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Littérature pour ados - suite

4d5741cc04485ab22e290ec1c1b6b43b.jpgSuite à la réponse du Monde des livres et à l'émission dédiée au roman pour ados, diffusée sur France Culture, voici le point de vue de Fabrice Vigne, auteur, qui avait réagi ici. Je le remercie vivement pour son compte-rendu et ses remarques.

"J'ai écouté l'émission sur France-Culture vendredi dernier (en faisant la vaisselle et la cuisine), je vous livre mes impressions.
Chacun a joué son rôle, chacun était dans sa partie... Après tout, le débat n'était pas neuf, donc il ne s'agissait que de réaffirmer publiquement les choses. Marion Faure avait bétonné son dossier, elle a peu parlé mais sa défense était parfaitement au point. Annick Lorant-Joly était très bien, très posée, élevant le débat par la longue durée historique quand il le fallait. Thierry Magnier a comme toujours magnifié (magnier-fié) la mission de l'éditeur, avec intelligence et dignité, mais il me semble qu'il était moins offensif que d'habitude. Sans doute les démêlés judiciaires lui pèsent-ils. Bon courage...
La seule que j'ai trouvée faiblarde est l'animatrice de l'émission : l'aveu candide de son ignorance absolue de ce qu'est la "littérature jeunesse" était pénible, embarrassant pour elle. Qu'on commence par les lire, ces livres, avant de discuter, bon sang ! Ceci ne révèle rien d'autre que le désert médiatique qui l'entoure, cette pauvre littérature jeunesse. On ne s'intéresse à elle que quand elle se fait remarquer par la censure, c'est consternant.
Au fond, la seule question vraiment dérangeante qu'a posée l'animatrice, était "Puisque les adolescents sont capables de tout lire, à quoi bon une littérature qui s'adresse à eux ?" Voilà une vraie question de fond qui mériterait qu'on réfléchisse, qu'on polisse les arguments, et qu'on discute longuement, au-delà d'un simple plateau radio de 3/4 d'heure rendu superficiel par les circonstances.
Bien sûr, personne n'a vraiment répondu à cette question-là. Alors, c'est quoi, la "littérature jeunesse" ?
J'ai failli casser un verre (oui, je faisais la vaisselle) quand j'ai entendu Marie-Aude Murail expliquer ce que devait être la littérature jeunesse : un produit de consommation consensuel pour la famille, "comme un téléfilm en prime time" (sic). Gargl ! Plutôt crever, dans ce cas, que d'être personnellement assimilé à de la littérature jeunesse ! J'adore ça, la "littérature jeunesse", mais seulement parce que j'aime la littérature tout court qu'il y a dedans. Or, la littérature est un champ gigantesque qui a toujours fait cohabiter, en plus ou moins bonne intelligence, la consommation consensuelle "prime time", et l'underground caché à découvrir tout seul, par la bande, par la bibliothèque, par le bouche-à-oreille, en secret, en silence, et surtout sans sa famille. La littérature qui m'intéresse, celle que je lis, celle que j'écris, fait au contraire partie des choses à même de nous venger, de nous consoler, de nous émanciper, ou au minimum de nous divertir, de notre famille. Et de nous en donner une autre.
Fabrice Vigne, le 29.12.2007

Lien permanent Catégories : Edition, Littérature jeunesse 4 commentaires 4 commentaires

Commentaires

  • C'est un vaste débat et je n'ai pas écouté l'emission. Je remarque juste comme libraire que les parents choisissent encore trop pour leurs enfants et censurent helas les choses sur ces questions ou cette forme de questionnement. Venant de parents "je comprends" mais si je n'agis pas de la même manière. Le débat pourrait aussi se poser au niveau des albums que je connais mieux. Mais je note que souvent les porteurs de ce débat ne les ont pas lu comme le souligne Fabrice Vigne et que la critique tienne ce genre de propos c'est effarant, il devrait plus être les passeurs, les soutiens de ce travail... Il y en assez de ce préjugé qui voudrait que la littérature arrête d'écrire la ou ça fait mal. Chacun à sa place dans l'ordre du discours comme le note encore Fabrice Vigne mais libraires laissez tout ça et continuez de lire et de vous battre pour defendre la littérature qu'elle soit noire ou d'une autre couleur et pour monsieur Magnier j'aimerais que dans son engagement il s'intéresse un peu plus à quel circuit et par quel gens se diffusent son travail... bref ce genre de débat me fait chier car il n'a aucune raison d'être et les gens n'en garderont que le préjugé qu'il véhicule et se feront une joie d'en faire une vraie rumeur les preservant de lire, de reflechir, de vivre l'altérité dans tout ce qu'elle peut entrainer de bonheurs et de dangers.

  • Ashab : je comprends votre ras-le-bol, en même temps, le débat, dans ce cas précis, n'est pas stérile et permet justement de réaffirmer certaines valeurs, comme celles que vous citez ci-dessus - même si on a souvent l'impression de devoir se répéter... Concernant l'altérité et la diversité, votre blog et vos chroniques en sont un parfait exemple, et j'encourage chacun à vous lire.

  • Je partage l'avis d'ashab: débats vains et inutiles, voleurs de temps précieux au détriment de la lecture. Si tous ceux qui vont à la radio (télé, shows etc) se renseignaient un temps soit peu sur ceux qui vont les interroger, ils cesseraient de se prêter à ce jeu qui les dessert car combien de ces acteurs savent de quoi ils parlent? Combien d'animateurs ont lu autrement qu'en diagonale ou rien de plus qu'un quatrième de couverture ou un simple résumé écrit par un assistant avant l'émission? Je n'invente rien. Et elle est là la réalité dans la majorité des cas.

  • Les journalistes télé ou radio n'ont pas toujours lu les livres dont ils parlent, c'est vrai, (et même dans la presse écrite, on nous ressert parfois des reformulations des argumentaires presse), mais il est si rare que les médias invitent des auteurs et éditeurs jeunesse à venir s'exprimer qu'il est compréhensible que ces derniers répondent à l'invitation... Et à lire Fabrice Vigne, on n'a pas l'impression que l'émission a desservi la littérature jeunesse, qui manque tant de visibilité...

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