Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Maïa Brami

  • Karpe diem...

    karmasutra.jpgKarma Sutra, 30 positions à fantasmer
    de Maïa Brami et Barroux

    Magellan & Cie, 2008

     

    Caractérisé par un humour léger et un ton vivifiant, cet ouvrage atypique, unique en son genre, énumère des positions sexuelles fantasques tout en égrenant quelques conseils (à ne pas suivre pour certains !) permettant de jouir au mieux de la rencontre amoureuse et/ou charnelle…

    Les textes, courts poèmes subtils qui évitent habilement l’écueil de la vulgarité, décrivent chaque acrobatique position (de celle du petit-beurre à celle du bourdon ardent…), et sont accompagnés d’illustrations graphiquement sobres, qui suggèrent plus qu’elles ne montrent – et, quand elles montrent, la fantaisie l’emporte haut la main. Attention, ne vous méprenez pas sur l’objectif de ce beau livre, qui prend le contrepied des guides et autres manuels susceptibles d’éradiquer toute spontanéité : ici, la lecture stimule avant tout le cerveau et l’imagination de chacun.
    (B. Longre, janvier 2009)

     

     

    Afin de mieux saisir la démarche des auteurs, quelques question posées à Maïa Brami, qui a bien voulu y répondre.

     

    Maïa Brami, comment est né ce projet ? De quelles envies ?

    Ce projet est né autour d’une table, dans un Café. Barroux et moi étions en train de travailler à un album jeunesse — « Goûte au moins » ed. Circonflexe, 2005 — quand il m’a confié son envie de dessiner des hommes et des femmes… tous nus ! Il a alors joint le geste à la parole et en découvrant son croquis sur la nappe un peu « naïf » proche du dessin d’enfant, j’ai compris que notre projet serait certes érotique mais traité sous un angle drôle et poétique. Dans une société où les cartes de St Valentin ont été remplacées par des canards vibrants, nous avons eu envie de rappeler aux gens que le désir est avant tout affaire d’imagination. D’où la phrase d’exergue tirée du film culte des Frères Cohen — The Big Lebowski : « Les gens oublient que le cerveau est la plus grande zone érogène », réplique lancée par le producteur de films porno joué par Ben Gazzara. 

     

    De quelle façon avez-vous procédé ? Les textes d’abord, les illustrations venant ensuite, ou bien l’inverse ou dans le désordre ?

    Après avoir parcouru le véritable Kama Sutra — hautement instructif et surtout d’une grande poésie ! —, je me suis dit qu’il serait amusant d’inventer des positions infaisables, surréalistes. Et très vite, je me suis aperçue qu’en prenant les mots au pied de la lettre — « s’envoyer en l’air » par exemple —, on arrivait à des situations cocasses. Chacun a ensuite apporté de l’eau au moulin. Nous avons essayé de veiller à ce qu’il y en ait pour tous les goûts ! De l’écriture proprement dite, je me souviens surtout de mes éclats de rires toute seule devant mon écran d’ordinateur ! Après avoir imaginé une trentaine de positions, Barroux a pris ses plus beaux pinceaux pour en peindre quelques-unes dans un style élégant et épuré — contours noirs et lavis ocre. Nous sommes ensuite allés démarcher les éditeurs.

     

    Justement, comment ce projet a-t-il été accueilli par les éditeurs ? Avez-vous eu des retours plutôt positifs dans l’ensemble ?

    Dans l’ensemble, les éditeurs se  sont bien amusés à la lecture, mais tous nous ont répondu qu’il n’entrait dans aucune case — N’est-ce pas pourtant le propre de tout projet artistique ?! Cependant, nous avons eu le choix entre Magellan & Co et un éditeur de littérature érotique, mais ça aurait cantonné le livre à un public d’avertis.

     

    Il est rare de parler de sexualité de façon aussi décalée. Des ouvrages qui traitent du rapport amoureux vous ont-ils inspirée, stimulée ou irritée ?

    Je trouve absurde toutes ces émissions télés et ces journaux qui réduisent le sexe à un plaisir égoïste qu’il faut assouvir à tout prix et par n’importe quel moyen — commercial de préférence —  au risque d’être taxé d’anormal ! Le sexe est avant tout langage, dialogue, jeu amoureux fondé sur une écoute et un don mutuels, où l’on n’a jamais fini de se surprendre et de s’amuser.

     

    À travers vos publications, vous êtes généralement associée à la littérature jeunesse (tout comme l’illustrateur Barroux). Pensez-vous que cet ouvrage marque un tournant dans votre travail ?

    Un tournant ? Je ne pense pas. Chaque projet m’apprend et m’empêche de tomber dans la répétition. De son côté, Barroux a publié des carnets de voyage qui visent un public adulte et il a pas mal travaillé pour la presse. Vous savez, ce qui me motive avant tout, c’est d’écrire, peu importe l’âge du lecteur pourvu qu’il y en ait un !

     

    http://www.barroux.info

     

    http://www.editions-magellan.com/

     

    Maïa Brami est aussi l'auteure de Norma, de Neuf mois par moi, et de nombreux ouvrages pour la jeunesse.

     

     

    *********************************

     

    9mois.jpg9 mois par moi de Maïa Brami et Karine Daisay, La Martinière, 2007

    Maïa Brami et Karine Daisay ont concocté un ouvrage réalisé avec soin, poétique et innovant, qui se démarque du journal intime traditionnel ou des multiples guides existants, un livre-cahier qui tient davantage du carnet de bord ; elles proposent ainsi aux futures mères (et ce sans exclure les pères) de mettre en mots et en images l’expérience de leur grossesse, en offrant poésie, citations, recettes traditionnelles, et guide des prénoms (venus du monde entier) qui sort des sentiers rebattus. Les décors monochromes, discrètement rehaussés de collages et d’illustrations très sobres, qui évoquent pour la plupart vie végétale et animale, permettront de faire sien ce cahier où tout reste évidemment à écrire (et/ou à coller). Une belle incitation à la création, à la réflexion, à la rêverie et, plus tard, aux réminiscences.
    B. Longre (mars 2007)

    barroux.jpgMon poisson rouge de Barroux, Nathan, 2006

    Quoi de plus banal et d'ennuyeux qu’un poisson rouge qui tourne dans son bocal ? Ce n’est pourtant pas l’avis de Barroux, pour qui le poisson rouge peut devenir un fabuleux animal de compagnie… à condition de faire preuve d’imagination ! Le poisson en question est costaud, curieux et téméraire (mais pas trop…), il aime chanter, se déguiser, nager (de préférence en piscine), mais par contre, il mange comme un cochon, attrape des coups de soleils et a plutôt mauvaise mémoire… On peut le consoler quand il a peur la nuit et lui offrir son amour, ce qui lui permettra d’atteindre un âge canonique. Barroux signe là son premier ouvrage en tant qu’auteur-illustrateur, un album cocasse et décalé qui enchante les jeunes lecteurs ; de belles illustrations (entre peinture et gravure), des coloris vifs et contrastés, pour le portrait original d’un petit poisson en définitive très attachant…
    B.L. (février 2006)

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone, Poésie 3 commentaires 3 commentaires
  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    638fa913e781d66332084f4095d620f3.jpgJ'ai récemment appris que le magazine TOC, mensuel indépendant et contributif, était sorti en kiosques pour la dernière fois en juin 2007.  Les numéros (le premier datant d'octobre 2003) sont néanmoins répertoriés dans leurs archives. J'avais contribué à quelques numéros dans la rubrique littérature en 2005-2006, en proposant des critiques d'ouvrages décalés ou souvent sous-médiatisés (lesquels sont toujours en bonne place sur mes étagères !) En voici déjà une, d'autres suivront - histoire de les faire partager à nouveau.

     

    04489fd9dae60794a5ba2f22e1bd3b73.jpgNorma de Maïa Brami, Editions Folie d’Encre, 2006 - 160 p. 15 euros.

     

    Fêlures

    Que fait Norma, maigrichonne de sept ans, crâne rasé sous une casquette qu’elle refuse d’ôter, dans un foyer pour enfants abandonnés ?  Et que lui veut Léo, adolescent rêveur et buté, réputé pour son comportement instable ? Le personnel du centre s’en méfie, surveille ses moindres faux pas, alors que Léo ne cherche qu’à prendre Norma sous son aile, à se perdre dans le regard de cette petite sœur rayonnante mais brisée, et à partager avec elle ses rêves de liberté.
    Maïa Brami écrit aussi pour la jeunesse mais dans ce roman, il n’est pas seulement question d’enfance abîmée : les adultes sont tout autant fragiles que les enfants dont ils ont la charge, leurs fêlures n’ayant pu s’atténuer avec le temps - le psychologue agressif, agacé par les silences de ses jeunes patients, la surveillante solitaire qui ne peut réfréner son mal d’enfant et qui perd le sens des réalités, la mère de Norma, attendant d’être jugée, ou bien celle de Léo, dont il se souvient avec terreur… Pour s’évader d’un univers loin d’incarner le réconfort attendu, les enfants forment des alliances implicites et se confient à leurs pairs, avec leurs mots à eux, plutôt que de répondre aux questions des adultes qui tentent de contrôler leurs amitiés ou leurs émotions.
    Un récit poignant, pudique, où s’entrecroisent des quêtes affectives dont il n’est pas certain qu’elles aboutissent, mais qui, libérées par les mots, ouvrent de nouveaux horizons aux personnages malmenés par l’existence. Sans misérabilisme ni mièvrerie, dans une langue exigeante, regorgeant d’heureuses trouvailles poétiques, l’auteure mêle la froideur du réel à la douceur accueillante des rêves, entre dialogues spontanés, tensions intérieures et douleurs muettes.
    Editions et librairie Folies d'encre, 9 Avenue de la Résistance, 93100 Montreuil
    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire