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fantastique

  • Le Visage vert 25 (février 2015)

    "C’était en hiver, dans la dernière région un peu mouvementée, onduleuse et chargée de forêts, que le vieux père Rhin traverse avant de se lancer dans les terres basses de Hollande, où il s'attardera, se divisera et subdivisera en plusieurs bras , se croisant et s'entrecroisant ; le Waal, le Nider-Ryjn, le Lets, le Rhin Tordu, la Vieille Coulée, la Coulée de la Potence, etc.

    C'était en hiver et la neige tourbillonnait, recouvrant toutes choses, champs et forêts, villages aux toits frileusement serrés qui déroulaient de longues fumées dans le ciel noir ; en haut d'un dernier mamelon baigné par le fleuve, le burg s'élevait, noir et farouche sous la couche blanche qui dessinait la ligne de ses crénelages et les pointus de ses tours, des ses tourelles et de son gros donjon carré.

    Le châtelain de ce burg avait gagné dans les batailles une renommée de rude chevalier, corps, tête et bras de fer, durs à tous et à lui-même. Il n'était pourtant qu'un petit garçon timide devant madame son épouse, châtelaine impérieuse et hautaine, qu'un chagrin rongeait au fond de son burg et qui devenait d'un caractère de plus en plus difficile, les années passant, en se voyant seule dans la grande salle peinturlurée des armoiries de la famille et des alliances, sans le moindre enfantelet à qui sourire aujourd'hui, et à qui transmettre plus tard le burg, les vassaux et les terres et les lions de l'écusson. 

    Son âme en sombrait dans l'amertume et le rude chevalier eût, pour s'étourdir, souhaité guerres et batailles perpétuelles.

    Voilà qu'en ces jours de frimas et de neige où la triste humeur des châtelains s'assombrissait encore, une malheureuse bohémienne assez légèrement vêtue de haillons multicolores vint frapper à la porte du castel. Elle serrait dans ses bras un enfant bleu de froid et en traînait un autre par la main, une lamentable petite fille à peine couverte de quelques lambeaux de toile."

    extrait de La Châtelaine aux 365 enfants
    Légende du Vieux Rhin
    , d'Albert Robida (1848-1926)
    Visage Vert n° 25, février 2015.

     

    Depuis sa naissance en octobre 1995, le Visage Vert a publié 25 numéros. Sous l’appellation générique de « Revue de littérature » (il s'intéresse au fantastique, mais aussi à l’anticipation ancienne, au bizarre, à l’absurde ou au mystère), le Visage Vert se présente comme une revue de découvertes, de traductions (ou de retraductions), d’essais et d’illustrations. Tel un archéologue dévoué aux marges de la littérature, le Visage Vert arpente les genres et les mouvements esthétiques liés à l’imaginaire. 

    le visage vert, revue de littérature, imaginaire, fantastique,

    Sommaire de ce numéro
    http://www.levisagevert.com/Revues/visagevert/visagevert/vv25.html

    pour commander la revue : http://www.levisagevert.com/edition/commande.html

    Le blog du Visage Vert, revue et éditeurhttp://leblogduvisagevert.wordpress.com/

     

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  • Le Visage Vert, 18e

    levisagevert18.jpg

    Le Visage Vert, n° 18, juin 2011

    Un volume de 160 x 240, 192 p.

    17 euros

    ISBN : 978-2-918061-11-3

     

    Avec un peu de retard, on salue la parution du numéro 18 du Visage Vert. Au sommaire, « Le Loup de Salem » [1909] : une nouvelle inédite d'Howard Pyle sur le thème de la sorcellerie, suivi d'un bel essai de Michel Meurger: « Les Sorcières de Salem et la fiction américaine ». Viennent ensuite une nouvelle fantastique de Robert Barr (« La Vengeance du mort » [1894]), un récit humoristique de science-fiction par Jean Bréchal (« L’Opération merveilleuse du professeur Brigdmann » [1900]), un récit de terreur victorien par Amelia B. Edwards (« Une terreur en chemin de fer » [1856]), suivi de son plagiat par Georges Price (« Une heure d’express » [1910]) et, du même, un récit d'anticipation : « Le Roi du Léthol » [1910]. Pour finir, la traduction de deux nouvelles inédites de l'Allemand Alexander Moritz Frey (« Le Curieux » [1928], « Périple » [1921]) et d'un article biographique de cet auteur par Robert N. BlochLe dossier de ce numéro, préparé par François Ducos, est consacré au Gorille voleur de femmes, complété par deux nouvelles de Bénédict-Henry Révoil (« La Vengeance du singe » [1878]) et de Gervèsis Malissol (« Un drame au pays des gorilles » [1897]). 


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    Lire la recension de Bruno Para

     

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  • Un monstre très humain

    doppel1.jpgDoppelgänger de David Stahler Jr
    traduit de l’anglais par Luc Rigoureau - Tribal, Flammarion, 2008

     

    Roman s’inscrivant à la fois dans la veine fantastique et dans celle de la chronique adolescente, Doppelgänger décrit un univers réaliste, socialement et affectivement très vraisemblable, alors que le narrateur est par nature un non-humain : un jeune Doppelgänger privé de nom, « une créature primitive », un caméléon qui s’approprie pour un temps la vie d’un être humain qu’il a au préalable assassiné. Un monstre ? Le narrateur « se pose la question depuis que je suis en âge de réfléchir. Je n’ai toujours pas de réponse. Ma mère estimerait que non. D’après elle, notre race n’a rien à voir avec le bien et le mal - "ces sottes conventions humaines". » Cet être solitaire, pour lequel on éprouve très vite une forme de compassion qui s’apparente à celle qu’un Elephant Man peut susciter (comme tout être en marge, écartelé entre ses instincts et des sentiments qui ne sont habituellement pas encouragés par ceux de son espèce et qui s’efforce vainement de faire reconnaître son humanité), choisit d’endosser l’existence d’un jeune homme, Chris Parker, apparemment détestable, mais malgré tout humain.

     

    Avant de côtoyer la société humaine, le narrateur acceptait sa nature, se résignait à suivre ses pulsions brutales, puis il prend conscience que les humains sont eux aussi des êtres complexes, pouvant se montrer terriblement violents. Que ce soit Chris et ses amis, le père de Chris, ou les joueurs de football américain, tous portent en eux une part de monstruosité ; les figures féminines ne sont pas épargnées : la mère de Chris se résigne à cette violence, refusant d’affronter son époux qui bat leur fille de 10 ans, Echo. Aussi, peu à peu, le Doppelgänger n’est plus seulement le monstre (celui qui est « montré »), mais devient celui qui « montre » et se révolte.

     

    doppel2.jpgLe procédé est classique mais reste efficace : introduire dans un univers archi-connu (une famille en crise) un être étranger à ce monde, qui pourra observer avec un regard neuf les dysfonctionnements que plus personne n’est capable de discerner ; certains sentiments sont plus développés que d’autres : en particulier la notion de culpabilité, quand le Doppelgänger, hanté par les meurtres qu’il a commis, s’intéresse de plus près à Macbeth. On regrette une tendance à vouloir « moraliser » et/ou trop expliciter les choses (à travers le personnage du professeur de littérature, par exemple, qui n’étudie pas Shakespeare pour sa poétique ou son art dramaturgique, préférant « psychologiser » les motivations de personnages qui sont d’abord des archétypes - une dérive didactique typiquement américaine) et quelques personnages secondaires qui manquent un peu de texture, mais le roman, hormis la quête identitaire qu’il décrit, pose des questions morales intéressantes, sans manichéisme, et met à jour, à travers l’histoire d’un jeune homme que nul ne peut percer à jour (hormis celle dont il tombe amoureux), de nombreuses contradictions inhérentes à la condition humaine.

     

    (B. Longre, novembre 2008)

     

    L'éditeur

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