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  • Littérature pour ados - suite

    4d5741cc04485ab22e290ec1c1b6b43b.jpgSuite à la réponse du Monde des livres et à l'émission dédiée au roman pour ados, diffusée sur France Culture, voici le point de vue de Fabrice Vigne, auteur, qui avait réagi ici. Je le remercie vivement pour son compte-rendu et ses remarques.

    "J'ai écouté l'émission sur France-Culture vendredi dernier (en faisant la vaisselle et la cuisine), je vous livre mes impressions.
    Chacun a joué son rôle, chacun était dans sa partie... Après tout, le débat n'était pas neuf, donc il ne s'agissait que de réaffirmer publiquement les choses. Marion Faure avait bétonné son dossier, elle a peu parlé mais sa défense était parfaitement au point. Annick Lorant-Joly était très bien, très posée, élevant le débat par la longue durée historique quand il le fallait. Thierry Magnier a comme toujours magnifié (magnier-fié) la mission de l'éditeur, avec intelligence et dignité, mais il me semble qu'il était moins offensif que d'habitude. Sans doute les démêlés judiciaires lui pèsent-ils. Bon courage...
    La seule que j'ai trouvée faiblarde est l'animatrice de l'émission : l'aveu candide de son ignorance absolue de ce qu'est la "littérature jeunesse" était pénible, embarrassant pour elle. Qu'on commence par les lire, ces livres, avant de discuter, bon sang ! Ceci ne révèle rien d'autre que le désert médiatique qui l'entoure, cette pauvre littérature jeunesse. On ne s'intéresse à elle que quand elle se fait remarquer par la censure, c'est consternant.
    Au fond, la seule question vraiment dérangeante qu'a posée l'animatrice, était "Puisque les adolescents sont capables de tout lire, à quoi bon une littérature qui s'adresse à eux ?" Voilà une vraie question de fond qui mériterait qu'on réfléchisse, qu'on polisse les arguments, et qu'on discute longuement, au-delà d'un simple plateau radio de 3/4 d'heure rendu superficiel par les circonstances.
    Bien sûr, personne n'a vraiment répondu à cette question-là. Alors, c'est quoi, la "littérature jeunesse" ?
    J'ai failli casser un verre (oui, je faisais la vaisselle) quand j'ai entendu Marie-Aude Murail expliquer ce que devait être la littérature jeunesse : un produit de consommation consensuel pour la famille, "comme un téléfilm en prime time" (sic). Gargl ! Plutôt crever, dans ce cas, que d'être personnellement assimilé à de la littérature jeunesse ! J'adore ça, la "littérature jeunesse", mais seulement parce que j'aime la littérature tout court qu'il y a dedans. Or, la littérature est un champ gigantesque qui a toujours fait cohabiter, en plus ou moins bonne intelligence, la consommation consensuelle "prime time", et l'underground caché à découvrir tout seul, par la bande, par la bibliothèque, par le bouche-à-oreille, en secret, en silence, et surtout sans sa famille. La littérature qui m'intéresse, celle que je lis, celle que j'écris, fait au contraire partie des choses à même de nous venger, de nous consoler, de nous émanciper, ou au minimum de nous divertir, de notre famille. Et de nous en donner une autre.
    Fabrice Vigne, le 29.12.2007

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  • L'Amourier - Lectures en ligne

    7ef3128995185f621a61c8e2f2624938.jpgLes éditions de l'Amourier, en sus de leurs parutions habituelles, proposent depuis peu des textes à télécharger gratuitement depuis leur site Internet, des livres du fonds en relation avec leur actualité éditoriale. Deux textes sont déjà disponibles : Je est un autre de Joël Clerget et Comme des pas qui s'éloignent d'Alain Freixe (qui vient par ailleurs de publier Dans les ramas.)
    On peut aussi lire en ligne le dernier numéro de Basilic, la gazette de l'Association des Amis de l'Amourier (dont un exemplaire de la version papier est adressé gratuitement, dès parution, à chaque acheteur). Dans le numéro 28, on découvrira de courts textes inédits de Marie-Claire Bancquart, Jean-Marie Barnaud, Jérôme Bonnetto, et Claudine Galea.

     

    Chez ce même éditeur, je suis en train d'achever Si j'ai une âme, de Vincent Peyrel, un récit captivant dont je reparlerai prochainement.

    http://amourier.com

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  • Promouvoir la lecture... autrement.

    ef325a972e6b832884cdc66cb78b09ce.jpgLa littérature est avant tout une affaire de mots. Il reste que les auteurs et/ou les éditeurs empruntent parfois des voies atypiques pour annoncer ou accompagner la sortie de leurs ouvrages, s'appropriant des supports jusqu'alors réservés au cinéma ou à la musique. A titre d'exemple, Antoine Dole, dont le roman Je reviens de mourir paraît en janvier aux éditions Sarbacane dans la collection Exprim, propose en ligne une bande-annonce qui  familiarisera le lecteur potentiel à l'univers de son récit, qu'il présente comme une "fable noire sur la collision de deux trajectoires "

     
    Pour l'auteur, cette démarche va de pair avec le contenu et la forme de son roman ; voici ce qu'il en dit : "De plus en plus la jeune littérature puise ses influences dans la musique, le cinéma, les séries télés. L'impact populaire bouscule les préjugés élitistes et intellectuels. Les codes changent, évoluent : l’écriture devient orale, dans la trajectoire d’un métissage urbain et culturel où les récits se construisent dans une dynamique poétique et organique. Langue fracturée, reconstruite, libérée, décomplexée : le verbe, mué en véritable outil générationnel, s’acoquine à la culture du bitume, implacable et cassante, pour en traduire l’essence. (...) Dans ce nouveau paysage éditorial, les éditions Sarbacane et la collection Exprim’ font un travail singulier, basé sur des textes urbains nourris de ces énergies." Dans le même esprit, la musique n'est jamais absente des romans Exprim, avec une bande-son qui "inaugure chacun de leurs ouvrages, reflet de la rythmique des différents univers qui cadencent la collection."

    35665ff77d5ea4bf372c3891e651bea4.jpgMême si elle n'est pas encore développée en France, l'idée de la bande-annonce littéraire n'est pas nouvelle - elle nous vient surtout des USA, où les éditeurs estiment que les "booktrailers" permettent de s'attirer un public plus large et incitent à lire davantage. Ainsi, on trouvera en ligne la bande-annonce du premier roman d'Alexandra Sokoloff, The Harrowing (St Martins Press, à paraître en français), un clip réalisé à l'occasion de la parution en poche, qui restitue bien l'atmosphère du roman, sans trop en dire (contrairement à la plupart des trailers cinématographiques, qui donnent l'impression de visionner le film en accéléré). Là encore, les choses sont suggérées et titillent la curiosité du lecteur/spectateur, sans forcément imposer une "lecture" (pas plus qu'une 4e de couverture, en tout cas.)

    http://fr.youtube.com/watch?v=bFpRLP_2J1A

     

    af06afa90260cac3ca1fc53415650653.jpgD'autres auteurs proposent des présentations originales, sous forme de puzzle narratif, comme Virgile Durand, dont le premier roman, Ces gens-là, paraît chez Plon en janvier. En allant sur www.myspace.com/virgiledurand, on découvre que chacun de ses personnages possède une page myspace, une façon de prolonger leur virtualité sur la toile, au-delà du récit lui-même.

    C'était déjà le cas de l'auteur Will Davis, qui a créé une page pour Jaz et une autre pour Al, les personnages de My Side of the Story (Bloomsbury), et de Cynthia Leitich Smith, auteure de Tantalize (Candlewick), avec ses personnages Kieren et Quincie (des pages plus élaborées que les précédentes, qui trompent habilement de nombreux internautes croyant avoir à faire à de "vraies" personnes...). Des prolongements de l'ordre du divertissement, évidemment, mais qui révèlent aussi comment la littérature parvient à investir d'autres supports, et à s'en nourrir, tout en brouillant les pistes, parfois, entre le réel et le virtuel. Il est fort possible que ces promotions d'un nouveau genre se populariseront rapidement. Du côté des bandes-annonces européennes, les Italiens et les Espagnols ont déjà lancé le mouvement depuis quelque temps (voir ici ou ).

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  • Autour des mots - 2

     Des ouvrages qui nous racontent la vie des mots.

    615a56849b12dccaec63563a4b335a7f.jpgAux petits oignons ! d’Orlando de Rudder, Larousse

    Ce dictionnaire sous-titré « cuisine et nourriture dans les expressions » témoigne à la fois de la vitalité et de la richesse de notre langue, et de la qualité jamais démentie de la collection « Le souffle des mots », dans laquelle d’Orlando de Rudder signe aussi In Vino Veritas. L’auteur, justement, affirme d’emblée son amour des bonnes choses, qu’elles soient littéraires ou culinaires – « la nourriture de l’esprit est comme celle du corps » - et on trouvera ici de quoi être rassasié. Chaque entrée (ingrédients, plats, mais aussi ustensiles ou manière de cuisiner) de cet amusant dictionnaire débute sur une explication étymologique, puis suivent les expressions elles-mêmes, métaphores et images anciennes ou encore usitées au quotidien. L’érudition de l’auteur paraît sans limites et les multiples anecdotes ou les ébauches de recettes qu’il affectionne rendent la lecture forcément savoureuse. © B. Longre

    Lire aussi : Jardins et Cuisines du Diable, Le plaisir des nourritures sacrilèges de Stewart Lee Allen.

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  • Lectures achevées et en cours...

    Une nouvelle sélection parmi les ouvrages et les découvertes de ces dernières semaines.

    *** Fiction

    4a58a02f4b7c2c5da68c395fed7043e7.jpgLa Rivière d'Annie Saumont, vu par Anne Laure Sacriste (Editions du chemin de fer 2007) - une très belle nouvelle illustrée dont je parle ici.

    La Cité de sable de Bruno Doucey (Ed. Rhubarbe, 2007) www.sitartmag.com/bdoucey.htm

    Un autre recueil de nouvelles, Vivre intensément repose, signé Valère Staraselski (Editions La passe du vent) www.sitartmag.com/vstaraselski2.htm

    Servais des Collines d'Anne Percin (éditions Oskar 2007) - un roman passionnant (article et entretien avec l'auteure en ligne)

    Entre dieu et moi, c’est fini de Katarina Mazzeti (Gaïa 2007) - excellent roman ados-adultes dans lequel on rencontre une nouvelle héroïne adolescente qui mérite le détour, Linnea.

    Boris Vian et moi de Lou Delachair (Exprim' Sarbacane) - un article est en préparation...

     

    *** Inclassable

    Tingo, Drôles de mots, drôles de mondes d'Adam Jacot de Boinod (traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Dupin, 10-18)

     

    *** Jeunesse

    f9ac535449cab805ceed6762eedbf8a4.jpgça devait arriver de Gaëtan Dorémus (éditions Belize)

    Pas cochon de Christine Beigel (Gautier-Languereau)

    Mais qui a volé le maillot de la Maîtresse en maillot de bain ? de Lilas Nord et Carole Chaix (Après la lune jeunesse)

    Le village aux mille trésors de Véronique Massenot et Joanna Boillat (Gautier-Languereau)

    tous les articles sont en ligne sur la page jeunesse de Sitartmag.

    *** Lectures en cours… à des stades plus ou moins avancés.

    5b3bdc4d9ed40459d4ee6a07039a54d6.jpgPremières heures au paradis de Hafid Aggoune - à paraître en janvier chez Denoël.

    Cassé (Kurt Cobain) de Christophe Paviot - à paraître en janvier chez Naïve.

    Faut pas tuer les goélands de Jocelyne Sauvard - paru dans la collection Aventuriers du monde (Monde Global), que je présente ici.

    Les Ostrogoths de Martine Pouchain - Editions les 400 coups

    Le Voyage de Poéma de Cécile Roumignière et Claire Delvaux (Tipik, Magnard), un roman que l'on peut apprécier à partir de 6-7 ans.

    Si j'ai une âme de Vincent Peyrel (L'Amourier)

    Des vaches dans les prés de Lydia devos et Arnaud Madelénat (Points de suspension)

     

    Je ne dresse pas la liste de ceux qui attendent (leur tour viendra !)

    Pour finir, quelques mots sur...

    702489d7f8d636af7f67b8d5e1703c45.jpgImagier de Cécile Holveck, R-Editions, 2007

    Ne nous fions pas au titre de ce petit album légèrement rectangulaire aux pages cartonnées, conçu à la façon d'un imagier pour tout-petits ; justement, l'ouvrage introduit un décalage délibéré entre le support choisi et le contenu proposé, entre le trait simpliste des illustrations volontairement malhabiles (qui rappellent des dessins d’enfants) et l’histoire qui s’y déroule : tout part pourtant de l’enfance (personnage agenouillé près de deux jouets) pour aussitôt passer à la puberté – les premières menstrues qui gouttent sur le sol – continue sur la découverte du corps qui se modifie – examen de son sexe dans un grand miroir – pour s’achever sur une scène qui semble témoigner de l’acceptation de ces transformations. Ce travail atypique bouscule nos certitudes, s’interroge sur une transition-rupture somme toute naturelle et, dans le même temps, on admire la capacité de l’auteure (artiste plasticienne) à mêler si étrangement contenu et forme et à les rattacher à l’idée d’enfance non seulement via le format, qui n’a rien de gratuit, mais aussi via le narratif. B. Longre (décembre 2007)

    www.rhinoceros-etc.org
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  • Homosexualités dans le roman jeunesse

    Certains romans pour ados ou "jeunes adultes" abordent désormais ouvertement la "question" homosexuelle, en mettant sur le devant de la scène des personnages en quête identitaire, qui s'interrogent et se cherchent, ou qui assument déjà leur orientation sexuelle. Certes, ce sont des romans avant tout, mais il reste intéressant de se pencher sur une thématique relativement nouvelle - qui témoigne entre autres de la disparition progressive de certains tabous (en particulier dans le domaine de la littérature pour la jeunesse), et montre que la littérature aussi évolue avec son temps.
    Un ouvrage, signé Renaud Lagabrielle, intitulé Représentations des homosexualités dans le roman français pour la jeunesse, (L’harmattan, « Logiques sociales – études culturelles », 2007) vient de paraître sur le sujet, à partir d'un corpus de 30 ouvrages (ce qui paraît peu). Joannic Arnoi l'a lu et recensé sur son blog, tout en déplorant le fait que dans ce travail, "le traitement thématique l’emporte nettement sur toute autre perspective", que Renaud Lagabrielle tienne "un discours très général pour lequel les livres ont une fonction presque exclusivement illustrative" et que l'auteur semble parfois amené "à se comporter en censeur." On lira avec attention son analyse, ses réserves argumentées et ses critiques précises, qui, justement, soulèvent entre autres le problème de l'instrumentalisation de la littérature à des fins didactiques.
    Sur le même blog, on trouvera aussi des présentations d'ouvrages et une bibliographie non exhaustive de romans abordant cette thématique, classés par tranches d'âge.

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  • A paraître en 2008

    42d6f07907548ee85244c5a5ea8d9601.jpgPas raccord, de Stephen Chbosky
    traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Blandine Longre
    Roman Exprim, éditions Sarbacane, avril 2008

    Oui, je sais, il va falloir patienter...

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  • Autour des mots - 1

    Des ouvrages qui nous racontent la vie des mots.

    e33758f7214e03302315ea7f2d0a9bfe.jpgLes Chaussettes de l’archiduchesse et autres défis de la prononciation, de Julos Beaucarne (avec Pierre Jaskarzec), Points Seuil

    Dans la collection "Le goût des mots", qui compte déjà de nombreux titres (dont Un Bouquin n'est pas un livre de Rémi Bertrand), a paru un ouvrage qui traite exclusivement des virelangues (« tongue-twisters » en anglais), ces énoncés plus ou moins longs (en témoigne le chapitre intitulé « Mes virelangues fleuves », réservés aux « virelangueurs patentés ») qui requièrent pas mal d’entraînement avant de pouvoir être maîtrisés. Justement, l’ouvrage, qui répertorie des dizaines d’exemples (le plus souvent sous forme de comptines ou de poèmes, classés par thématiques) est conçu à la manière d’un manuel ; mais le lecteur-joueur peut évidemment choisir de découvrir l’ouvrage dans le désordre et piochera les énoncés qui lui sembleront les plus simples ou les plus retors (selon son niveau...) Des jeux avec les sons à partager, pour tous les âges. © B. Longre

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  • De la fessée

    Pour ou contre la fessée ? Cette enquête m'a rappelé un album qui ne tranche pas sur le sujet mais le traite avec intelligence, humour et finesse.

     

    Le conte du prince en deux, Ou l’histoire d’une mémorable fessée
    Olivier Douzou et Frédérique Bertrand (Seuil jeunesse)

     

    La fessée, entre réalité et fiction.

    Une mère d’élève est interviewée devant l’école de son fils – et se prend si bien au jeu que l’enfant craint d’être en retard… Interrogée sur un sujet éducatif (la fessée), elle ne peut résister au besoin de formuler longuement son avis et se lance dans une véritable diatribe anti-violence : ses idées envahissent la page, les mots s’entassent et se percutent, tandis que l’enfant tente d’attirer l’attention de cette mère trop bavarde, qui continue cependant de s’insurger contre cette pratique d’un autre temps – l’occasion pour elle d’exprimer son admiration pour le modèle suédois (« En suède, la fessée est sévèrement réprimandée et c’est une bonne chose… »). Mais l’on comprend que les belles théories et les bonnes intentions de la maman ne tiennent pas longtemps quand elle se retrouve aux prises avec la réalité…

    479e0ec603a5ce5c30e6e42af75f07b1.jpgA l’école (que le petit a pu rejoindre malgré tout... avec un peu de retard) s’enchaînent des paroles d’enfants, beaucoup plus réalistes face à cette pratique qu’ils subissent : ils échangent leur propre expérience de la fessée (« c’est terrible », « je crie juste avant que ça tombe »…), puis un petit garçon entreprend de raconter Le Conte du prince en deux à la classe : le ton change, les illustrations et les décors aussi et ce récit inséré, volontairement absurde, prend des allures allégoriques et désuètes affirmées, tout en condamnant ouvertement la pratique du châtiment corporel, les peurs qu’il provoque et le sentiment d'injustice qu'il engendre.

    Ce superbe album met dos à dos, très concrètement, mythe et réalité, par le biais du récit à tiroir : un excellent moyen de s’interroger sur la violence physique et les comportements adultes parfois irréfléchis et que l'on croit appartenir à un autre temps – mais qui perdurent envers et contre tout. Les auteurs ont cependant la sagesse de ne pas imposer leur point de vue ; de ne pas culpabiliser les adultes, de dédramatiser la pratique de la fessée pour ne pas donner aux enfants l'impression d'être uniquement des victimes, tout en les laissant s'exprimer ; mais il est certain que les jeunes lecteurs retiendront avant tout les mots des petits élèves et s’identifieront aisément à eux. Par le biais de l’humour Olivier Douzou et Frédérique Bertrand ont su éviter les ornières de la morale et même si la question, assurément complexe, demeure en suspens, ils fournissent au moins l’occasion d’en débattre ! © Blandine Longre

     

    Les plus grands pourront aller lire Le Traité du fouet du Général F-Amédée Doppet aux éditions A Rebours. qui parle (entre autres...) "De la nécessité de changer les peines qu’on inflige à l’enfance et à la jeunesse"... nous étions en 1788 !

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  • Matrice rectangulaire

    2a56802cbb1f541e97f1403688920549.jpg

    CADRE ET REGARD - Généalogie d’un dispositif, de Louise CHARBONNIER, Préface de Jean-Claude SOULAGES, Collection Histoires et idées des Arts, L'Harmattan, 2007

    Loin d'être spécialiste, je me contente de reproduire la 4e de couv de l'ouvrage, qui vient de paraître : Rarement questionné, le dispositif iconique du cadre rectangulaire informe la plupart de nos images. La présupposition de la forme quadrangulaire est en jeu dans cet appareil d'énonciation visuelle qui semble avoir son origine dans l'instauration, à la Renaissance, du tableau moderne ou quadro. Verticalité, planéité, frontalité : le cadre rectangulaire implique des présuppositions qui conditionnent notre réception de l'image et notre vision du monde. Il assigne une place au spectateur qu'il tient à distance. Cette « couture » sémiotique esthétisante traditionnellement redoublée par le cadre-objet délimite un templum exclusif, faisant de la représentation un objet de contemplation. Un retour aux origines de cette matrice rectangulaire s'impose alors comme un prélude utile à toute étude d'image médiatique, fixe ou en mouvement, délimitée par un rectangle.

    S'inscrivant dans un parcours transdisciplinaire, Louise Charbonnier est doctorante allocataire monitrice en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université Lumière Lyon 2 (ELICO, EA 4147). Ses recherches se concentrent sur le dispositif iconique de la photographie de presse où le rapport entre réel et fiction est à l'oeuvre.

    On peut lire certaines de ses chroniques sur www.sitartmag.com

    Sur Refreshing the screen, Livraison 5 (rhinocéros comme revue d’art contemporain, Rhinocéros, 2005), Les Rencontres d'Arles 2005, La Revue DITS - automne-hiver 2006. N°7 « Dépeindre », le photographe Andres Serrano, La Cage de Martin Vaughn-James (Les Impressions Nouvelles), ou encore sur La France d'en bas : Le graffiti dans le Sud (Hors collection - Editions Alternatives) - Pour les autres articles, il suffit de taper son nom dans le moteur de recherche interne.

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  • Le Monde des Livres répond

    Suite à la publication d'un article intitulé "Un âge vraiment pas tendre" - Monde des livres du 30-11-07 - que nous avions été nombreux à commenter sur ce blog, le Monde des Livres du 21 décembre donne la parole aux éditeurs et aux auteurs dans un article intitulé "La noirceur contestée des livres de jeunesse"

    www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-991706@51-957428,0.html

    Merci en tout cas à tous ceux qui ont participé à ces discussions - les commentaires restent ouverts !

    On peut aussi lire l'article de Hélène Ramdani, éditrice du navire en pleine ville.
    http://bibliobs.nouvelobs.com/2007/12/14/litterature-jeunesse-l-offensive-de-la-morale

    Débat sur la littérature pour adolescents avec Marion Faure, Mariette Darrigrand, Thierry Magnier, Annick Lorant-Joly et Marie-Aude Murail dans l'émission Du grain à moudre, sur France Culture, le vendredi 21 décembre, de 17h à 18h.

     

    PS
    Je tiens cependant à rectifier : la journaliste du Monde m'attribue certains propos signés Annie Roland, psychothérapeute, que je m'étais contentée de citer. Voici le passage dans son contexte initial :
    La catharsis, pourtant vieille comme le monde (et surtout depuis les premiers rituels dramatiques), paraît désormais oubliée... alors que ses effets devraient rassurer les adultes qui pensent qu'il faudrait mieux "protéger" les adolescents (qui, on  le sait, préfèrent se plonger dans un livre - de préférence "malsains" - plutôt que de jouer à des jeux vidéos ou que de télécharger des films X via l'internet - je sais, c'est réducteur, mais c'est aussi la réalité). Relisons ce qu'écrivait Annie Roland, psychothérapeute (voir
    l'intégralité de son analyse dans la Revue Citrouille), dont les propos éclairants concernent aussi les adultes, semble-t-il : "Ces romans génèrent un effet cathartique chez l’adolescent confronté à l’insoutenable réalité psychique de ses pulsions, c’est-à-dire qu’ils ont un effet « libérateur ». Lire une histoire, s’identifier au héros même quand il est en souffrance ne signifie pas que l’adolescent va reproduire les mêmes actes. L’acte de lire introduit la possibilité de sublimer sa propre souffrance, comme si le héros endossait momentanément la problématique du lecteur."

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  • France Inter - Blogs à part

    Alexandre Boussageon propose une chronique blog sur France Inter, du lundi au vendredi de 6h20 à 6h25. Si vous n'étiez pas levés ce matin, jeudi 20 décembre 2007, il est possible d'écouter l'émission (historique !) qui se trouve en ligne...

    www.radiofrance.fr/franceinter/chro/blogapart/index.php?id=62726

    Je remercie France inter, évidemment (entre autres pour les compliments) Seul petit hic, ils ont confondu ce blog et Sitartmag. Le chroniqueur parle en effet de la revue littéraire tandis que j'ai répondu à des questions qui concernaient uniquement le blog... (Voilà pour ceux qui n'auraient pas compris - et il y a de quoi...) Bon, j'arrête de râler - car je suis malgré tout ravie !

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  • Amélie-les-crayons - bis

    ea56835cedd9b0fd4d6a3724b66f59fb.jpg

    Mon petit frère Olivier, compositeur (musiques de films/documentaires pour France 3, TV5, France 5, Arte), est aussi l'arrangeur du nouvel album d'Amélie-Les-Crayons, LA PORTE PLUME (Grand prix de l'Académie Charles Cros 2007). En tournée dans toute la France avec Amélie, en concert au Café de la Danse (Paris) les 10 et 11 janvier prochain et à la Bourse du Travail (Lyon), le 19 janvier.

     

    Toujours en mini concert sur le site de Télérama

     

    www.amelielescrayons.com/

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  • Un peu de slang

    Le site www.urbandictionary.com se définit comme "a slang dictionary with your definitions."

    Un dictionnaire unilingue d'argot construit par les internautes, qui proposent des termes nouveaux et leurs définitions, dans la mouvance de wikipedia. On se doute que la plupart de ces mots (des termes existants prenant un sens nouveau ou des néologismes), en lien avec des modes et des passades, n'entreront peut-être jamais dans des dictionnaires institutionnalisés - il n'empêche qu'ils sont employés dans la langue orale (impossible, en revanche, de savoir combien de locuteurs en font usage, ou de connaître l'étendue géographique de leur emploi) et, au moins, témoignent de la flexibilité, de l'économie et de la richesse lexicale de la langue anglaise.

    Bref, je suis abonnée depuis quelque temps et reçois chaque jour un nouveau terme - avec exemples à l'appui - dans ma boîte mail ; il y a de tout et de n'importe quoi, mais certains m'amusent pour leur inventivité. Il reste à leur trouver, éventuellement, des équivalents français...

     

    post-Potter depression - The empty feeling that comes from finishing the seventh book in the Harry Potter series and realizing there will be no more. (Le sentiment de vide éprouvé par le lecteur qui vient d'achever le tome 7 de Harry potter et se rend compte qu'il n'y en aura pas de 8e.)

    nillionaire - Person without any money of their own = fauché. Un condensé de "millionaire" et de "nil" (nul, zéro) "Everything's in his wife's name, he's just a nillionaire."

    Hallowthanksmas - The period of time starting in late October and ending on New Year's Eve, so named for the commercial tendency to put up Christmas displays before Halloween (Les trois mois qui vont de Halloween à Noël, en passant par Thanksgiving) "Once October comes, we have to celebrate hallowthanksmas for 3 months!"

    compunicate - When you are in the same room with someone, each on seperate computers, and you talk via Instant Messenger instead of speaking to them out loud, in person. (agrégat de "communicate" et de "computer" -  communiquer uniquement via messagerie instantanée, alors que son interlocuteur se trouve dans la même pièce...) "Even though they are sitting right next to each other, Jesse and Justin only compunicate when they have to tell each other something."

    voluntold - The exact opposite of volunteering. Always used in reference to an unpleasant task to which you have been assigned by your boss. (amalgame de "volunteer" et du participe passé "told" - "désigné volontaire")

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  • Cachez ce sexe...

    Cachez ce sexe que je ne saurais voir
    Besse Chrystel , Bertini Marie-Joseph, Fontan Arlette, Gaillard Françoise, Zabunyan Elvan - Editions Dis Voir

    De la monstration à l'effacement, de la nature à la culture : le statut artistique du féminin des origines à nos jours.

    La créativité serait-elle un attribut intrinsèquement masculin ? Toute l’histoire de l’art le laisse supposer, au même titre cependant que les multiples tentatives pour tuer dans l’oeuf tout désir de création féminine. Paradoxalement, l’art en général – qu’il soit graphique ou littéraire – regorge de représentations de la femme et de son sexe, un sexe étudié exclusivement à travers le prisme d’une vision masculine – à tel point que lorsque des femmes le représentaient, leur regard subissait l’influence d’une vision masculine, imposée par une société masculine - chose qui est encore vrai(e) aujourd’hui dans une majorité des cas.

    C’est cette histoire souvent méconnue ou délibérément occultée que cet ouvrage passionnant, influencé par les Gender Studies, entend retracer, en laissant la parole à des femmes chercheuses, philosophes, artistes et/ou historiennes d’art – des regards croisés qui en disent long sur le formidable complot qui maintient, depuis des siècles, la femme dans l’ombre de son alter ego masculin, en la représentant certes différemment selon les époques et les lieux, mais toujours avec une constante : en lui assignant des rôles passifs et fonctionnels, en la renvoyant sans cesse à son « essence », voire à son animalité. Les objectifs avoués de l’ouvrage : retracer cette vision exclusivement masculine de l’histoire de l’art (qui reflète bien entendu le regard social et politique porté sur la femme), dénoncer les dérives essentialistes qui toujours renvoient la femme à ses fonctions biologiques - maternelle ou sexuelle -, tout en soulignant l’émergence de nouvelles artistes qui, depuis les années 1970, ne subissent plus le voyeurisme séculaire qu’elles se sont peu à peu réapproprié.

    Elvan Zabunyan, dans Anatomie/Autonomie, exprime un constat douloureux : « malgré l'implication plus affirmée des femmes artistes et/ou intellectuelles dans le territoire de l'art, la problématique reste d'actualité dans un champ culturel où les idées patriarcales occidentales ne sont que partiellement remises en cause. » Il s'agit désormais de repenser la représentation du sexe féminin, jusque-là confisquée par et pour des hommes et de cesser d’y voir un manque ou un vide (opposé à la proéminence phallique), en proposant un regard neuf, autoréflexif, qui permette à l'artiste femme de passer de l'état d'objet à celui de sujet, de celui de regardée à celui de regardante, et à faire voler en éclats le manichéisme d'une société fondée sur une binarité ancestrale dépourvue de sens.

    589a41df885490e6be02f1da5d657d31.jpgOn retrouvera, parsemées tout au long de l'ouvrage, quelques reproductions des travaux des artistes que présente Elvan Zabunyan : Shigeko Kubota et son œuvre Vagina Painting (1965), une performance directement influencée par l’action painting de Pollock, Barbara Hammer et son film Multiple Orgasms (1976), Valie Export et Genital panic, autre performance réalisée en 1969 (où l'artiste, téméraire, se met en scène, détournant brutalement les clichés généralement assimilés au sexe féminin), ou encore Judy Chicago (on retrouvera de multiples exemples sur le site internet de l’artiste, même si les travaux de cette dernière paraissent s'engouffrer dans le piège essentialiste) et Hannah Wilke et ses autoportraits filmés et photographiés. Des représentations qui revendiquent pour la plupart le droit à une jouissance individuelle, dont seraient temporairement exclus les hommes, de manière à affirmer l'indépendance totale de l’être-femme dans un monde qui lui a longtemps refusé tout pouvoir, qu’il soit sexuel ou politique ; ces différents travaux donnent naissance au « cunt art » (ou « art du con »), terme inventé par la critique Cindy Nemser ; quand bien même l’image initiale qu’il évoque pourrait sembler réductrice, il permet, à travers une prise de conscience personnelle, de revaloriser l’image d’un sexe jusque-là diabolisé et malmené (au sens propre comme au figuré). En dépit de la provocation explicite de la plupart de ces œuvres, il ne faut confondre celles-ci avec de la simple pornographie (régression plus que libération, par le biais d'une « prolifération d'images stéréotypées et sexuées du corps féminin répondant à des canons masculins ») qu'Elvan Zabunyan condamne esthétiquement.

    Revalorisation, donc, qui prend toute son importance quand on examine, avec Chrystel Besse (Iconographies du sexe féminin), les visions protéiformes du corps de la femme, de la préhistoire à nos jours, de l’Asie à l’Occident, et sur lesquelles elle pose un regard attentif et approfondi, rappelant comment certaines oeuvres prénéolithiques évoquent un culte à la féminité, à travers l'image d'une déesse mère nourricière indispensable à la survie de l'espèce humaine - croyance rendue possible par l'ignorance du lien entre rapport sexuel et enfantement, et de l'intervention masculine dans le processus de procréation ; une représentation ébranlée par les monothéismes qui imposent peu à peu (sur le modèle du polythéisme grec) la figure unique d'un dieu le père, en avilissant le sexe féminin et en l’associant au péché et au « cloaque » anal (pour s’en persuader, il suffira d’observer les reproductions obscènes qui accompagnent l’article, les visions diaboliques d’un sexe « animal» proposées aux chrétiens). Il est évident que le statut de la femme a la plupart du temps été déterminé par le statut qu'elle tenait dans la sphère religieuse et en particulier dans l'art religieux, et l’osmose sexe/sacré appartient à des temps révolus : s’est imposé un phénomène d'exclusion du sexe féminin par la triade dieu/mâle/père ; et l’auteure de rappeler combien les textes dits sacrés ne cessent d’accumuler les contradictions internes à ce sujet (on renverra le lecteur au Traité d’athéologie de Michel Onfray).

    En d’autres lieux, les échelles de valeurs changent et Chrystel Besse évoque des « représentations érotisées de divinités féminines », moins connues, de l'Égypte ancienne à la Chine taoïste (qui célèbre, sans pourtant se départir d’un certain phallocentrisme, «le couple divin (qui matérialise l'union des principes masculin et féminin) étant à l'origine du monde.»), du bouddhisme à l'hindouisme : des points repris en partie par Arlette Fontan (Le sexe féminin dans les religions), qui propose une analyse diachronique des notions jointes ou disjointes de sexe et de sacré : les religions monothéistes ont joué un rôle déterminant dans l'histoire des inégalités, en inculquant des siècles durant les visions cauchemardesques et négatives d'une créature bestiale et dangereuse, naturellement castratrice (Freud lui-même, héritier involontaire de ces représentations, épousait cette idée), à la fois gorgone et sirène, Eve et Lilith, rendue impure par le sang des menstrues ou par d’autres sécrétions intimes.

    Quant à la déification de la femme aux temps préhistoriques, Arlette Fontan se montre plus circonspecte et se démarque prudemment de l’essayiste précédente en affirmant que cette instrumentalisation enfermait déjà la femme dans une fonction précise et établie, celle de la procréation. Plus tard, la femme est tout entière assimilée à son seul sexe, et devient victime d’une irréductible misogynie qui toujours semble se fonder sur une crainte indéfinissable, enfouie dans l'inconscient masculin. Une question explorée en détail par Françoise Gaillard dans l'article Vierge ou démone : la femme dans les fantasmes fin de siècle. « La femme n’est que sexe », nous rappelle-t-elle, pour les artistes et les écrivains du XIXe siècle, époque du naturalisme, de la biologie, de la théorie darwinienne et des grands misogynes (de Schopenhauer à Maupassant, de Baudelaire à Michelet…) ; la femme, privée de son humanité, devient « une espèce à part », considérée comme un objet d'étude au même titre que les autres espèces animales, un être instinctif, influencée par ses hormones et sa matrice (cette « hystérique » - littéralement : menée par son utérus), incapable de raison : « la femme est abominable parce qu’elle est naturelle » écrit Baudelaire, synthétisant le point de vue de l'époque et ajoutant : « elle est toujours en rut et veut être foutue » ; « Baudelaire, sans le savoir peut-être, énonce, en ces propos aussi crus que cruels, la véritable raison du dégoût que suscite la femme chez l'homme civilisé. Par ce sexe insatiable qui commande en elle, la femme en est restée à un stade de naturalité quasi animale. Ce qui angoisse donc en cette créature détestable, c'est le rappel constant à l'ordre de la nature que fait entendre son sexe et qui tire l'homme loin en arrière, vers les bas-fonds de son origine animale. »... Toujours la même la crainte, voire la même névrose, éprouvée par les hommes face à ce continent inconnu, un féminin « qui dit le vrai sur l'origine » : le masculin détient, dans le même temps, les rênes de la culture et refuse de les lâcher au profit de menaçantes inconnues à l'état de nature ("Il est l'Un, lisible, transparent, familier. La femme est l'Autre, étrangère et incompréhensible", écrivait Elisabeth Badinter).

    Justement, plusieurs articles font référence au tableau de Courbet, L'origine du monde, une oeuvre quasi photographique que longtemps Jacques Lacan posséda en secret : « la toile trônait en fait au milieu de son salon, invisible mais bien là, présence-absence si signifiante. » écrit Marie-Joseph Bertini (Le Monde comme volonté et représentation : l'irruption des femmes), ce tableau fonctionnant comme la métaphore de la représentation féminine dans l'imaginaire collectif : «l'intense paradoxe qui force le corps des femmes, et plus particulièrement leur sexe, à s'inscrire dans le double espace de la faute et du manque : caché ce sexe n'existe pas. Il est pure absence ontologique. (...) Exhibé, il n'est qu'indécence et obscénité, toujours proche d'une fureur frénétique dont l'ensemble du corps social doit veiller à se protéger. » Là encore, un homme signe une œuvre au regard unilatéral et la figure féminine, résumée à son seul sexe, est objectifiée et privée de langage.

    3fd8ef3eb4aad4846f0b7dd4aff4a4d9.jpgMais il ne suffit pas de constater, même si les enseignements que l'on tire de cet ouvrage sont inestimables ; Existe-t-il des solutions ? Comment rompre avec ce schéma annihilant, incarné entre autres par le tableau de Courbet, qui enferme le féminin dans une vision univoque, «l'obligation d'être vue, d'être en vue, c'est-à-dire contrôlée par le regard des hommes. » ? Et comment s'affranchir de ces regards qui ne voient que la créature sexuée, une représentation qui «participe du refus de les considérer comme sujets à part entière. » ? Marie-Joseph Bertini propose une réponse : en s'appropriant les langages de l’art et en les subvertissant, afin de les faire progresser.
    Concrètement, elle constate que l'égalité des chances en matière de création artistique en est à ses balbutiements, que ce soit dans le domaine cinématographique ou pictural, tant les obstacles aujourd'hui sont encore grands par la faute de préjugés et d'idées reçues si longtemps inscrits dans l'imaginaire collectif masculin (et féminin, ne l'oublions pas). Le génie n’a rien de féminin, ont ressassé les hommes des siècles durant… L’auteure explique avec bon sens (et faits historiques à l’appui) que « les femmes peintres furent rarement dans l'histoire parmi les artistes les plus audacieux et les plus inventifs de leur temps, tout simplement parce qu'elles n'avaient pas reçu de formation pour cela. » - contrairement à la création littéraire, un domaine où les femmes ont pu exceller beaucoup plus tôt. Dans le même temps, l’essayiste regrette en partie le mouvement contemporain qui consiste à ne se servir que de son corps, à l'excès, pour inventer un langage féminin à part entière, « aux dépens d'une approche plus abstraite et sophistiquée. (...) Au fond, ne partent-elles pas ici de ce qui est réputé leur être le plus familier : le biologique et l’inarticulé ? » La transgression apparaît dans ce cas comme un leurre, un nouveau « piège de la ruse de la Raison masculine», l'indépendance et l'expression d'une liberté nouvelle requérant probablement autre chose que l'outrance ou la transgression ; par conséquent, (et c'est une interrogation qui s'applique aussi, en parallèle, à l'art postcolonial de nombreux artistes cherchant à se libérer de l'emprise esthétique des métropoles) « quelle langue parler qui ne soit celle du dominant ? » ; et de donner quelques pistes à travers les exemples d'artistes femmes, comme Sophie Calle ou Mandy Havers, dont les travaux sont de « véritables dispositifs d'autonomisation en s'accordant le droit de produire leurs propres représentations du monde et d'elles-mêmes. »

    Tout au long de cet ouvrage sans tabous, en regard des réflexions des cinq contributrices, se déroule une narration parallèle qui sert de légende aux multiples reproductions d’œuvres passées et présentes qui accompagnent les articles, reprenant visuellement les points développés dans ces derniers : les iconographies mythologiques et religieuses frappent par l’exhibition d’une violence associée aux femmes (la « grande bouche vaginale armée de dents acérées » de la méduse, des créatures repoussantes chevauchées par des diablotins, sorcières lubriques…) ; d’autres images ramènent le féminin à la froideur médicale et pseudo scientifique des siècles passés (la vulve béante dessinée par Léonard de Vinci au début du XVIe siècle, la Figure lascive et obscène de Jean-Jacques Lequeu, vers 1790...) ; ou encore le réduisent à un érotisme pervers et dégradant (quand les corps féminins s’offrent allègrement à des animaux…). Restent les œuvres féminines contemporaines qui s’insinuent dans ce récit visuel, lui ôtant peu à peu son regard phallocentrique et laissant la place à des représentations libres et novatrices, où ce sont cette fois des femmes qui se mettent en scène et parlent enfin d’elles-mêmes sans intermédiaire. © Blandine Longre

    www.disvoir.com/

    www.throughtheflower.org/

    à découvrir aussi : http://www.lepeuplequimanque.org/maisonpop-et-melies-2007

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  • La Joie par les livres rejoint la BnF

    b6ef5f3c3ea9553eab9341827f29f926.jpgLe conseil d’administration de la Bibliothèque nationale de France a approuvé l’intégration à la BNF des équipes et des activités de l’association "Les amis de la Joie par les livres", à compter du 1er janvier 2008. L’association, créée en 1972, a pour mission de "favoriser la promotion de la lecture publique au sein de la jeunesse, d’entreprendre toutes activités et expériences de création ou d’expression reliées à la lecture des jeunes, de conduire des actions contractuelles dans son domaine de compétences", et développe quatre types d’activités : la gestion d’un centre de ressources "Centre national du livre pour enfants La Joie par les livres", et d'un portail documentaire www.lajoieparleslivres.com, des publications consacrées à la production éditoriale pour la jeunesse et à la lecture des enfants et des jeunes, des formations pour les professionnels et les médiateurs du livre jeunesse, des actions de coopération, en particulier internationales, etc.

    e6b4589f03c8c163d90b642526c7655d.jpgLa Joie par les livres publie, entre autres, La revue des livres pour enfants

    Dernier numéro paru : n° 237, novembre 2007
    Sélection annuelle (incontournable !)

    une sélection de plus de 800 titres parmi les presque 10.000 reçus au Centre de ressources entre septembre 2006 et septembre 2007, dans un numéro tout en couleurs avec la reproduction des couvertures de chaque titre, qui intègre une nouveauté cette année : une sélection de films disponibles pour les bibliothécaires.
    La Revue des livres pour enfants est consultable en texte intégral depuis le premier numéro de 1965, sauf les deux dernières années de parution.

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  • Histoire de l'érotisme

    81c764209b2ad5b45752660e1b7142f6.jpgPour l'anecdote (et en lien avec l'idée de "censurer"  ou interdire des lectures aux jeunes lecteurs, histoire de les "protéger") j'ai reçu l'autre matin Histoire de l'érotisme, de l'Olympe au cybersexe (de Pierre-marc de Biasi, collection Découvertes Gallimard) ; or, l'ouvrage est entouré d'un fin bandeau de papier rouge indiquant : "Ce livre n'est pas destiné au jeune public"... je ne sais ce que l'éditeur (dont on comprend toutefois la prudence, vu le climat actuel) entend exactement par "jeune public" (c'est très vague.. 0-10 ans, 0-14 ans ??) mais il est certain que les ados, sans se jeter dessus (les illustrations parlent d'elles-mêmes mais le contenu reste relativement érudit) l'ouvriront s'ils tombent dessus. Je trouve ceci plutôt amusant, quand on sait quel type de fichiers les collégiens équipés de téléphones portables téléchargent et s'échangent au quotidien... A la rigueur, ils feraient mieux d'ouvrir cet ouvrage qui, au moins, possède certaines qualités esthétiques, les reproductions d'oeuvres d'art qu'il contient n'ayant pas la violence des images qui agressent habituellement l'oeil et l'esprit.

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  • 40 écrivains de langue hébraïque en 2008

    Invité d’honneur du salon du livre de Paris 2008, Israël sera représenté par 40 auteurs de langue hébraïque : Elie Amir, Aharon Appelfeld, Gabriela Avigur-Rotem, Benny Barbash, Ron Barkaï, Orly Castel-Bloom, Lizzie Doron, Israël Eliraz, Haïm Gouri, Michal Govrin, David Grossman, Amir Gutfreund, Alon Hilu, Shifra Horn, Miron C. Izakson, Sayed Kashua, Judith Katzir, Etgar Keret, Alona Kimhi, Ron Leshem, Savyon Liebrecht, Mira Maguen, Edna Mazya, Sami Michaël, Agi Mishol, Rutu Modan, Eshkol Nevo, Rony Oren, Amos Oz, Israël Pincas, Igal Sarna, Aaron Shabtai, Meir Shalev, Zeruya Shalev, Youval Shimoni, Ronny Someck, Zvi Yanaï, Avraham B. Yehoshua, Nurit Zarchi, Boris Zaidman.

    http://www.salondulivreparis.com/

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  • Rutu Modan

    Rutu Modan, auteure BD et illustratrice renommée en Israël, fonde en 1995, avec quatre autres dessinateurs (dont Batia Kolton), une maison d’édition à Tel Aviv : Actus Tragicus. Elle a recu, en 1997, le Year Award qui récompense une jeune artiste et l’Award de la meilleure illustratrice pour enfants du Youth Department of the Israël Museum en 1998. Elle a publié plusieurs histoires dont deux sur des scénarios d'Etgar Keret.

    Energies bloquées de Rutu Modan, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas Delpuech, Actes Sud BD.

    Histoires de familles…

    Les six récits qui composent ce recueil ont été publiés entre 1998 et 2003 : des échantillons, en somme, du travail graphique et littéraire de Rutu Modan, artiste israélienne jusqu’alors inconnue en France, et qui signe aussi les illustrations d'un ouvrage jeunesse, Fou de Cirque.
    2be603e4f4f4e9fbbd92e1668e1d07c8.jpgDu strict point de vue de l’illustration, il serait vain de chercher une homogénéité dans ce florilège (un aspect encore plus flagrant dans Substance Profonde de l’artiste amie Batia Bolton, publié simultanément dans cette collection) et c’est plutôt du côté des thèmes abordés et des préoccupations auctoriales que l’on trouvera matière à parler d’harmonie : troubles psychiques ou affectifs, familles déconstruites ou recomposées, individus brisés par les carcans des règles sociales et collectives, espoirs avortés... L’auteure décrit et reproduit les perturbations de microcosmes qui lèvent le voile sur des dysfonctionnements à plus grande échelle. C’est le cas de Jamili, qui s’inscrit ouvertement dans le contexte sociopolitique israélo-palestinien, en mettant en scène la rencontre émouvante, point nodal du récit, d’une jeune infirmière fiancée à un imbécile (raciste de surcroît) et d’un terroriste palestinien qui s’automutile lors d’un attentat raté : deux individus que tout sépare et qui, dans un autre contexte, auraient pu s’unir.

    Dans Retour à la maison, une autre jeune femme, Méli, attend le retour hypothétique d'un époux pilote, disparu au Liban six ans plus tôt, tandis que Max, amoureux d’elle, tente de la convaincre de l'impossibilité d'un retour ; mais le beau-père de Méli se nourrit de cette attente et quand, un jour d’été, un avion non-identifié survole la plage du kibboutz, le vieil homme est convaincu que c’est celui de son fils… jusqu’à ce que l’armée de l’air intervienne. Les personnages, gauches et naïfs, sont représentés sur un fond uniforme, un ciel trop bleu pour être vrai, sur lequel se superposent soudain des avions de chasse puis les fumées grossièrement crayonnées qui émanent de la carcasse de l’appareil abattu. Le ciel redevenu bleu, la réalité d’une violence aveugle, caricaturale, s’évapore elle aussi, laissant de nouveau place à l’illusoire espérance.

    Ailleurs, c’est en huis-clos que se déroulent les événements ; ainsi Energies bloquées relate le drame d’une femme abandonnée par son mari et qui subvient aux besoins de ses deux filles grâce à un don étrange (« des pouvoirs curatifs dans les mains. De l’électricité qui guérit toutes les maladies »), mais l’ambiance familiale n’inspire pas le bonheur, les deux jeunes femmes exploitant la passivité dépressive de leur mère. Même chose dans Jadis, le long récit d’une quête familiale et affective ; un roman d’apprentissage, en quelque sorte, se déroulant dans un hôtel à thèmes tenu par deux sœurs dont les parents sont morts dans un incendie.
    Hormis la mise en images d’une nouvelle d’Etgar Keret, Bitch, le clou du recueil demeure L’assassin culotté (The Panty Killer), une tragi-comédie policière délivrée sur le mode parodique : le meurtrier en question, non content de poignarder des innocents, les ridiculise en affublant leur tête de leur culotte… Là encore, une histoire de famille est à la source de l’intrigue, une relation mère-fille qui tourne mal. La violence est ici tournée en dérision, comme pour exorciser ses ravages (bien réels en Israël), et demeure bel et bien omniprésente tout au long de ce talentueux album. © Blandine Longre

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  • Loi 49

    Afin de contribuer au débat sur la littérature ados ci-dessous, le blog de la revue Citrouille a mis en ligne un article paru en juin 1998 : Famille, je te hais ? Il y est question de l'ADV (Alliance pour les Droits de la vie, lobby anti-IVG & euthanasie) qui, en 1998 (est-ce encore le cas aujourd'hui ?) "alertait" régulièrement les autorités de la publication de livres jeunesse qu'ils jugeaient "immoraux", car proposant des scènes de "pornographie, de pédophilie, d'homosexualité, de violence" (on aura compris de quel genre d'association il est question... On imagine que leur définition de la pornographie doit être très éloignée de la nôtre...), plus particulièrement dans certains ouvrages de l'Ecole des loisirs... ! Plus intéressant, l'article (téléchargeable en pdf) aborde aussi la question de la loi de 1949, la distinction qu'il faudrait bien faire entre littérature jeunesse (les moins de 12 ans) et littérature ado et propose une solution très simple.

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  • Le cerveau à l’endroit

    " J’ai tout lu. Tout. Ça m’a remis le cerveau à l’endroit, ça l’a nettoyé de toute cette crasse, autour et dedans", dit l'un des personnages de Bis Repetita (pièce de Philippe Touzet - éditions Espaces 34), relatant son expérience de la prison alors qu'il n'était qu'un tout jeune homme.

    Article en ligne

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  • "Un livre doit être un danger", disait Cioran...

    c327aaf8c1cc900c879a714c0cf71a51.jpgLes grands médias ont rarement l'occasion de parler de littérature jeunesse, et la plupart n'y connaissent pas grand-chose - mais quand ils le font (à l'occasion du Salon de Montreuil, une fois l'an), on aimerait qu'ils la traitent sur le même plan que les autres littératures... Et non comme une "production" à part. En effet, certains auront peut-être lu un article paru dans Le Monde des livres du vendredi 30 novembre, qui s'intitule "Un âge vraiment pas tendre - Mal-être, suicide, maladie, viol... Pourquoi les livres destinés aux adolescents sont-ils si noirs ?"

    Déjà, ces premiers mots en ont fait bondir plus d'un... (éditeurs, auteurs, bien sûr, mais aussi lecteurs), car tout est dit dans le titre : l'idée obsolète, idéal d'un autre temps, qu'il existerait un âge "tendre" ; puis l'énumération de termes qui ressemblent ici à des "gros mots" (auxquels il ne faudrait surtout pas associer l'idée de jeunesse...) et enfin, une question qui aussitôt se fait affirmation... Le ton est donné et l'article va dans le sens d'un "protectionnisme" qui semble faire un retour en force... (pour ne pas parler des velléités de censure de certains), d'autant plus dommageable que la littérature dont il est ici question s'adresse aux adolescents (et non à des "enfants") - une littérature hybride, que les adultes eux-mêmes (quand ils passent outre les préjugés) ont souvent grand plaisir à lire - et que les adolescents, selon leur maturité (qui n'a rien à voir avec l'âge...), peuvent tout lire, on le sait.

    Sur le fond, l'article remet en cause l'existence de romans (oui, des oeuvres de fiction) qui, selon la journaliste et ses interviewés, véhiculeraient des valeurs faussées, désespérantes, malsaines et bien sombres, et qu'ils ne reflèteraient pas le réel... ni les adolescents d'aujourd'hui. Qui a dit que la littérature devait ressembler au réel, voire se calquer sur lui ? Et quand elle renvoie à la réalité (on pense aux romans dits "miroirs") la littérature devrait-elle absolument s'y plier ? On se rend vite compte que la journaliste ne s'est fdff22e76faecb6798a750ea92584e54.jpgpas penchée sur les textes et leurs qualités narratives, langagières, esthétiques, imaginaires, etc. et s'est contentée de remettre en cause des "thématiques" (qui, on le sait, sont toujours les mêmes, le plus souvent inhérentes à la condition humaine) - ce qui, en soi, est bien réducteur quand il s'agit de littérature.

    Dans un article pour la revue Citrouille, j'écrivais (il y a bientôt 2 ans) : "il reste qu’une attente très adulte voudrait faire autre chose de cette littérature et lui conférer une incontournable finalité utilitariste ; il arrive de regretter l’absence de visée éducative, citoyenne ou d’exemplarité dans certains romans "

    D'après l'article : "les spécialistes le disent, Marcel Rufo en tête : la plupart des adolescents vont bien. C'est "un âge de conquête" (La Vie en désordre. Voyage en adolescence, Anne Carrière, 258 p., 18,50 €), plein d'élan et d'enthousiasme, où le bonheur est possible. Mais ce bonheur adolescent n'est pas relayé par les médias ou la littérature." Comment ? La littérature aurait l'audace de ne pas se mettre au service de la société en ne relayant pas le "bonheur adolescent" ?!

    On voit comment d'aucuns souhaiteraient instrumentaliser la littérature et en faire autre chose - des guides de savoir-être ou des manuels de survie, par exemple, ou encore des romans édifiants. Et pourtant, la journaliste écrit aussi :"La littérature jeunesse semble proposer de plus en plus de "leçons de vie" destinées à aider les lecteurs face à une situation donnée : divorce, mort d'un proche..." Et là, on ne comprend plus rien... Hormis le fait que que cet article est construit sur une somme de contradictions : on reproche à certains romans pour ados d'être des « reportages » qui donneraient des « leçons de vie », tout en demandant aux livres de devenir les instruments d’un bonheur qui reflèterait davantage le « réel »…  (et l'obligation au bonheur... ?) Jolie confusion et bel amalgame entre réalité et fiction...

    La catharsis, pourtant vieille comme le monde (et surtout depuis les premiers rituels dramatiques), paraît désormais oubliée... alors que ses effets devraient rassurer les adultes qui pensent qu'il faudrait mieux "protéger" les adolescents (qui, on  le sait, préfèrent se plonger dans un livre - de préférence "malsains" - plutôt que de jouer à des jeux vidéos ou que de télécharger des films X via l'internet - je sais, c'est réducteur, mais c'est aussi la réalité). Relisons ce qu'écrivait Annie Roland, psychothérapeute (voir l'intégralité de son analyse dans la Revue Citrouille), dont les propos éclairants concernent aussi les adultes, semble-t-il :

    "Ces romans génèrent un effet cathartique chez l’adolescent confronté à l’insoutenable réalité psychique de ses pulsions, c’est-à-dire qu’ils ont un effet « libérateur ». Lire une histoire, s’identifier au héros même quand il est en souffrance ne signifie pas que l’adolescent va reproduire les mêmes actes. L’acte de lire introduit la possibilité de sublimer sa propre souffrance, comme si le héros endossait momentanément la problématique du lecteur."

     

    Suite à la parution de cet article du Monde, quelques réactions d'auteurs :

    "Je déteste ce formatage rampant que l'on voudrait appliquer à la littérature jeunesse ! Actes Sud publie des textes forts. ce sont eux qui provoquent un mouvement, eux qui resteront (pas les textes insipides, qui parait-il correspondraient mieux aux jeunes d'aujourd'hui)" - Catherine Leblanc

     

    "Il y a quelques mois, une enseignante m'écrivait ses doutes concernant l'étude, dans sa classe, d'un de mes romans (les murs bleus), pensant que certaines scènes étaient trop violentes pour ses élèves. Je lui avais répondu que ça n'était évidemment pas à moi de juger de mon propre roman et que j'étais sans doute la personne la moins bien placée pour en parler. Mais que, de toute manière, personne ne pouvait jamais savoir l'impact d'un livre sur un lecteur ou une lectrice, et que c'était ça, le risque du vivant ! Et si elle voulait à tout prix "protéger" ses élèves, il ne fallait plus rien leur proposer en lecture...
    Je pense aussi ceci  : nous  vivons dans un monde hypocrite, avec un retour effrayant à un ordre moral. Les filles peuvent bien se faire violer en étant mineure. Des ados peuvent bien voir leur copain se foutre en l'air, se shooter à mort ou partir à la dérive... Mais surtout, qu'on n'en parle pas ! Comme si, en le taisant, on l'effaçait. Or ce silence et ce refus de voir la réalité en face font bien plus de ravages que de mettre le doigt dessus, même si ça fait mal." Cathy Ytak (dont le roman L'ombre d'Adrien est mis en cause dans l'article)

     

    « Cette polémique est bien sûr consternante. Or, elle me touche intimement : je me sens sur la liste des suspects, vu que mon premier livre mettait en scène la tentation suicidaire d'un adolescent. Je trouverais fort déplacé et imbécile qu'un journaliste vienne me déclarer au nez, sans rire, que le roman en question était autre chose que de la littérature , et qu'on me soupçonne d'avoir voulu je ne sais quel effet de miroir fonctionnel, je ne sais quel démagogue et complaisant étalage de pulsions morbides en vue de séduire des adolescents  (…) La crypto-censure cul-bénie à l'oeuvre dans cet article est alarmante : bientôt, faudra-t-il interdire aux adultes de lire les auteurs déprimants, Céline , Cioran, Thomas Bernhardt, Georges Hyvernaud, Elfriede Jelinek, sous prétexte que ces auteurs-là ne montrent pas assez que le bonheur est possible ? Mais dans quel monde vivons-nous donc ? Un monde de slogans publicitaires ? » Fabrice Vigne.

    e1c240729d1fdee4eeeb6017b978b4e9.jpgFabrice Vigne est l'auteur, entre autres, des Giètes (Photos de Anne Rehbinder, T.Magnier, photoroman, 2007), à propos duquel A-M. Mercier écrivait dans Sitartmag : "Mais à qui s’adresse-t-il ? A la jeunesse, comme l’indique la collection, et la mention de la loi de 1949 en page de garde ? A la vieillesse à qui il tend un miroir fidèle mais point trop désespérant. Aux autres ? A tous, pourrait-on dire, tant il mêle les âges et les temps. Et plus précisément à ceux qui aiment regarder les images et au-delà des images, entendre les sons, saisir les voix qui se croisent et lire entre les lignes, aux amoureux de Flaubert, donc ?"

     

    Quant à l'article, on le trouve ici
    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-983787,0.html

     

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  • Droit de réponse

    Je reproduis le texte que Jeanne Benameur, Claire David (directrices de la collection “D'une seule voix”), François Martin, éditeur & Thierry Magnier, directeur d'Actes Sud Junior, ont écrit en réponse à l'article du Monde évoqué ci-dessus, qui s'en prend entre autres à la dite collection :

    Il n'y a pas d'âge pour la littérature. Une bonne fois. Cycliquement se pose cette question rebattue de l'âge. Nous le savons, personne ne bronche plus lorsque l'habitude a été prise de considérer un texte comme étant “pour la jeunesse”. Qui s'interrogerait aujourd'hui sur la légitimité de Molière ou de Victor Hugo à être lus dans les collèges ? Pourtant, Mme Rimbaud s'offusquait que le professeur d'Arthur lui ait donné à lire Les Misérables ! Rions.
    Et ça continue.
    Aujourd'hui on voudrait rabaisser la littérature contemporaine à “un travail de reporters en âges troubles, tentant de se mettre dans la tête d'un ado”.
    Non. Les œuvres incriminées ne sont pas ce qu'on voudrait nous faire passer pour du fait divers aguicheur.
    Petite mise au point. Il ne s'agit pas dans la collection “D'une seule voix” de récits mais de monologues intérieurs, d'une parole, n'en déplaise à Marion Faure. Et c'est une différence d'importance. Encore faut-il prendre le temps de lire vraiment.
    Et surtout, ces monologues sont des textes d'auteurs.
    Cela veut dire que chaque mot en a été pesé, qu'un écrivain a passé du temps de sa vie à faire advenir ce qui peut être partageable, universel, quel que soit l'âge. Ce sont ces voix que nous voulons faire entendre dans cette collection. Des voix d'auteurs comme Wajdi Mouawad, Catherine Zambon, Malin Lindroth, et nous ne laisserons pas dire qu'ils entraînent le lecteur dans des univers “malsains”… Parce que nous estimons qu'ils ont fait œuvre.
    L'adolescence, pas plus que l'enfance, n'a d'âge. C'est bien là la difficulté.
    Il y a des lecteurs qui seront toujours arrêtés par certains textes et cela n'est pas une question de date de naissance. D'autres ont lu à un “âge” supposé précoce des œuvres qu'on ne leur réservait pas.
    Les êtres humains ne sont pas réductibles à leur carte d'identité. Décidément.
    La vigilance extrême qui est la nôtre porte sur le texte. Toute souffrance se réfléchit dans la littérature qui permet de prendre le recul nécessaire pour l'envisager, voire la dévisager. Les émotions les plus intenses, nous pouvons les éprouver sans craindre qu'elles ne broient notre réalité si, et seulement si, elles ont été travaillées par la création. Lorsque des spectateurs vont voir couler le Titanic, ils paient leur place pour pleurer et non pas se noyer (ne serait-ce que dans leurs larmes… !). Claude Simon a très justement écrit dans Orion aveugle que jamais aucun incendie allumé dans un livre n'avait mis le feu à une maison.
    Nous le croyons.
    Nous croyons aussi que les jeunes filles et les jeunes gens sont intelligents et qu'ils ont droit à la littérature.
    Ils savent faire la différence entre la place de voyeur qui leur est largement offerte dans les médias et celle de lecteur.
    Lire permet d'être sujet, visionnaire et non spectateur. Libre. C'est peut-être pour cela que les livres sont toujours les premiers attaqués lorsqu'une société installe la peur comme moteur des relations humaines.
    Un article tel que celui paru dans Le Monde ne peut que légitimer les discours obscurantistes qui visent à entraver et réduire le travail de tous les passeurs de livres : libraires, bibliothécaires, enseignants.
    Lire est un risque.
    Editer est un risque. Nous sommes fiers de l'assumer.
    Vient ensuite le temps de l'échange, autre pari, vital, que Dolto entre autres a rappelé.
    Les livres ne sont pas obligatoires.
    Ils sont nécessaires à toute pensée qui se construit.

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  • Je bookeene, tu bookeenes...

    Je suis tombée sur une discussion très instructive portant sur le livre électronique, à laquelle je ne me sens pas capable de prendre part... livres.blogs.liberation.fr/livres/2007/11/vive-le-livre-s.html 

    e8aaf1fc0a5a519bddbc22cd42aee88c.jpgC'est un blog tenu par des libraires, forcément très concernés par l'évolution des supports. J'ai beau avoir conscience des enjeux économiques (pour les éditeurs, les auteurs, les libraires, et les lecteurs aussi..., bref, toute la chaîne du livre), j'avoue avoir un peu de mal à m'intéresser aux débats actuels sur les e-books, le papier électronique et autres livres sur écran... pour plusieurs raisons. D'abord par manque de temps, peut-être par paresse, mais surtout par méfiance & prudence. Il est vrai que quelques années en arrière, je me revoie, accrochée à mes vinyls (aujourd'hui au fond d'un carton), en train de lancer "no pasaran" aux CDs... Malgré tout, le livre, c'est autre chose... Avec un livre sur soi, on n'est pas à la merci d'une panne ou d'un bug..., c'est un objet dans lequel on peut écrire, annoter, souligner, dont on peut corner les pages, tordre la couverture... Bref, les livres sont des objets à part, que l'on peut malmener à sa guise, histoire de se les approprier, et dont la présence, tout autour de soi, est rassurante, tangible. Sans parler du plaisir de tourner les pages.
    En fait, tout dépend de ce que l'on lit ou consulte - manuels, dictionnaires, encyclopédies (pour ceux-ci, pourquoi pas ?) ou bien roman, poésie, album illustré... (plus difficile à imaginer...) On nous assure qu'il suffit de s'habituer, que la lecture restera "confortable" et qu'à force, on en oubliera le support. Attendons un peu, avant d'aller acheter des produits qui ne sont pas à la portée de tous...

     

    Voilà ce qu'on peut lire sur le lancement de "Kindle", le livre électronique d'Amazon - dont le rival français s'appelle le Cybook Gen3 de Bookeen (drôle d'idée d'être allé chercher une combinaison anglaise pour désigner la marque...)

    "Le groupe Amazon.com a lancé son livre électronique Kindle, un écran plat de la taille d'un livre vendu 399 dollars, dont il espère qu'il fera enfin décoller la lecture sur écran. Ce lecteur, doté d'un écran noir et blanc et d'un clavier, peut se connecter sans fil à internet et télécharger des livres mais aussi des blogs et des journaux. Les livres sont généralement proposés 9,99 dollars pièce. Amazon mettra à disposition un catalogue de 90'000 titres. Le Kindle utilise une "encre électronique", qui apparaît en fonction des impulsions électroniques, sans rétro éclairage. Il pèse environ 300 grammes, et sa mémoire peut contenir 200 titres. Son autonomie est d'environ 48 heures quand la liaison sans fil est active et plus d'une semaine si elle est éteinte. Il se recharge en 2 heures."

    A propos de l'e-book de Booken (350 euros...), quelques analyses
    www.ecrans.fr/Livre-electronique-une-page-se,2717.html

     

    Un dossier pour mieux comprendre
    www.educnet.education.fr/dossier/livrelec/default.htm 

    En attendant, je retourne à mes vieux papiers...

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  • Quelques titres pour 2008 & sorties poches

    f1de6369937d8b99068d9c96af0edbbf.jpgEn ligne sur Sitartmag, quelques articles portant sur des romans à paraître début 2008.

    Les sept jours de Peter Crumb de Jonny Glynn (Panama)
    dont je parle déjà sur ce blog, plongée dans un univers mental déroutant.

    Du sang dans la sciure de Joe R. Lansdale (éditions du Rocher)
    Un roman lu il y a quelques années, en dont j'attendais la parution en français.

    Quant aux poches, plusieurs ouvrages dont nous avions déjà parlés : Fils unique de Stéphane Audéguy (Folio), Train 8017 d’Alessandro Perissinotto (Folio Policier), La neuvième vie de Louis Drax de Liz Jensen (J'ai Lu, février 2008), La vie aux aguets de William Boyd (Points Seuil, février 2008), Cahiers de la guerre et autres textes de Marguerite Duras (Folio, mars 2008), La joueuse d'échecs de Bertina Henrichs (Livre de poche, février 2008), Fenêtres sur rue de Jon McGregor (Rivages 2008), Samedi de Ian McEwan (Folio).

    Tous les articles sont ici  www.sitartmag.com/xbooknouveaux.htm

     

    c9f2e5f59520b641dd30e5f7f3a7e26d.jpgJe recommande aussi la lecture de La Langue du mensonge de Andrew Wilson (traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier), aux éditions Albin Michel, que j'avais lu en anglais.

    présentation de l'éditeur
    Adam Woods est un jeune diplômé en histoire de l’art. Gordon Crace, un vieillard excentrique, collectionneur d’art, qui vit reclus depuis vingt dans un somptueux palais vénitien en ruines. Entré au service de Crace en tant que secrétaire, Adam est fasciné par cet érudit capricieux et secret. Commence alors entre ces deux personnages un étrange jeu de confessions intimes d’où surgit le spectre de l’ancien amant de Crace, mort à vingt ans en 1967. Meurtre ? Suicide ? Adam, qui nourrit le rêve secret d’écrire la biographie de Crace, décide de connaître coûte que coûte la vérité sur cette disparition, enfreignant dangereusement les règles du jeu... un thriller vénéneux et subtil dans la lignée de Patricia Highsmith où Andrew Wilson excelle à faire vaciller toutes nos certitudes.
    http://www.albin-michel.fr

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  • Le Grognard

    Le numéro 4 du Grognard, revue littéraire trimestrielle, vient de paraître.

    au sommaire

    Goulven le Brech : Entretien sur Jules Lequier
    Jules Lequier : La Feuille de charmille
    Paul-Henry Vincent : Sagesse des fous
    Erik Petiteau : Erotisme urbain
    Mitch Abidor : American rebels : Lysander Spooner
    Vanessa Trendel : A Venir
    Stéphane Beau : Contingences 7 & 8
    Serge Muscat : L'Homme satisfait et l'homme qui cherche
    Pascale Arguedas : Graine de chant
    Alain Boyer : Alliances
    Gustave Mandamour : Lettre à Aglaé Vadet
    Pascale Arguedas, Stéphane Beau, Michel Vanoosthuyse : Du côté des livres

    30d765a1b244e79da316a94c9c792bc1.jpgJe reproduis ici leur présentation : Loin des modes et des avants gardes, des esprits de chapelle et du parisianisme, tous les trimestres, Le Grognard vous propose une sélection de textes originaux et de trésors oubliés. Résolument inactuel, Le Grognard affiche ouvertement sa nostalgie pour les revues mythiques du 19e siècle : La Plume, La Revue Blanche, Le Mercure de France… mais aussi pour certaines revues anarchistes fortement teintées d'idéologie individualiste telles que L'En dehors, L'Unique, L'Ordre Naturel, La Mêlée
    Sur le fond ? Le Grognard n'a pas de limites. Les seules exigences qu'il s'impose sont : curiosité, ouverture d'esprit, respect des différences et refus des discours verbeux et autres jargons branchés. Au programme de chaque numéro : des articles de fond, des extraits de livres juste parus ou à paraître, des entretiens, des poèmes, des chroniques, des critiques de livres...

    http://pagesperso-orange.fr/legrognard/ouverture.htm 

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  • Blogosphère

    4094149f4535c6cccc65cf0b781e3c5e.jpg

    Ce blog a été sélectionné par La Blogosphère de TV5 Monde. Fiche de présentation
    Tous les blogs de la sélection littérature à consulter.

     

    Mais aussi par le site Un blog par jour
    http://inclassable.typepad.com/un_blog_par_jour/littraires/index.html

     

    On peut retrouver mon blog sur la veille littéraire du CNL - mise à jour en temps réel ou presque.
    http://www.centrenationaldulivre.fr/spip.php?page=sedna

    Ou encore sur le site Weblettres - portail de l'enseignement des lettres
    http://www.weblettres.net/sommaire.php?entree=20&rubrique=134

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  • Prix Collidram - 2007-2008

    Un éveil à la lecture du théâtre contemporain

    Comment aborder un texte théâtral, l'analyser, en rendre compte ? Quelles sont les différentes méthodes de lecture ? Qu'est-ce que la littérature théâtrale, ses tendances actuelles, son histoire récente ? Du texte à la représentation, quels écarts ?


    Grâce au prix Collidram, organisé par l'ANETH, des élèves de collèges ZEP et « Ambition réussite » découvrent une littérature vivante, souvent méconnue, et en rencontrent les auteurs et les acteurs.

    abfc91f86df75c658a5833dd4788f6d5.jpgIls lisent cinq pièces sélectionnées et se réunissent en comités de lecture pour en choisir une. Ils décernent un prix à l'auteur, doté de 2500 euros. Les groupes constitués se fixent des enjeux en suivant différentes étapes : lecture des textes, discussion, et sélection. Les collégiens sont invités à trouver leurs « outils », leurs « entrées » pour aborder la littérature dramatique contemporaine : comment parler d'une pièce ? Comment parvenir à restituer son identité ? Comment se forger un avis et en fonction de quels éléments ?

    Pour 2007-2008, huit classes de colléges de la région Île-de-France (le prix sera étendu au niveau national les années suivantes) choisiront leur lauréat parmi les 5 pièces suivantes sélectionnées - ouvrages qui ne sont pas nécessairement estampillés  "jeunesse" et dont on appréciera la diversité.

    Bouge plus ! de Philippe Dorin - Les Solitaires Intempestifs

    Jojo au bord du monde de Stéphane Jaubertie - Éditions Théâtrales Jeunesse

    Une journée de Paul de Dominique Richard - in Théâtre en court 2, Éditions Théâtrales Jeunesse

    Louise / les ours de Karin Serres - L'École des loisirs

    Kardérah de René Zahnd - Bernard Campiche Éditeur

    http://www.aneth.net/

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  • Tartufferies

    Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires. Un lieu de réflexion et d'information sur la censure et l'autocensure. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression.
    http://orpheon-theatre.org/bibliotheque/accueilbiblio.html

    Le Prix Tartuffe 2006 a été attribué à l’écrivain Christian Salmon pour son livre Verbicide (Climats, 2005) et son action en faveur de la liberté d’expression et en 2005, à la dramaturge anglaise Gurpreet Kaur Bhatti - en décembre 2004, 400 sikhs avaient envahi le Repertory Theater de Birmingham, faisant annuler sa pièce Déshonneur (Oberon Books, 2005 - Les Solitaires intempestifs, 2006) jugée "blasphématoire" et contraignant l'auteure, menacée de mort, à la clandestinité.

    Cela me fait repenser à ce que Taslima Nasreen subit ces temps. Lire ce qu'en dit La Quinzaine Littéraire

    En parlant de blasphème, ou de "diffamation des religions", la lecture de cet article intéressera certainement un grand nombre de citoyens vivant en pays laïque... ou ailleurs.
    www.sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=157

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  • Un coeur de pierre...

    Stoneheart de Charlie Fletcher, traduit de l'anglais par Laurence Kiefé - Hachette Jeunesse 2007

    10a47a1b5e863d73b2818fd25224978a.jpg"Le jour où George brise la statue d'un dragon, il est loin de se douter qu'il a réveillé une épouvantable malédiction. Statues malfaisantes, gargouilles et sculptures inquiétantes prennent vie. Une course-poursuite terrifiante est lancée dans Londres car tous ces êtres maléfiques n'ont plus qu'un seul but : tuer George. Commence alors pour le jeune garçon une quête vertigineuse pour trouver Stoneheart, le Cœur de pierre."

    Roman fantastique, d’apprentissage et d’aventure qui se déroule sur une seule journée, Stoneheart regorge d’inventivité. Une oeuvre complexe, érudite et palpitante, que les lecteurs adultes prendront autant de plaisir à explorer que les plus jeunes (à partir de 11-12 ans). Charlie Fletcher était l'un des invités du Salon du livre jeunesse de Montreuil Site officiel

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