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  • Vie de monsieur Leguat, Nicolas Cavaillès

    À paraître le 23 septembre 2013
    les Editions du Sonneur 

    http://www.editionsdusonneur.com/livre/vie-de-monsieur-leguat-nicolas-cavailles/

    France, dix-septième siècle. La révocation de l’Édit de Nantes pousse certains à l’exil, tel François Leguat (1638-1735), huguenot forcé de quitter ses terres à l’âge de cinquante ans. Le destin de cet homme croise dès lors des contrées opposées et éloignées : Hollande, Mascareignes, île Maurice, Indes néerlandaises, Angleterre… Tour à tour gentilhomme des plaines de Bresse, aventurier de l’océan Indien et patriarche des bas-fonds de Londres, Leguat passera de l’Éden originel à la cité de l’Apocalypse. Nicolas Cavaillès s’empare littérairement de la vie de ce personnage hors-norme, y entremêlant quête spirituelle, découverte d’un monde inexploré et violence de l’être humain.

    Nicolas Cavaillès, traducteur du roumain, a édité les œuvres françaises de Cioran dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (Gallimard, 2011). Il est l’auteur de plusieurs essais de critique littéraire, dont Cioran malgré lui. Écrire à l’encontre de soi (CNRS Éd., 2011), et L’Élégance et le Chaos. Correspondance de Catherine Pozzi (Non Lieu, 2011). Depuis 2013, il dirige la maison d’édition Hochroth-Paris, dédiée à la poésie.

    Du même auteur : La Longue Allée, nouvelle parue dans le n°3 du Black Herald.

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  • À propos d’un thug

    À propos d’un thug

    de Tabish Khair

    traduit de l'anglais (Inde) par Blandine Longre (avec le concours du CNL)

    Les Editions du Sonneur, 2012 (The Thing about ThugsHarper Collins 2010)

     

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    "Qu’il est étrange de devenir ce qu’on n’est pas. Quelques histoires, quelques mots, suffisent-ils ? Notre emprise sur la réalité est-elle si faible, si précaire ? Les histoires – racontées par nous ou par d’autres – peuvent-elles nous transformer ainsi ? Et pour quelle raison avons-nous besoin de nous en revêtir – quelle que soit notre manière d’avoir prise sur la réalité, et quelle que soit cette réalité ? Est-ce donc ce à quoi nous nous résumons ? Des histoires, des mots, un souffle ?"

    C’est depuis la bibliothèque de son grand-père, à Phansa, petite ville imaginaire de l’état indien du Bihar, qu’un narrateur anonyme bâtit « le fantôme d’une histoire vraie », la trame d’une intrigue qui débute à Londres en 1837, à la veille du couronnement de la reine Victoria : à partir d’ouvrages divers (réels ou fictifs), d’une coupure de presse datée de 1839, d’un manuscrit épistolaire rédigé en persan et de ses propres réminiscences, le narrateur tisse des récits enchâssés qui enjambent temps et espace, dont celui d’Amir Ali, lequel a quitté son village natal du Bihar pour accompagner le capitaine William Meadows jusqu’à Londres. Ce dernier, tout particulièrement intéressé par la carrière de thug d’Amir Ali, lui demande de lui relater l’histoire de sa vie – Meadows souhaite en effet écrire un ouvrage destiné à instruire ses contemporains, Notes à propos d’un thug : caractère et circonstances. Meadows ignore cependant tout des véritables intentions d’Amir Ali… et ce sera au lecteur de démêler les fils du récit de ce dernier.

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeDans le même temps, Lord Batterstone, phrénologue renommé, charge John May, un individu qui a fait tous les métiers, de lui trouver des crânes et de les lui apprêter : peu importe leur provenance, il lui faut des crânes exceptionnels pour son « Théâtre de Spécimens phrénologiques », grâce auquel il parviendra enfin à prouver les différences inhérentes qui séparent les races et les cultures, et à réfuter les arguments de ses adversaires. La quête désespérée de John May le pousse peu à peu à commettre des actes qui provoquent sensation et terreur dans tout Londres. Bientôt, les soupçons se porteront sur Amir Ali – car qui d’autre qu’un Oriental, thug de surcroît, aurait pu commettre de telles abominations ?

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeÀ propos d’un thug subvertit les repères classiques du récit postcolonial, du roman victorien, du roman à sensation et plus particulièrement du roman policier, et brouille les frontières entre fiction, imagination et réalité en interrogeant sans répit les notions de vérité, d’authenticité et de crédibilité – historiques, identitaires, narratives – via la juxtaposition de fausses vérités et de vrais mensonges. Aussi le narrateur déstabilise-t-il volontairement le lecteur en mêlant éléments réels et fictifs ou pseudo-historiques : Notes à propos d’un thug : caractère et circonstances ducapitaine William Meadows, cité dès l’exergue et dont on découvre de nombreux extraits au fil du roman, s’inspire très librement d’un roman bien réel, lui : Confessions of a Thug de Meadows Taylor, publié en 1837 (Mémoires d’un Thug, traduit de l’anglais par Lucienne Escoube, disponible chez Phébus).

    tabish khair, thugs, traduction, blandine longre, le sonneur, man asian literary prize, cnl, thuggismeDe la même façon, la vérité historique du phénomène thugiste est déconstruite, non sans ironie, à travers le double récit d’Amir Ali (celui qu’il livre à Meadows, confronté à celui qu’il relate en persan dans un journal intime hybride), et permet ainsi de dévoiler fantasmes, clichés paternalistes et constructions faussées que les Britanniques et les puissances impérialistes en général ont entretenus, consciemment ou non, sur l’Inde et sur tout autre pays colonisé. Des procédés semblables mettent en lumière l’absurdité de la pseudoscience phrénologique (à travers le personnage de Batterstone, dont le fanatisme est sans bornes) et les préjugés engendrés par la notion de « races », l’auteur ridiculisant ces certitudes « scientifiques » et le « Dieu de la Raison » que ne cesse d’invoquer Meadows.

    tabish khair, thugs, traduction, blandine longre, le sonneur, man asian literary prize, cnl, thuggismeAinsi, Amir Ali, personnage insaisissable posté entre deux mondes, dont le rôle de témoin en terre étrangère n’est pas sans rappeler les Lettres persanes de Montesquieu, ne se réduit pas à l’archétype qu’il incarne aux yeux des puissants ou de l’ordre public : une fois les stéréotypes renversés, c’est lui qui passe pour un homme cultivé et sage, parlant mieux l’anglais qu’on ne le croit, se jouant de ceux qui le considèrent avec crainte, mépris ou bienveillance paternaliste. Outre la quête identitaire d’Amir (et de tant d’autres, comme le prouvent au fil du roman les précisions données sur les noms et les appellations de chacun, à la limite de l’obsession), À propos d’un thug se double une histoire d’amour presque invraisemblable (celle d’Amir et de Jenny, bonne à tout faire analphabète, nièce d’une vieille femme qui tient une fumerie d’opium) et développe sans relâche deux thèmes étroitement liés, ceux de la solitude et de la vengeance, dont Amir Ali est le catalyseur involontaire. L’auteur s’intéresse également de près aux « invisibles » de la cité londonienne et de ses bas-fonds, monde que l’on pénètre grâce au récit de Paddyji, vieil Irlandais opiomane marié à une ancienne ayah indienne, Qui Hy : lascars échoués en Europe, brigands de diverses origines, résurrectionnistes, bohémiens, mendiants, domestiques – individus dont on attend servilité et silence mais qui, dans leur univers parallèle, s’avèrent capables de prendre en main une enquête qui échappe à la sagacité des autorités policières et médiatiques, et de parfois faire montre de solidarité à l’égard de ceux qui leur ressemblent.

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeLe roman, en accumulant les niveaux de lecture, propose ainsi une intrigue polymorphe, kaléidoscopique et labyrinthique en parfaite adéquation avec la multiplicité des genres et des styles auxquels l’auteur rend hommage en même temps qu’il les transgresse (roman exotique, d’amour, policier, victorien, épistolaire, biographie romancée, etc.), ainsi qu’une réflexion filée sur la lecture, l’écriture et le langage (entre autres par le biais d’une langue émaillée de termes étrangers, en particulier hindoustanis, qui constamment rappellent les identités doubles et souvent disjointes de certains personnages). La fragmentation de surface fait sens à mesure que les récits morcelés se télescopent (à l’instar d’un précédent roman de Khair, Filming, Picador, 2007), donnant alors naissance à des parallèles insoupçonnés entre des personnages, des voix, des siècles, des contrées et des cultures en apparence divergents, des bas-fonds du Londres victorien nimbé de brouillard à nos villes modernes et cosmopolites. 


    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeEn construisant le récit sous nos yeux depuis une bibliothèque fantomatique, le narrateur élabore un roman délibérément livresque, érudit, dans lequel s’entrelacent en permanence d’autres récits, histoires, romans : ceux qui l’ont inspirés (de Dickens à Wilkie Collins, en passant par Mayhew, Peter Ackroyd, Conrad ou Austen), ceux qui s’écrivent à l’intérieur du roman (dont l’ouvrage du capitaine Meadows ou le journal épistolaire d’Amir Ali), ceux qui sont physiquement présents (les Œuvres complètes de Shakespeare, bible d’un pacha antillais des bas quartiers) ou encore les étonnants fragments poétiques et religieux inscrits sur les parois d’une grotte dissimulée sous la ville de Londres, œuvre monumentale d’Ustad, vieil ermite indien : « le plafond est entièrement couvert d’extraits du Coran et de vers de poètes tels que Mir Taqi Mir et Wali Mohammed Wali  – la belle écriture cursive, argent, or et blanc, ouvre ses ailes sur la pierre et le plâtre, les agitant comme un oiseau pris dans un filet, emplissant la salle d’un bruit silencieux. Des fragments sophistiqués de cultures perdues se sont fondus pour créer cette volière d’alphabets hurlants, muets, en appui sur les ruines d’un esprit… »

     

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeLe roman, d’abord paru en Inde (4th Estate, Harper Collins) a été sélectionné pour The Hindu Best Fiction Prize, The Man Asian Literary Prize 2010 et le DSC Prize for South Asian Literature, 2012. Il paraîtra aux États-Unis en juillet 2012 (Houghton Mifflin Harcourt).

    Tabish Khair est aussi l’auteur de Filming (Picador, 2007), de The Bus Stopped (Apaiser la poussière, les Éditions du Sonneur, 2010, traduit de l’anglais par B. Longre, avec le concours du CNL).

    Pour se procurer l'ouvrage 

    editionsdusonneur.com/produit.php?ref=Khair-Thugs&id_rubrique=7

    recherche.fnac.com/ia584150/Tabish-Khair

     

    EXTRAITS DE PRESSE

    Thugs makes for intellectually satisfying reading, by virtue of its redoubtable research and excellent atmospherics. By reintroducing imagination to the Indian novel in English without sacrificing relevance, Khair has done us all a favour.” (The Wall Street Journal, August 27, 2010)

    “Partly, perhaps, the world Khair creates seems so real because foggy Victorian London is so well entrenched in the imagination. However, much more is due to Khair's own peculiar genius. He is a renowned poet, and like many poets before him, has a rare gift for prose. He can, in a few words, a brief alliterative phrase, conjure up a picture, inspire horror, pity, fear or love. He has also crafted a novel full of suspense where the various strands of mystery, human relationships and crime are expertly woven into one absorbing and fast-moving tale. This is a book that deserves to stand the test of time and join the other masterpieces of Victorian London.” (India Today, Aug 30, 2010)

    “As the story swings from India to England and voice to voice, Khair peoples the trans-Atlantic landscape with a string of edgy and wondrously inventive characters, most of whom emerge from the gloomy shadows and stinking, muck-laden by-lanes of London. Lying, cheating, murdering and beheading, they shuffle through the pages in a miasma of odours, eccentricities and transgressions. (…) thuggee is soon overtaken by English skulduggery and therein lies Khair's triumph: his evocative recreation of the seedier side of Victorian England. His research, and his elegant use of it, are both meticulous and skillful; you can smell those odorous, dingy by-lanes, see those shady figures through the London fog that seems to envelop much of this story.” (The Hindu, Oct 03, 2010)

     

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  • À propos d’un thug - Tabish Khair

    à paraître en avril aux Editions du Sonneur

    À propos d’un thug
    un roman de Tabish Khair
    traduit de l'anglais (Inde) par Blandine Longre
    (avec le concours du CNL)

    (The Thing about Thugs, Harper Collins 2010)

     

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    Pour feuilleter les premières pages

    THUGS : secte active en Inde du XIIIe au XIXe siècle, dont les membres pratiquaient le vol et le meurtre par strangulation en l’honneur de la déesse Kali. Amir Ali, l’un d’eux, a quitté l’Inde pour accompagner le capitaine William Meadows dans la grisaille du Londres victorien. Ce dernier a en effet pour projet d’écrire un ouvrage sur cette confrérie meurtrière. Dans le même temps, lord Batterstone, un célèbre phrénologue qui cherche à prouver les différences séparant les hommes et les races, charge un certain John May de lui trouver des crânes et de les lui apprêter. La quête de John May le pousse peu à peu à commettre des crimes abominables qui provoquent sensation et terreur dans tout Londres. Bientôt, les soupçons se portent sur Amir Ali – car qui d’autre qu’un thug, même repenti, aurait pu commettre de tels meurtres ?

    Le roman a été retenu dans les dernières sélections des prix suivants : 

    Man Asian Literary Prize 2011
    DSC Prize for South Asian Literature, 2012
    Hindu Best Fiction Prize, 2010

     

    du même auteur 

    Apaiser la Poussière
    (Editions du Sonneur, 2010, traduit de l'anglais par B. Longre)

    voir aussi

    http://blongre.hautetfort.com/tag/tabish+khair

    http://www.tabishkhair.co.uk/

    Concernant les thugs, un extrait du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. 

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  • En quête du rien

    le sonneur,william wilkie collins,littérature,anne-sylvie homasselEn quête du rien, de William Wilkie Collins
    Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel

    Editions du Sonneur, La petite collection, octobre 2011

    William Wilkie Collins (1824-1889) n'est pas seulement l'auteur de somptueux romans victoriens et le père du roman policier britannique. Nouvelliste de talent, il est aussi journaliste à ses heures. Et fin observateur de ses contemporains. En quête du rien est le portrait primesautier, drôle et absurde d'un homme condamné à l'inactivité et au calme dans une société qui en est dépourvue. Ou comment la tranquillité peut finir par rendre fou.

    Pour lire un extrait

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  • Regards croisés (à la Librairie MK2 Quai de Loire, Paris)

     

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    Pour découvrir le catalogue du Sonneur : http://www.editionsdusonneur.com/

    Pour découvrir celui de L'Oeil d'or : http://loeildor.free.fr/

     

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  • Apaiser la poussière, de Tabish Khair

    Tabish-1re.jpgApaiser la poussière de Tabish Khair

    traduit de l’anglais (Inde) par Blandine Longre

    (avec le concours du CNL)

    224 pages, ISBN : 978-2-916136-29-5

    Les Éditions du Sonneur, parution : octobre 2010

     

    Mangal Singh, écrivain raté, chauffeur d’autocar sur la ligne Gaya-Phansa, deux villes de l’État indien du Bihar, ressasse son amertume et observe les passagers embarqués ce jour-là. Parmi eux, Fadarah l’eunuque, qui aspire à une nouvelle existence, un homme d’affaires angoissé, une matriarche hindoue convaincue de sa supériorité sociale, un jeune garçon qui rentre dans son village après avoir commis le pire... Des individus loin de leur chez-soi, issus de cultures et de milieux très différents, dont les itinéraires enchevêtrés le temps d’un voyage n’échappent pas non plus à l’attention de Shankar, le contrôleur, qui veille sur eux à sa manière. Sur un chemin parallèle, un autre homme se remémore l’enfance et l’adolescence, évoquant son désir pour la servante Zeenat, ses souvenirs du cuisinier Wazir Mian ainsi que les espaces réels et imaginaires qui l’ont modelé. Le long de routes poussiéreuses, les pensées de chacun défilent, le flux de la conscience se délite parfois, et nul n’imagine encore l’événement qui obligera l’autocar à s’arrêter en chemin, un peu plus longtemps que prévu…

     

    busstopped.jpgL’AUTEUR

    Poète, romancier, journaliste, critique littéraire, Tabish Khair est professeur de littérature à l’université d’Aarhus, au Danemark. Né à Gaya, dans le Bihar en 1966, il a publié son premier recueil de poèmes, Where Parallel Lines Meet, en 2000 chez Penguin. Apaiser la poussière (The Bus Stopped) publié par Picador en 2004, est son premier roman. Il fut sélectionné pour le Encore Award, prix décerné par la Société britannique des Auteurs. Le deuxième, intitulé Filming: A Love Story, a paru chez le même éditeur en 2007. Harper Collins a publié en juin 2010 son nouveau recueil de poèmes, Man of Glass, ainsi que son troisième roman, The Thing about Thugs, qui se situe dans le Londres victorien. Il collabore régulièrement à divers journaux et magazines britanniques, américains, indiens, danois… tels The Guardian, Outlook India, Times of India, The Independent, The Wall Street Journal, etc.

     

    Les Éditions du Sonneur
    5, rue Saint-Romain
    75006 Paris

    www.editionsdusonneur.com

    http://www.tabishkhair.co.uk/

     

     

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  • Condamnés au Paradis

    Au plus loin du tropique de Jean-Marie Dallet - Editions du Sonneur

    Condamnés au Paradis

    « Quand vous serez tous morts petits Blancs qui sentez le cadavre de vos possessions, l'île entière m'appartiendront, et le dernier d’entre vous je l’envelopperai dans le drap cloué au-dessus de mon comptoir, ce drap sur lequel j’ai peint "Rôtissez tous au fond de l’enfer" avec mes caractères hakka bien plus beaux que vos lettres en chiures de mouche, puis j’irai brûler le tout au fond de mon jardin – à cette pensée Ah You éclate d’un rire qui découvre trois chicots, multiplie les rides de son visage gris jaune alors que la lumière de l’aube filtre à travers les auvents entrouverts, il est là debout au milieu de son échoppe… »

     

    677775199.jpgParataito, « Paradis » en maori, un atoll perdu (« plat, petit et tout en rond (…) à peine un point noir entre Tuamotu et Gambier »), colonie pénitentiaire oubliée de tous, abrite encore une drôle de troupe qui tient à peine sur pied : cinq vieillards condamnés à l’exil, aussi disparates les uns des autres que leurs crimes respectifs – Ma Pouta, la vieille maquerelle, Trinité, le métis unijambiste, Pétino, le vieux militaire pétainiste, Corentin, le prêtre concupiscent, et Ah You, le Chinois qui tient boutique et qui n’attend que la disparition des quatre autres pour devenir le souverain des lieux… Il faut dire qu’au fil des années, ils ont déjà vu nombre des leurs s’éteindre et, survivants d’une longue liste de bagnards ayant échappés à la guillotine, ils s’accrochent tant bien que mal à ce qui leur reste de vie, au quotidien qui s’étire sans fin et aux quelques bribes de souvenirs à travers lesquels ils se définissent et se complaisent à revivre ce que le temps a définitivement effacé.

    En ce 1er janvier, tandis qu’ils attendent la goélette pénitentiaire qui les ravitaille deux fois l’an, ils s’apprêtent à se rendre à l’office religieux que Corentin s’obstine à célébrer, bien que ses compagnons ne manquent jamais de s’endormir avant la fin de son sermon, et que ces derniers connaissent d’avance les élucubrations que va leur servir le vieux pervers… quand un cyclone frappe l’île et ses alentours, provoquant deux événements qui vont temporairement bouleverser l’ordonnancement (certes déjà un peu bancal) du quotidien de ces prisonniers sans geôliers : la mort de l’un d’entre eux et l’arrivée de Kerlan, jeune naufragé semi amnésique échoué sur la plage, qui bien vite devient le protégé des quatre vieillards restants – ils entreprennent de le sauver in extremis des bernard-l'hermite, de panser ses plaies, de le soigner, de le nourrir, de le bichonner, bref, de l’accueillir dans leur univers déglingué et lui confier quelques-uns de leurs souvenirs.

    Dès les premières lignes, cette étonnante robinsonnade séduit le lecteur, qui se perd et se retrouve dans les monologues fluides et truculents de chacun des personnages, le narrateur intervenant régulièrement pour remettre un peu d’ordre dans le récit (l’absence de délimitation entre le « je » et le « il » impersonnel ne perturbe pas longtemps) ; les soliloques (ou dialogues avec ce qu'ils furent et ne sont plus) sont composés de lambeaux de mémoire, de plongées nostalgiques dans leurs passés respectifs (rarement idylliques, mais qu’ils ont néanmoins pris l’habitude de magnifier) : un épanchement de rancoeurs accumulées pour certains, une litanie des regrets pour d'autres, un éternel ressassement qui se traduit dans l’écriture elle-même, syntaxiquement décalée, à l’image des pensées qui se chevauchent dans l’esprit des narrateurs qui prennent la parole en alternance. L’auteur fait entendre la voix de rebuts, mis au banc d’une société rigoriste, des naufragés involontaires de l’existence dont l’humanité n’est toutefois pas à démontrer et dont le véritable Eden se trouve ailleurs que sur cet atoll, coin de paradis qu’ils maudissent (« enfer posé sur les flots », « atoll de désolation »). Des personnages qui forment un microcosme signifiant, reflet de la société qui les a rejetés mais à laquelle ils restent attachés, coûte que coûte, en reproduisant sur leur bout de terre un semblant d’organisation sociale ; soulignons cependant que ces figures certes emblématiques (le prêtre, le militaire, la putain, le commerçant et l’esclave) ne sont jamais monolithiques ou fonctionnelles, en dépit de la théâtralité qui émane de l’ensemble, mais restent très attachants malgré leurs tares ou leurs défaillances.

    Ce qui ressort de ces portraits nous concerne tous : donner un sens à une existence dérisoire (et parfois à un passé qui ne l’est pas moins), trouver une logique au chaos de la vie, dépasser l’horizon unique auquel chacun de nous a pu s’accoutumer… Qu’espèrent encore Ma Pouta, Trinité, Pétino, Corentin et Ah You ? Une rédemption possible pour les crimes commis (ou dont ils ont été injustement accusés) ? Un pardon ? Pas vraiment. Une délivrance, peut-être ? Un départ de l’atoll ? Un retour, en tout cas, à la « civilisation » qui les a abandonnés. En revanche, le naufragé Kerlan semble en quête de tout autre chose – d’une libération, mais qui se traduirait d’une autre manière, tant il aspire à la solitude que l’île, loin d’être déserte, ne pourra lui offrir qu’une fois les autres partis ou morts.

    Sur le mode de la robinsonnade (du naufrage à la délivrance – qui ne revêtent pas le même sens pour tous), Jean-Marie Dallet tisse un roman jubilatoire, où le huis clos n’a rien d’étouffant, où règne une atmosphère au contraire souvent joyeuse et cocasse – un récit hors normes, entre réalisme cru et allégorie poétique, qui s’achève sur une touche de sérénité, une échappatoire à l’enfer du monde et de la civilisation. Une oeuvre brève, dense, polyphonique et savoureuse, à laquelle on se hâtera d'aller goûter.

    (B. Longre, mai 2008)

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    Depuis Les Antipodes, édité au Seuil en 1968 et préfacé par Marguerite Duras, Jean-Marie Dallet a écrit une quinzaine de romans, dont Dieudonné Soleil, qui obtint la Bourse Goncourt du récit historique. Il a toujours « navigué » entre la Méditerranée, le Pacifique Sud et Paris. Encre de guerre est son deuxième roman publié aux Éditions du Sonneur.

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  • Editeur à découvrir

    1505626686.jpgLes éditions du Sonneur, fondées par Valérie Millet, assistée de Sandrine Duvillier et Jean-Luc Remaud, proposent une belle diversité de textes - de Maupassant (lire l'article de Myriam Gallot) à Gobineau (un tome de Nouvelles asiatiques), de Jack London (un texte autobiographique où l'auteur retrace son parcours chaotique) à Alexandre Dumas, des textes méconnus, "dignes de revivre", sans oublier les contemporains, des romans qui mettent en avant d'excellentes plumes : Marie-Noël Rio, auteure de Pour Lili ou Jean-Marie Dallet, dont je suis en train de découvrir Au plus loin des tropiques.

    Dès le début, l'éditrice a eu le souci "d'éditer peu de titres, mais de les accompagner assez longtemps pour qu’ils trouvent leurs lecteurs. Des ouvrages auxquels on revient et avec lesquels on vit. Bref, le contraire de la surproduction et de la grande consommation littéraire." Une démarche qui mérite d'être saluée, forcément.

    A paraître prochainement un recueil de chroniques : Portraits du jour, 150 histoires d'une étrange planète de Marc Kravetz, qui intervient sur France Culture, où il dresse chaque matin ses fameux portraits.

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