Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

TOC

  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    4230774d71760429b57635758345bd8d.jpg

     Les Démons caca de Fabienne Loodts, Editions Esperluète, 15 euros.

    Vade retro…

    « Nous avons tous notre démon caca », raconte Fabienne Loodts, talentueuse auteure-illustratrice belge ; dans cette étonnante série de portraits pleine page exécutés au fusain, chaque personnage se retrouve affublé, en guise de couvre-chef, d’une étrange bestiole (démon grimaçant, dragon difforme, gargouille aux griffes acérées, gremlins en noir et blanc…), à la manière d’un ornement maléfique qui le suit partout où il va : ces diablotins sont l’incarnation de la noirceur que l’on porte en soi, et on peut accepter leur tyrannie, s’en accommoder, ou l’accueillir à bras ouverts, on peut aussi tenter de dissimuler son démon ou l’affronter violemment, en vain ; l’on choisira alors d’apprivoiser la bête et de minimiser son emprise par le biais d’un dialogue lucide…
    En dépit de son titre surprenant, cet ouvrage n’a rien de scatologique (hormis la malfaisance infantile et primaire de nos propres démons), et c’est d’abord un objet artistique remarquable où les textes, brefs et limpides, accompagnent les illustrations sous forme de légende. L’allégorie évoque quelque ancienne vision infernale, tel un bestiaire moyenâgeux remis au goût du jour –  et sous-entend l’idée que l’humain est bel et bien une créature hybride, capable du meilleur comme du pire, mais seule responsable de ses choix.
    © B. Longre

    www.esperluete.org/

    www.wesentlich.com/fabienne

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire
  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    33a8585a0870df274e2fd6a3bb8c9fa8.jpg

    Chroniques des quais, David Wojnarowicz, Ed.Désordres, trad. de l’anglais par Laurence Viallet

    La vie à vif

    C’est au cours de pérégrinations aux quatre coins des USA que David Wojnarowicz (écrivain, artiste militant de la scène underground, mort du Sida en 1992) a collecté de saisissants témoignages retranscrits sous forme de brefs monologues, l’écriture calquant habilement leur oralité originelle. Près d’une cinquantaine de voix anonymes, celles des laissés pour compte, orphelins d’une « amérique » dévoyée, confrontés à un ordinaire de violence (physique et morale) : jeunes fugueuses, prostitué(e)s, ex-taulards, travestis, routiers et vagabonds confient leurs errances, leurs dérives choisies ou non. A partir de ces lambeaux d’existences, instantanés sordides, paradoxalement cocasses et vivifiants, Wojnarowicz, porte-parole de la marge, fait rejaillir l’humanité, généralement déniée, de cette multitude invisible et tourmentée ; humanité qui prend le pas sur la subversion, l’impudeur ou l’obscénité de surface. Reflet inversé du capitalisme, ce strip-tease urbain vaut bien nombre d’études sociologiques.
    editions-desordres.com
    Entretien avec Laurence Viallet

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 0 commentaire 0 commentaire
  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    638fa913e781d66332084f4095d620f3.jpgJ'ai récemment appris que le magazine TOC, mensuel indépendant et contributif, était sorti en kiosques pour la dernière fois en juin 2007.  Les numéros (le premier datant d'octobre 2003) sont néanmoins répertoriés dans leurs archives. J'avais contribué à quelques numéros dans la rubrique littérature en 2005-2006, en proposant des critiques d'ouvrages décalés ou souvent sous-médiatisés (lesquels sont toujours en bonne place sur mes étagères !) En voici déjà une, d'autres suivront - histoire de les faire partager à nouveau.

     

    04489fd9dae60794a5ba2f22e1bd3b73.jpgNorma de Maïa Brami, Editions Folie d’Encre, 2006 - 160 p. 15 euros.

     

    Fêlures

    Que fait Norma, maigrichonne de sept ans, crâne rasé sous une casquette qu’elle refuse d’ôter, dans un foyer pour enfants abandonnés ?  Et que lui veut Léo, adolescent rêveur et buté, réputé pour son comportement instable ? Le personnel du centre s’en méfie, surveille ses moindres faux pas, alors que Léo ne cherche qu’à prendre Norma sous son aile, à se perdre dans le regard de cette petite sœur rayonnante mais brisée, et à partager avec elle ses rêves de liberté.
    Maïa Brami écrit aussi pour la jeunesse mais dans ce roman, il n’est pas seulement question d’enfance abîmée : les adultes sont tout autant fragiles que les enfants dont ils ont la charge, leurs fêlures n’ayant pu s’atténuer avec le temps - le psychologue agressif, agacé par les silences de ses jeunes patients, la surveillante solitaire qui ne peut réfréner son mal d’enfant et qui perd le sens des réalités, la mère de Norma, attendant d’être jugée, ou bien celle de Léo, dont il se souvient avec terreur… Pour s’évader d’un univers loin d’incarner le réconfort attendu, les enfants forment des alliances implicites et se confient à leurs pairs, avec leurs mots à eux, plutôt que de répondre aux questions des adultes qui tentent de contrôler leurs amitiés ou leurs émotions.
    Un récit poignant, pudique, où s’entrecroisent des quêtes affectives dont il n’est pas certain qu’elles aboutissent, mais qui, libérées par les mots, ouvrent de nouveaux horizons aux personnages malmenés par l’existence. Sans misérabilisme ni mièvrerie, dans une langue exigeante, regorgeant d’heureuses trouvailles poétiques, l’auteure mêle la froideur du réel à la douceur accueillante des rêves, entre dialogues spontanés, tensions intérieures et douleurs muettes.
    Editions et librairie Folies d'encre, 9 Avenue de la Résistance, 93100 Montreuil
    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire