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livres

  • Manifestation éphémère

    edit.jpgLibrairie éphémère – les éditeurs font fête : Les éditions L’Œil d’or et Passage piétons organisent la librairie éphémère : la production de cinquante éditeurs, des lectures, des mises en scènes et des expositions autour de textes rares, du 10 décembre 2008 au 4 janvier 2009 à la Halle Saint Pierre.

     

    Halle Saint pierre

    2 rue Ronsard, 75018 Paris

    01 42 58 72 80

    Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h sauf les 25 décembre et 1er janvier.

     

    Les invités

    À Rebours ; Anacharsis ; Art&fiction ; La Barque ; La Belle Gabrielle ; Bleu autour, Cause des livres ; Circa 1924 ; Chasse au Snark ; Cochon pendu ; Colophon ; Compagnie Créative ; Cochon pendu ; Cosa nostra ; Des Cendres ; La Diseuse ; Diantre !; Fondeur de briques ; L’Échappée ; L’Épure ; L’Escampette ; Frédéric ; Ginko ; Grandir ; Grèges ; Harpo & ; Image Son & Compagnie ; In 8 ; Isabelle Sauvage ; Lettr’ange ; Lirabelle ; L’Idée bleue ; Mare Nosrtum ; Michel Houdiart ; Monsieur Toussaint l’Ouverture ; Nuit Myrtide ; Organic ; Pegg ; Plonk et replonk ; Poursuite ; Recoins ; Ritagada ; Rougerie ; Le Passager Clandestin ; Le Sonneur ; Solo ma non troppo ; Trouvères & compagnies ; Vedrulla ; Yvette & Paulette ; Zédélé ; Zinc ; Zoom

     

    PROGRAMME

     

    Jeudi 11 décembre à partir de 17 h, vernissage

    Passage piétons fête ses 10 ans d’existence

    Image Son & Co. présente deux DVD, sur Vauban et Cézanne à partir de 18 h

     

    Samedi 13 décembre auditorium 14 h 30

    Le mur de la connaissance, conférence de Serge Tribolet, participation 10 euros

    à partir de 15 h Mario Del Curto signe son livre Au large des yeux

     

    Dimanche 14 décembre auditorium 14 h - 17 h / Recoins

    Présentation de Don Juan de Kazakov par la traductrice.

    Diaporama de Bruno Montpied, sur des environnements spontanés.

    Diaporama d’Emmanuel Boussugue sur Les irréguliers du Cantal, projection d’un court-métrage, adaptation d’Ambrose Bierce par Franck Fiat et David Chambriard.

     

    Vendredi 19 décembre auditorium 14 h - 17 h / La Barque

    Lectures de textes du n° 5 de la revue

    Solo de Jean-Luc Guionnet, saxophone

    Projections de vidéos de Franck Gourdien et Olivier Gallon

     

    Samedi 20 décembre auditorium 15 h

    Lecture et rencontre avec le poète Werner Lamberzy

    de 17 h à 19 h

    Présentation du dictionnaire de Jung avec Aimé Agniel et Michel Cazenave

     

    Dimanche 21 décembre auditorium 15 h / Nuit Myrtide

    Mon cher Rémi, spectacle épistolaire et musical, présentation du livre illustré de Julien Derôme. Un spectacle loufoque de 40 minutes avec Michela Orio et Robin Czarniak, Bertrand Ravalard au piano.

    16 h / Pegg

    Planning de Pierre Escot, lecture par Jean-Charles Dumay.L’histoire d’un homme d’après les annotations de son agenda. Entre rendez-vous et notes de travail, son planning devient recueil de pensées mêlées et la machine s’emballe...

     

    Lundi 22 auditorium 15 h / Les Fondeurs de Briques

    Yegg, première traduction intégrale de You Can’t Win de Jack Black, livre qui a inspiré William Burroughs et la Beat Generation, lecture et présentation par Jeanne Toulouse.

    16 h / La Cause des livres

    Fatigue mon amour, lecture par Juliette Mailhé, comédienne

     

    Mardi 23 auditorium 17 h / Passage piétons

    Cirques de Jean-Luc A. d’Asciano. Lecture de Rebecca Aïchouba, comédienne

    Compagnie Amorfini. Un enfant solitaire mais nullement fils unique rencontre un cirque stationné dans le terrain vague en bas de chez lui. Entre le cirque familial et l’autre, animaux à poils et à peaux se croisent.

     

    Samedi 27 auditorium 16 h / Pegg

    Planning de Pierre Escot, lecture par Jean-Charles Dumay

     

    Dimanche 28 auditorium 15 h / Passage piétons

    Cirques de Jean-Luc A. d’Asciano, lecture de Rebecca Aïchouba, comédienne

    Compagnie Amorfini.

     

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  • Mondes imaginaires

    gestin.jpgLes éditions Au Bord des Continents publient de beaux livres qui ouvrent sur des univers singuliers. J'ai sous les yeux trois de ces ouvrages traitant de créatures issues de divers folklores, qui continuent de nourrir l'imagination et de susciter l'engouement de certains auteurs (sans parler des lecteurs). Je ne crois pas (plus ?) aux fées mais, le temps d'un livre, on peut accepter de se laisser entraîner dans ces mondes qui savent parfois se faire poétiques.

    Ainsi, on retrouve quelques fées dans un livre de Sandrine Gestin, le tome 2 de Rêveries de fées, composé de textes en vers très simples, auxquels on préfèrera les illustrations représentants les "petites sœurs perdues" de la narratrice, du moins certaines : car si les réalisations à l'huile tendent à imiter en partie, dans les pauses adoptées, certaines toiles préraphaélites, elles n'en sont que les pâles copies un peu kitsch ; en revanche, les crayonnés et autres esquisses, auxquels se mêlent de légères taches d'encre et des entrelacs celtiques aux teintes passées, dévoilent des aspects plus sombres et inquiétants (souvent, les motifs sont seulement suggérés - un profil, le détail d'un œil, etc.) et l'ouvrage aurait peut-être gagné à s'en contenter.

    croquis.jpg

    Les deux autres livres, des grands formats, sont signés Jean-Baptiste Monge, l'un des illustrateurs phares de la maison. Le tome 2 d’un Carnet de Croquis, Archives de féérie propose des dizaines d’ébauches choisies par l’illustrateur, qui dit du croquis qu’il est « beaucoup plus libre, instinctif et ludique » que le dessin achevé et colorisé. Des crayonnés de lutins, gobelins, fées parées de bijoux ou guerrières (appartenant davantage au domaine de la fantasy) se succèdent et évoquent les multiples recherches nécessaires à la réalisation d’un travail très réussi d'un point de vue technique.

    celticf.jpg

    Le second du même illustrateur, Celtic Faeries, comporte à la fois des croquis, mais aussi des travaux achevés, accompagnés de textes et de nombreuses citations, dont des extraits du célèbre Secret Commonwealth of Elves, Fauns and Fairies du révérend Robert Kirk. Avec une importante bibliographie en annexe et un index des dizaines de créatures présentes dans l’ouvrage (de la Fée Clochette à Puck en passant par les fameux changelings), le tout forme une encyclopédie non exhaustive des mondes féériques, qui se compulse et/ou se feuillette fort agréablement.

    http://www.au-bord-des-continents.com/

     

    http://www.jbmonge.com/

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  • Kaléidoscope

    Far West / Extrême-Orient, de Philippe Testa, éditions Navarino

     

    « Les aéroports sont des sas d’accès au monde, les points de départ des routes aériennes. C’est là que le voyage commence et que l’attention s’éveille. »

     

    Ces quelques mots ouvrent un carnet de voyage atypique et fragmenté, des USA au Vietnam en passant par le Japon, mais les saynètes à la fois dépaysantes et triviales qui le composent pourraient se dérouler, semble-t-il, dans une multitude d’endroits différents. L’auteur s’empare ici d’un matériau vivant (on rencontre en effet peu de passages sans présence humaine en leur centre) mais la plupart du temps, il s’efface devant les scènes décrites sur un ton laconique, minutieusement, cédant la place aux personnages, à des parcelles d’humanité qui, accumulées, forment un kaléidoscope déroutant et d’une grande justesse, des instantanés de la banalité ordinaire qui ne durent parfois que quelques secondes et possèdent une qualité quasiment cinématographique.

    Les impressions fugaces se succèdent, de motels en fast-foods, d’hôtels-capsules en autoroutes, de gares routières aux trottoirs des villes, fresque presque irréelle, à l’image de ces « collines passées à la couleur artificielle, le ciel trop profond pour être vrai ». Tout se déroule dans des cadres à la topographie clairement établie pour chaque texte, des décors qui varient peu, envers de cartes postales destinées aux touristes, tableaux que la plupart des voyageurs remarquent rarement et retiennent encore moins une fois de retour. D’où l’importance essentielle accordée au regard en éveil : œil impassible (en accord avec le ton adopté) mais acéré du voyageur que plus rien ne semble étonner, qui parcourt des kilomètres, de Santa Barbara au Mississippi, de la Caroline du Nord à Kyoto, de Saigon à Hô Chi Minh-Ville et observe ce qui l’entoure, comme des débuts d’histoires à imaginer.

    (B. Longre, août 2008)

     

    http://www.navarino.ch

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  • Tentatives & projets...

    1881847722.jpg

    Je redécouvre Thibault de Vivies par le biais d'un de ses textes publié sur Publie.net : Tentative de pourquoi j'ai toujours si mal à la tête, un monologue percutant composé de tirades plus ou moins longues, une ponctuation économe, des phrases saccadées qui se déroulent et se percutent dans l'esprit d'un narrateur déboussolé, pour rebondir dans l'esprit du lecteur. L'auteur crée une voix déstabilisante, celle d'un individu dont il est difficile de cerner la personnalité et la nature, et qui tâche de mettre de l'ordre dans sa vie et ses pensées, d'appréhender le monde qui l'entoure et d'y survivre - des tentatives au prime abord déstructurées et tâtonnantes et qui font pourtant peu à peu sens et s'inscrivent dans une démarche introspective cohérente, que chaque lecteur reconstruira comme il l’entend. On se laisse porter par la succession et l'enchevêtrement de mots, à la découverte d'un univers intérieur atypique et d'un parcours bouleversant. Un texte étonnant que je recommande vivement.

     

    Présentation, extrait et achat en ligne http://www.publie.net/tnc/spip.php?article84

     

    Le site de l'auteur http://www.tentatives-lesite.net/ 

    Son premier roman, Me suis fait tout seul, publié en 2002 par les éditions Pétrelle, est réédité par les éditions Jets d’encre. Je l'avais lu lors de la première édition.

    931843450.jpgMe suis fait tout seul est là encore un monologue, ou plutôt un dialogue entre un homme brisé, "une sale gueule", et un monde sourd à ses appels, le dialogue entre le désespoir et l'indifférence. Cet homme que la société a mis en marge se raconte avec lucidité, en sachant qu'au fond, il ne s'en sortira pas, que ses tares psychologiques et ses déviances ne lui laisseront pas de repos. Il commet un crime sexuel et se retrouve pour quelques années en prison, sans que ses troubles psychiques soient un instant pris en compte, ou tout du moins, qu'une tentative de traitement se mette en place. Il en ressort tout aussi désaxé, convaincu que sa réintégration sociale est impossible. Ainsi, il traîne sa liberté toute neuve comme un boulet, et, désemparé, il la reçoit comme une autre forme d'enfermement.
    Son errance l'entraîne à devenir l'homme à tout faire dans un sinistre bordel, où il se sent bien un temps, mais qu'il quitte un jour, "vers de nouvelles aventures". En réalité, son existence sans but est motivée par un déphasage psychologique constant, routinier, et les pérégrinations qu'il nous conte là sont poignantes d'ironie dramatique : l'on y ressent une pointe de sarcasme, qui vise surtout les autres hommes et leur "monde terrible" et une bonne dose de dégoût, que le narrateur retourne le plus souvent contre lui-même.
    Thibault De Vivies a d'abord écrit pour le théâtre et publiait là son premier roman, mais on y ressent à chaque instant les influences de l'écriture dramatique : chaque chapitre semble fonctionner comme un tableau et le style spontané, où une certaine poésie perce par endroits, est totalement oralisé, sans tabous ni pudeur ; un texte brut qui paraît destiné à être lu à haute voix, voire joué sur scène, même si là n'était pas l'intention de l'auteur, qui disait : "J''essaie de mettre de côté, pour un temps du moins, le théâtre, et de me recentrer sur ce que j'ai à exprimer en utilisant l'écriture romanesque où je me sens pour le moment plus libre".
    (B. Longre)

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  • Les auteurs s'expriment...

    Deux nouveaux blogs d'auteurs découverts ces temps...

    D'abord, celui d'Anca Visdei, dont le dernier roman, L’exil d’Alexandra, vient de paraître chez Actes Sud (un article en ligne ici). Anca est écrivain, dramaturge et metteur (metteuse ?) en scène - une trentaine de pièces à son actif, publiées et jouées en France et à l’étranger.

    http://ancavisdei.blogspot.com/

    Vient ensuite Fabrice Vigne (que l'on ne présente plus - du moins sur ce blog...!) qui a ouvert Le Fond du Tiroir : autre ton, autres livres, autres projets mais toujours une finesse d'esprit appréciable. On ira lire entre autres la page intitulée "Ecrire d’une main, allaiter de l’autre" (deux actes nullement incompatibles selon lui) et on découvrira quels livres "déforment ses poches".

    http://www.fonddutiroir.com/blog/

    D'autre blogs, d'autres univers...

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  • Publie.net, comment ça marche ?

    731420051.jpgSe passer du livre papier ? Inconcevable... (ce qui n'engage que moi) pour diverses raisons déjà évoquées ; en revanche, il m’arrive de lire des pdf sur écran (de plus en plus souvent), dont certains ouvrages diffusés sur publie.net.

    Publie-net ? Une nouvelle façon de publier qui se met peu à peu en place, rassemblant édition, diffusion, distribution dans un seul et même espace… Une initiative éditoriale née sur une idée de François Bon, qui orchestre le tout (avec l’aide de quelques bonnes volontés) et qu’il nomme « une coopérative d’auteurs pour le texte numérique contemporain ». Ces derniers se regroupent afin de proposer certains de leurs textes (des inédits, des épuisés, des parutions parfois éparpillées dans différentes revues, etc.) à télécharger pour des sommes modiques (de 1,30 à 5,5 €), dont 50% leur est reversée – une « juste rémunération » (une fois n’est pas coutume). Un projet dont on se réjouit et qui mérite le soutien du monde littéraire... en tout cas de la "communauté virtuelle ".

    849361591.jpgFrançois Bon précise qu'il n'est pas question de s'opposer à l'édition classique, mais de proposer une démarche complémentaire qui permette "d'investir directement, en tant qu’auteurs, un nouveau champ de partage. D’installer dans l’univers numérique non seulement l’instance critique qu’est dès à présent, via quelques sites et blogs d’exigence, la communauté virtuelle, mais notre travail de création lui-même. S’approprier la mutation actuelle des outils et supports pour que la littérature contemporaine – simplement – y conserve sa place de laboratoire, de repère."

    1589950451.jpgDans ce laboratoire en pleine éclosion et en constante évolution, on trouvera des récits, des fictions et de la poésie, des essais critiques et de recherches texte-images, aux côtés de quelques textes fétiches de la bibliothèque numérique, choisis et mis en page par publie.net. Une belle variété, donc. Dans l'atelier des écrivains, on lira des textes signés Eric Chevillard, Régine Detambel, ou encore Jacques Roubaud, tandis qu'une autre rubrique, Voix critiques, offre des essais (dont Violence et traduction de Claro, ou bien Seul, comme on ne peut pas le dire d'Arnaud Maïsetti, une monographie consacrée à une pièce de Koltès).
    La zone risque, de son côté, accueille des "auteurs inédits, des démarches d'exploration, des tentatives d'écriture surprenantes, qui ne sauraient rentrer dans le cadre de l'édition graphique". La coopérative propose en outre quelques collections destinées à s’enrichir au fil du temps, dont la collection Grèce - une série de traductions inédites ou épuisées du domaine grec contemporain proposées par Michel Volkovitch et la rubrique formes brèves, qui regroupe des textes contemporains, choisis par François Bon.

     

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  • Un prix pour Indridason

    1752539332.jpgLe 6e prix du Polar européen du Point a été décerné à Arnaldur Indridason pour son roman L'Homme du lac, paru chez Métailié. Il a été remis le 27 mars dernier, lors de l''inauguration du 4e festival Quais du polar de Lyon.

    Je n'ai pas lu ce dernier (pourquoi ? par manque de temps, tout simplement...) mais avais aimé La Cité des jarres et La Femme en vert, publiés chez le même éditeur.

    La Cité des Jarres d'Arnaldur Indridason - traduit de l’islandais par Eric Boury - Métailié, 2006 (Points Seuil 2006)

    Une grande famille...

    Le monde littéraire islandais reconnaît en Arnaldur Indridason un excellent auteur de romans noirs. La Cité des Jarres se présente comme une enquête palpitante, rondement menée par l’inspecteur Erlendur – en réalité pas aussi désordonné ou antipathique qu’il n’y paraît, peut-être un peu enclin à régulièrement s’endormir tout habillé et à ne pas se soucier de sa tenue débraillée ; mais Erlendur est un investigateur efficace et cela se sait à Reykjavik. L’atmosphère pluvieuse et franchement hostile, ses difficultés familiales (les visites impromptues de sa fille Eva Lind, droguée notoire) ne l’empêchent cependant pas de rebondir avec détermination à chaque nouvelle étape de son enquête, qui le mène dans le passé douteux d’un dénommé Holberg, un vieil homme que l’on vient de retrouver mort dans un appartement humide ; un meurtre « typiquement islandais » d’après Sigurdur Oli, collègue d’Erlendur, « un truc dégoûtant, gratuit »… jusqu’à ce que l’inspecteur retrouve, caché au fond d’un tiroir, une énigmatique photographie en noir et blanc, représentant la tombe d’une fillette morte à quatre ans. Et tandis que ses équipiers voudraient simplifier cette affaire, lui s’obstine et persévère, convaincu que c’est en fouillant dans le passé que l’on élucidera les troubles du présent.

    Trente ans plus tôt, Holberg aurait été accusé de viol, puis innocenté, un fait essentiel que lui apprend Marion Briem, une collègue maintenant à la retraite… La reconstitution du passé n’est pas de tout repos, mais Erlendur ne cède devant aucune difficulté, quitte à croiser en chemin nombre d’individus peu reluisants et à bouleverser pas mal de vies, dont la sienne : « Erlendur avait lu un jour que le passé était une terre étrangère et il l’avait bien compris. (…) Cependant, il n’était pas prêt à faire table rase du passé. » Les doutes qui peuvent l’abattre font rarement surface, excepté lorsqu’il se confie à Eva Lind, sa fille qui semble peu à peu se rapprocher de lui : « Voilà le genre d’enquête que c’est. Elle est semblable à un esprit malfaisant qui aurait été libéré. (…) Rien d’autre qu’un foutu marécage. »

    415935132.jpgLe récit connaît peu de pauses et l’enchaînement narratif, singulièrement alerte (rien à voir avec les polars lancinants et malhabiles du romancier suédois Henning Mankell), fait intervenir une pléthore de protagonistes, brossant dans le même temps une intéressante fresque de la population islandaise, toutes classes sociales confondues. L’enquête demeure approfondie et vraisemblable du début à la fin et explore en particulier les relations entre parents et enfants (un thème annoncé par les tensions qui président à la relation entre Erlendur et sa fille), les thèmes croisés de la filiation, de la déstructuration familiale et de la recherche génétique — on se souvient peut-être que le pays fait fonction de grand laboratoire dans ce domaine, depuis l’implantation, dans les années 1990, de la société islando-américaine DeCode Genetics, chargée de recenser, rassembler et analyser les données génétiques et généalogiques de tous les Islandais, une population (moins de trois cent mille habitants, il faut le souligner) idéalement homogène depuis la colonisation de l’île, au XIe siècle ; une expérience scientifique qui a suscité bien des controverses depuis que le gouvernement islandais a donné son autorisation en 1998, ce qui n’empêche pas certains habitants d’être en totale opposition…

    L’auteur ne donne pas ici un point de vue personnel explicite sur cette expérimentation à grande échelle – mais expose indirectement ses dangers potentiels mais aussi ses bénéfices, en faisant dire à Erlendur, qui s’adresse à l’une des responsables du « centre d’étude du génome» (ainsi rebaptisé dans le roman…) : « Vous êtes les dépositaires de tous ces secrets-là. Les vieux secrets de famille. Les tragédies, les deuils et les morts, tout cela parfaitement classé dans les ordinateurs. Des histoires familiales et individuelles. (…) Vous conservez tous ces secrets et pouvez les ressortir à volonté. »… © B. Longre

    Lire l'article de Pascale Arguedas

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  • Albums à foison

    Je croule sous les albums estampillés jeunesse (qui restent néanmoins accessible aux plus grands…la preuve, je les lis) et manque de temps pour en parler dans le détail – en attendant des articles plus élaborés, quelques présentations en vrac, assorties de liens qui permettront de prolonger les découvertes.

    832708378.jpgD’abord la découverte d’un album réjouissant chez Textuaire (voir Krochnouk Karapatak de Julien Martinière, publié par le même éditeur), intitulé La Ville en chantier : l’auteure, Anne Moreau , y met en scène deux petits personnages dans un décor qu’ils construisent peu à peu, à partir d’objets récupérés qu’ils recyclent à leur façon. Inventivité graphique, mise en page travaillée, élaboration d’un univers poétique singulier qui permet de dépasser la simple thématique environnementale : tout y est. Un album muet, pour tous. Le plus : des fiches jeux à télécharger ici, pour prolonger l'aventure des deux bâtisseurs.

    361865855.jpgPlus classique, mais pas moins réussi : Thésée, d’Yvan Pommaux (L’école des Loisirs). Le mythe, « fabuleuse histoire d’amour, de peur et de fureur », est ici fidèlement retranscrit, raconté dans le détail (depuis la conception du héros jusqu’à l’évocation de sa vie future), accompagné par des illustrations qui oscillent, comme souvent avec l’auteur, entre bande dessinée et album, et proposent des personnages très vraisemblables. Un glossaire complète ce bel album grand format.

     

    1583691272.jpgDu côté du conte, j’ai aimé Pourquoi personne ne porte plus le caïman pour le mettre à l’eau (le Sorbier) : non seulement le texte est signé Blaise Cendrars (extrait de ses Petits contes nègres pour les enfants des blancs, datant de 1928) mais les illustrations déstructurées de Merlin ajoutent à la cocasserie de l’ensemble , tout en étant particulièrement ouvragées.
    Les éditions du Sorbier offrent des contes appréciables, comme ceux de la collection Au berceau du monde.

     

     

    1905048608.jpgJ’avais déjà eu l’occasion de présenter d’autres contes, publiés aux éditions espagnoles OQO. Avec Le grand livre des portraits d’animaux, de Svjetlan Junakovic, un vrai livre d’artiste, on entre dans une autre dimension : l’auteur s’est approprié des toiles de maîtres pour les recréer à sa manière – les humains étant ici remplacés par des animaux, aussi expressifs que les modèles d’origine, qui conservent les costumes d’époque : babouin, brebis, lapine, bouc, tortue ou hippopotame peints par un… plagiaire (ou presque !) de talent, qui a su respecter les techniques de Vermeer, Rembrandt ou David. Un beau livre qu’on ne se lasse pas de parcourir. http://www.oqo.es/sj/

    576077482.jpgDes contes encore, mais cette fois « en balade » : des textes signés Cathy Ytak , illustrés par Joëlle Gagliardini, Simon Kroug et Corinne Salvi, publiés aux éditions La cabane sur le chien, et qui ont la particularité de proposer des destinations et itinéraires de randonnées : des promenades que l’on peut effectuer dans le Jura ou bien se contenter de découvrir à travers des histoires fantaisistes, au cours desquelles on croise un Lamartine fort mélancolique (!), un renardeau distrait ou des lutins en quête de paix.

     

    1710638202.jpgChez un autre éditeur indépendant, Balivernes, vient de paraître un album inspiré par une aventure bien réelle qu’ont suivie l’auteure, Lenia Major et l’illustratrice, Sandrine Lhomme : la naissance d’oisillons dans une jardinière suspendue à la fenêtre d’un immeuble. Cela donne Devant chez moi, l’histoire d’un petit garçon qui s’attache à la tourterelle venue pondre puis élever ses petits sous son nez. Les illustrations originales (entre collage, dessin, et emploi de divers matériaux) accompagnent un texte joyeux, abordable dès 4 ou 5 ans.

    1042223472.jpgSignalons aussi la parution, aux éditions du Jasmin, d’un livre qui n'est pas à proprement parler un album (il ne raconte pas d'histoire mais incite plutôt à la rêverie) : Le jardin du calligraphe, de Françoise Joire, auteure-illustratrice et conteuse. Sur le même principe que ses Arabalphabêtes, abécédaire sur le thème des animaux, ce nouveau livre propose une déambulation graphique botanique : aromates, arbres, fruits ou fleurs sont écrits en arabe, chaque terme étant retravaillé pour évoquer la forme de la plante choisie. Des fioritures en pointillés qui restent sobres et agréables à l’œil.

    615119262.jpgDans un tout autre registre, on saluera le retour de l’affreuse Constance - Après Constance et Miniature et l’expérience traumatisante de la pension, la fillette met un navire sens dessus dessous dans Constance et les Pirates de Pierre Le Gall et Eric Heliot (Hachette jeunesse). Quant aux éditions Usborne, elles surfent elles aussi sur la vague piratesque avec A bord d’un bateau pirate de S. Courtauld et B. Davies (pour les petits, une aventure-documentaire), auquel on préfèrera Fenêtre sur un bateau pirate de Rob Loyd Jones et Jörg Mühle – chaque page propose de multiples rabats permettant de découvrir l’intérieur des navires ou les fonds marins. Un ouvrage aux illustrations réussies, qui a bénéficié des conseils d’un expert du Musée Maritime de Londres.

    Pour finir, on ira voir du côté de L’enfant silence de Cécile Roumiguière (qui nous en avait déjà donné un bel avant-goût), illustré par Benjamin Lacombe (Seuil jeunesse) , d’Au feu les pompiers j’ai le cœur qui brûle de Christine Beigel et Elise Mansot (Gautier-Languereau) et de Lilia de Nadine Brun-Cosme, illustré par Anne Brouillard (éditions Points de suspension), trois livres dont je reparlerai.

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  • Livres mutants...

    464643091.jpg622383313.jpg"Les Mues"

    L'intitulé de cette collection créée aux éditions Intervista évoque d’emblée transformations, métamorphoses et autres mutations – sans oublier l’idée associée de transition. Car rien n’est jamais immuable, justement, et les changements de peau successifs que nous connaissons tous sont partie prenante de l’expérience humaine. L'éditrice entend, depuis le début, proposer une littérature « transgenre, moderne, audacieuse et sans tabou », résolument « adulte », mais dans laquelle les adolescents et les « jeunes adultes » sont tout à fait susceptibles de se retrouver.

    La collection accueille des textes très différents les uns des autres – des choix qui reflètent une belle ouverture d’esprit mais aussi le désir de lancer de nouveaux auteurs aux côtés d'auteurs confirmés, hors des sentiers battus, ou des artistes dont c'est la première incursion dans un univers livresque. Du vent dans mes mollets, de Raphaële Moussafir, relate les expériences et les découvertes d’une fillette de neuf ans, tandis que Le syndrome Godzilla (Fabrice Colin), roman déroutant mais palpitant, nous transporte dans un univers psychologiquement cohérent mais nimbé d’onirisme : l’histoire d’un adolescent en pleine métamorphose, entre France et Japon. Vient de paraître : Rêver, grandir et coincer des malheureuses (sous-titré "Biographie sexuelle d'un garçon moyen" !) de Frédéric Recrosio, qui "parle de sexualité sans une once de vulgarité ni de mysognie". On guettera aussi la parution de Enfin nue ! de Catherine Siguret, "confessions d'un nègre écrivain", qui pratique un drôle de métier... (en librairie le 15 mai 2008)

    www.editionsintervista.com

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  • Il y a plus à plaindre...

    978563609.jpg...que les libraires français - que la loi sur le prix unique du livre protège encore un peu. Car si l'on se penche sur ce qui se passe entre autres aux USA depuis l'avènement de sites marchands qui cassent les prix, on se dit que la situation française est loin d'être catastrophique. La preuve en est : L'American Booksellers Association comptait 4500 membres il y a une quinzaine d'année. Moins de 2000 aujourd'hui...

    Tout est , dans le détail, à partir du témoignage d'un libraire indépendant qui fermera bientôt boutique. Selon le journaliste du New York Times : "Village bookstores across the country have been dying at an astonishing rate. According to Oren Teicher, chief operating officer of the American Booksellers Association, the organization had 4,500 members in the early 1990s and now has fewer than 2,000, with 200 independents closing every year, though he said the decline has leveled off. "

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  • Fête du Livre Jeunesse de Villeurbanne

    1633905675.jpgAprès deux éditions consacrées à la mémoire et au souvenir, la 9ème édition de cette fête aura lieu du 2 au 6 avril 2008 sur le thème de "Et toi, ton toit ?"

    Pourquoi le thème de l'habitat ? Car la maison est omniprésente en littérature jeunesse -  "à travers la maison imaginaire que représentent toute cabane édifiée, la maison des contes, ou plus simplement la maison que l'on habite, que l'on partage. Quelquefois il n'y a pas de maison du tout et l'habitat devient précaire, on couche dehors ou en foyer, on habite chez l'un ou chez l'autre. On peut en arriver à quitter sa maison pour un logement provisoire : une chambre d'hôtel, une cellule de prison, une chambre d'hôpital, un centre de rétention. Il faut alors se réapproprier l'espace, apprendre à vivre avec d'autres. Ce sont tous ces cas de figures que va tenter de visiter la Fête, avec les ouvrages de plus de 40 auteurs ayant réfléchi sur ce thème."

    L'invitée d'honneur : Cécile Gambini.
    Les autres auteurs / illustrateurs :  Franck Andrat, Barroux, Nicolas Bianco-Levrin, Julia Billet, Betty Bone, Sonji Bougaeva, Edmée Cannard, Alex Cousseau, Jennifer Dalrymple, Thierry Dedieu, Sylvie Deshors, Anne-Laure de Keating-Hart, Delphine Durand, Jean-Luc Englebert, Pascal Garnier, Bruno Gibert, Nolween Godais, Bruno Heitz, Philippe Lechermeier, Thierry Lenain, Frédérick Mansot, Susie Morgenstern, Jean-Paul Nozière, Caroline Palayer, Sacha Poliakova, Marjorie Pourchet, Eric Puybaret, Hélène Riff, Jérôme Ruillier, Irène Schoch, Florence Thinard et Fabrice Vigne.

    Une journée professionnelle aura lieu le vendredi 4 avril, sur le thème de Littérature jeunesse et engagement politique.

    www.mairie-villeurbanne.fr/fete_livre_jeunesse_2008/

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  • Autour des mots - 7

    Des ouvrages qui nous racontent la vie des mots.

    c4339beab5a08b69d5b73d8ab284d65c.jpgQu'importe le flacon - Dictionnaire commenté des expressions d'origine littéraire de de Jean-Claude Bologne - Larousse, Le souffle des mots.

    Amusante érudition

    Cette réédition, sous un nouveau titre, des Allusions littéraires (1989) est une excellente initiative, en cela qu'elle permet de remettre sur le devant de la scène un ouvrage passionnant de Jean-Claude Bologne - par ailleurs auteur, dans la même collection, de Une de perdue, dix de retrouvées, chiffres et nombres dans les expressions de la langue française (2004) et Au septième ciel, dictionnaire commenté des expressions d'origine biblique (2005).

    Dans une introduction détaillée il s'explique sur son "choix capricieux et fondamentalement subjectif du carnet de bal" (plus de quatre cents entrées et, faute de place, l'auteur nous offre plus de 300 allusions supplémentaires en fin d'ouvrage, certes moins connues, mais  néanmoins rencontrées au fil de ses lectures), et tente de définir ce qu'est une allusion littéraire et ce qu'elle n'est pas, à savoir : une expression entrée dans le langage courant, extraite d'une oeuvre littéraire, mais pas nécessairement fidèlement retranscrite (contrairement à la citation ou au proverbe, des formes fixes) ; il admire la malléabilité et la spontanéité de l'allusion littéraire qui, selon lui, "n'a pas l'agressivité de la citation, qui est étalage de culture et sent son pédant."

    Sa collecte, fructueuse, a été effectuée dans le langage d'aujourd'hui, car comme tous les linguistes intelligents, Jean-Claude Bologne voit dans le langage un matériau vivant, évolutif, impossible à figer (n'en déplaise à ceux qui régulièrement se lamentent sur le sort que l'on fait à la langue française...), en témoignent les variantes, les modifications et les interprétations diverses qu'il propose tout au long de ce dictionnaire commenté ; dans le même temps, et suivant le même ordre d'idées, il nous invite ouvertement à une lecture vagabonde, désordonnée, qui n'obéit qu'au principe de plaisir.

    On navigue donc à vue entre les petites phrases que nous ont léguées des dizaines d'auteurs francophones ou non - et même si certains forment le fond de la récolte (Lafontaine, Molière, Hugo, Voltaire, Corneille, Shakespeare, Andersen ou Rabelais, etc.), on sera souvent surpris de redécouvrir qui a dit ou écrit quoi ; florilège : "Dieu existe, je l'ai rencontré" (André Frossard, 1969), "chacun son métier, les vaches seront bien gardées" (Florian, 1792), "partir, c'est mourir un peu" (Edmond Haraucourt, 1891), "Mais ceci est une autre histoire" (Kipling, 1888), ou encore "On n'est jamais si bien servi que par soi-même" (Charles-Guillaume Étienne, 1807, peu gâté par la postérité). Chaque entrée est l'occasion d'explications et d'analyses approfondies, truffées d'anecdotes érudites.
    Mais "qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse" écrivait Musset en 1832, et quelle que soit la source première de chacune de ces allusions, ce qui compte en définitive c'est qu'elles aient perduré et que nous soyons nombreux à faire de la littérature sans même le savoir... © B. Longre

    Jean-Claude Bologne

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  • Editeur à découvrir

    1505626686.jpgLes éditions du Sonneur, fondées par Valérie Millet, assistée de Sandrine Duvillier et Jean-Luc Remaud, proposent une belle diversité de textes - de Maupassant (lire l'article de Myriam Gallot) à Gobineau (un tome de Nouvelles asiatiques), de Jack London (un texte autobiographique où l'auteur retrace son parcours chaotique) à Alexandre Dumas, des textes méconnus, "dignes de revivre", sans oublier les contemporains, des romans qui mettent en avant d'excellentes plumes : Marie-Noël Rio, auteure de Pour Lili ou Jean-Marie Dallet, dont je suis en train de découvrir Au plus loin des tropiques.

    Dès le début, l'éditrice a eu le souci "d'éditer peu de titres, mais de les accompagner assez longtemps pour qu’ils trouvent leurs lecteurs. Des ouvrages auxquels on revient et avec lesquels on vit. Bref, le contraire de la surproduction et de la grande consommation littéraire." Une démarche qui mérite d'être saluée, forcément.

    A paraître prochainement un recueil de chroniques : Portraits du jour, 150 histoires d'une étrange planète de Marc Kravetz, qui intervient sur France Culture, où il dresse chaque matin ses fameux portraits.

    www.editionsdusonneur.com

    http://www.myspace.com/editionsdusonneur

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  • Carnets du dessert de lune (mea culpa...)

    4f06c3ffa4b23afac5a254f0cb44aea8.jpgDans la liste des éditeurs qui bloguent (et/ou profitent de l'outil blog pour mieux faire connaître leurs parutions), j'en ai oublié un, et non des moindres : Jean-Louis Massot, fondateur des Carnets du dessert de Lune, une maison d'édition qui a fêté ses 10 années d'existence en 2005... et qui continue, contre vents et marées, à publier de la poésie, des travaux d'artistes, des récits, des nouvelles, et nombres d'ouvrages inclassables, dont L'Ode à la mouche dont je parle ci-dessous.

    Entretien avec J-L. Massot, (novembre 2005), précédé d'un article portant sur un ouvrage culinaire atypique : La cuisine molle pour édentés, de Michel Dehoux & Jean-Pierre Jacquemin (Les Carnets du Dessert de Lune, 2005)

    http://www.dessertdelune.be/

    Pour se procurer leurs ouvrages

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  • Bzz...

    L’Ode à la Mouche d'Odile Bonneel et Apostille de Cécile Bonneel, dessins de Nathyi Regner, Les Carnets du Dessert de Lune, 2004

    C’est bien connu, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre…

    fb434e0221af4dca27bb425d3791f2b5.jpgLa Société Protectrice de la Mouche Française (dont l’unique membre répertorié à ce jour, Cécile Bonneel, est aussi la fondatrice…) a beau s’époumoner dans son apostille, dénoncer le cruel acharnement des chasseurs – munis de tapettes manuelles ou électriques – rien n’y fait… Car Odile Bonneel (notez bien que seul change le prénom), qui signe cette Ode à la mouche (et les meurtres qui y sont étalés) n’a nullement l’intention d’abandonner son « sport favori » et nous donne, au grand désespoir de Cécile, quelques leçons dans l’art d’exterminer « ces nuisibles à six pattes », « engeance du diable »…

    « The fly killeuse » n’y va pas de main morte – tout est en effet dans le geste et dans la position : « En équilibre sur une jambe, ou en ressort sur les deux jambes pour viser le plafond, la pratique est élégante et racée. » Son record ? Soixante petits cadavres le quart d’heure… La tuerie ne connaît pas de limites et s’apparente à une véritable passion, capable de procurer une jouissance à nulle autre pareille ! Tant et si bien que lorsque le gibier vient à manquer, « il suffit de rouvrir la porte-fenêtre pour faire à nouveau le plein de mouches. »
    Stratégies dignes d’un général d’armée, plans d’attaques censés déjouer les ruses des insectes pour échapper à la tapette manuelle (L’ère préhistorique…) ou à la tapette électrique, le must… instrument de torture et arme de destruction massive autrement performante que son ancêtre, capable de transformer l’amateur en professionnel.

    Ces petits textes inventifs et décapants, accompagnés des illustrations allègrement cruelles de Nathyi Regner, composent un ouvrage fort réjouissant, dont la noirceur renforce le plaisir sadique du lecteur : bientôt, qu’il ait déjà pratiqué ou non le sport en question (prochaine discipline olympique ?) il est comme contaminé par l’enthousiasme de la killeuse, pour peu qu’il ait quelques insectes à se mettre sous la dent – pardon, à exterminer !
    © B. Longre

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  • Libraires en danger ?

    Deux points de vue divergents sur la librairie et le prix des livres : l'article de Thierry Wolton paru hier dans le Monde, qui attaque (violemment selon Melico) les libraires, qui perpétueraient un "corporatisme désuet" , tout en défendant le fait que le site Amazon ne respecte pas la loi (malgré une condamnation en décembre 2007, qui l'oblige à ne ne plus proposer de frais de port gratuits).

    Ensuite, un "Appel pour le livre", en réaction à cet article, lancé par Lekti-écriture, qui explique : "La politique commerciale très agressive de ce groupe [Amazon], qui demande des marges commerciales extrêmement élevées aux plus petits éditeurs, les fragilisant de manière excessive, afin de financer leur politique de frais de port offerts, menace de manière profonde la promesse d’une plus grande accessibilité au livre pour tous, sur l’Internet." et demande à ce que les politiques renforcent la loi Lang, tout en obligeant Amazon à respecter le jugement de décembre 2007...

    On appréciera ou non les arguments de Thierry Wolton, qui met tous les libraires dans le même panier (selon lui, ils n'auraient plus le temps de conseiller leurs clients et ne sauraient plus ce qu'ils vendent...) et qui souligne (très égoïstement) que peu importent les moyens, seule compte la fin ("l'essentiel pour moi (...) est de pouvoir trouver quand je veux, où je veux, les ouvrages qui m'intéressent"), mais soulève en même temps deux points intéressants : les libraires sont "les principaux bénéficiaires de l'économie du livre" (ce qui est vrai) et "la seule profession commerciale à ne prendre aucun risque avec le produit qu'elle vend, puisque le libraire paye à l'éditeur les seuls livres qui lui ont été achetés, puis il lui renvoie le reste à ses frais" (le système des "retours" qui pénalise évidemment les éditeurs et, indirectement, les auteurs).

    48b76c5f683c5fec6774184df43b30a9.jpgIl reste que l'Appel pour le livre, de bon sens, entend protéger la librairie indépendante, sans nécessairement rejeter la vente en ligne (Lekti la pratique depuis plus de deux ans, l'avantage étant que les livres partent d'une librairie non-virtuelle située à Albi).

    A lire en prolongement : entretien avec Joël Faucilhon, fondateur de Lekti (octobre 2005)

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  • Revue décapage

    87a10e3e1be187de74284172383f9a4c.jpgA paraître le 24 janvier prochain : le dernier numéro de DECAPAGE, revue littéraire trimestrielle (éditions de La Table Ronde). Des chroniques, des traductions, des nouvelles et un mini-dossier très instructif sur les lettres de refus reçues par quelques auteurs (Stéphane Audeguy, Patrick Goujon, Serge Joncour, etc.), que ces derniers interprètent à leur façon...

    revuedecapage.blogspot.com/ ou www.myspace.com/revuedecapage

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  • Nouvelles Editions Lignes

    Lue ici une excellente chronique du dernier livre du philosophe Alain Badiou (soudain accusé d'antisémitisme par ses détracteurs...) : "Dans De quoi Sarkozy est-il le nom ? Alain Badiou formule que, face à l'utraviolence du monde et à la précarité sociale qui sonne à la porte, cette puissance en perte d'influence qu'est la France a de nouveau succombé à ses vieux démons, à savoir ni plus ni moins à son incurable "pétainisme transcendental", l'un des noms du sarkozysme."

    Sur le site de l'éditeur www.editions-lignes.com je découvre un autre ouvrage, celui d'Alain Brossat, intitulé Bouffon Imperator. 4e de couv : "À rebours d’une actualité toujours davantage soumise au rythme des déclarations officielles ou officieuses, des faux scoops et des provocations millimétrées, le philosophe Alain Brossat a pris le temps de disséquer, chaque jour, pendant 100 jours, les faits et les paroles de « Bouffon imperator » et de son entourage. Faits et paroles symptomatiques d’une « décomplexion » proche de l’arrogance, dont on souhaiterait qu’elle demeure cantonnée au registre de la simple fiction." En librairie depuis... hier !

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  • Le cerveau à l’endroit

    " J’ai tout lu. Tout. Ça m’a remis le cerveau à l’endroit, ça l’a nettoyé de toute cette crasse, autour et dedans", dit l'un des personnages de Bis Repetita (pièce de Philippe Touzet - éditions Espaces 34), relatant son expérience de la prison alors qu'il n'était qu'un tout jeune homme.

    Article en ligne

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  • Lectures achevées et en cours...

    Parmi les ouvrages lus ces dernières semaines, en voici quelques-uns… Je n’ai pas écrit sur tous (ou pas encore) mais je les recommande vivement à la lecture, ça coule de source !

     

    *** Fiction

    Silences de Catherine Leblanc (Les Découvertes de la Lucioles, 2007) - un beau recueil de nouvelles, chez un petit éditeur à découvrir. article en ligne

    Chicago, je reviendrai de Gisèle Bienne (Médium de l’école des loisirs 2007) article en ligne 
    j'ajoute que Gisèle Bienne est aussi l'auteure d'un de mes "livres de chevet"...

    Paranoid Park de Blake Nelson (traduit de l'anglais par Daniel Bismuth, Hachette Littératures 2007) - le fameux roman dont Gus Van Sant s'est inspiré pour le film du même nom. Un bon roman pour grands ados et adultes, qui relate les tourments d'un jeune homme, seul face à un secret qui pèse lourd.

    La Rivière d'Annie Saumont, vu par Anne Laure Sacriste (Editions du chemin de fer 2007) - une nouvelle illustrée dont je reparlerai certainement.

    Faut-il croire les mimes sur parole ? de Céline Robinet (Au Diable Vauvert, 2007) - excellent recueil - Article en ligne

    *** Inclassables

    Imagier de Cécile Holveck (R-Editions 2007) - un "imagier" pour grands.

    Le chien de Nourreev d'Elke Heidenreich et Michael Sowa (traduit de l'allemand par Christine Lecerf, éditions Sarbacane)

    Le Mur, mon enfance derrière le rideau de fer, de Peter Sís (traduit de l’anglais par Alice Marchand, Grasset, 2007)

     

    *** Jeunesse

    8a81a1ba8a12eac35a0dc0b619b17037.jpgYllavu de Gambhiro Bhikkhu, illustrations de Samuel Ribeyron (Hongfei, 2007) j'en parle ici

    ça devait arriver de Gaëtan Dorémus (éditions Belize)

    Pas cochon de Christine Beigel (Gautier-Languereau)

    Mais qui a volé le maillot de la Maîtresse en maillot de bain ? de Lilas Nord et Carole Chaix (Après la lune jeunesse)

    Thésée  d'Yvan Pommaux (L'école des loisirs) - un bel album grand format.

    Le village aux mille trésors de Véronique Massenot et Joanna Boillat (Gautier-Languereau)

     

    *** Lectures en cours… à des stades plus ou moins avancés, que je livre en vrac...

    Servais des Collines d’Anne Percin (éditions Oskar 2007)

    Entre dieu et moi, c’est fini de Katarina Mazetti (Gaïa 2007)

    Van Gogh – la biographie signée David Haziot , qui vient de paraître dans la collection Folio Biographie.

    Boris Vian et moi de Lou Delachair (Exprim' Sarbacane)

    Quoi de neuf chez les filles, entre stéréotypes et libertés de Christian Baudelot et Roger Establet (Nathan, l'enfance en questions)

    If you liked school, you'll love work de Irvine Welsh (J. Cape 2007) auteur dont je recommande TOUS les livres... dont Une ordure, qui vient de paraître en poche.

    Le 3e tome (paru ce mois) de la série signée Stephenie Meyer, composée de Fascination, Tentation et Hésitation (Hachette roman jeunesse, collection Black Moon, traduit de l’anglais par Luc Rigoureau) – je le lis dans sa version anglaise, of course (Twilight, New Moon, Eclipse). Incontournable quand on a commencé le premier tome... (il suffit de me parler de vampires pour que je me laisse tenter...)

    Je ne dresse pas la liste de ceux qui attendent.

    Pour finir, quelques mots sur...

     

    aa3d7c113af70341bd31a9cf7bc89430.jpgMon cher ennemi de Yang Zhengguang, traduit du chinois et annoté par Raymond Rocher et Chen Xiangrong, Bleu de Chine, 2007

    Lao Dan, un vieux paysan qui se morfond auprès de son fils célibataire endurci (bon garçon soumis à son tyran de père), cherche à pallier son ennui et redonner un sens à sa vie… il s’invente pour cela un ennemi, sans raison apparente, et son choix se porte sur Zhao Zhen, trafiquant de femmes (entre autres), dont les affaires florissantes agacent le vieil homme. Mais le jour où Zhao Zhen revient accompagné d’une jeune femme d’une province voisine, Lao Dan se met en tête de marier son fils et les rapports de force se voient bouleversés… Entre farce tragi-comique et fable absurde, Mon cher ennemi relate une suite de mésaventures (certes entrecoupée de succès éphémères) qui se concentre sur un personnage entêté, à l’esprit tordu, cocasse et irritant à souhait. Tout se déroule à huis clos ou presque, dans ce court roman satirique et pourtant très réaliste, qui en dit long sur les idiosyncrasies et les caprices de l’esprit humain, qui a toujours besoin d'un "autre" pour se définir. B. Longre (novembre 2007)

    http://www.bleudechine.fr/

     

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