Want to Wake Alive – Selected Poems
Aussi petit que mon prochain - poèmes choisis
Keith Barnes (traduction de Jacqueline Starer)
K.B. – récit de Jacqueline Starer
(traduction anglaise Helen McPhail)
Ouvrage bilingue, Editions d’écarts, 2014
The white sun scalds in our song
From the white soil blood
winedark as your hair across the moon
begins through the scarcehealed wounds
to pout from silence
petals of carmine crimson petals
bedding in the pulse urgent
flowers of the mouth
demanding soil to strike their roots in
from “White Sun”
Le soleil est à blanc brûlant dans notre chant
De la terre blanche du sang
sombre comme le vin comme tes cheveux barrant la lune
commence au travers de blessures à peine guéries
à dessiner une moue de silence
des pétales de carmin de pourpres pétales
s’inscrivent dans mon pouls marquant l’urgence
paroles-fleurs
qui exigent la terre pour y forcer leurs racines
extrait de « Soleil à blanc » (traduction Jacqueline Starer)
Né dans l'East End de Londres en 1934, Keith Barnes entre sur concours à la Royal Academy of Music à l'âge de treize ans. Bientôt ses œuvres sont jouées à Londres par plusieurs groupes de musique de chambre. Il travaille chez un éditeur de musique puis comme monteur de films à la BBC. A 25 ans, il cesse d'écrire de la musique. Son premier poème, "Dévaluation", écrit en 1960, paraît aussitôt dans le Times Literary Supplement. A partir de 1962, il voyage et se consacre à l'écriture. C’est en 1963, après un long séjour à Chypre, qu’a lieu sa rencontre décisive avec Jacqueline Starer. Ils vivront à Paris, aux Etats-Unis, en Israël puis de nouveau à Paris. En 1967, son premier recueil de poèmes, Born to Flying Glass (Né sous les éclats des vitres) est publié à New York par Harcourt, Brace & World. Il termine à Paris son second recueil The Thick Skin (La Peau dure) et commence le troisième Ain't Hung Yet (Ils ont pas encore eu ma peau) quand une leucémie aiguë interrompt brutalement sa vie le 10 septembre 1969.
Quelques liens
http://www.keith-barnes.com/index.html
https://ecartsmbh.wordpress.com/2010/05/22/k-b-de-jacqueline-starer-extraits/


"Entrer dans sa troisième décennie d’existence lorsqu’on est une revue tient du miracle. Et lorsque, en plus, on s’affiche orgueilleusement comme une revue de littérature, et plus encore comme une revue de littérature fantastique, cela relève du surnaturel. Eh bien, cet exploit, Le Visage Vert vient de le réaliser. Son n° 26 vient de paraître vingt ans, mois pour mois, après sa naissance. La livraison inaugurale était apparue en effet en octobre 1995, composée par une poignée de passionnés rudement calés en la matière et qui avaient forgé leurs armes dans le fanzinat." Mikaël Lugan










Ne cherchons pas à comprendre. Comprendre est le plus souvent en art un jeu puéril et naïf, l’aveu d’une sensibilité ralentie, la revanche intellectuelle du spectateur affligé d’anesthésie artistique. Celui qui ne comprend pas et s’obstine à comprendre est, à priori, celui qui ne sent pas. Le même, après lecture de Mystique, hochera la tête interrogativement et devant une toile imprévue cherchera, sur le bord du cadre, l’indication du « sujet » en murmurant : « Qu’est-ce que ça peut bien représenter ? » — Néanmoins, à défaut de légendes, d’explications, de clés, à défaut de symboles concrets et parlants, on est en droit de réclamer du peintre exposant son œuvre ou de l’écrivain donnant le bon à tirer, une certaine part de joie, un sursaut, une petite angoisse douce, un éveil d’énergie, une suggestion ou, plus simplement, une sensation.
"Brute force crushes many plants. Yet the plants rise again. The Pyramids will not last a moment compared with the daisy. And before Buddha or Jesus spoke the nightingale sang, and long after the words of Jesus and Buddha are gone into oblivion the nightingale still will sing. Because it is neither preaching nor teaching nor commanding nor urging. It is just singing. And in the beginning was not a Word, but a chirrup."







L’homme était assis au bord du fleuve.
« À cet instant précis, je me remémorai l’histoire d’un vieux pêcheur qui, jour après jour, jetait son filet à la mer pour ne recueillir que des méduses dont il s’empressait d’aller enterrer les corps gélatineux derrière sa cabane parce que, disait-il, c’étaient les fœtus dont le monde avait avorté. C’était une histoire sordide, bien sombre ; je l’avais lue en cachette lors d’un cours au séminaire, même si je ne me rappelais pas qui l’avait fait circuler, ni de quel livre elle était tirée. D’une façon ou d’une autre, Rachel avorterait elle aussi et le destin, étrangement, se manifesterait non comme la résolution illusoire d’une somme de possibles, mais comme l’unique certitude où menait cette histoire : un fœtus dans le fleuve. » 


« Il ne rêva pas. Il ne rêvait jamais. À peine savait-il ce qu’était un rêve. Les enfants lui racontaient leurs rêves, mais leurs récits lui paraissaient toujours incohérents et imaginaires. De sa propre enfance aussi, il ne lui restait que peu de souvenirs. Rien d’autre qu’une époque scandée par les changements successifs de fauteuil et par les périodes d’adaptation auxquelles il devait se soumettre à mesure que son thorax grandissait. Pour lui, la croissance avait été une série constante de transformations.




