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Panama

  • Jonny Glynn

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    The Seven Days of Peter Crumb de Jonny Glynn - Portobello Books, 2007

    Les sept jours de Peter Crumb - traduit de l'anglais par Alain Defossé - Panama, janvier 2008

     

     

    Toute humanité gardée

     

    The Seven Days of Peter Crumb a l’ambition de remonter aux origines du mal et de la noirceur humaine, ici incarnée par un anti-héros dont la schizophrénie s’inscrit dans le texte lui-même. Des bribes d’humanité subsistent pourtant dans le parcours chaotique (sur sept journées, on l’aura compris) de Peter Crumb – dont on notera le patronyme, qui évoque automatiquement, en anglais, l’émiettement et la désagrégation, l’idée d’un morcellement en lien direct avec la dualité qui l’habite. Car avant d’être un individu à la merci de pulsions meurtrières (avec lesquelles on fera connaissance dans le détail), Peter est aussi un homme en souffrance, pathétique et désespéré, dont les crimes sont gratuits mais indispensables à l’évolution du récit.


    Le roman n’est pas ici un grand défouloir complaisant (comme pourraient le paraître certains romans d’Irvine Welsh ou American Psycho de Brett Easton Ellis) et même si quelques passages sembleront insoutenables à certains lecteurs, autant dire qu’on a vu pire… Car chaque épisode durant lequel la folie l’emporte sur la raison s’explique et les égarements de Peter s’apparentent à des passages à l’acte inévitables. Par ailleurs, sur le plan narratif, la dérive existentielle du héros est contrôlée, soutenue par une trame ultra construite, étayée par des rebondissements soigneusement préparés et une écriture qui parvient à donner l’illusion d’un discours intérieur obsessionnel crédible, en total accord avec le personnage. Brutalité et compassion, horreur et mélancolie se côtoient et s’entrecroisent sans répit, à l’image de Peter Crumb, qui ne cesse de changer de masque et de se désolidariser ou non de l’espèce humaine, dont il parle souvent dans des termes peu flatteurs.


    La plongée dans cet univers mental terrifiant n’est pas un éloge de la folie mais permet d’illustrer la nature fluctuante du bien et du mal, des notions qui se posent ici en termes relatifs. La lecture n’est pas de tout repos, il faut l’avouer (même si le roman s’avale d’une traite) mais reste fortement conseillée, car elle permet de se confronter à ses propres démons et errances, et de faire connaissance avec une construction littéraire qui exerce à la fois de la fascination, de la répulsion, mais qui met aussi à l’épreuve notre aptitude à l’empathie.
    Blandine Longre

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 0 commentaire 0 commentaire