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  • William Sydney Graham, Les Dialogues obscurs

    w.s. graham,anne-sylvie homassel,black herald press,blandine longre,paul stubbs,critiques,librairies,poésiePlusieurs articles parus ces derniers temps à propos du recueil de poèmes choisis de l'Ecossais Graham (le tout premier en français), qu'Anne-Sylvie Homassel et moi-même avons traduit. 


    Un article de Romain Verger dans l'Anagnoste

    "J’imagine combien l’exercice de traduction, compliqué par la nature du langage poétique, l’a sans doute été plus encore ici, car la langue de Graham est truffée de ruptures de construction, de collisions d’images déroutantes ; il évoquait d’ailleurs sa poésie comme «une architecture d'associations»."


    Un article de Nathalie Riera (les Carnets d'Eucharis)

    "Pour écrire, il y a des lumières et des obscurités à emprunter de tous côtés, des dialogues à saisir, qui nous parlent d’Etre et de non-être, peut-être pour nous inciter à davantage de rêveries, de relâchements. Ces dialogues obscurs n’ont rien de mystique : ils nous laissent entrevoir une autre dimension de nous-mêmes, issus d’un ici et maintenant non dénué de singularité. La poésie ne doit pas rester parmi les mots. Elle doit emprunter au monde réel, et non au rempart de la pensée conceptuelle. Mais « Si ce lieu où j’écris est réel alors/Il me faut être allégorique »."


    L'ouvrage figure également parmi les coups de coeurs de la librairie Charybde (Paris) - lecture de Hugues Robert sur leur site

    "Une occasion rare de découvrir, dans une édition impeccable et totalement bilingue (même les préface, postface et chronologie sont présentées dans les deux langues), ce poète écossais mort en 1986, longtemps assimilé peu ou prou aux néo-romantiques (Dylan Thomas), qu'il fréquente beaucoup en effet dans l'immédiat après-guerre, avant d'émigrer vers la Cornouaille, y alternant les longs séjours avec de brèves incursions londoniennes jusqu'à son décès, étant devenu entre temps, en quelque sorte, le "protégé" éditorial de T.S. Eliot."


    Un article de Jean-Pierre Longre, sur son blog:

    "Selon Paul Stubbs, d’ailleurs, si cette publication est d’abord destinée à faire connaître cette œuvre aux lecteurs français, elle doit aussi permettre au poète « de se libérer de certaines comparaisons littéraires des plus superflues »… Propos quelque peu polémique mais pertinent, qui insiste sur le fait que la traduction est une mutation, une réadaptation de la poésie dans une langue différente, qui lui permet de sortir de son « insularité »."


    Lire un poème de Graham publié dans l'Anthologie d'un jour du site Terres de Femmes (Angèle Paoli), le 9 novembre dernier.

     

    Ecouter le poète lire certains de ses textes (enregistrement du 23 octobre 1979)

     

    ****

    Le recueil, dont on doit la postace au poète britannique Paul Stubbs, et l'introduction à Michael Snow, ami du poète, est disponible dans plusieurs librairies (voir ici : http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/ou directement depuis le site de l'éditeur:

    http://blackheraldpress.wordpress.com/books/les-dialogues-obscurs-the-dark-dialogues-w-s-graham/


    Les Dialogues obscurs — W.S. Graham
    Poèmes choisis

    Traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel & Blandine Longre
    Introduction de Michael Snow / Postface de Paul Stubbs
    recueil bilingue
    Black Herald Press, 2013
    174 pages - 14 - isbn 978-2-919582-07-5


    w.s graham, anne-sylvie homassel, black herald press, blandine longre, paul stubbs, critiques, librairies, poésie

    (William) Sydney Graham (1918-1986) with his painting on glass.
    by Michael Seward Snow, bromide print from original negative, 1958 © Michael Seward Snow.



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  • Archivages... again.

    De "nouveaux" articles désormais en ligne sur la nouvelle version de sitartmag.

    colapinto3.jpgAbout the author, de John Colapinto - Fourth Estate, 2002

    Auteur en sursis - traduit de l’anglais par Cécile Arnaud - Belfond, 2003

     

    La poursuite de la célébrité peut se décliner de multiples façons, souvent sur le mode satirique. Avec About the author, les amateurs de suspense et d'humour trouveront leur compte, car ce premier roman (palpitant, admettons-le) ne manque pas d'efficacité (on serait tenté de dire "à l'américaine"). Mais sous des dehors de thriller littéraire un peu facile, le récit est avant tout une confession angoissée, écrite dans l'urgence par un homme qui a longtemps caché son jeu, et qui a donc beaucoup à nous apprendre : Cal Cunningham revient ainsi sur ses pas et raconte comment, fraîchement sorti de l'université, il s'installe à Manhattan dans l'espoir de devenir écrivain, mais surtout, "célèbre". LIRE LA SUITE

     

    kaikisen3.jpgKaikisen, retour vers la mer
    Satoshi KON
    - Casterman, collection Sakka, 2004

     

    S'inspirant d'une mythologie poétique qui prête à l'ondine (représentée ici sous les traits de la femme-poisson, telle que nous la connaissons) des pouvoirs sur la mer et ses créatures, Kaikisen se présente comme un manga émouvant, palpitant et engagé, dont l'action se déroule à Amidé, une petite ville côtière imaginée par l'auteur, et qui s'accroche à son passé tout en essayant de s'adapter à une modernité galopante, avec la promesse d'un essor économique sans précédent. L'histoire débute sur un œuf mystérieux dont Yôsuké, un jeune homme rêveur et respectueux des traditions, sera bientôt l'unique gardien, comme l'est encore son grand-père, prêtre Shintô. LIRE L'ARTICLE

    choe1.gifPoétique de la soif de Ch’oe Yun
    récits traduits du Coréen par l'auteure et Patrick Maurus - Actes Sud, 1999

    Dans cet ouvrage sont regroupés quatre récits écrits à différentes périodes, mais ayant pour dénominateur commun la Corée du "miracle économique" et les répercussions dévastatrices de ces changements sur l'individu et la société entière. Une tristesse ineffable semble adhérer aux êtres qui ont un profond sentiment de solitude dans des foules anonymes : ils intériorisent leurs émotions, ne parvenant pas à communiquer dans un monde clos et oppressant. Par bonheur, l'écriture ouvragée de Ch'oe Yun leur permet d'exister et de révéler leurs peurs et leurs rêves, leurs lâchetés et leurs courts bonheurs : une écriture alambiquée, une prose empreinte d'une poésie mouvementée qui illumine les récits. LIRE LA SUITE

    christophedufosse1.gifL'heure de la sortie de Christophe Dufossé
    Denoël, 2002 - Folio Gallimard, 2004

    Les enseignants seraient-ils des créatures à part ? A en croire Christophe Dufossé, ils formeraient une catégorie atypique, une espèce sclérosée et obnubilée par des relents d'enfance, et pourtant en tous points génétiquement semblables aux autres humains... C'est du moins le point de vue, non pas tant énoncé qu'esquissé, qui domine ce sombre roman. L'histoire est racontée par l'esprit en perdition d'un jeune professeur de français, Pierre Hoffman, qui porte un regard désabusé, cynique mais aussi très amusant sur la profession, une vision amère mais teintée de drôlerie du microcosme de la salle des profs de son collège : des descriptions et des remarques peu flatteuses qui sonnent juste de bout en bout, en dépit d'un penchant à noircir allègrement le tableau. LIRE LA SUITE

    charlesmasson3.jpgSoupe froide de Charles Masson
    Casterman, Écritures, 2003

    Quand frappe l'hiver, on a tous quelques pensées fugaces pour les plus démunis ; les journaux et les radios se chargent de nous le rappeler et entonnent une litanie (c'est la faute à la froidure...) qui, à force d'être répétée, perd de son sens et devient, comme beaucoup d'autres sujets, une façon de combler le vide. La mauvaise conscience refait surface, mais tout s'efface très vite des esprits qui habitent des corps à l'abri du froid, de la faim et de la déchéance. L'ouvrage de Charles Masson est exemplaire, car il force le lecteur à l'intimité d'un rude face à face... LIRE LA SUITE

     

    genevievebrisac6.jpgAngleterre, de Geneviève Brisac
    Médium de L’Ecole des Loisirs, 2005

     

    Les parents d’Adélaïde décident de l’envoyer en séjour linguistique sans l’avoir consultée au préalable (pour des raisons d'abord obscures), la toute jeune fille est révoltée – et se plie malgré tout à l’autorité parentale… Quand elle arrive en Angleterre, elle va de surprises en déconvenues, portant un regard critique sur tout et sur tous – transformant ainsi certaines scènes au demeurant banales en une comédie très acide : la famille d’accueil en prend pour son grade, mais les Français qui l’accompagnent aussi. LIRE LA SUITE

     

    deltenre1.jpgLa cérémonie des poupées de Chantal Deltenre - Maelström, 2005

    Tout fait sens dans ce palpitant roman, d’un bout à l’autre du récit de Keiko qui relate son séjour au Japon – un pays qu’elle ne connaissait pas en dépit de ses origines. Elle le découvre aux côtés de Pierre, son ami français que la langue et la culture japonaises fascinent. Cela fait maintenant un an qu’ils se sont installés dans un petit appartement, à Tokyo, un lieu que Keiko s’est approprié avec une férocité dont elle seule a conscience (« m’arracher à l’appartement m’est devenu aussi douloureux qu’une amputation »), sacralisant secrètement l’endroit et engageant, au quotidien, un dialogue muet avec les objets et les meubles qui étaient déjà là lors de leur emménagement... LIRE LA SUITE

    loupsarbacane3.jpgUn LOUP peut en cacher un autre
    collectif d'illustrateurs - textes de François David - Sarbacane, 2006

    Après l’éléphant, un animal autrement plus ambivalent a été retenu par les éditions Sarbacane pour ce deuxième album grand format, qui réunit une trentaine d’illustrateurs, et dont le fil conducteur est une nouvelle fois offert par François David et ses poèmes – en regard de chacune des créations graphiques. Un bel éventail, donc, qui permet à la fois de (re)découvrir des artistes et d’observer le loup à travers le prisme d’univers imaginaires forcément très hétérogènes. LIRE L'ARTICLE

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  • Revue décapage

    87a10e3e1be187de74284172383f9a4c.jpgA paraître le 24 janvier prochain : le dernier numéro de DECAPAGE, revue littéraire trimestrielle (éditions de La Table Ronde). Des chroniques, des traductions, des nouvelles et un mini-dossier très instructif sur les lettres de refus reçues par quelques auteurs (Stéphane Audeguy, Patrick Goujon, Serge Joncour, etc.), que ces derniers interprètent à leur façon...

    revuedecapage.blogspot.com/ ou www.myspace.com/revuedecapage

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  • La Joie par les livres rejoint la BnF

    b6ef5f3c3ea9553eab9341827f29f926.jpgLe conseil d’administration de la Bibliothèque nationale de France a approuvé l’intégration à la BNF des équipes et des activités de l’association "Les amis de la Joie par les livres", à compter du 1er janvier 2008. L’association, créée en 1972, a pour mission de "favoriser la promotion de la lecture publique au sein de la jeunesse, d’entreprendre toutes activités et expériences de création ou d’expression reliées à la lecture des jeunes, de conduire des actions contractuelles dans son domaine de compétences", et développe quatre types d’activités : la gestion d’un centre de ressources "Centre national du livre pour enfants La Joie par les livres", et d'un portail documentaire www.lajoieparleslivres.com, des publications consacrées à la production éditoriale pour la jeunesse et à la lecture des enfants et des jeunes, des formations pour les professionnels et les médiateurs du livre jeunesse, des actions de coopération, en particulier internationales, etc.

    e6b4589f03c8c163d90b642526c7655d.jpgLa Joie par les livres publie, entre autres, La revue des livres pour enfants

    Dernier numéro paru : n° 237, novembre 2007
    Sélection annuelle (incontournable !)

    une sélection de plus de 800 titres parmi les presque 10.000 reçus au Centre de ressources entre septembre 2006 et septembre 2007, dans un numéro tout en couleurs avec la reproduction des couvertures de chaque titre, qui intègre une nouveauté cette année : une sélection de films disponibles pour les bibliothécaires.
    La Revue des livres pour enfants est consultable en texte intégral depuis le premier numéro de 1965, sauf les deux dernières années de parution.

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  • Quelques titres pour 2008 & sorties poches

    f1de6369937d8b99068d9c96af0edbbf.jpgEn ligne sur Sitartmag, quelques articles portant sur des romans à paraître début 2008.

    Les sept jours de Peter Crumb de Jonny Glynn (Panama)
    dont je parle déjà sur ce blog, plongée dans un univers mental déroutant.

    Du sang dans la sciure de Joe R. Lansdale (éditions du Rocher)
    Un roman lu il y a quelques années, en dont j'attendais la parution en français.

    Quant aux poches, plusieurs ouvrages dont nous avions déjà parlés : Fils unique de Stéphane Audéguy (Folio), Train 8017 d’Alessandro Perissinotto (Folio Policier), La neuvième vie de Louis Drax de Liz Jensen (J'ai Lu, février 2008), La vie aux aguets de William Boyd (Points Seuil, février 2008), Cahiers de la guerre et autres textes de Marguerite Duras (Folio, mars 2008), La joueuse d'échecs de Bertina Henrichs (Livre de poche, février 2008), Fenêtres sur rue de Jon McGregor (Rivages 2008), Samedi de Ian McEwan (Folio).

    Tous les articles sont ici  www.sitartmag.com/xbooknouveaux.htm

     

    c9f2e5f59520b641dd30e5f7f3a7e26d.jpgJe recommande aussi la lecture de La Langue du mensonge de Andrew Wilson (traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier), aux éditions Albin Michel, que j'avais lu en anglais.

    présentation de l'éditeur
    Adam Woods est un jeune diplômé en histoire de l’art. Gordon Crace, un vieillard excentrique, collectionneur d’art, qui vit reclus depuis vingt dans un somptueux palais vénitien en ruines. Entré au service de Crace en tant que secrétaire, Adam est fasciné par cet érudit capricieux et secret. Commence alors entre ces deux personnages un étrange jeu de confessions intimes d’où surgit le spectre de l’ancien amant de Crace, mort à vingt ans en 1967. Meurtre ? Suicide ? Adam, qui nourrit le rêve secret d’écrire la biographie de Crace, décide de connaître coûte que coûte la vérité sur cette disparition, enfreignant dangereusement les règles du jeu... un thriller vénéneux et subtil dans la lignée de Patricia Highsmith où Andrew Wilson excelle à faire vaciller toutes nos certitudes.
    http://www.albin-michel.fr

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  • Miniatures

    b89654156e86ebb3b79ae93ac126d4f4.jpgMiniatures de Youssouf Amine Elalamy - Editions Hors'champs (Casablanca)
    prix 12 €, Maroc 65 dh

    Portraits collés

    Recueil atypique et stimulant, Miniatures se compose de cinquante portraits hétéroclites, graves et/ou légers, de brefs tableaux vivants qui renforcent l'idée shakespearienne de l'existence comme une scène (l'auteur avouant en introduction aimer "l'idée d'un livre qui se donne en spectacle") sur laquelle se démènent des personnages pathétiques, amusants, effrayants ou tragiques, à tous les âges de la vie, issus de toutes catégories sociales : on y croise une comédienne obnubilée par le rôle d'Ophélie au point d’en mourir, un journaliste partageant une cellule avec de "vrais" criminels, le seul "trash artist" marocain, un jeune publicitaire sans scrupules, une institutrice battue par son mari et qui maltraite à son tour ses élèves, un enseignant islamiste "hypocrite pratiquant", un foetus ignorant du sort social qui l'attend, une secrétaire qui rêve de romantisme, une fillette que son grand frère rejoint la nuit, un "diplômé-chômeur", un cyber-dragueur, une jeune prostituée, un apprenti kamikaze qui rêve d'un glorieux destin... La société marocaine est ici passée au crible d'une plume acide et réjouissante, faussement neutre, et la satire n'est jamais loin, même lorsque l'auteur se contente de raconter très factuellement, avec un détachement délibéré, et d'accumuler des visions juxtaposées dévoilant avec acuité l'absurdité du monde et les contradictions de la condition humaine en général.

    Saynètes satiriques teintées d'un cynisme amusé, ces Miniatures de Youssouf Amine Elalamy révèlent donc les petits et les grands dysfonctionnements d'un monde entre tradition et modernité, saturé d'images contradictoires et de miroirs déformants, un monde qui oscille entre désespoir (lié au chômage, à la misère sexuelle, aux rapports faussés entre les hommes et les femmes...) et enthousiasme pour des progrès technologiques factices qui apportent un réconfort dérisoire et purement matérialiste ; l'auteur, ne pouvant prendre parti pour l'un ou pour l'autre, rejette avec la même intelligence et la même force à la fois les hypocrisies de l'obscurantisme traditionnel et la misère morale et/ou sociale qui l'accompagne, et la vision d'une humanité manufacturée et posée sur papier glacé — à l'image de Rochdi, ce golden boy qui imite maladroitement le modèle américain, de Btissam, une étudiante qui, ayant posé pour la couverture d'un magazine féminin, est maintenant prise au piège de sa propre image, ou de Soraya, qui "ne peut survivre sans porter de masque", victime d'une "crise de masquillage aiguë"...

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  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

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     Les Démons caca de Fabienne Loodts, Editions Esperluète, 15 euros.

    Vade retro…

    « Nous avons tous notre démon caca », raconte Fabienne Loodts, talentueuse auteure-illustratrice belge ; dans cette étonnante série de portraits pleine page exécutés au fusain, chaque personnage se retrouve affublé, en guise de couvre-chef, d’une étrange bestiole (démon grimaçant, dragon difforme, gargouille aux griffes acérées, gremlins en noir et blanc…), à la manière d’un ornement maléfique qui le suit partout où il va : ces diablotins sont l’incarnation de la noirceur que l’on porte en soi, et on peut accepter leur tyrannie, s’en accommoder, ou l’accueillir à bras ouverts, on peut aussi tenter de dissimuler son démon ou l’affronter violemment, en vain ; l’on choisira alors d’apprivoiser la bête et de minimiser son emprise par le biais d’un dialogue lucide…
    En dépit de son titre surprenant, cet ouvrage n’a rien de scatologique (hormis la malfaisance infantile et primaire de nos propres démons), et c’est d’abord un objet artistique remarquable où les textes, brefs et limpides, accompagnent les illustrations sous forme de légende. L’allégorie évoque quelque ancienne vision infernale, tel un bestiaire moyenâgeux remis au goût du jour –  et sous-entend l’idée que l’humain est bel et bien une créature hybride, capable du meilleur comme du pire, mais seule responsable de ses choix.
    © B. Longre

    www.esperluete.org/

    www.wesentlich.com/fabienne

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  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

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    Chroniques des quais, David Wojnarowicz, Ed.Désordres, trad. de l’anglais par Laurence Viallet

    La vie à vif

    C’est au cours de pérégrinations aux quatre coins des USA que David Wojnarowicz (écrivain, artiste militant de la scène underground, mort du Sida en 1992) a collecté de saisissants témoignages retranscrits sous forme de brefs monologues, l’écriture calquant habilement leur oralité originelle. Près d’une cinquantaine de voix anonymes, celles des laissés pour compte, orphelins d’une « amérique » dévoyée, confrontés à un ordinaire de violence (physique et morale) : jeunes fugueuses, prostitué(e)s, ex-taulards, travestis, routiers et vagabonds confient leurs errances, leurs dérives choisies ou non. A partir de ces lambeaux d’existences, instantanés sordides, paradoxalement cocasses et vivifiants, Wojnarowicz, porte-parole de la marge, fait rejaillir l’humanité, généralement déniée, de cette multitude invisible et tourmentée ; humanité qui prend le pas sur la subversion, l’impudeur ou l’obscénité de surface. Reflet inversé du capitalisme, ce strip-tease urbain vaut bien nombre d’études sociologiques.
    editions-desordres.com
    Entretien avec Laurence Viallet

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  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    638fa913e781d66332084f4095d620f3.jpgJ'ai récemment appris que le magazine TOC, mensuel indépendant et contributif, était sorti en kiosques pour la dernière fois en juin 2007.  Les numéros (le premier datant d'octobre 2003) sont néanmoins répertoriés dans leurs archives. J'avais contribué à quelques numéros dans la rubrique littérature en 2005-2006, en proposant des critiques d'ouvrages décalés ou souvent sous-médiatisés (lesquels sont toujours en bonne place sur mes étagères !) En voici déjà une, d'autres suivront - histoire de les faire partager à nouveau.

     

    04489fd9dae60794a5ba2f22e1bd3b73.jpgNorma de Maïa Brami, Editions Folie d’Encre, 2006 - 160 p. 15 euros.

     

    Fêlures

    Que fait Norma, maigrichonne de sept ans, crâne rasé sous une casquette qu’elle refuse d’ôter, dans un foyer pour enfants abandonnés ?  Et que lui veut Léo, adolescent rêveur et buté, réputé pour son comportement instable ? Le personnel du centre s’en méfie, surveille ses moindres faux pas, alors que Léo ne cherche qu’à prendre Norma sous son aile, à se perdre dans le regard de cette petite sœur rayonnante mais brisée, et à partager avec elle ses rêves de liberté.
    Maïa Brami écrit aussi pour la jeunesse mais dans ce roman, il n’est pas seulement question d’enfance abîmée : les adultes sont tout autant fragiles que les enfants dont ils ont la charge, leurs fêlures n’ayant pu s’atténuer avec le temps - le psychologue agressif, agacé par les silences de ses jeunes patients, la surveillante solitaire qui ne peut réfréner son mal d’enfant et qui perd le sens des réalités, la mère de Norma, attendant d’être jugée, ou bien celle de Léo, dont il se souvient avec terreur… Pour s’évader d’un univers loin d’incarner le réconfort attendu, les enfants forment des alliances implicites et se confient à leurs pairs, avec leurs mots à eux, plutôt que de répondre aux questions des adultes qui tentent de contrôler leurs amitiés ou leurs émotions.
    Un récit poignant, pudique, où s’entrecroisent des quêtes affectives dont il n’est pas certain qu’elles aboutissent, mais qui, libérées par les mots, ouvrent de nouveaux horizons aux personnages malmenés par l’existence. Sans misérabilisme ni mièvrerie, dans une langue exigeante, regorgeant d’heureuses trouvailles poétiques, l’auteure mêle la froideur du réel à la douceur accueillante des rêves, entre dialogues spontanés, tensions intérieures et douleurs muettes.
    Editions et librairie Folies d'encre, 9 Avenue de la Résistance, 93100 Montreuil
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  • La Promesse de Shanghai

    e8d4282884921315d2bbfe40ef3dd605.jpgUn roman que j'avais lu d'une traite, La Promesse de Shanghai, d'abord publié chez Bleu de Chine (une maison de qualité, dont l'excellent catalogue se trouve ici), vient se sortir en Babel. Son auteur, Stéphane Fière (qui vit en Chine depuis plusieurs années) propose depuis peu quelques chroniques en ligne sur un blog qu'il a intitulé "Chine Nouvelles" ; un site où il entend  parler "de la Chine ordinaire, celle que l'on cache habituellement et dont personne ne parle jamais; je prends des faits divers tirés de la presse chinoise et je "fictionnalise", c'est un peu comme du réel romancé ou de la fiction réaliste! tous les deux jours j'écris une courte nouvelle mais tout ce que j'invente est vrai, ou vraisemblable." On y retrouve le regard lucide et critique de La Promesse de Shanghai - pour découvrir la Chine sous son vrai jour...

    Article et entretien (mai 2006) avec S. Fière à lire sur Sitartmag.

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