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Lectures

  • Keith Barnes, par Jacqueline Starer

    barnes-poems.jpgWant to Wake Alive – Selected Poems
    Aussi petit que mon prochain - poèmes choisis
    Keith Barnes (traduction de Jacqueline Starer)
    K.B. – récit de Jacqueline Starer
    (traduction anglaise Helen McPhail)
    Ouvrage bilingue, Editions d’écarts, 2014

     

     

     

     

     

     

    The white sun scalds in our song

    From the white soil     blood

    winedark as your hair across the moon

    begins       through the scarcehealed wounds

    to pout       from silence

    petals of carmine       crimson petals

    bedding in the pulse       urgent

    flowers of the mouth

    demanding soil to strike their roots in

     

    from “White Sun”

     

     

    Le soleil est à blanc       brûlant dans notre chant

    De la terre blanche       du sang

    sombre comme le vin       comme tes cheveux barrant la lune

    commence       au travers de blessures à peine guéries

    à dessiner une moue       de silence

    des pétales de carmin     de pourpres pétales

    s’inscrivent dans mon pouls     marquant l’urgence

    paroles-fleurs

    qui exigent la terre pour y forcer leurs racines

     

    extrait de « Soleil à blanc » (traduction Jacqueline Starer)

     

    KB-a-Bard-1965-1.jpgNé dans l'East End de Londres en 1934, Keith Barnes entre sur concours à la Royal Academy of Music à l'âge de treize ans. Bientôt ses œuvres sont jouées à Londres par plusieurs groupes de musique de chambre. Il travaille chez un éditeur de musique puis comme monteur de films à la BBC. A 25 ans, il cesse d'écrire de la musique. Son premier poème, "Dévaluation", écrit en 1960, paraît aussitôt dans le Times Literary Supplement. A partir de 1962, il voyage et se consacre à l'écriture. C’est en 1963, après un long séjour à Chypre, qu’a lieu sa rencontre décisive avec Jacqueline Starer. Ils vivront à Paris, aux Etats-Unis, en Israël puis de nouveau à Paris. En 1967, son premier recueil de poèmes, Born to Flying Glass (Né sous les éclats des vitres) est publié à New York par Harcourt, Brace & World. Il termine à Paris son second recueil The Thick Skin (La Peau dure) et commence le troisième Ain't Hung Yet (Ils ont pas encore eu ma peau) quand une leucémie aiguë interrompt brutalement sa vie le 10 septembre 1969.

     

    Quelques liens

    http://www.keith-barnes.com/index.html

    https://ecartsmbh.wordpress.com/2010/05/22/k-b-de-jacqueline-starer-extraits/

    https://www.worldliteraturetoday.org/2015/november/want-wake-alive-selected-poems-k-b-aussi-petit-que-mon-prochain-keith-barnes

    http://www.recoursaupoeme.fr/po%C3%A8tes/keith-barnes

    https://www.facebook.com/KEITH-BARNES-135792343103906/

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  • "Que prenne fin l’exil en la terre étrangère !" Benjamin Fondane

    Fondane.jpg

    Que prenne fin l’exil en la terre étrangère !

    Non de ceux qui sont étrangers sur une terre étrangère,

    ni étrangers parmi les étrangers,

    étranger pour lui-même,

    car l’homme n’est pas chez lui sur cette terre,

    étranger où qu’il aille,

    cette terre n’est pas à lui, avec ses lèvres de sel,

    ses entrailles de métaux bouillants, sa laitance de pétrole,

    ses yeux de pierre ponce

    et cette pression vivace qui gonfle ses seins et les vide

    – cette terre n’est pas à lui

    les poissons sans oreilles ni les oiseaux sans langue,

    ni la lumière lisse du bonheur,

    les choses de clarté ni les choses de nuit

    — cette terre n’est pas à lui tout arrosée d’étoiles,

    secouée de séismes qui montent à sa gorge

    toute pleine d’une eau qui fonce sous ses pieds

    – terre vorace et carnivore…

     

    extrait de L’Exode (1942), Benjamin Fondane (1898-1944)

     

    Le mal des fantômes, Nouvelle édition. Établie par Patrice Beray et Michel Carassou, avec la collaboration de Monique Jutrin. Liminaire d'Henri Meschonnic, Verdier poche, 2006)

    http://editions-verdier.fr/livre/le-mal-des-fantomes/

     

     

    Ailleurs en ligne

    David Gascoyne et Benjamin Fondane

    http://temporel.fr/David-Gascoyne-et-Benjamin-Fondane,588

    Un article de Patrice Beray

    https://blogs.mediapart.fr/patrice-beray/blog/130308/fondane-poete-au-mal-des-fantomes

    Société d'études Benjamin Fondane

    http://www.benjaminfondane.com/

    Association Benjamin Fondane

    http://www.benjaminfondane.org/association-benjamin-fondane.php

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  • Les 20 ans du Visage Vert, revue et maison d'édition

    le visage vert,mikaël lugan,actualitté"Entrer dans sa troisième décennie d’existence lorsqu’on est une revue tient du miracle. Et lorsque, en plus, on s’affiche orgueilleusement comme une revue de littérature, et plus encore comme une revue de littérature fantastique, cela relève du surnaturel. Eh bien, cet exploit, Le Visage Vert vient de le réaliser. Son n° 26 vient de paraître vingt ans, mois pour mois, après sa naissance. La livraison inaugurale était apparue en effet en octobre 1995, composée par une poignée de passionnés rudement calés en la matière et qui avaient forgé leurs armes dans le fanzinat." Mikaël Lugan

    Pour lire la suite : 

    http://www.actualitte.com/article/monde-edition/le-visage-vert-20-ans-deja/62462

    Le site du Visage Vert, revue et maison d'édition (et pour commander les ouvrages)

    http://levisagevert.com/

    Tous les numéros de la revue

    http://levisagevert.com/Revues/accueil.html

    Le blog du Visage Vert

    http://leblogduvisagevert.wordpress.com/

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    le visage vert,mikaël lugan,actualitté

    En outre, le Visage Vert s'est également lancé dans la petite édition, suivant la même démarche de découverte et de mise en lumière d'œuvres anciennes et contemporaines. Vingt-deux titres déjà parus, dont le deuxième recueil d'Anne-Sylvie Salzman, Vivre sauvage dans les villes, Chants de désir, chants de morts, un recueil de contes, nouvelles et poèmes fantastiques français (période 1880-1920) consacré aux sirènes, et dernièrementL'Animal blanc (1904) une nouvelle de l'écrivain allemand Georg von der Gabelentz (1868-1940). Enfin, cette fin d'année a été riche en parutions : Le Club des défis de l'humoriste anglais Barry Pain, un recueil d'essais consacrés à Sherlock Holmes par Jean-Pierre Naugrette (Détections sur Sherlock Holmes) et un enfin un recueil d'Yves Letort : Le Fleuve, illustré par Céline Brun-Picard. À paraître prochainement : un court roman de Philippe Riviale (L'Enlèvement d'Elsa), une réédition de Lilith de Rémy de Gourmont. Le Visage Vert n°27 est en préparation.

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  • Arturo Toscanini, Bruno Walter & Stefan Zweig à Salzburg, 1937

    "J'entends encore l'écho des heures animées passées en compagnie de Toscanini et d'autres amis, dans la maison de Stefan Zweig, d'où la vue s'étendait au loin et sur Salzbourg à nos pieds."
    Bruno Walter, Thème et Variations.

    "I vividly remember the hours I spent in the company of Toscanini and other friends at Stefan Zweig's house looking into far distances and down upon Salzburg..."
    Bruno Walter, Theme and Variations.

    (Thema und Variationen, Stockholm : Bermann-Fischer, 1947) ; English translation by James A. Galston (New York : Knopf, 1946) ; traduction française André Tanner (Lausanne : M. et P. Foetisch, 1952).

     

    4187836.jpg

    source
    http://www.europeana.eu/portal/record/92061/BibliographicResource_1000125966307.html

     

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  • 6, rue Rollin

    « On comprendra aisément pourquoi, après trente-trois ans, un être si attachant est singulièrement présent à mon esprit et pourquoi aussi je ne passe jamais devant le 6 de la rue Rollin sans un serrement de cœur. »
    Cioran, Exercices d’admiration, « Benjamin Fondane, 6, rue Rollin », 1978.

     

    (David Gascoyne's translation of Cioran's essay - unrevised draft - : "It will be easily understood why, after thirty-three years, so attractive a being is singularly present in my mind and why also, I never pass by the number 6 of the rue Rollin without a wringing of the heart.")

     

     

     

    emil cioran,david gascoyne,benjamin fondane

     

    http://www.benjaminfondane.com/

     

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  • "L'inconciliable dans un poème..."

    Hamlet contre Shakespeare

    L'autre mot derrière le mot.

    Derrière le meurtre l'autre mort.

    L'inconciliable dans un poème :

    L'ordre. Et, le brisant, la brèche.

     

    Hamlet Gegen Shakespeare

    Das andere Wort hinter dem Wort.

    Der andere Tod hinter dem Mord.

    Das Unvereinbare in ein Gedicht:

    Die Ordnung. Und der Riß, der sie zerbricht.

     

    Thomas Brasch, Belles sont les rimes, Les rimes te mentent
    édition bilingue, traduction de l’allemand par Bernard Banoun et Aurélie Maurin
    Editions Hochroth Paris, 2015

    Poète, dramaturge, prosateur, cinéaste, traducteur, Thomas Brasch (1945-2001) peut être considéré comme l’héritier et successeur méconnu de Brecht.

    http://www.paris.hochroth.eu/fr/3286/belles-sont-les-rimes-les-rimes-te-mentent/

     

    hochroth, Thomas Bracht, Bernard Banoun, Aurélie Maurin, poésie, traduction

     

     

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  • "Le maestro cassa alors sa baguette..."

     

    Toscanini_HD-FICHE-2.jpgLe nouveau Premier ministre, cependant, souhaitait être considéré comme un homme de culture. Quant à la Scala, elle avait besoin, pour des raisons économiques, de rester dans les bonnes grâces du gouvernement. Lorsqu’en avril 1923 Mussolini se rendit à Milan, il se fit photographier avec toute la troupe de l’opéra, y compris Toscanini. Et ce, en dépit du fait que ce dernier avait eu, quelques mois plus tôt, sa première passe d’armes avec les partisans du nouveau régime. En décembre 1922, pendant une représentation de Falstaff, une poignée de fascistes avait accueilli le retour du chef dans la fosse, au début du dernier acte, par des hurlements. Que Toscanini interprète d’abord l’hymne du parti, Giovinezza ! Toscanini fit signe à l’orchestre de poursuivre Falstaff, ce qui ne réduisit pas les perturbateurs au silence. Le maestro cassa alors sa baguette et quitta la fosse, écumant et rageant. Après une longue interruption, un employé des services administratifs vint annoncer que l’hymne serait joué à la fin de l’opéra. Toscanini revint alors au pupitre. Maria Labia, qui chantait le rôle d’Alice Ford, raconta ainsi la suite des événements : « A la fin de la représentation, le directeur nous dit : “Attendez, vous allez chanter l’hymne accompagnés au piano.” Toscanini arrive : “Ils ne chanteront rien du tout, les artistes de la Scala ne sont pas des chanteurs de variétés. Retournez dans vos loges. ” On s’en va. L’hymne a été joué au piano [seul], car l’orchestre, disait-il, ne savait pas le jouer… » Mais le pire était à venir…

    Harvey Sachs, Réflexions sur Toscanini, musique et politique
    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Sylvie Homassel et Laura Brignon pour les textes d'origine italienne.
    Editions Notes de Nuit, 2014

    ***

    Auteur de nombreux ouvrages sur Toscanini, dont il est considéré comme « le » biographe, Harvey Sachs livre ici l’essentiel de la vie et de la carrière du légendaire chef d’orchestre, mais dévoile aussi des documents inédits sur les rapports que Toscanini, antifasciste de la première heure, entretint avec Mussolini et Hitler.

    http://www.notesdenuit-editions.net/ouvrage/reflexions-sur-toscanini-de-harvey-sachs/

    http://www.notesdenuit-editions.net/

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  • Le collectionneur d’oreilles - Esteban Bedoya

    LCO.png« La forêt de l’Yvytúruzu s’éveilla sous la pluie. Le manteau de neige argenté qui recouvrait l’épaisse végétation ne résista pas longtemps à la bruine hivernale. Il faisait froid. La vapeur s’échappait des naseaux des bêtes qui arrachaient les herbes fraîches, les orchidées, les mousses, les broméliacées perchées sur d’autres plantes. Ici, seuls les êtres habitués à la pénombre éternelle pouvaient s’aventurer sans craindre les prédateurs.
    Chaque matin, sur ce sol humide où la matière organique se décomposait, un enfant albinos cherchait sa nourriture. Né dans une tribu mbya, il avait été banni dès son plus jeune âge à cause de sa peau couleur de lait, suspecte, et de ses yeux translucides. Sa mère était l’une des filles du village. Quant à son père, nul ne savait qui il était. Seule, dans la forêt, la jeune fille l’avait mis au monde, puis l’avait offert à la communauté. Mais les villageois ne tardèrent pas à suspecter chez le nouveau-né quelque chose d’étrange. Quand le chaman l’examina, il conclut que le follet démoniaque avait trompé la vigilance des gardiens avant d’engendrer cet enfant qui finirait par les asservir.
    Sombre époque pour la tribu. Les villageois ne pouvaient plus se fier aux êtres surnaturels, ni même aux chrétiens. Une telle méfiance n’avait rien d’étonnant : depuis plusieurs décennies déjà, les étrangers pillaient le cœur de la forêt, dévastaient la faune, séquestraient les quelques Mbyas qu’ils rencontraient sur leur chemin. »

    Le collectionneur d’oreilles, Esteban Bedoya 
    Traduit de l'espagnol (Paraguay) par Frédéric Gross-Quelen
    La Dernière Goutte, 2014

    http://www.ladernieregoutte.fr/livres/le-collectionneur-doreilles/

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  • Cigogne - Jean-Luc A. d’Asciano

    Cigogne
    Jean-Luc A. d'Asciano
    Serge Safran éditeur, 2015

    « Mon frère vient de sombrer dans le coma, à moins qu’il ne me faille le considérer comme mort. Si c’est le cas, alors nous accomplissons un miracle de plus, une obscénité nouvelle, celle d’être à la fois mort et vivant. Car plus que le gardien de mon frère, je suis mon frère, son jumeau, sa chair, son double perpétuel : nous sommes siamois. Vu de l’extérieur, nous possédons trois jambes, deux sexes, deux bras, deux têtes. Nos organes internes, eux, sont d’une complexité telle que les décrire, les comprendre ou simplement les énumérer conduirait au plus étrange blasphème. Mon frère, mon éternel gaucher, me semble mort. Je ne vais pas tarder à le rejoindre. Sofia nous veille, Sofia nous pleure, notre sœur, notre mère, notre dévouée, si incroyablement maigre et chaste, si incroyablement nécessaire. Puisse notre mort la délivrer. J’aimerais chanter.
    Nous sommes nés monstrueux et notre vie fut belle. Nous sommes nés au plein milieu d’un été admirablement chaud. Nuls signes mystérieux – pluie de crapaud, migrations de rates, passages de comètes à la ponctualité détériorée, naissances d’agnelles à six pattes ou tournée de saltimbanques – n’annoncèrent notre venue. Juste le cri de douleur de notre mère lorsqu’elle accoucha, et son silence obstiné lorsqu’elle nous vit. »

    (extrait de Siamois, première nouvelle du recueil)

      

    cigogne_couverture.jpg

     

    L'auteur est par ailleurs éditeur:
    http://loeildor.free.fr/

    L'auteur présente son recueil :
    http://youtu.be/Aqo3VJEYOs4

    Quelques articles:

    http://leblogduvisagevert.wordpress.com/2015/04/06/des-hommes-et-des-betes/

    http://addict-culture.com/cigogne-livre/

    http://www.la-croix.com/Culture/Livres-Idees/Livres/Le-monde-au-bout-de-l-impasse-2015-04-08-1300044

    http://blog.paludes.fr/post/2015/04/17/Paludes-757-du-vendredi-17-avril-2015

    L'éditeur

    http://www.sergesafranediteur.fr/

    http://www.sergesafranediteur.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=564:cigogne-jean-luc-a-dasciano&catid=37:deja-paru

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  • Le Visage vert 25 (février 2015)

    "C’était en hiver, dans la dernière région un peu mouvementée, onduleuse et chargée de forêts, que le vieux père Rhin traverse avant de se lancer dans les terres basses de Hollande, où il s'attardera, se divisera et subdivisera en plusieurs bras , se croisant et s'entrecroisant ; le Waal, le Nider-Ryjn, le Lets, le Rhin Tordu, la Vieille Coulée, la Coulée de la Potence, etc.

    C'était en hiver et la neige tourbillonnait, recouvrant toutes choses, champs et forêts, villages aux toits frileusement serrés qui déroulaient de longues fumées dans le ciel noir ; en haut d'un dernier mamelon baigné par le fleuve, le burg s'élevait, noir et farouche sous la couche blanche qui dessinait la ligne de ses crénelages et les pointus de ses tours, des ses tourelles et de son gros donjon carré.

    Le châtelain de ce burg avait gagné dans les batailles une renommée de rude chevalier, corps, tête et bras de fer, durs à tous et à lui-même. Il n'était pourtant qu'un petit garçon timide devant madame son épouse, châtelaine impérieuse et hautaine, qu'un chagrin rongeait au fond de son burg et qui devenait d'un caractère de plus en plus difficile, les années passant, en se voyant seule dans la grande salle peinturlurée des armoiries de la famille et des alliances, sans le moindre enfantelet à qui sourire aujourd'hui, et à qui transmettre plus tard le burg, les vassaux et les terres et les lions de l'écusson. 

    Son âme en sombrait dans l'amertume et le rude chevalier eût, pour s'étourdir, souhaité guerres et batailles perpétuelles.

    Voilà qu'en ces jours de frimas et de neige où la triste humeur des châtelains s'assombrissait encore, une malheureuse bohémienne assez légèrement vêtue de haillons multicolores vint frapper à la porte du castel. Elle serrait dans ses bras un enfant bleu de froid et en traînait un autre par la main, une lamentable petite fille à peine couverte de quelques lambeaux de toile."

    extrait de La Châtelaine aux 365 enfants
    Légende du Vieux Rhin
    , d'Albert Robida (1848-1926)
    Visage Vert n° 25, février 2015.

     

    Depuis sa naissance en octobre 1995, le Visage Vert a publié 25 numéros. Sous l’appellation générique de « Revue de littérature » (il s'intéresse au fantastique, mais aussi à l’anticipation ancienne, au bizarre, à l’absurde ou au mystère), le Visage Vert se présente comme une revue de découvertes, de traductions (ou de retraductions), d’essais et d’illustrations. Tel un archéologue dévoué aux marges de la littérature, le Visage Vert arpente les genres et les mouvements esthétiques liés à l’imaginaire. 

    le visage vert, revue de littérature, imaginaire, fantastique,

    Sommaire de ce numéro
    http://www.levisagevert.com/Revues/visagevert/visagevert/vv25.html

    pour commander la revue : http://www.levisagevert.com/edition/commande.html

    Le blog du Visage Vert, revue et éditeurhttp://leblogduvisagevert.wordpress.com/

     

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  • « Pays d’êtres humains et non d’individus » (Cioran)

    Capture d’écran 2015-05-23 à 16.18.04.png"En 1941, installé à Paris, Cioran se transforme. Séduit un temps par le brutal apparat de la « Garde de fer » roumaine et par la force nazie, il se transforme et opte plus ou moins implicitement et très heureusement pour le camp adverse. Cette « métamorphose » se laisse entrevoir dans De la France, petit livre écrit au crayon, exhumé, traduit à un moment où, vieux de 68 ans, il reste d’une singulière actualité. « Livre charnière », « ode à la France », comme l’écrit Alain Paruit dans sa présentation, l’ouvrage marque une frontière : entre totalitarisme et libéralisme (au sens politique), entre roumain et français (la langue roumaine est parsemée d’expressions françaises), entre hymne à la grandeur et éloge de la décadence…
    Car Cioran, opérant des comparaisons avec d’autres pays, développe le paradoxe suivant : la France est grande, et la preuve en est sa décadence immuable. Selon le processus d’écriture qui lui est cher, les fragments de pensées s’agglutinent, s’additionnent, entraînant le doute et la conviction. Chaque lecteur y trouve son compte, s’arrêtant à son gré sur des termes récurrents (« ennui, cafard, décadence, XVIIIe siècle, goût, sociabilité, raison, expérience, progrès, mesure »…) définissant la France selon Cioran, cette France de l’esprit contre le cœur, où le culte du repas tient lieu de liturgie quotidienne, et dont la perfection tient à des « riens ». « Pays d’êtres humains et non d’individus », « la France est une occasion éclatante de vérifier les expériences négatives ».
    À l’heure où quelques politiciens en mal de popularité cherchent à définir une identité « nationale », il est bon de lire cet hymne à la France étrangère écrit par un de ces immigrés à qui nous devons de magnifiques pages de notre patrimoine littéraire. Écoutons rêver le petit Roumain : « Y a-t-il au monde un pays ayant eu autant de patriotes issus d’un autre sang et d’autres coutumes ? […] N’avons-nous pas aimé la France avec plus d’ardeur que ses fils, ne nous sommes-nous pas élevés ou humiliés dans une passion compréhensible et toutefois inexplicable ? N’avons-nous pas été nombreux, en provenance d’autres espaces, à l’embrasser comme le seul rêve terrestre de notre désir ? Pour nous qui arrivions de toutes sortes de pays, de pays malchanceux, la rencontre d’une humanité aboutie nous séduisait en nous offrant l’image d’un foyer idéal. » L’illusion opère toujours." 

    extrait de Une belle voyageuse, Regard sur la littérature française d’origine roumaine, de Jean-Pierre Longre (éditions Calliopées, 2013). Cet extrait concerne l'ouvrage De la France, de Cioran (Traduction du roumain revue et corrigée par Alain Paruit. Éditions de l’Herne, 2009.)

     

    Pour commander l'ouvrage :
    http://www.calliopees.fr/e-librairie/fr/essai/71-une-belle-voyageuse-jean-pierre-longre-9782916608303.html

    à lire également, dans le n°5 du Black Herald, un entretien inédit avec Emil Cioran (entretien accordé en 1986 au philosophe et écrivain Bensalem Himmich)
    http://blackheraldpress.wordpress.com/2015/04/14/entretien-avec-emil-cioran-interview-with-emil-cioran-bensalem-himmich/

     

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  • « Qu’est-ce que ça peut bien représenter ? »

    Victor SegalenNe cherchons pas à comprendre. Comprendre est le plus souvent en art un jeu puéril et naïf, l’aveu d’une sensibilité ralentie, la revanche intellectuelle du spectateur affligé d’anesthésie artistique. Celui qui ne comprend pas et s’obstine à comprendre est, à priori, celui qui ne sent pas. Le même, après lecture de Mystique, hochera la tête interrogativement et devant une toile imprévue cherchera, sur le bord du cadre, l’indication du « sujet » en murmurant : « Qu’est-ce que ça peut bien représenter ? » — Néanmoins, à défaut de légendes, d’explications, de clés, à défaut de symboles concrets et parlants, on est en droit de réclamer du peintre exposant son œuvre ou de l’écrivain donnant le bon à tirer, une certaine part de joie, un sursaut, une petite angoisse douce, un éveil d’énergie, une suggestion ou, plus simplement, une sensation.

    Victor Segalen, Le Double Rimbaud

    (Le Mercure de France, 15 avril 1906)

     

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  • "but a chirrup." (D.H. Lawrence)

    662942.jpg"Brute force crushes many plants. Yet the plants rise again. The Pyramids will not last a moment compared with the daisy. And before Buddha or Jesus spoke the nightingale sang, and long after the words of Jesus and Buddha are gone into oblivion the nightingale still will sing. Because it is neither preaching nor teaching nor commanding nor urging. It is just singing. And in the beginning was not a Word, but a chirrup."

    D.H. Lawrence
    Etruscan Places - first published 1932

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  • "J'ai atteint le centre."

    Marguerite Yourcenar, feux, lecture

    "Je ne tomberai pas. J'ai atteint le centre. J'écoute le battement d'on ne sait quelle divine horloge à travers la mince cloison charnelle de la vie pleine de sang, de tressaillements et de souffles. Je suis près du noyau mystérieux des choses comme la nuit on est quelquefois près d'un coeur."

    Marguerite Yourcenar, Feux (Gallimard, 1974)

     

    *

    Feux est une suite de nouvelles, de proses lyriques, presque de poèmes, inspirés par une certaine notion de l'amour. Alternant avec des notes sur la passion amoureuse, on y trouve les histoires de Phèdre, d'Achille, de Patrocle, d'Antigone, de Léna, de Marie-Madeleine, de Phédon, de Clytemnestre, de Sappho.

    « Dans Feux, où je croyais ne faire que glorifier un amour très concret, ou peut-être exorciser celui-ci, écrit l'auteur, l'idolâtrie de l'être aimé s'associe très visiblement à des passions plus abstraites, mais non moins intenses, qui prévalent parfois sur l'obsession sentimentale et charnelle : dans Antigone ou Le choix, le choix d'Antigone est la justice ; dans Phédon ou Le vertige, le vertige est celui de la connaissance ; dans Marie-Madeleine ou Le salut, le salut est Dieu. Il n'y a pas là sublimation, comme le veut une formule décidément malheureuse et insultante pour la chair elle-même, mais perception obscure que l'amour pour une personne donnée, si poignant, n'est souvent qu'un bel accident passager, moins réel en un sens que des prédispositions et les choix qui l'antidatent et qui lui survivront. » (présentation de l'éditeur)

    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Imaginaire/Livres-CD/Feux

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  • Blanche-Neige - Robert Walser

     

    La Reine (à Blanche-Neige) :

    Non, c'est faux. Tu te mens, et forges

    toi-même un conte. Mais le conte

    le dit : moi, la Reine mauvaise,

    je t'ai envoyé le chasseur,

    et donné la pomme à manger.

    Réponds clairement là-dessus.

    Tu ne fais que railler, pas vrai,

    en implorant mon pardon. Rien

    que gestes, façons étudiées, 

    paroles d'un rôle astucieux.

    Méfiante, en effet, c'est ainsi

    que tu m'as rendue. Que fais-tu ?

     

    Blanche-Neige
    Robert Walser
    traduit par Hans Hartje et Claude Mouchard
    édition bilingue
    dossier complémentaire établi par Fabienne Raphoz-Fillaudeau :avatars de Blanche-Neige
    Collection Merveilleux N°18
    José Corti, 2006

    BlancheNeige.jpg

    http://www.jose-corti.fr/titresmerveilleux/blanche-neige.html

     

     

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  • Chaque pierre orpheline - Helga M. Novak

    DSC_0418.jpgles commères infidèles

    noyées avant l'heure

    criaillent et se lamentent

    sous la pluie de novembre

    un couple de corbeaux épie

    la jacasserie

    de leurs jupes de laine tissée

    dans la rouille du brouillard

    des soldats étrangers

    scrutent les lieux

    le couple de corbeaux s'élève

    depuis les ravines

    (Thingvellir)

    *

     

     

     

    Chaque pierre orpheline
    Helga M. Novak
    anthologie bilingue, conçue par Dagmara Kraus
    traduction de l’allemand par Élisabeth Willenz
    Editions Hochroth, 2013

    http://www.paris.hochroth.eu/fr/3154/chaque-pierre-orpheline/

     

    également, de Helga M. Novak
    http://www.buchetchastel.fr/c-est-la-que-je-suis-helga-m--novak-9782283022481

     

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  • Cavales - Jean-Baptiste Monat


    “vous êtes le souvenir ou le fantasme d’un passé légendaire, d’une réalité sans fond, d’un présent sans lien : en musique, tristement, dans l’errance de l’espèce”

    Jean-Baptiste Monat (Cavales, 2013)

    Cavales
    Jean-Baptiste Monat
    Editions Hochroth Paris, 2013

    http://www.paris.hochroth.eu/fr/3117/cavales/

    *

    Un article de Jean-Pierre Longre

    L’homme sans réseaux
    http://lhommesansreseaux.hautetfort.com/

    nicolas cavaillès,éditions hochroth,poésie,jean-baptiste monat

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  • Le Prophète et le Vizir, Yves et Ada Rémy

    35532.jpg« Désormais, il prophétise volontiers, ne serait-ce que pour éprouver ses progrès dans son laborieux retour vers des visions plus contemporaines. Et chaque jour il prie le Bienfaisant et Son Prophète de le prendre en pitié et de lui accorder le don de pêcher en eau moins profonde… Une prévision distante d’une lune ou deux lui apporterait gloire et considération, mais Allah, pourtant Miséricordieux, reste sourd aux requêtes intéressées de Son serviteur…

    Cependant sa renommée grandit, son sixième doigt, sa faconde, ses vêtements, sa liberté d’action malgré ses origines et sa religion, en font l’objet de toutes les curiosités. Il est l’invité des cours d’Italie. Même si ses prophéties ne concernent finalement personne, même si les époques évoquées se dérobent encore, en gestation sous des milliers de jours et des milliers de nuits retenus dans les réserves des clepsydres, des sabliers et des horloges, les récits insolites qu’il rapporte de ses voyages dans le temps sont si riches et variés, si propices aux rêves, les descriptions détaillées qu’il en fait sont si originales, si fantasmagoriques, qu’il passe pour le plus plaisant des mages, quand bien même il relate parfois des scènes dramatiques.»

    Le Prophète et le Vizir, Yves et Ada Rémy, Dystopia Workshop, 2012

     

    www.dystopia.fr

    Sur Noosfere

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  • Vie de monsieur Leguat, Nicolas Cavaillès

    À paraître le 23 septembre 2013
    les Editions du Sonneur 

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/vie-de-monsieur-leguat-nicolas-cavailles/

    France, dix-septième siècle. La révocation de l’Édit de Nantes pousse certains à l’exil, tel François Leguat (1638-1735), huguenot forcé de quitter ses terres à l’âge de cinquante ans. Le destin de cet homme croise dès lors des contrées opposées et éloignées : Hollande, Mascareignes, île Maurice, Indes néerlandaises, Angleterre… Tour à tour gentilhomme des plaines de Bresse, aventurier de l’océan Indien et patriarche des bas-fonds de Londres, Leguat passera de l’Éden originel à la cité de l’Apocalypse. Nicolas Cavaillès s’empare littérairement de la vie de ce personnage hors-norme, y entremêlant quête spirituelle, découverte d’un monde inexploré et violence de l’être humain.

    Nicolas Cavaillès, traducteur du roumain, a édité les œuvres françaises de Cioran dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (Gallimard, 2011). Il est l’auteur de plusieurs essais de critique littéraire, dont Cioran malgré lui. Écrire à l’encontre de soi (CNRS Éd., 2011), et L’Élégance et le Chaos. Correspondance de Catherine Pozzi (Non Lieu, 2011). Depuis 2013, il dirige la maison d’édition Hochroth-Paris, dédiée à la poésie.

    Du même auteur : La Longue Allée, nouvelle parue dans le n°3 du Black Herald.

    Leguat-Cavailles-220x346.jpg

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  • Une belle voyageuse...

    Une belle voyageuse
    Regard sur la littérature française d’origine roumaine
    Jean-Pierre Longre
    Calliopées, 2013

     

    littérature roumaine,littérature française d’origine roumaine,jean-pierre longre,calliopées

     

    Juillet 1990­: à l’invitation d’une amie née en Transylvanie, Jean-Pierre Longre, après avoir traversé une Europe en pleine métamorphose, arrive en Roumanie, dans ce pays qui vient de sortir d’une longue période de dictatures et de s’ouvrir à la liberté de circuler, de créer, d’accueillir. Frappé, comme d’autres visiteurs, non seulement par l’hospitalité, mais aussi par la francophilie des habitants, par leur connaissance précise de la langue, de la culture et de l’histoire de la France – les livres avaient été pour eux une échappatoire, un refuge, une ouverture vers le passé et l’avenir – il lie amitié avec plusieurs Roumains, de ceux qui le reçoivent à cette époque. Une amitié qui ne s’est pas relâchée, entretenue par de nombreuses visites de part et d’autre.

    Cet ouvrage est issu de plusieurs années de fréquentation assidue de la littérature roumaine d’expression française ou, pour une moindre part, traduite en français, fréquentation dont Jean-Pierre Longre a tenté de rendre compte dans des articles de fond et dans des notes de lecture. Ainsi est mis en valeur le caractère à la fois durable et dynamique d’une littérature qui a enrichi le patrimoine francophone et européen – et qui continue à l’enrichir.

    Universitaire et critique, Jean-Pierre Longre a enseigné la littérature française et francophone du XXe siècle à l’Université Jean Moulin de Lyon. Collaborateur de diverses revues, il a publié plusieurs études sur des écrivains contemporains, dont Raymond Queneau.


    http://jplongre.hautetfort.com/


    Autres parutions de l’auteur : http://jplongre.hautetfort.com/about.html


    Pour commander l’ouvrage

    http://www.calliopees.fr/e-librairie/fr/essai/71-une-belle-voyageuse-jean-pierre-longre-9782916608303.html

    http://www.calliopees.fr/

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  • Les Dix Jours de Yangzhou

    Les Dix Jours de Yangzhou
    JOURNAL D’UN SURVIVANT
    Wang Xiuchu

    Traduit du chinois et présenté par Pierre Kaser
    Anarcharsis, 2013

     

    « Le 26, les incendies avaient baissé d’intensité ; le ciel blanchit progressivement. Nous remontâmes alors sur le toit où avaient déjà pris place plus d’une dizaine de personnes qui s’abritaient sous le chéneau.

    Soudain, un homme sortit de la résidence sise à l’est de notre perchoir et tenta de gravir le mur ; il était poursuivi par un soldat qui, sabre à la main, semblait littéralement voler. Lorsqu’il aperçut notre groupe, l’assaillant abandonna son objectif initial pour se précipiter sur moi. Pris de panique, je dévalai du toit, suivi de près par mes aînés, auxquels mon frère cadet avait emboîté le pas. Après avoir couru plus de cent mètres, nous nous arrêtâmes – à partir de ce moment, je perdis la trace de mon épouse et de mon fils, ignorant tout du sort qui leur serait réservé. »

     

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    En 1645, en Chine, les Mandchous renversaient par les armes la dynastie des Ming pour s’emparer de l’Empire du Milieu – qu’ils devaient gouverner jusqu’en 1911. La ville de Yangzhou, réputée pour son opulence, opposa une résistance à l’avancée des envahisseurs. Ceux-ci firent un exemple : ils se livrèrent à un massacre tel que l’histoire de l’humanité en a peu enregistré dans ses annales. En l’espace de dix jours de carnage, de viols, de pillages et d’incendies, 300 000 personnes auraient été exécutées.

    Wang Xiuchu, un négociant, survécut à ces heures terribles. Il écrivit à chaud, comme pour en exorciser l’effroi, le récit de ses errances dans la ville vouée à l’enfer. Son texte bref et cinglant nous livre un témoignage sans exemple des violences inouïes endurées par les populations, les sentiments effarés d’un survivant.

    http://www.editions-anacharsis.com/Les-Dix-Jours-de-Yangzhou

     

    Le traducteur

    http://kaser.hypotheses.org/187

    http://jelct.blogspot.fr/

     

     

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  • L'homme couvert de dieux

    Marguerite Yourcenar, Fata Morgana, littérature, allégorieL’homme était assis au bord du fleuve.
    C’était aux premiers jours des siècles. L’homme était nu, velu, fauve, avec d’énormes os saillants sous la peau brune que tigraient des plaques de boue. Avec ses jarrets faits pour la course, ses yeux faits pour l’affût, ses mains exercées pour la prise, ses mâchoires façonnées pour mordre et moudre la proie, l’homme était semblable aux bêtes. Il avait d’elles les instincts simples, la défiance, les brusques terreurs irraisonnées qui hantent les solitudes. Il était fort. Il ignorait sa force. Il avait peur des nourritures inconnues, des choses nouvelles, des fauves plus robustes que lui, des insectes qui harcèlent le chasseur endormi, des vers qui mangent le chasseur mort. Des pensées, peu nombreuses, se construisaient lentement, par fragments, sous son front très bas.

    Marguerite Yourcenar, L’homme couvert de dieux (Fata Morgana, 2011, dessins de Philippe Hélénon, postface d’Achmy Halle – première parution dans L'Humanité du 13 juin 1926.)

    http://www.fatamorgana.fr/livres/l-homme-couvert-de-dieux


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  • Le mal dans la peau, Gabriel Báñez

    LMDLP.png« À cet instant précis, je me remémorai l’histoire d’un vieux pêcheur qui, jour après jour, jetait son filet à la mer pour ne recueillir que des méduses dont il s’empressait d’aller enterrer les corps gélatineux derrière sa cabane parce que, disait-il, c’étaient les fœtus dont le monde avait avorté. C’était une histoire sordide, bien sombre ; je l’avais lue en cachette lors d’un cours au séminaire, même si je ne me rappelais pas qui l’avait fait circuler, ni de quel livre elle était tirée. D’une façon ou d’une autre, Rachel avorterait elle aussi et le destin, étrangement, se manifesterait non comme la résolution illusoire d’une somme de possibles, mais comme l’unique certitude où menait cette histoire : un fœtus dans le fleuve. »  

    Le mal dans la peau, Gabriel Báñez, traduit de l’espagnol (Argentine) par F. Gross-Quelen, La Dernière Goutte, 2012

    Lire l'article de Romain verger

    http://anagnoste.blogspot.fr/2012/09/gabriel-banez-le-mal-dans-la-peau.html

     

    Du même auteur : Les enfants disparaissent


    Pour commander l’ouvrage :

    http://www.ladernieregoutte.fr/livres/le-mal-dans-la-peau/

     

    Anne-Françoise Kavauvea présentait ici les éditions de La Dernière Goutte.


    Gabriel Báñez est décédé en juillet 2009, on peut consulter son blog ici :

    http://cortey.blogspot.com/

     

    4e de couverture :

    La nuit qui habite Damien Daussen est noire comme son amertume et sa médiocrité, et rougeoyante comme sa haine à l’encontre de tout ce qui vit et cherche à grandir. C’est à une plongée dans ces ténèbres que nous convie Gabriel Báñez pour exorciser le cauchemar d’une humanité indécente, sans rédemption, sans innocence. Car il fait sombre, parmi les hommes, quand le rire des enfants ressemble au rictus des bourreaux et quand les victimes jouissent, à l’instar de leurs tortionnaires, des coups qu’on leur assène. Qui dit conscience humaine dit pouvoir et prédation, et à côté d’une telle humanité, seules les bêtes apparaissent comme des êtres sans défense. Une fable glaçante sur le mal qui, au-delà de la cartographie mentale d’un antisémite, s’avance tout au bord du gouffre de l’histoire des dominations et des violences politiques.

     

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  • Magazine Littéraire, dossier Queneau

    « En dépit d’apparences trompeuses, peu de livres sont plus élaborés, moins fantaisistes que Zazie dans le métro. »

    Le numéro du Magazine Littéraire de septembre (n° 523) propose un dossier Queneau de 40 pages cordonné par Philippe Rolland : plusieurs articles, dont « L’insaisissable Zazie », proposé par Jean-Pierre Longre (auteur de Raymond Queneau en scènes, éd. Presses universitaires de Limoges, il a participé à l’édition de La Pléiade des Œuvres de Raymond Queneau), lequel présente aussi, pour conclure ce dossier, un texte inédit de Queneau, La Légendes des poules écrasées, datant de 1945.

    À noter aussi, le Musée des lettres et manuscrits (222, boulevard Saint-Germain, Paris, VIe) expose, jusqu’à fin octobre, une quinzaine de pièces emblématiques de l’œuvre de Queneau, dont les manuscrits autographes de Morale élémentaire et de Zazie dans le métro ainsi qu’un autoportrait aquarellé.

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    http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/523

    http://www.museedeslettres.fr/public/index.php

    http://jplongre.hautetfort.com/

    et sur Raymond Queneau :

    http://jplongre.hautetfort.com/tag/raymond+queneau



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  • En lecture, Hugo von Hofmannsthal

    La Grèce
    Hugo von Hofmannsthal
    Traduit de l’allemand par Eryck de Rubercy
    Edition bilingue – postface du traducteur
    Isolato, 2012

    « Les dieux et les déesses homériques surgissent constamment de cet air lucide ; rien ne paraît plus naturel, sitôt qu’on connaît cette lumière. Nous sommes du Nord et la semi-obscurité du Nord a formé notre imagination. Nous pressentions le mystère de l’espace, mais nous tenions qu’il n’y avait pas d’autre façon possible de le glorifier que celle de Rembrandt : avec lumière et ténèbres. Mais ici nous le reconnaissons : il y a un mystère en pleine lumière. Cette lumière enveloppe les choses à la fois de mystère et d’intimité. Ce ne sont que des arbres et des colonnes que notre regard embrasse, au mieux les corps muets de Caryatides de l’Érechthéion, qui sont à moitié vierges, à moitié colonnes encore, et pourtant la beauté de leur corps dans cette lumière s’impose à notre admiration. Mais les Dieux et les déesses étaient des statues de chair et de sang ; dans leurs yeux, sous leur front lourd, étincelait le feu du sang… »

    (Griechenland, 1923)

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    Quatrième de couverture :

    Dans ce texte sur la Grèce, écrit en 1922, Hugo von Hofmannsthal se reporte par le souvenir à l’unique voyage qu’il y effectua au printemps 1908, le qualifiant de « voyage spirituel ». Là, ce n’est qu’en se détournant de toutes les représentations livresques, à la fois excessives et en porte-à-faux, qu’il put ressentir la proximité d’une Grèce qui s’imposa à lui d’une pleine lumière « comparable à rien sinon à l’esprit » – cette lumière seule permettant de comprendre « l’unité de l’histoire qui, depuis des millénaires, détermine notre destinée intérieure. » 


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  • En lecture

    Discrete series de George Oppen (1934) ; trad. par B. Vilgrain et B. Rival, Théâtre typographique, 1993 - ouvrage bilingue.

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    http://belarbeltza.blogspot.fr/2012/06/oppen.html

    http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/11/george-oppen.html

    http://www.poetryfoundation.org/bio/george-oppen


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  • Les enfants disparaissent - Gabriel Báñez

    la dernière goutte,gabriel báñez,roman,argentine,littérature« Il ne rêva pas. Il ne rêvait jamais. À peine savait-il ce qu’était un rêve. Les enfants lui racontaient leurs rêves, mais leurs récits lui paraissaient toujours incohérents et imaginaires. De sa propre enfance aussi, il ne lui restait que peu de souvenirs. Rien d’autre qu’une époque scandée par les changements successifs de fauteuil et par les périodes d’adaptation auxquelles il devait se soumettre à mesure que son thorax grandissait. Pour lui, la croissance avait été une série constante de transformations.

    Cependant, il avait fini par se sentir vieux. Cette conscience du temps le dérangeait, l’empêchait de s’en tenir aux pures sensations, le contraignait à admettre les années, les jours. L’âge lui avait toujours semblé une idée abstraite. Les adultes se remémoraient les meilleurs moments de leur vie, et c’est ainsi qu’ils se rassuraient quand il était trop tard. Pour les adultes, il était toujours trop tard, pour tout. L’enfance, au contraire, était un printemps toujours neuf qui repoussait la vieillesse dans un au-delà. Le vertige des pentes et l’éternel assemblage des mécanismes, eux aussi, nécessitaient de faire abstraction des années. Les adultes, se disait-il, n’avaient pas ce genre de préoccupations. Les adultes pensaient.

    Il ne faisait part de ses obsessions qu’avec réticence. Entrer dans le giron des innombrables associations pour handicapés, c’eût été renoncer à sa condition. Il avait ces cercles en horreur. Ils étaient aussi traîtres que l’écoulement de son sablier ou que les mécanismes de mesure qui faisaient croire à la plupart des gens que le temps était uniforme. Pour Macias, le temps n’était rien d’autre qu’une définition, un ordre arbitraire, sans effet ni cause. »

    Les enfants disparaissent, de Gabriel Báñez - Traduit de l'espagnol (Argentine) par Frédéric Gross-Quelen, La Dernière goutte, 2010


    http://www.ladernieregoutte.fr/livres/les-enfants-disparaissent/


    Anne-Françoise Kavauvea présentait ici les éditions de La dernière goutte.


    Gabriel Báñez est décédé en juillet 2009, on peut consulter son blog ici :

    http://cortey.blogspot.com/

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  • The Impotence to Tell—

    If What we could—were what we would—
    Criterion—be small—
    It is the Ultimate of Talk—
    The Impotence to Tell— 

     

    Emily Dickinson, poems selected by Ted Hughes (Faber)

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    The Cambridge Companion to Emily Dickinson (edited by Wendy Martin)

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    Emily Dickinson: Letters (Everyman's Library)

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    Emily Dickinson, Quatrains et autres poèmes brefs, Folio Poésie - Traduction et présentation de Claire Malroux.

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  • William Blake by Kathleen Raine

    05211030070.jpg“As Blake became more deeply immersed in the visions that he describes in the Prophetic books, so he moved, as a poet and an artist, into a poetic world that was to remain incomprehensible to the general public for a hundred years and more.” Kathleen Raine.

    (supplement to British Book News, 1951)

    Lire le texte complet

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  • Quartet for the End of Time

    mark.jpg"And it ends with a
    groaning convoy of wagons
    full of fine baby-hair
    trundling past a pyramid of
    tiny red shoes reaching the
    stars which are guilty

    by implication"

    (Massacre of the Innocents, Mark Wilson)

    Les éditions du Zaporogue (Sébastien Doubinsky) publient le recueil de Mark Wilson, Quartet for the End of Time. L'un de ces poèmes, Tabula Rasa (d'après Arvo Pärt) a paru dans le premier numéro du Black Herald en janvier dernier, accompagné de sa traduction en français (Anne-Sylvie Homassel). 

    On peut librement télécharger le recueil ici ou bien l'acheter (si l'on préfère lire sur papier ou ne pas avoir à imprimer la version téléchargée...).

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