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De la fessée

Pour ou contre la fessée ? Cette enquête m'a rappelé un album qui ne tranche pas sur le sujet mais le traite avec intelligence, humour et finesse.

 

Le conte du prince en deux, Ou l’histoire d’une mémorable fessée
Olivier Douzou et Frédérique Bertrand (Seuil jeunesse)

 

La fessée, entre réalité et fiction.

Une mère d’élève est interviewée devant l’école de son fils – et se prend si bien au jeu que l’enfant craint d’être en retard… Interrogée sur un sujet éducatif (la fessée), elle ne peut résister au besoin de formuler longuement son avis et se lance dans une véritable diatribe anti-violence : ses idées envahissent la page, les mots s’entassent et se percutent, tandis que l’enfant tente d’attirer l’attention de cette mère trop bavarde, qui continue cependant de s’insurger contre cette pratique d’un autre temps – l’occasion pour elle d’exprimer son admiration pour le modèle suédois (« En suède, la fessée est sévèrement réprimandée et c’est une bonne chose… »). Mais l’on comprend que les belles théories et les bonnes intentions de la maman ne tiennent pas longtemps quand elle se retrouve aux prises avec la réalité…

479e0ec603a5ce5c30e6e42af75f07b1.jpgA l’école (que le petit a pu rejoindre malgré tout... avec un peu de retard) s’enchaînent des paroles d’enfants, beaucoup plus réalistes face à cette pratique qu’ils subissent : ils échangent leur propre expérience de la fessée (« c’est terrible », « je crie juste avant que ça tombe »…), puis un petit garçon entreprend de raconter Le Conte du prince en deux à la classe : le ton change, les illustrations et les décors aussi et ce récit inséré, volontairement absurde, prend des allures allégoriques et désuètes affirmées, tout en condamnant ouvertement la pratique du châtiment corporel, les peurs qu’il provoque et le sentiment d'injustice qu'il engendre.

Ce superbe album met dos à dos, très concrètement, mythe et réalité, par le biais du récit à tiroir : un excellent moyen de s’interroger sur la violence physique et les comportements adultes parfois irréfléchis et que l'on croit appartenir à un autre temps – mais qui perdurent envers et contre tout. Les auteurs ont cependant la sagesse de ne pas imposer leur point de vue ; de ne pas culpabiliser les adultes, de dédramatiser la pratique de la fessée pour ne pas donner aux enfants l'impression d'être uniquement des victimes, tout en les laissant s'exprimer ; mais il est certain que les jeunes lecteurs retiendront avant tout les mots des petits élèves et s’identifieront aisément à eux. Par le biais de l’humour Olivier Douzou et Frédérique Bertrand ont su éviter les ornières de la morale et même si la question, assurément complexe, demeure en suspens, ils fournissent au moins l’occasion d’en débattre ! © Blandine Longre

 

Les plus grands pourront aller lire Le Traité du fouet du Général F-Amédée Doppet aux éditions A Rebours. qui parle (entre autres...) "De la nécessité de changer les peines qu’on inflige à l’enfance et à la jeunesse"... nous étions en 1788 !

Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature jeunesse, Sur le Web 5 commentaires 5 commentaires

Commentaires

  • Ah, rebonjour ! le monde si proche du mien, je vous ai laissé un commentaire sur un autre article plus ancien (3/12/07)... je vous ai parlé de ma passion/profession d'écrivain/traductrice littéraire, de mes 3 anthologies de la poésie contemporaine, française en version bengalie et inversement, publiées à Paris, Calcutta, Murcie...certains éditeurs indépendants cités dans votre liste étaient présents dans le salon du livre de l'autre LIVRE qui a eu lieu les 7,8 et 9 déc 2007 dont j'étais responsable. Tout ce cabotinage est pour vous inviter chez mon blog...et si cela vous chante/enchante, on peut échanger les liens...
    bon blogging
    et à bt

  • Etre cité par Blog à Part, notre rêve.

  • Concernant Blog à part, on m'a dit que le chroniqueur était tombé sur mon blog au fil de ses recherches sur le net. Rien d'autre !

  • Salve !
    Les coups sont des coups, on ne va pas le nier.
    Mais je me souviens de phrases entendues sur la plage, au sein des familles. "tu n'en feras jamais d'autres !" "Ma patience a des limites !" "Quand je te parle, tu m'obéis!" "Qu'est-ce que j'ai dit !!! Tu arrêtes immédiatement !"
    Je crois qu'une fessée pour cesser une crise fait beaucoup moins de mal que toutes ces petites moralisations à deux balles qui assomment la créativité, l'inventivité, l'enfance sous la pesanteur des adultes qui se sont fermés à toute poésie pour adopter un réalisme sans issue.
    Raoul Vaneigem : "Ils élèvent l'enfant de la même façon qu'ils se lèvent chaque matin : en renonçant à ce qu'ils aiment".
    Eliminez les fessées : elles se transformeront en claques morales.
    Bravo pour votre blog, pour vos réflexions sur la liberté d'expression et pour votre belle indépendance d'esprit.
    Baisers
    d'
    Axel

  • Oui, la violence verbale à répétition fait parfois davantage de dégâts qu'une petite fessée.
    Il y a une pièce de théâtre que j'avais beaucoup aimée, tirée d'un roman de Pascal Bruckner,Le Palais des claques
    http://www.sitartmag.com/palaisdesclaques.htm

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