devant madame son épouse, châtelaine impérieuse et hautaine, qu'un chagrin rongeait au fond de son burg et qui devenait d'un caractère de plus en plus difficile, les années passant, en se voyant seule dans la grande salle peinturlurée des armoiries de la famille et des alliances, sans le moindre enfantelet à qui sourire aujourd'hui, et à qui transmettre plus tard le burg, les vassaux et les terres et les lions de l'écusson. 

    Son âme en sombrait dans l'amertume et le rude chevalier eût, pour s'étourdir, souhaité guerres et batailles perpétuelles.

    Voilà qu'en ces jours de frimas et de neige où la triste humeur des châtelains s'assombrissait encore, une malheureuse bohémienne assez légèrement vêtue de haillons multicolores vint frapper à la porte du castel. Elle serrait dans ses bras un enfant bleu de froid et en traînait un autre par la main, une lamentable petite fille à peine couverte de quelques lambeaux de toile."

    extrait de La Châtelaine aux 365 enfants
    Légende du Vieux Rhin
    , d'Albert Robida (1848-1926)
    Visage Vert n° 25, février 2015.

     

    Depuis sa naissance en octobre 1995, le Visage Vert a publié 25 numéros. Sous l’appellation générique de « Revue de littérature » (il s'intéresse au fantastique, mais aussi à l’anticipation ancienne, au bizarre, à l’absurde ou au mystère), le Visage Vert se présente comme une revue de découvertes, de traductions (ou de retraductions), d’essais et d’illustrations. Tel un archéologue dévoué aux marges de la littérature, le Visage Vert arpente les genres et les mouvements esthétiques liés à l’imaginaire. 

    le visage vert, revue de littérature, imaginaire, fantastique,

    Sommaire de ce numéro
    http://www.levisagevert.com/Revues/visagevert/visagevert/vv25.html

    pour commander la revue : http://www.levisagevert.com/edition/commande.html

    Le blog du Visage Vert, revue et éditeurhttp://leblogduvisagevert.wordpress.com/

     

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  • « Pays d’êtres humains et non d’individus » (Cioran)

    Capture d’écran 2015-05-23 à 16.18.04.png"En 1941, installé à Paris, Cioran se transforme. Séduit un temps par le brutal apparat de la « Garde de fer » roumaine et par la force nazie, il se transforme et opte plus ou moins implicitement et très heureusement pour le camp adverse. Cette « métamorphose » se laisse entrevoir dans De la France, petit livre écrit au crayon, exhumé, traduit à un moment où, vieux de 68 ans, il reste d’une singulière actualité. « Livre charnière », « ode à la France », comme l’écrit Alain Paruit dans sa présentation, l’ouvrage marque une frontière : entre totalitarisme et libéralisme (au sens politique), entre roumain et français (la langue roumaine est parsemée d’expressions françaises), entre hymne à la grandeur et éloge de la décadence…
    Car Cioran, opérant des comparaisons avec d’autres pays, développe le paradoxe suivant : la France est grande, et la preuve en est sa décadence immuable. Selon le processus d’écriture qui lui est cher, les fragments de pensées s’agglutinent, s’additionnent, entraînant le doute et la conviction. Chaque lecteur y trouve son compte, s’arrêtant à son gré sur des termes récurrents (« ennui, cafard, décadence, XVIIIe siècle, goût, sociabilité, raison, expérience, progrès, mesure »…) définissant la France selon Cioran, cette France de l’esprit contre le cœur, où le culte du repas tient lieu de liturgie quotidienne, et dont la perfection tient à des « riens ». « Pays d’êtres humains et non d’individus », « la France est une occasion éclatante de vérifier les expériences négatives ».
    À l’heure où quelques politiciens en mal de popularité cherchent à définir une identité « nationale », il est bon de lire cet hymne à la France étrangère écrit par un de ces immigrés à qui nous devons de magnifiques pages de notre patrimoine littéraire. Écoutons rêver le petit Roumain : « Y a-t-il au monde un pays ayant eu autant de patriotes issus d’un autre sang et d’autres coutumes ? […] N’avons-nous pas aimé la France avec plus d’ardeur que ses fils, ne nous sommes-nous pas élevés ou humiliés dans une passion compréhensible et toutefois inexplicable ? N’avons-nous pas été nombreux, en provenance d’autres espaces, à l’embrasser comme le seul rêve terrestre de notre désir ? Pour nous qui arrivions de toutes sortes de pays, de pays malchanceux, la rencontre d’une humanité aboutie nous séduisait en nous offrant l’image d’un foyer idéal. » L’illusion opère toujours." 

    extrait de Une belle voyageuse, Regard sur la littérature française d’origine roumaine, de Jean-Pierre Longre (éditions Calliopées, 2013). Cet extrait concerne l'ouvrage De la France, de Cioran (Traduction du roumain revue et corrigée par Alain Paruit. Éditions de l’Herne, 2009.)

     

    Pour commander l'ouvrage :
    http://www.calliopees.fr/e-librairie/fr/essai/71-une-belle-voyageuse-jean-pierre-longre-9782916608303.html

    à lire également, dans le n°5 du Black Herald, un entretien inédit avec Emil Cioran (entretien accordé en 1986 au philosophe et écrivain Bensalem Himmich)
    http://blackheraldpress.wordpress.com/2015/04/14/entretien-avec-emil-cioran-interview-with-emil-cioran-bensalem-himmich/

     

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 2)

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier,an imperfect lens"Il est des organismes faits pour la chaleur du désert et d’autres pour le froid arctique, tel ce ver minuscule absorbant les bactéries plus petites qui survivent tout au long du sombre hiver, sous la neige, dans un état de quasi-congélation, à l’intérieur des glaces turquoise des pics polaires. Certains organismes s’installent volontiers sur la peau chaude et velue des daims, des écureuils et des chauves-souris. D’autres survivent dans les profondeurs du sol, se nourrissant de l’humidité des gouttelettes de pluie qui s’infiltrent vers le centre ardent de la Terre. D’autres encore subsistent dans le ventre des moustiques ou bien dans le sang chaud des êtres humains. Les gens sont si fiers de leur âme, de son aptitude tant vantée à distinguer le bien du mal, à vénérer Dieu, à servir le roi ou la patrie, à se montrer charitable envers les mendiants ; mais l’âme est en réalité facilement broyée, pulvérisée, éliminée par les microbes minuscules qui tourbillonnent çà et là, indifférents au David de Michel-Ange, au Dix Commandements, aux nobles pyramides ou à la voûte gothique, tout autant qu’ils le sont aux frémissements insignifiants des cœurs libidineux ou aimants des hommes." (extrait du chapitre 1)

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    Traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

     

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier,an imperfect lens

    Vibrions septiques, microphotographie illustrant les travaux de Louis Pasteur sur les maladies infectieuses. 

    Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b3200016d
    [Microphotographies du laboratoire de Louis Pasteur, 1870-1890]

    (tous les posts : http://blongre.hautetfort.com/tag/l%27insaisissable)

     

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  • Black Herald Press au Berkeley Books of Paris

    On trouvera le dernier numéro du Black Herald au Berkeley Books of Paris, librairie incontournable du VIe arrondissement de Paris. 

    Berkeley Books of Paris
    8, rue Casimir Delavigne
    75006 Paris
    (métro Odéon)

    http://www.facebook.com/BBoParis

    Et pour en apprendre davantage sur la librairie (et sa libraire !)
    http://disappearingparis.weebly.com/blog/phyllis-cohen-of-berkeley-books-on-literary-culture-finding-books-and-how-there-is-still-hope-for-bookstores-in-paris

    Et pour ceux qui souhaiteraient soutenir la librairie :
    https://www.indiegogo.com/projects/berkeley-books-of-paris#/story

     

    black herald press,berkeley books of paris

     

    ouvrages en vitrine

    The Black Herald #5

    The Black Herald #3

    Ex Nihilo, Paul Stubbs (Black Herald Press, 2010)

    Flesh, Paul Stubbs (Black Herald Press, 2013)

    The End of the Trial of Man, Paul Stubbs (Arc Publications, 2015)

     

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  • The Black Herald #5

    Vient de paraître : le 5e numéro de la revue bilingue & internationale The Black Herald, que je coédite avec le poète Paul Stubbs.

    160 pages – 15€  – ISBN 978-2-919582-12-9 (ISSN 2266-1913)

    Capture d’écran 2015-05-15 à 16.44.39.png


    Au sommaire : David Gascoyne (traduction en français du tout premier poème surréaliste anglais), Olive Moore (grande inconnue des lettres anglaises, qu'Anne-Sylvie Homassel nous permet de découvrir en français), Egon Bondy (traduit du tchèque par Eurydice Antolin), Pierre Cendors (un extrait de son prochain recueil), Andrew Fentham, Peter Oswald (dramaturge et poète, dont nous présentons ici une courte pièce et des poèmes), Charles Nodier (traduit par Alistair Ian Blyth, qui signe également une nouvelle sur la bibliotaphie), Paul Stubbs (deux poèmes extraits de son dernier recueil, paru en février en Grande-Bretagne), Afonso Cruz (traduit par Cécile Lombard), Heller Levinson (dont le dernier recueil, Wrack Lariat, vient de paraître chez Black Widow press) Philippe Annocque (traduit par Rosemary Lloyd), David Spittle,  Jos Roy (dont nous avons publié le recueil De suc & d'espoir l'an passé), Michael Lee Rattigan (des poèmes et ses traductions de César Vallejo), Yves et Ada Rémy (un extrait des Soldats de la mer traduit par Edward Gauvin), Victor Segalen & Anthony Seidman, ainsi qu'un entretien inédit avec Emil Cioran (accordé en 1986 au philosophe Bensalem Himmich), et traduit du français par Rosemary Lloyd.

    Les contributeurs et le sommaire détaillé :
    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/the-black-herald-5/

    Pour se procurer la revue (commande en ligne ou en librairie) :
    http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

    Tous les numéros :
    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/

    ***

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    http://twitter.com/Blackheraldpres

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    ***

    À propos de la revue

    Publiée sous l’autorité de Paul Stubbs et Blandine Longre, cette très rigoureuse et élégante revue place la traduction au centre de son travail. L’anglais / anglo-américain, l’espagnol, le russe, le français jouent l’un vers l’autre, parfois l’un dans l’autre pour instruire le sens et la beauté de poèmes ou la précision d’essais critiques de haute qualité sous un thème sous-jacent : « Accept the Mystery », ou quand l’écrivain s’ouvre à l’antithèse de la réalité plutôt qu’au jeu naïf de l’éclaircissement d’un réel vécu comme opaque.
    — Yves Boudier, cahier critique de poésie n° 28, cipM, octobre 2014.

     

     

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe (extrait 1)

    anne roiphe,blandine longre,l'insaisissable,mission pasteur,choléra,alexandrie,louis thuillier, an imperfect lensAlexandrie, 1883

    "Après une nuit à l’ancre, l’Andromeda, un pilote des environs à la barre, contourna le petit phare qui se dressait au bout d’une longue jetée. Les boutres, les brigantins, les trois-mâts et les sloops qui entraient dans le nouveau port traversaient prudemment le canal rocheux de Boghaz.
    Une fois dans la rade, le navire croisa les masses noires des cuirassés rouillés, le pavillon rouge orné de l’étoile et du croissant flottant à leur poupe. L’endroit grouillait de marins coiffés de bonnets rouges. Des timoniers barbus, portant des tarbouches, avançaient à la rame entre les grands vaisseaux qui arboraient le drapeau des États-Unis d’Amérique ou l’Union Jack. Des bateaux à vapeur de compagnies françaises ou anglaises ne cessaient d’entrer et de sortir du port à vive allure, ou bien étaient au repos, momentanément amarrés dans les eaux saumâtres de la rade. Quelques felouques appartenant au pacha allaient et venaient ; une fioriture turque était peinte sur leur poupe et des caractères arabes dorés, aux hampes allongées, décoraient les casiers qui renfermaient leur roue à aubes. Des appels bruyants jaillissaient des sifflets à vapeur, tandis que les traînées grises des cheminées tachetaient le ciel et que des cloches retentissaient au-dessus du port." 

    L'Insaisissable, Anne Roiphe 
    Traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL), avril 2015, les Editions du Sonneur.

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

     

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  • L'Insaisissable - Anne Roiphe

    11162198_10205126295571088_617994737089473025_n.jpgL'Insaisissable
    Anne Roiphe
    Traduction de l’anglais (États-Unis) de Blandine Longre
    (traduit avec le concours du CNL) À paraître le 23 avril 2015
    Editions du Sonneur

    Alexandrie, 1883. Un navire marchand en provenance de Calcutta arrive dans le port de la cité égyptienne. Outre sa cargaison d’étoffes, il transporte un dangereux passager clandestin, invisible à l’œil nu : le microbe du choléra.
    Depuis Paris, Louis Pasteur dépêche sur place un groupe de jeunes scientifiques chargés de découvrir le microbe avant le Dr Robert Koch (le chercheur allemand qui a identifié l’année précédente le bacille de la tuberculose), lequel a également rejoint Alexandrie. Il en va de l’honneur de la France. L’équipe se compose de Louis Thuillier, d’Émile Roux et du vétérinaire Edmond Nocard, accompagnés de Marcus, leur assistant. Selon les instructions de Pasteur, ils installent leur laboratoire dans l’enceinte de l’hôpital européen et se mettent au travail...

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/linsaisissable-anne-roiphe/

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  • Le Joyeux Anniversaire de la mort / The Happy Birthday of Death - Gregory Corso

    Vient de paraître 

    LE JOYEUX ANNIVERSAIRE DE LA MORT
    GREGORY CORSO

    Poèmes choisis – recueil bilingue
    Traduit de l’anglais par Blandine Longre
    Introduction de Paul Stubbs / Postface de Kirby Olson

    The Happy Birthday of Death
    Selected poems – bilingual book

    Black Herald Press, novembre 2014
    100 pages – 14 € / ISBN  978-2-919582-09-9

    *

    « Magnifique et stupéfiant Gregory Corso, le seul & unique Gregory le Héraut. »
    Jack Kerouac.

    « Sans doute le plus grand poète américain. »
    Allen Ginsberg à propos de Gregory Corso.

    *

    Plus d'informations: http://blackheraldpress.wordpress.com/books/gregorycorso/ 

    Pour se procurer l'ouvrage : http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

     

    gregory corso, Blandine Longre, Le Joyeux Anniversaire de la mort, poésie, Beat generation, black herald press, Paul Stubbs, kirby olson

    *

    Gregory Corso (1930-2001), l’un des poètes majeurs de la Beat Generation aux côtés de Jack Kerouac, d’Allen Ginsberg et de William S. Burroughs, a voué son existence à la poésie. Bien qu’ancrée dans la modernité, l’écriture de Corso puise également dans des traditions plus anciennes (celles, entre autres, du poète Percy Bysshe Shelley, figure tutélaire, et de l’héritage antique), révélant une poésie de nature composite, erratique et visionnaire, entre élégance lyrique et audace syntaxique, archaïsme revendiqué et facétieuse vitalité. Cet ouvrage rassemble un choix de poèmes extraits d’un recueil d’une incontestable originalité, Le Joyeux Anniversaire de la mort (publié en 1960 par New Directions), recueil qui concourut à consolider la réputation du poète, « un alchimiste des plus insolites, un belliciste des mots opérant à l’usure, bataillant aveuglément, immensément, avec le langage », ainsi que le décrit Paul Stubbs dans l’introduction au présent ouvrage.

    *

     

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  • "but a chirrup." (D.H. Lawrence)

    662942.jpg"Brute force crushes many plants. Yet the plants rise again. The Pyramids will not last a moment compared with the daisy. And before Buddha or Jesus spoke the nightingale sang, and long after the words of Jesus and Buddha are gone into oblivion the nightingale still will sing. Because it is neither preaching nor teaching nor commanding nor urging. It is just singing. And in the beginning was not a Word, but a chirrup."

    D.H. Lawrence
    Etruscan Places - first published 1932

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  • Paul B. Roth - Les guerres sont toujours intérieures

    Wars Are Always Within

    Your hands can’t breathe. They struggle when apart. One may try and separate itself from the other, say, to claw a bent nail from the wall, roll a young erect nipple between its supple fingers, or spoon hot soup through trembling blue lips, leaving the other to wait or assist unless, of course, both happen to belong to an accomplished percussionist or cirque de soleil-ist whose every limb’s movement is not only different from but in unison with every other.

    Your hands can’t breathe. Open or closed, in peace or at war, they bloody or are bloodied, inflict or are afflicted. At peace, the bread their fanning cools has, running through its center, an invisible thread of blood left behind for the lives of their future children now overrunning the Earth with starvation. In war, there’s no bread, no crust, no crumbs, just gunpowder’s tasty nitrates force-fed down the throats and smoking muzzles of even hungrier futures. 

    Your hands can’t breathe. They grip tight the bayonet affixed to each length of worn rifle stock. They hold on for dear life. At a full run, no longer at your sides, yet whipped by bare branch ends, they barely make a sound as they bleed, bruise or lose fingers to frost bite or the food scraps starving dogs beat them to every time.

    © Paul B. Roth

     

    Les guerres sont toujours intérieures

    Tes mains ne peuvent respirer. Elles luttent quand elles sont séparées. L’une tente parfois de se désengager de l’autre pour, disons, arracher un clou du mur, faire rouler sous ses doigts souples un jeune mamelon en érection ou porter aux lèvres bleues et tremblantes une cuillerée de soupe brûlante, laissant l’autre patienter ou l’assister, à moins que, évidemment, toutes deux appartiennent à un percussionniste chevronné ou à un acrobate du cirque du soleil dont le mouvement de chacun des membres n’est pas seulement distinct, mais en unisson avec tous les autres.

    Tes mains ne peuvent respirer. Ouvertes ou fermées, en paix ou en guerre, elles ensanglantent ou sont ensanglantées, infligent ou sont affligées. En temps de paix, le pain qu’elles refroidissent en l’éventant a en son centre évidé un invisible filet de sang pour les vies des enfants à naître infestant à présent la Terre de famine. En temps de guerre, il n’y a ni pain, ni croûte, ni miettes, seuls les nitrates savoureux de la poudre dont on gave les gorges, et les canons fumants d’avenirs plus affamés encore.

    Tes mains ne peuvent respirer. Elles empoignent la baïonnette fixée au bout de chaque vieux fusil. Elles se cramponnent à la vie. En pleine course, pourtant fouettées par les branches nues, elles ne sont plus à tes côtés et demeurent presque silencieuses tandis qu’elles saignent, se blessent, perdent des doigts abîmés d’engelures ou que leur échappent les restes dont les chiens faméliques s’emparent toujours les premiers.

     © Blandine Longre 2013, pour la traduction française.

    Ce poème et sa traduction ont paru dans le numéro 4 du Black Herald (2013)

    Pour plus d'informations:
    http://blackheraldpress.wordpress.com/2013/09/27/paul-b-roth-poems-poemes-2/

     

    paul b. roth,poésie,traduction,long way back to the endCe poème est également présent dans le dernier recueil de Paul B. Roth : Long Way Back to the End (Rain Mountain Press, 2014)

    http://rainmountainpress.com/books31.html

    Paul B. Roth, poète et éditeur américain, dirige la maison d’édition The Bitter Oleander Press depuis 1974 et publie la revue The Bitter Oleander. A noter, Bitter Oleander Press publiera prochainement la traduction en anglais de Mouvement par la fin de Philippe Rahmy (traduction de Rosemary Lloyd), dont des extraits avaient paru dans le n° 1 du Black Herald.

    http://www.bitteroleander.com/

    Un entretien avec Paul B. Roth

    http://ragazine.cc/2014/03/paul-b-rothinterview/

    "This is poetic prose at its finest. Paul B. Roth’s sentences unfold, gradually reveal ever deeper meanings, and then crystallize into moments of communicable inner experience no less drawing on the vivid particulars of the natural world."  - John Taylor

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  • Oliver Goldsmith – The Description of a Little Great Man / Un Petit Grand Homme

    Oliver Goldsmith
    The Description of a Little Great Man / Un Petit Grand Homme


    (En 1760, Oliver Goldsmith entame la publication d’une série de lettres dans un périodique intitulé the Public Ledger ; ces missives, écrites par le très fictif Lien Chi Altangi, philosophe et savant chinois voyageant en Angleterre, furent rassemblées et publiées sous le titre Le Citoyen du monde en 1762.)

    "En lisant les journaux de ce pays, j’ai compté, en moins d’une demi-année, jusqu’à vingt-cinq grands hommes, dix-sept très grands hommes et neuf hommes très extraordinaires. Ce sont eux, disent les gazettes, que la postérité se devra de considérer avec admiration : voilà les noms que la renommée s’emploiera à exhiber pour étonner les siècles à venir. Voyons voir, quarante-six grands hommes en six mois, cela fait tout juste quatre-vingt-douze par an. À se demander comment la postérité pourra se les rappeler tous, ou si les générations futures n’auront d’autres préoccupations que de retenir ce catalogue par cœur.

    Le maire d’une ville prononce-t-il un discours ? on l’institue aussitôt grand homme. Un pédant fait-il imprimer son banal ouvrage en in-folio ? il est grand homme sur-le-champ. Un poète met-il en rimes quelques sentiments rebattus ? il devient lui aussi le grand homme du jour. Quelque minuscule que soit l’objet de l’admiration, il est accompagné d’une foule d’admirateurs plus minuscules encore. La clameur s’élève dans son sillage tandis qu’il marche vers l’immortalité et avise la cohue qui le suit avec une grande satisfaction de lui-même, affectant en chemin toutes les bizarreries, les fantaisies, les absurdités et les petitesses de la grandeur qu’il s’attribue.

    Je fus hier invité à dîner chez un gentilhomme, lequel me promit que les réjouissances consisteraient en une pièce de venaison, une tortue et un grand homme. Je m’y rendis à l’heure dite. La venaison était excellente, la tortue délicieuse, mais le grand homme insupportable. Dès l’instant où je m’aventurai à parler, je fus aussitôt contredit sur un ton cassant. Je hasardai un deuxième, puis un troisième assaut afin de sauver ma réputation mise à mal, mais fus de nouveau rabroué et me retirai confus. Acculé dans mes retranchements, je décidai d’attaquer encore une fois et fis porter la conversation sur le gouvernement de la Chine : cependant il affirma, rabroua et contredit comme précédemment. Ciel, pensai-je, cet homme prétend connaître la Chine mieux que moi-même ! Je regardai autour de moi afin de voir qui se rangeait dans mon camp, mais tous les yeux étaient rivés, admiratifs, sur le grand homme ; en conséquence, je me résolus à demeurer silencieux et à jouer le rôle du gentilhomme aimable durant la discussion qui suivit."

    (extrait - cette traduction, accompagnée du texte original, a paru dans le n°4 du BLACK HERALD, 2013 - traduction Blandine Longre)

    Pour lire le texte dans son intégralité:

    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/the-black-herald-4/

    Oliver Goldsmith

    Oliver Goldsmith par Sir Joshua Reynolds.

     

    Oliver Goldsmith (1731?-1774) est un auteur anglo-irlandais surtout connu pour The Citizen of The World (1762), le roman Le Vicaire de Wakefield (1766), le poème pastoral Le Village abandonné (1770) et la pièce Elle s’abaisse pour triompher (1771). Après des études de droit et de théologie à Trinity College, Dublin, il s’essaie à divers métiers, étudie la médecine et voyage à Leyde, en France, en Suisse et en Italie. De retour à Londres, en 1756, il entame une carrière précaire d’écrivain à gages, s’endette, mène une vie dissolue et s’adonne au jeu. Il réussira à s’imposer dans le monde des lettres grâce à l’influence de Samuel Johnson.

     

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  • Mort de l’Utopie - Paul Stubbs

    Death of Utopia

    After A Piece of Waste Land, Francis Bacon, 1982

     

    ‘O dark dark dark. They all go into the dark’

    T.S. Eliot

     

    On this horizon that overshadows all,

    above the last known clump of Eliot’s

     

    world, between the human reeds and

    the beached broken pelvis of the wind,

     

    snag still the last few

    pages of his book…

     

    (the grave-mould from the burial of what

    false god now falling from the palms?)

     

    —upon a jut of always steaming earth,

    where tomorrow man, for the last time,

     

    will arrive, to give birth to it:

    his eschatological foetus;

     

    in end-times, when Hell is certain, and

    Eliot, not Christ, he rots back onto the

    grass…

     

     

    saltz5-27-09-23.jpg 

    A Piece of Wasteland, Francis Bacon, 1982

     

     

    Mort de l’Utopie

    D’après Un coin de Terre gaste, Francis Bacon, 1982

     

    « Ô noir noir noir. Tous s’en vont dans le noir »

    T.S. Eliot

     

    Sur cet horizon qui éclipse tout,

    au-dessus de la dernière motte connue

     

    du monde d’Eliot, entre les roseaux humains et

    le pelvis échoué et brisé du vent,

     

    sont encore piégées les quelques

    dernières pages de son livre…

     

    (l’humus de la sépulture de quel

    dieu illusoire s’effritant à présent entre les paumes ?)

     

    – sur une saillie de terre toujours fumante,

    que, demain, pour la dernière fois, l’homme

     

    atteindra afin de lui donner naissance :

    à son fœtus eschatologique ;

     

    dans les temps ultimes, quand l’Enfer sera certitude, et

    qu’Eliot, non le Christ, il retombera en putréfaction dans

    l’herbe…

     

     

     

    © Paul Stubbs, 2011.

    © Blandine Longre 2013, pour la traduction française.

    Poème publié en février 2014 dans Les Carnets d’Eucharis, N° 2 (2014)

    http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2013/12/17/les-carnets-d-eucharis-annee-2014-5249489.html

    http://www.recoursaupoeme.fr/revue-des-revues/les-carnets-deucharis-version-papier-opus-2/m-c-masset

     

    Paul Stubbs, poète britannique (né en 1969 à Norwich), est l’auteur de trois recueils, The Theological Museum (Flambard Press, 2005), The Icon Maker (Arc Publications, 2008), The End of the Trial of Man (Arc Publications, à paraître) et de deux longs poèmes : Ex Nihilo (Black Herald Press, 2010) et Flesh, (Black Herald Press, 2013). À son actif, également, diverses pièces de théâtre et un recueil d’essais portant sur Arthur Rimbaud, The Carbonized Earth, ainsi que des critiques et des poèmes publiés en revues. Il codirige la revue de littérature bilingue The Black Herald.
    http://paulstubbspoet.wordpress.com

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  • Le Rêve du mouvement perpétuel - Dexter Palmer

    *** à paraître en septembre 2014 ***

    Le Rêve du mouvement perpétuel, Dexter Palmer
    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Sylvie Homassel et Blandine Longre
    (ouvrage traduit avec le concours du CNL, éditions Passage du Nord-Ouest)

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    "Si tant est que je parvienne encore à mesurer le temps, je commence ce journal le jour du premier anniversaire de mon emprisonnement à bord du vaillant Chrysalide, zeppelin de très grande altitude conçu par le plus prodigieux et le plus doué des inventeurs du xxe siècle, Prospero Taligent. Un an qui s’est écoulé sans que je prononce un seul mot. À l’attention de qui que ce soit. À ma geôlière moins qu’à quiconque. Si je refuse de lui adresser la parole, c’est précisément parce qu’elle ne souhaite rien d’autre ; je ne peux protester que par mon silence.

    Écrire, ce n’est pas du tout la même chose. Le mot sur la page a d’autres qualités, d’autres pouvoirs. Si le monde d’avant mon incarcération m’a appris quelque chose, c’est bien cela.

    Excepté moi, il n’y a sur le Chrysalide que Miranda, la fille adoptive de Prospero Taligent. Durant l’année qui vient de s’écouler, la voix de Miranda m’a constamment harcelé. Elle me suit sans relâche dans les couloirs de l’immense habitacle du zeppelin tandis que j’essaie de trouver sa cachette, où j’espère l’affronter en personne. Sa voix ne s’interrompt jamais : même quand je dors, elle s’insinue dans la plupart de mes rêves et dans tous mes cauchemars, scintillant fil d’argent qui chuchote, supplie, menace..." (Prologue)

     

    Le site de l'auteur

    http://dexterpalmer.com/

    Anne-Sylvie Homassel

    http://ashomassel.wordpress.com/

    L'éditeur

    http://www.crl-midipyrenees.fr/annuaire/maisonsedition/passage-du-nord-ouest/

     

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  • 32e Marché de la poésie, Paris

    Black Herald Press sera présent au 32e Marché de la Poésie, du 11 au 15 juin, place Saint-Sulpice (Paris VIe) sur le stand 704 – en compagnie des Carnets d’Eucharis (Nathalie Riera) et des éditions Hochroth-Paris (Nicolas Cavaillès).

    *

    D'autres stands à visiter : les éditions l'Oeil d'or (104), le Visage Vert (104), Isolato (425-427), l'Atelier du Gué (501), le Centre international de poésie Marseille, CIPM (118-120), Les éditions du murmure (604), les éditions Rhubarbe (103-105), les éditions Tarabuste (507), Ypsilon Éditeur (601) - et de nombreux autres ici.

    *

    Le programme du Marché :

    http://poesie.evous.fr/-32e-Marche-de-la-Poesie-.html

    couv_32_marche_poesie-6-c4c5c.jpg

     

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  • Blanche-Neige - Robert Walser

     

    La Reine (à Blanche-Neige) :

    Non, c'est faux. Tu te mens, et forges

    toi-même un conte. Mais le conte

    le dit : moi, la Reine mauvaise,

    je t'ai envoyé le chasseur,

    et donné la pomme à manger.

    Réponds clairement là-dessus.

    Tu ne fais que railler, pas vrai,

    en implorant mon pardon. Rien

    que gestes, façons étudiées, 

    paroles d'un rôle astucieux.

    Méfiante, en effet, c'est ainsi

    que tu m'as rendue. Que fais-tu ?

     

    Blanche-Neige
    Robert Walser
    traduit par Hans Hartje et Claude Mouchard
    édition bilingue
    dossier complémentaire établi par Fabienne Raphoz-Fillaudeau :avatars de Blanche-Neige
    Collection Merveilleux N°18
    José Corti, 2006

    BlancheNeige.jpg

    http://www.jose-corti.fr/titresmerveilleux/blanche-neige.html

     

     

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