Revue numérique gratuite (à lire en ligne, télécharger et partager) - poésie, littérature, arts plastiques - éditée par Nathalie Riera.
littérature - Page 2
-
Les carnets d’eucharis n°29 Juillet/Août 2011
-
The Black Herald, revue de littérature, numéro 2
The Black Herald
Literary magazine – Revue de littérature
Issue #2 – September 2011 - Septembre 2011
162 pages - 13.90 € – ISBN 978-2-919582-03-7Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.With / avec W.S Graham, Danielle Winterton, Dumitru Tsepeneag, Clayton Eshleman, Pierre Cendors, Onno Kosters, Alistair Noon, Anne-Sylvie Salzman, Róbert Gál, Andrew Fentham, Hart Crane, Delphine Grass, Jacques Sicard, Iain Britton, Jos Roy, Michael Lee Rattigan, Georges Perros, Laurence Werner David, John Taylor, Sudeep Sen, César Vallejo, Cécile Lombard, Michaela Freeman, Gary J. Shipley, Lisa Thatcher, Dimíter Ánguelov, Robert McGowan, Jean-Baptiste Monat, Khun San, André Rougier, Rosemary Lloyd, Hugh Rayment-Pickard, Sherry Macdonald, Will Stone, Patrick Camiller, Paul Stubbs, Blandine Longre.
and essays about / et des essais sur Arthur Rimbaud, Tristan Corbière, Jacques Derrida.
Images : Romain Verger, Jean-François Mariotti. Design: Sandrine Duvillier.photo de couverture © Romain Verger
The Black Herald is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre
Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre -
Le Visage Vert, 18e
Le Visage Vert, n° 18, juin 2011
Un volume de 160 x 240, 192 p.
17 euros
ISBN : 978-2-918061-11-3
Avec un peu de retard, on salue la parution du numéro 18 du Visage Vert. Au sommaire, « Le Loup de Salem » [1909] : une nouvelle inédite d'Howard Pyle sur le thème de la sorcellerie, suivi d'un bel essai de Michel Meurger: « Les Sorcières de Salem et la fiction américaine ». Viennent ensuite une nouvelle fantastique de Robert Barr (« La Vengeance du mort » [1894]), un récit humoristique de science-fiction par Jean Bréchal (« L’Opération merveilleuse du professeur Brigdmann » [1900]), un récit de terreur victorien par Amelia B. Edwards (« Une terreur en chemin de fer » [1856]), suivi de son plagiat par Georges Price (« Une heure d’express » [1910]) et, du même, un récit d'anticipation : « Le Roi du Léthol » [1910]. Pour finir, la traduction de deux nouvelles inédites de l'Allemand Alexander Moritz Frey (« Le Curieux » [1928], « Périple » [1921]) et d'un article biographique de cet auteur par Robert N. Bloch. Le dossier de ce numéro, préparé par François Ducos, est consacré au Gorille voleur de femmes, complété par deux nouvelles de Bénédict-Henry Révoil (« La Vengeance du singe » [1878]) et de Gervèsis Malissol (« Un drame au pays des gorilles » [1897]).
Pour le commander et / ou s’abonner :
http://www.levisagevert.com/edition/commande.html
Le blog du Visage vert, revue et maison d’édition :
http://leblogduvisagevert.wordpress.com/
Lire la recension de Bruno Para
-
En cours de traduction / Work in progress
Dark Matter, de Michelle Paver (Orion Books, 2010)
un extrait en ligne
http://www.orionbooks.co.uk/books/extracts/dark-matter-audio
vidéos ici
http://www.michellepaver.com/dark-matter-is-published
le site de l'auteur
-
So loveliness reigned and stillness reigned...
“So loveliness reigned and stillness reigned, and together made the shape of loveliness itself, a form from which life had parted; solitary like a pool at evening, far distant, seen from a train window, vanishing so quickly that the pool, pale in the evening, is scarcely robbed of its solitude, though once seen. Stillness and loveliness clasped hands in the bedroom; among the shrouded jugs and sheeted chairs, even the praying of the wind, the soft nose of the clammy sea airs, rubbing, snuffling, iterating and reiterating their questions – “Will you fade? Will you perish?” scarcely disturbed the peace, the indifference, this air of integrity, where there is no compromise, truth were there undraped, as if the question they asked needed no answering: we remain.”
(Time Passes, Virginia Woolf, 1926)
« Ainsi la beauté régnait et la quiétude régnait, et ensemble composaient la forme de la beauté même, forme dont la vie s’était séparée ; solitaire comme un étang dans le soir, au lointain, qu’on voit depuis la fenêtre d’un train, si vite évanoui que l’étang, pâle dans le soir, est à peine privé de sa solitude, quoiqu’aperçu une fois. La quiétude et la beauté liaient leurs mains dans la chambre ; parmi les pots sous leur linceul et les chaises sous leur housse, même la prière du vent, le nez délicat des souffles moites de la mer, frottant, reniflant, énonçant et répétant leurs questions – « te faneras-tu, périras-tu ? » troublaient à peine la paix, l’indifférence, l’air d’intégrité, où n’existe nul compromis, où la vérité était dévoilée, comme si à la question qu’ils posaient on n’avait nul besoin de répondre : nous demeurons. »
(Le temps passe, traduit de l’anglais par Charles Mauron - édition bilingue, postface de James M. Haule - Le Bruit du Temps, 2010)
Documents en ligne : http://www.woolfonline.com/?q=image/tid/9
Lien permanent Catégories : Lectures, Littérature étrangère, Traduire 0 commentaire 0 commentaire Tweet -
A paraître en septembre, The Black Herald, revue de littérature n°2
The Black Herald
Literary magazine – Revue de littératureIssue #2 – September 2011 - Septembre 2011
13.90 € – ISBN 978-2-919582-03-7Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.With / avec W.S Graham, Danielle Winterton, Dumitru Tsepeneag, Clayton Eshleman, Pierre Cendors, Onno Kosters, Alistair Noon, Anne-Sylvie Salzman, Róbert Gál, Andrew Fentham, Hart Crane, Delphine B. Grass, Jacques Sicard, Iain Britton, Jos Roy, Michael Lee Rattigan, Georges Perros, Laurence Werner David, John Taylor, Sudeep Sen, César Vallejo, Cécile Lombard, Michaela Freeman, Anne-Sylvie Salzman, Gary J. Shipley, Lisa Thatcher, Dimíter Ánguelov, Robert MacGowan, Jean-Baptiste Monat, Khun San, André Rougier, Rosemary Lloyd, Hugh Rayment-Pickard, Sherry Macdonald, Will Stone, Patrick Camiller, Paul Stubbs, Blandine Longre.
and essays about / et des essais sur Arthur Rimbaud, Tristan Corbière, Jacques Derrida.
Images : Romain Verger, Jean-François Mariotti. Design: Sandrine Duvillier.The Black Herald is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre
Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre -
Le Zaporogue #10
Vient de paraître : le numéro 10 de la revue littéraire Le Zaporogue, éditée par Sébastien Doubinsky.
Just published: issue 10 of the free-to-download literary magazine, The Zaporogue. Editor: Sébastien Doubinsky.
VANESSA VESELKA, ANNE-SYLVIE HOMASSEL, LISA THATCHER, MAYA BYSS, PETER LAUTROP, JONAS LAUTROP, VERA KOLESSINA, ARLENE COLOMBE HIQUILY, DARREN DEICHEN, ANNE-SYLVIE SALZMAN, MARC BRUNIER MESTAS, CYRILLE VINRECH, MITCHELL ZYKOFSKY, ELIZABETH TWIDDY, AGATHE ELIEVA, FRANK CESARINI, MATT BIALER, JERRY WILSON, NICOLAS RICHARD, JIM GREER, JACQUES SICARD, ALEX SCHREIBER, MATTHEW REVERT, M.A. LITTLER, C.A. COLTON.
-
Black Herald Press à la Halle Saint Pierre
Du 17 au 29 mai 2011, nos ouvrages et le premier numéro du Black Herald seront à la Halle Saint Pierre (Montmartre) à l’occasion de la « Librairie éphémère » organisée par les éditions L’Œil d’or et Passage piétons, lesquelles invitent les ouvrages de cinquante éditeurs indépendants.
Halle Saint Pierre, 2 rue Ronsard, 75018 Paris
Ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures
-
Atopia, Eric Bonnargent
ATOPIA, PETIT OBSERVATOIRE DE LITTÉRATURE DÉCALÉE
Éric Bonnargent
Préface d’Antoni Casas Ros
Le Vampire Actif, 2011"Dans cet ouvrage, Éric Bonnargent nous livre un regard singulier et volontairement subjectif sur une trentaine d’œuvres marquantes des XXe et XXIe siècles, écrites par des auteurs de plus de vingt nationalités différentes qui ont la particularité de s’organiser autour de personnages évoluant en atopia ou non-lieu. À travers dix grandes thématiques où se manifeste ce concept, l’auteur imagine des rencontres originales et des mises en écho entre les textes de Stig Dagerman, André Gide, Cormac McCarthy, B.S. Johnson, Sébastien Doubinsky, R.D. Brinkmann, Roberto Bolaño pour ne citer qu’eux."
Pour lire un entretien avec Eric Bonnargent, par Anne-Françoise Kavauvea
Eric Bonnargent sévit aussi sur L'Anagnoste, en compagnie de Marc Villemain.
Lien permanent Catégories : Edition, Essais & non-fiction, Lectures 0 commentaire 0 commentaire Tweet -
Engeland, de Pierre Cendors
« Personne ne sait combien de jours, combien de semaines, cette solitude blanche – un passage à vide, dirait-on, aujourd’hui – se poursuit encore. La jeune fille est maintenant une femme ; sa vie ressemble à un corps plongé dans la torpeur d’un profond sommeil. (…) Fausta sort de son appartement et descend dans la rue. Elle se mêle à la foule sans que ne la quitte la conscience brutale qu’aujourd’hui encore, sa vie n’est que ce désert ordinaire d’un sous-réel que l’homme nomme le quotidien ou plus dérisoirement encore : la vie. »
– Engeland de Pierre Cendors (Finitude, 2010)
Sur le site de l’éditeur
http://www.finitude.fr/titres/engeland.htm
Le blog de Pierre Cendors
-
Regards croisés (à la Librairie MK2 Quai de Loire, Paris)
Pour découvrir le catalogue du Sonneur : http://www.editionsdusonneur.com/
Pour découvrir celui de L'Oeil d'or : http://loeildor.free.fr/
-
L’insurrection pour sauver le jeune hobereau Ernest...
Ou, plus précisément, sous son titre français L'Affabulateur de Jakob Wassermann, un roman traduit de l'allemand par Dina Regnier Sikiric et Nathalie Eberhardt et publié par La dernière goutte en octobre dernier.
« Les mots se jetaient sur lui à tel point qu’il avait l’impression d’être sous une cascade l’empêchant de respirer. Toutes les choses entre ciel et terre étaient capturées en eux ; on pouvait les jeter dans le désordre comme les pions d’un jeu : chacun signifiait quelque chose, derrière chacun s’érigeait un événement. »
Pour le découvrir, lire l'article d'Anne-Françoise Kavauvea et celui d'Eric Bonnargent.
-
De la traduction
On lira avec intérêt l'article stimulant de Sophie Képès intitulé Pour un traducteur, il n’est de bon auteur que mort. Elle y soulève avec intelligence et ouverture d'esprit nombre de questions, en se fondant entre autres sur sa propre expérience de traductrice du hongrois, et nous dit entre autres : « Au fond, il s’agit d’un perpétuel va-et-vient, d’une dialectique bien décrite par Jean-Pierre Carasso : " Traduire, c’est être capable de penser deux choses à la fois, mais souvent le traducteur est paralysé par la langue originale. Il est incapable non de s’en écarter, mais d’y revenir après être passé par la sienne ". (...) L’insatisfaction est la règle. L’une des plus belles formules que je connaisse, concernant cet acte de dévouement qui consiste à transférer une grande oeuvre d’une langue à une autre, vient de mon auteur hongrois préféré, Dezsö Kosztolányi : " Le traducteur crée du faux qui est du vrai. Traduire, c’est exécuter une danse pieds et poings liés ".»
à découvrir ici : http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article307
Par ailleurs, quelques sites / blogs dédiés à la traduction, liste non-exhaustive :
Celui de Daniel Cunin, déjà évoqué plus bas, dont je recommande l'une des dernières traductions du néerlandais, Le Tant attendu d'Abdelkader Benali (Actes Sud, 2011).
Littératures d'Extrême-Orient, textes et traduction, le blog des membres de la jeune équipe de recherche je2423 (université de Provence) et du traducteur Pierre Kaser, qui nous souhaite entre autres une bonne année du lièvre-lapin.
Le blog d'Eric Boury, traducteur de l'islandais.
Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Sur le Web, Traduire 0 commentaire 0 commentaire Tweet -
The Black Herald, quelques nouvelles
Merci tout d'abord au Visage Vert qui propose ici une belle présentation de la revue, ainsi qu'à tous les lecteurs et à ceux qui ont transmis les informations, via leurs blogs, sites, etc. comme Ent'revues, Poezibao, DeBuren, Jos Roy ou Claude Chambard, sans parler des contributeurs à ce premier numéro.
On peut se procurer le 1er numéro de la revue de diverses manières :
Directement en ligne, via une connexion sécurisée (règlement via PayPal OU carte bancaire)
Pour les règlements par chèque, il suffit de nous écrire (blackheraldpress@gmail.com)
La revue est par ailleurs disponible dans quelques librairies : L'Ecume des pages, Atout Livre et Cambourakis à Paris / Passerelle à Dole / London Review Bookshop à Londres / Athenaeum à Amsterdam. (voir détails en ligne)
Enfin, pour ceux qui s'interrogeraient sur le numéro 2 et surtout sur ce qu'on appelle en anglais le "submission process" / ou proposition de textes, des précisions ici.
-
Du nouveau, mais pas seulement
Un nouveau blog à suivre, animé par le duo Eric Bonnargent / Marc Villemain (alias Bartleby les yeux ouverts), suite à la fermeture du blog du premier (qui s'en expliquait ici).
Traductions / Fictions / Dragons
Le site d'Anne-Sylvie Salzman (Homassel), qui présente ses écrits, ses parutions ainsi que son travail de traductrice littéraire et d'éditrice au Visage vert (la revue et la maison du même nom) - et même quelques feuilletons.
Le blog de critique littéraire d'Anne-Françoise Kavauvea, qui s'intéresse entre autres éditeurs indépendants et à la vraie littérature.
La revue "qui ne sait pas où elle va", projet artistique pluridisciplinaire mis en place par Alain Giorgetti. Le premier numéro à l'ébauche et le mode d'emploi.
Le blog littéraire et vagabond du site du Vampire Actif, maison d'édition associative à visiter ici.
-
The Black Herald - numéro 1
Le premier numéro de la revue de littérature THE BLACK HERALD paraît en janvier. Au sommaire, poésie, fiction, essais et traductions - en français et en anglais.
Issue #1 – January 2011 – Janvier 2011
160×220 – 148 pages - 13.90 €
ISBN 978-2-919582-02-0Le numéro est disponible en pré-commande
(connexion sécurisée - PayPal ou Carte)
Texts by / Textes de :
Blandine Longre.
Images: Emily Richardson • Romain Verger • Will Stone
Design: Sandrine Duvillier
Présentation à lire, sur le blog de Bartleby les yeux ouverts et sur celui du Visage Vert.
-
En lecture
Forêts Noires, de Romain Verger (Quidam, 2010)
http://www.rverger.com/foretsnoires.html
A lire, un article de Bartleby Les Yeux Ouverts, un autre sur La Lettrine, ou encore dans Livres Hebdo.
Un extrait ici.
Le répertoire des îles, vol. 1, Textes d'Utralab™ et Anne Lille (Editions Burozoïque)
"Obsédés depuis des années par ce motif d’un utopique monde bonzaï, les membres du groupe Ultralab™ puisent leur inspiration parmi les innombrables occurrences de l’île dans la culture mondiale, de L’Île au trésor de R. L. Stevenson à L’Île de la tentation de TF1 en passant bien sûr en tout premier lieu par l’Utopia de Thomas More, ou encore, parmi tant d’autres, celles de Jules Verne, Rodney Graham, Godfrey Sweven, Tetsuya Nomura, Joone, Grand Theft Auto, Alain Bublex, H. G. Wells,Christophe Izar, Namco, Christopher Priest, Shigeru Miyamoto ou encore Aldous Huxley… Moulinant à tout va les références issues de l’histoire des idées, de la littérature, de l’art ou encore du cinéma de série B et de la science-fiction, Le Répertoire des îles™ souhaite recenser de manière quasi scientifique toutes les possibilités d’îles et s’interroge ainsi sur notre actuelle capacité à restaurer la production des utopies, quitte même à prendre le risque de les voir proliférer et dériver dangereusement."
Tuer l'auteur, de Khun San (Les Joueurs d'Astres, 2010)
http://www.rezobook.com/auteurs/khun-san
« Alors que vous ôtez délicatement le papier du petit carré de chocolat que vous aviez conservé pour l’après café, une femme en solex dont le panier avant dévoile l’oblongue extrémité d’une baguette de pain s’enquille dans le bout de vos chaussures. Devant cette flaque de sang qui macule le nubuck beige de vos mocassins vous abandonnez le projet du chocolat et, après un mouvement d’humeur fugace, vous raccompagnez la femme chez elle, dans un appartement qu’elle partage avec une hollandaise exubérante. Dans les lieux vides à cette heure puisque l’expansive hollandaise jacasse en d’autres ailleurs, elle vous confie, au détour d’un splash d’eau boriquée, « j’ai un secret, je vais tuer un homme ». Vous ne voulez pas trop vous attarder, vous avez déjà assez de soucis avec vos propres meurtres sémantiques. »
The Year of the Flood, by Margaret Atwood (2009)
http://www.yearoftheflood.com/
"Beware of words. Be careful what you write. Leave no trails.
This is what the Gardeners taught us, when I was a child among them. They told us to depend on memory, because nothing written down could be relied on. The Spirit travels from mouth to mouth, not from thing to thing: books could be burnt, paper crumble away, computers could be destroyed. Only the Spirit lives forever, and the Spirit isn’t a thing.
As for writing, it was dangerous, said the Adams and the Eves, because your enemies could trace you through it, and hunt you down, and use your words to condemn you.
But now that the Waterless Flood has swept over us, any writing I might do is safe enough, because those who would have used it against me are most likely dead. So I can write down anything I want."The Apocalypse Tapestries, by John Taylor
(Xenos Books)http://www.xenosbooks.com/Apocalypse.htm
Poems, prose poems and reflections, some inspired by memories of travels and everyday life, others by old tapestries of St. John writing the Book of Revelations.
Un extrait en français (traduction de Françoise Daviet)
http://temporel.fr/John-Taylor-v-f-poemes
et en version originale :
http://temporel.fr/John-Taylor-v-o-poemes
II. Digging for Martyrs
The burning blisters on the palms of your hands.
The sweat on your face.
The ever-blunter
blade of your shovel.
Your ever-wearier
thrust
into the rock-studded
clay.Now and then, bones.
A broken skull.
A trinket.
A talisman.But none of these relics
is of yourself.
-
La Librairie éphémère
Les éditions L’Œil d’or et Passage piétons organisent la librairie éphémère, y présentent la production d'une cinquantaine d'éditeurs, et aussi des lectures, des mises en scènes et une exposition.
du 16 décembre 2010 au 9 janvier 2011 à la Halle Saint Pierre.
Les éditions L’Œil d’or et Passage piétons invitent les éditions Alain Beaulet, Ab Irato, À dos d’âne, Al Manar, Art&fiction, Atelier du poisson soluble, La Barque, Belle Gabrielle, Bernard Chauveau, Bibliothèque, Benjamin Colin, Cambourakis, Carnet de dessert lune, Chat Rouge, Circa 1924, Colophon, Dernière goutte, Domens, Dragonne, Écologistes de l’Euzière, Éric Pesty, Les Fondeurs de Briques, Fanlac, Findakly, Flies France, Graine d’encre, Grandir, Harpo &, Lettr’ange, La Main courante, Mare Nostrum, M. Toussaint l’ouverture, Nef des fous, Passager Clandestin, La pionnière, Plonk et replonk, La pommeraie, Ritagada, Rougerie, Sandre, Skarloht, Sillage, Sonneur, Trouvères & compagnies, Van Dieren, Vedrana, VillaRrose, La Ville brûle, Visage vert, Yvette & Paulette, Zinc.Les ouvrages de Black Herald Press seront aussi présents.
Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard - 75018 Paris
M° : Anvers, Abbesses
Ouvert tous les jours (7/7j) de 10h à 18h
-
Palpitant roman-feuilleton...
...à propos du poème The Unseen, de Sarah Teasdale, et de ses nombreuses traductions / adaptations / transpositions... à découvrir en détail sur l'excellent blog de Daniel Cunin, traducteur du néerlandais – blog consacré aux Flandres et aux Pays-Bas à travers leurs écrivains.
http://flandres-hollande.hautetfort.com/
Lien permanent Catégories : Edition, Littérature étrangère, Poésie, Sur le Web, Traduire 0 commentaire 0 commentaire Tweet -
Livres nomades
-
Quand les rois étaient des reines
Moi, Toutankhamon, reine d’Egypte
De Nabil Naoum
traduit de l'arabe (Egypte) par Luc Barbulesco
(Actes Sud, 2005)"Le roman n'examine pas la réalité mais l'existence (...) le champ des possibilités humaines." - Milan Kundera, L'Art du roman
Le titre de ce saisissant roman offre déjà quelques clefs sur l’univers intimiste dans lequel le lecteur pénètre prudemment pour bientôt se trouver happé par le récit de la narratrice éponyme, personnage par essence hybride, inspirant d'abord une crainte mêlée d'admiration ; car (qui oserait en douter ?) c’est l’authentique Toutankhamon qui nous parle, et son récit obsédant a traversé les siècles après qu’elle l’a livré aux murs de sa prison : il est parvenu jusqu’à nous par le biais de la prose tour à tour audacieuse ou lyrique de Nabil Naoum.
Le roman, certes ancré dans l’histoire de l’Égypte ancienne (dont on sait en réalité peu de choses, hormis ce que les tombeaux ont livré), retrace un destin invérifiable, que nulle source ne pourra venir confirmer ou infirmer – mais, à défaut d’être véridique, tout y est hautement vraisemblable, le romancier ayant déployé son imagination, en toute liberté, pour pallier les incertitudes de l’histoire. Il réinvente Tout, fille d’Amenothep et sœur d’Akhenaton (le roi rebelle qui remit en vogue le dieu Aton au détriment d’Amon), élevée comme un garçon, installée sur le trône à neuf ans ; pour se voir, à dix-huit ans, brutalement écartée de ce rôle masculin, créé de toutes pièces par sa mère et le grand vizir. Après avoir été le dieu vivant, sur lequel nul mortel ne peut poser le regard à moins d’y être autorisé, Tout-Nefret, enceinte de plusieurs mois, est jetée dans une fosse obscure tandis qu’un jeune prêtre est sacrifié pour servir de dépouille royale ; car un « roi » ne peut concevoir et encore moins enfanter, et devient gênant quand il s’obstine à vouloir mener une grossesse à terme…
Dans sa dernière demeure, la jeune femme relate l’histoire de sa brève existence sur le point de s’achever par le poison – se confiant à des interlocuteurs invisibles ou absents, sa fidèle servante Senou (est-elle présente ?) ou son amant, Horemheb, celui qui l’aurait trahie.
On trouve là des lamentations, il est vrai, mais étayées de souvenirs entrelacés, permettant à Tout de revivre tous les instants remémorés avant de mourir ; elle revient sans relâche sur son amour et sa haine mêlés, dirigés contre Horemheb, le chef des armées, celui qui l’a ouverte au plaisir des sens pour mieux la tromper ensuite, celui qui fut l’un des seuls à deviner que sous le costume du roi, se cachait une toute jeune fille.
Le récit progresse par circonvolutions, retours et brusques avancées, par digressions temporelles, d’un souvenir à l’autre, au fil des sentiments souvent contradictoires éprouvés par la jeune Tout-Nefret (du désespoir à l’exaltation, de la fierté à la générosité, de l’abnégation de soi à la honte, etc.) – un mouvement de la pensée débarrassé de toute chronologie, qui se déploie au rythme des paradoxes d’un esprit subtil qui atteint peu à peu des vérités essentielles, et apprend à rejeter ce qui n’est qu’illusion – le pouvoir, les richesses et la vénalité de ceux qui ont pu commettre l'ultime trahison. Seule compte maintenant la vie nouvelle qu’elle abrite en elle (et pourtant condamnée). Le personnage grandit et s’affirme, et si elle s’écarte ainsi des lamentations et d’Horemheb, faisant preuve vis-à-vis de lui d’un cynisme montant, c'est bien grâce à ses multiples réminiscences : l’analyse du passé l’incite à dresser un bilan détaché de cette liaison secrète : « Comme les voies du souvenir sont curieuses… toutes les fois où je m’y suis enfoncée, j’ai découvert qu’elles étaient peuplées de mille détails, comme un rêve… Comme si le passé était plus clair que le présent… », confie-t-elle, comprenant que ces retours en arrière lui ont permis de se faire l’observatrice lucide et a posteriori d’événements sur lesquels elle n’avait aucune prise par le passé.
Moi, Toutankhamon, reine d’Egypte est surtout un hymne à la féminité qui revendique son droit au plaisir charnel et au pouvoir, refuse la domination masculine et le paternalisme brutal des hommes ; un récit parcouru de révélations existentielles et de judicieux commentaires (évidemment très contemporains) sur les relations entre les sexes, la place réelle des femmes dans la société (en définitive, bien peu nous sépare de l'Égypte ancienne), et sur les faiblesses et les paradoxes de la tyrannie et de la virilité masculines : « j’ai compris à quel point tu craignais la mort. La violence est l’expression de la crainte, comme la cruauté. », constate la reine, s’adressant à Horemheb l’absent ; ou encore : «les hommes ne connaîtront pas la vérité de l’amour tant qu’ils ne seront pas libérés de leur crainte de notre supériorité. » Des traits de caractère qu’elle retrouvait chez le « frère » tant admiré, Akhenaton, si prompt à libérer les femmes et à les protéger, contrairement aux autres hommes... Cette exaltante réécriture de l’histoire (qui n’est pas sans rappeler l'épique roman de David Haziot, Elles) sert la cause des femmes et prône une égalité nécessaire, montrant combien l’histoire, la « grande », peut se faire mensongère quand elle est écrite par des hommes : « les chroniques des règnes sont pleines d’hypocrisie et de mensonges », affirme la narratrice, sachant qu’ils « graveront sur la pierre le récit des victoires illusoires que je n’ai pas remportées. » Les traces laissées par l’histoire seraient-elle donc semblables au verbiage fleuri d’Horemheb, amant volage tentant de se disculper de ses multiples absences ? Au contraire, seules la poésie (l’une des passions de Tout) et la littérature libéreraient la vérité du joug masculin et lui redonneraient la place qui lui revient. C’est donc le langage, libérateur, qui conduit Tout-Nefret à se révolter contre les manipulations passées et à entrer en subversion (contre l’ordre établi, les carcans religieux, moraux, politiques, etc.), délaissant pour un temps son désespoir (qui lui a toutefois fait prendre conscience que « Tout va à son extinction. ») ; en se souvenant de sa liaison avec un autre homme, Ta’ou, elle analyse désormais finement pourquoi les autres ont pu voir en elle un danger: « il [Ta’ou ] voyait en moi cette aspiration à me libérer de toute servitude (…) le pouvoir de s’émanciper de l’emprisonnement de l’idée d’éternité, imposée par tous les rites minutieux du culte et de l’embaumement. » ; et plus loin, elle lègue à sa fille (et à travers elle, à toutes les filles à venir au monde), ce message d’exultation : elle « reviendra à la vie dans le ventre d’une autre femme , et elle se verra alors en possession de toute la terre. »
Nabil Naoum ne se targue pas d’être historien, mais paradoxalement, Moi, Toutankhamon, reine d’Égypte dépasse sans mal ces ouvrages pseudo-historico-romanesques faciles et rébarbatifs sur l'Égypte ancienne, auxquels le public s'est malheureusement habitué. Cet ouvrage unique appartient plutôt à la catégorie des grandes œuvres entêtantes et atemporelles, où l’acte langagier, dans son urgence, participe à un mouvement libérateur, où chaque mot s'impose au lecteur et participe d'un cheminement humain irremplaçable.
B. Longre (sept. 2005)
http://www.actes-sud.fr/index.htm
-
Lecture d'été - 3
Audience Captive
de Dave Reidy
traduit de l'anglais par Nathalie Peronny
Zanzibar, septembre 2010"REM, Nirvana et Francis Ford Coppola sont quelques-unes des « guest stars » qui apparaissent au fil de ces huit nouvelles, à l'image des vedettes de cinéma dans les séries télévisées. C'est que l'expérience de la performance, de l'exposition au public, de la scène (de la salle de patronage au stade de foot) est ce qui réunit tous les protagonistes de Reidy et lui fournit son fil conducteur. Mais on aurait tort de ne voir à travers ces portraits musicaux qu'un rituel de fan ou un traité pour amateurs de disques vinyl. Au contraire, au travers de l'initiation musicale, c'est tout l'apprentissage des adolescents au monde des adultes qui se joue. Comment faire coïncider une dévorante passion de jeunesse à la réalité d'une vie formatée d'avance, c'est ce défi que relève Audience captive, dans une écriture claire, élégante et inventive. Le High-Fidelity du début du siècle."
http://zanzibar-editions.com -
Lecture d'été - 2
Cette guêpe me regarde de travers
Poèmes en deux langues d’Oscar Mandel
Éditions Bruno Doucey, Collection L’autre langue, 2010Oscar Mandel, né en Belgique en 1926, partage son temps entre Los Angeles et Paris et écrit librement en deux langues. Voilà pourquoi les poèmes en français en regard de chacun des poèmes en anglais (et vice-versa) ne sont nullement des traductions mais des variations qui « ne font que happer le moment », précise l’auteur, pour qui « chaque poème se veut molécule libre, et libre de se cogner contre une autre ». Au lecteur de tracer son chemin, donc, dans ce recueil dont la facétie n’est souvent qu’un leurre permettant de désamorcer temporairement des pensées intenses et des questionnements lucides, sans concession, comme dans le poème intitulé « Do not place your trust in babies » (« Méfie-toi des bébés ») :
Do not place your trust in babies:
Himmler was one.
Ami, méfie-toi des bébés.
Himmler en fut un.
-
Lecture d'été - 1
Exposé des faits
de Vanessa Place
Traduit de l’anglais par Nathalie Peronny
Parution août 2010
Éditions è®e, Collection Littérature étrangè®e
Exposé des faits est un texte dont le mode de visionnage s’apparente à 10e chambre, instants d’audience de Raymond Depardon ; soit un docutexte en prise avec le réel au sein duquel les cas sont simplement présentés sans ajout de commentaire. La langue de la transcription judiciaire se veut neutre et objective mais ne peut échapper à la subjectivité de ses acteurs. Face à la recrudescence des séries policières, des émissions de reconstitutions, des dossiers et autres enquêtes, Vanessa Place s’empare des matériaux issus de son quotidien d’avocate et annule les effets de suspense et autres accessoirisations émotionnelles des faits. C’est au lecteur de prendre en charge la spectacularisation de la trame fictionnelle.
Vanessa Place : http://www.editions-ere.net/auteur82
-
Paul Stubbs, reading The Birth of The Third Reich
The Birth of the Third Reich
After "Triptych 1976" by Francis Bacon
(for Blandine)http://paulstubbspoet.wordpress.com
(published in The Wolf, the magazine for new poetry, London / New York, issue 23, June 2010).
Tous les numéros de The Wolf, magazine édité par James Byrne, publié trois fois par an, sont disponibles à Paris chez Shakespeare & Co (37 rue de la Bûcherie) ou bien peuvent être commandés en ligne.
Le dernier numéro contient plusieurs reproductions des travaux du peintre Scott Anderson, dont on peut admirer quelques-unes des toiles sur son site.
Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Poésie, Revues, Sur le Web 1 commentaire 1 commentaire Tweet -
LE ZAPOROGUE #8
Nouveau numéro de la revue littéraire et artistique le Zaporogue.
New issue of the free-to-download literary and artistic mag, Le Zaporogue.
ou commande de l'ouvrage papier.
On pourra y lire, entre autres, quelques-uns de mes poèmes, d'autres de Paul Stubbs, une nouvelle d'Anne-Sylvie Salzman, La brèche, illustrée par Bobo + Bobi, une autre de Jerry Wilson (dont on recommande le recueil paru récemment chez Zanzibar, Park Avenue) d'autres poèmes de Sébastien Doubinsky, de Yahia Lababidi, de Kris Saknussemm, ou encore des nouvelles de Sabine Wyckaert.
Avec / with :
Yahia LababidiFrieda Marie Gade
Marlène Tissot
Casper Mack
Crescent Varrone
Stephen Weeks
Christian Bonde Korsgaard
-
En lecture, le Littré...
Comment j'ai fait mon dictionnaire, Émile Littré
Les Editions du Sonneur, La Petite Collection
Paru le 21 mai 2010"En 1841, l’éditeur Louis Hachette confie à Émile Littré (1801-1881) la rédaction d’un dictionnaire de la langue française, dont le dernier volume est imprimé en 1872. Dans l’intervalle, plus de 400 000 pages écrites, d’innombrables heures d’obstination, la succession de multiples collaborateurs – lexicographes, correcteurs, typographes, imprimeurs… –, sans compter la guerre franco-prussienne et la Commune. Comment j’ai fait mon dictionnaire n’est pas l’ode d’Émile Littré à sa propre gloire, mais le récit d’un travail titanesque, semé d’embûches, traversé de doutes, le témoignage d’un temps où un dictionnaire se rédigeait sur des petits bouts de papier qui, assemblés, ont fini par constituer l’immense œuvre que l’on sait."
http://www.editionsdusonneur.com
feuilleter un extrait de l'ouvrage
Lire l'article de Jean-Pierre Longre
http://jplongre.hautetfort.com/archive/2010/07/28/le-labeur-du-lexicographe.html
-
Poèmes pour le temps présent
Blind Poet / Poète aveugle
De Lawrence Ferlinghetti
édition bilingue, traduction de l'anglais par Marianne Costa
Maelström & Le Veilleur, 2004Dernier poète vivant de la Beat Generation, Lawrence Ferlinghetti demeure prolifique, en témoignent ces poèmes publiés en 2004 par Maelström (éditeur "belge de littérature" - et non l'inverse) qui nous offre là un excellent recueil, entièrement bilingue, pour le plus grand plaisir du lecteur - qui s'intéressera ainsi au travail précis de la poétesse Marianne Costa, traductrice de l'ensemble ; une publication en français qui réjouit l'auteur "après un hiatus de près de trente ans, pendant lequel les lecteurs ont été privés de mon travail traduit dans la belle langue française."
Composés après 9/11 et regroupés sous le titre Touriste des Révolutions (Prendre la parole après le 11/9) / A Tourist of Revolutions (Speaking Out after 9/11), ces poèmes sont ancrés dans une réalité géopolitique et sociale qui nous est familière : complaintes, accusations, et constat des "troubles" engendrés par la volonté d'omnipotence d'un gouvernement américain dont les actes impérialistes ne cessent de choquer les consciences ; et la plume du poète de dénoncer la déliquescence des libertés, d'interroger sans répit le nouveau visage du monde et d'éclairer nos esprits de vers libres lumineux, en un mixe de désillusion et de sagesse acquise au fil de l'Histoire ; des textes lucides qui, tout en délivrant un message complexe, sont volontairement explicites :
"Et une vaste paranoïa déferle sur le pays
Et l'Amérique transforme l'attentat contre ses Tours Jumelles
En début de Troisième Guerre mondiale
La Guerre contre le Tiers-Monde"(Speak Out)
On regrettera que le français perde au passage le sens double du terme "Third" car le poète parle davantage de la guerre au "Third World" (Le Tiers-Monde) que de la "Troisième". Il reste que les positions politiques et humaines de Ferlinghetti, à travers ces quelques lignes, sont déjà circonscrites : sans jamais encourager le terrorisme, il revendique un droit à la parole, pour lui et pour ses concitoyens (la "Majorité silencieuse"), ou encore pour la marge, "ces freaks et ces libres penseurs / Poètes aux yeux fous Philosophes de l'asphalte (...) / Exilés dans leur propre pays !", incitant (non pas en moralisant, mais seulement par le biais de sa vision individuelle) les uns et les autres à enfin mêler leurs voix. La passion véhémente que le poète met dans ses vers ne lui fait nullement perdre sa lucidité politique et sa posture rationaliste, car c'est autant au coeur qu'à la raison qu'il choisit de s'adresser ("Pour chaque bombe qu'on largue / surgissent mille Ben Laden / Mille terroristes.") Les images sont parfois empruntées aux temps anciens, pour renforcer l'idée que c'est du désordre des esprits de la minorité - les gouvernants - que naissent les désordre du monde actuel, reprenant là une idée chère à Shakespeare, celle du chaos qu'un microcosme peut transmettre au macrocosme : "Ils ont transformé la Maison Blanche / en Cheval Blanc / leur Cheval de Troie / plein de soldats civils / avec des armes de destruction nocive / un mot nouveau pour leur cerveau / ou (...) leur personnalité pathologique."
Mais les attaques directes contre Bush et ses sbires (les "nouveaux proto-fascistes de la Maison Blanche") s'accompagnent d'une désespérance palpable, plus particulièrement visible dans le poème "Démocratie Totalitaire/Totalitarian Democracy", lente et ambivalente énumération nominale retraçant dans le désordre l'histoire du monde (l'ancien et le nouveau), inventaire implacable, de "La première aube exquise de la vie sur terre" à "La dernière lamentation pour la démocratie perdue" ; un poème qui fait écho à une autre litanie ("J'attends / I am waiting") qui laisse, cette fois, une toute petite place à un espoir - certes teinté de cynisme : "J'attends avec bonheur / que les choses empirent beaucoup / avant de s'arranger." Un poème où Ferlinghetti s'interroge aussi sur la fonction du poète tout en rendant un hommage discret à John Keats (Ode on a Grecian Urn) et, en remontant plus loin dans le temps, à John Donne (The Canonization) - dont la sarcastique et paradoxale lucidité valait bien, sur un tout autre terrain, celle du poète Américain - écho que l'on retrouve dans ces quelques vers :
"J'attends d'écrire
le grand poème indélébile
(...)
et à perpétuité j'attends
que les amants fuyant sur l'urne grecque
se rattrapent enfin
et s'enlacent."Mais c'est dans le poème intitulé "A Tourist of Revolutions" que l'auteur s'interroge plus ouvertement encore sur l'authenticité de son engagement passé (en particulier à Cuba) et sur sa postérité - pour lui compromise... Il est permis d'en douter quand on lit d'autres textes encore, des poèmes où la vision géopolitique d'un monde en perdition s'élargit et s'attache à décrire ce qui déjà fait notre quotidien ; par exemple à travers un dialogue entre un père et un fils ("It's Us Stupid / C'est nous, Idiot") qui prend la forme d'un cruel jeu de questions-réponses dévoilant l'absurde farce que nous nous jouons, malgré nous, et qui retrace les dysfonctionnements actuels (pollution et environnement, pauvreté matérielle et affective, outrances de la société de consommation, situation du tiers-monde, surpopulation - thème qu'il développe aussi dans le très ironique "Le blues de la ponte"). L'ensemble s'achève sur un habile et réjouissant détournement du Lord's Prayer (Notre Père), dans lequel on lit la détermination subversive du poète ("Our Father whose art's in Heaven / Hollow be thy name / Notre Père qui crées aux Cieux / que ton nom soit démystifié"), refus flagrant d'une instance supérieure, sur laquelle les humains n'auraient pas prise, pour finir sur un cinglant "Ah, Man !"- qui, hormis son insolence salutaire, replace d'emblée l'humain au centre du monde.
Pilier de la contre-culture
La dissidence active et courageuse de Lawrence Ferlinghetti résonne comme une évidence à travers ses textes ; la lecture de cette plume impatiente, pressée, osant dire sans feintes ce que la "majorité silencieuse" ne veut/peut/sait exprimer, qui a traversé le XXe siècle et perdure aujourd'hui, se vit comme une expérience unique et marquante. Davantage encore si l'on sait que le poète est aussi peintre, romancier, éditeur et traducteur (de Prévert ou de Pasolini...) ; une personnalité au centre de la Renaissance littéraire de San Francisco - et ce depuis les années 1950, quand il fonde, avec Peter Martin, City Lights, la désormais célèbre librairie indépendante de San Francisco. La librairie, qui vend du "paperback" (livre de poche) de qualité, s'est agrandie au fil des décennies, mais dès 1955, le poète décide d'étendre son champ action en montant, en parallèle, une maison d'édition (City Lights Publishers) ouverte aux littératures alternatives, aux idées progressistes et aux poètes dissidents (dont Georges Bataille et Charles Bukowski).
Touriste des Révolutions est suivi d'autres textes choisis par Ferlinghetti lui-même, dont Allen, un émouvant hommage à Ginsberg (dont le célèbre Howl paraît en 1956, dans la première collection de la toute récente maison d'édition City Lights) et un ensemble de poèmes intitulé Comment peindre la lumière (plus précisément "Sunlight"), qui reflète les préoccupations du Ferlinghetti peintre et où l'esthétisme prend le pas sur le politique. Une poésie visuelle, dédiée au dieu soleil et pétrie d'ombres et de lumières, et qui, en mêlant poésie et art pictural, langage et vision dans une étonnante synesthésie (on pense entre autres à e.e. cummings), illustre pleinement la puissance d'évocation du verbe.
Une autre partie, Migrations Surréelles / Surreal Migrations (1999), fait la part belle à une poésie cosmique, inspirée par l'antiquité et par des croyances disparues : une géographie liquide de l'esprit qui épouse les flux des pensées ("Surreal Migrations II") ; et sans s'éloigner des préoccupations politiques que l'on trouve dans Touriste des Révolutions ("Venus de Milo sur une demi-coquille / Statues de la Liberté à Las Vegas (...) Et inondés de baratin / des millions de gens salivent / sous les panneaux"), le poète offre des vers qui dévoilent son rapport au monde avec, au premier plan, l'omniprésence des éléments naturels et un retour nostalgique sur sa jeunesse révolue de bohémien éclairé. Un groupement de textes plus optimistes, qui s'achève sur une autre prière, cette fois adressée "À l'oracle de Delphes ("To the Oracle at Delphi") :
"Sors enfin de ta grotte
Et parle-nous par la voix du poète
La voix de la quatrième personne au singulier
(...)
Et donne-nous de nouveaux rêves à rêver
de nouveaux mythes à vivre !"Tant que les poètes parleront ainsi, tant qu'ils refuseront la facilité de l'aveuglement, nous les écouterons.
(B. Longre, juillet 2005)
http://www.maelstromeditions.com/
http://www.citylights.com/CLlf.html
Chez le même éditeur, a paru en traduction (par Marianne Costa) A Coney Island of the Mind et autre poèmes ; ce recueil initialement publié en juin 1958 par City Lights, a été réédité dans un beau format en 2008 (avec un CD) pour fêter son cinquantième anniversaire.
Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère, Poésie 0 commentaire 0 commentaire Tweet -
La mémoire des Pierres
La cérémonie des poupées
de Chantal Deltenre
Éditions Maelström, 2005Tout fait sens dans ce palpitant roman, d'un bout à l'autre du récit de Keiko qui relate son séjour au Japon - un pays qu'elle ne connaissait pas en dépit de ses origines. Elle le découvre aux côtés de Pierre, son ami français que la langue et la culture japonaises fascinent. Cela fait maintenant un an qu'ils se sont installés dans un petit appartement, à Tokyo, un lieu que Keiko s'est appropriée avec une férocité dont elle seule a conscience (« m'arracher à l'appartement m'est devenu aussi douloureux qu'une amputation »), sacralisant secrètement l'endroit et engageant, au quotidien, un dialogue muet avec les objets et les meubles qui étaient déjà là lors de leur emménagement - elle les dote d'une vie propre (particulièrement la collection de poupées alignées au fond d'une alcôve percée dans le mur), entretenant avec chacun d'eux une relation sensorielle singulière, entre attraction et répulsion, une relation qui prend des tournures animistes à la fois belles et inquiétantes.
Peu à peu, elle s'est détachée de Pierre, préférant, à sa présence amoureuse mais passablement étouffante («son amour absolu, son admiration sans bornes, m'éloignent de lui»), une solitude qui, pense-t-elle, peut l'aider à retrouver sa véritable identité, dont elle se sent désormais privée : sa mère a voulu faire d'elle une vraie française, « débarrassée de l'encombrant bagage des origines », tandis que Pierre ne la voit qu'à travers ces mêmes origines - « même en rêve, il a besoin de me savoir japonaise. Il ne peut m'aimer en dehors de cet univers étranger ». Ce qu'elle désigne comme une « fusion » qu'il lui imposerait lui est devenu insupportable et il lui semble même qu'elle et l'appartement se liguent contre lui chaque jour un peu plus (« de partout son corps déborde, en proie à l'hostilité des choses »), comme l'humidité et la poussière qui imprègnent les tatamis de la chambre et qui accentuent les crises d'asthme de Pierre - car lui aussi étouffe ici, à sa manière, et l'hostilité du lieu se fait plus prégnante, le gouffre entre les deux amants plus sombre ; à l'image d'un autre gouffre, celui dont la jeune femme sera proche tant qu'elle n'aura pas trouvé une voie à suivre ou à inventer, une manière de se faufiler entre les identités que les autres veulent lui imposer ; située dans un entre-deux « gris », « ni nuit, ni jour », elle ajoute : « c'est ainsi que je vis (...), titubant d'être sans racines comme cet espace, à chaque secousse sismique, vacille sur ses fondations hâtivement creusées dans les ruines. » - tout en cherchant à se débarrasser des accoutrements stéréotypés (symboliques ou concrets) dont on l'a affublée.
Les tensions qui ne cessent de grandir entre les protagonistes et la confusion existentielle et identitaire de Keiko (qui s'accompagne d'un trouble linguistique logique et récurrent - « je perds la mémoire des lettres et des signes ») sont paradoxalement en décalage avec le ton posé, le lent pas de l'écriture soigneusement ciselée, non dépourvue d'un lyrisme soigné, qui s'attarde inlassablement sur chaque mouvement de pensée de la narratrice, chacun de ses gestes, du plus essentiel au plus ténu, sur chacun des échanges entre elle et les choses, qui « s'ouvrent à vous ou se rétractent au plus profond de la matière, rétives. » ; sensible à chaque ombre, chaque grain de poussière, aux moindres modifications de l'espace qu'elle a intériorisé et qui la hante, Keiko l'est aussi avec les pierres, matières mortes qu'elle collectionne depuis l'enfance (serait-ce parce que son prénom signifie « pierre » en japonais ?) - et plus particulièrement les pierres volcaniques, froides et éteintes, mais qui conservent la mémoire du feu des origines qui les a fait vivre un jour.
On l'aura compris : on pénètre ici un monde intime et fragile, chargé de lourds et profonds secrets et, comme Keiko, on y avance avec circonspection, à tâtons, participant à sa quête désespérée et par instants fragmentée, sans parvenir à l'éloigner des fêlures qui la poussent vers des abîmes psychiques insoupçonnables. Ce roman à la fois polymorphe et épuré se bâtit autour d'une multiplicité de paradoxes (de la fascination à la répulsion, de l'amour à la haine, de la matière à l'esprit), de métaphores filées habiles et cohérentes, qui traversent le récit de part et d'autre, le nourrissent aussi, pour en faire une œuvre complexe et surprenante.
(B. Longre, décembre 2005)
-
En librairie, Quien es ?
"Les mots solitaires ont du mal à survivre, à exister – ils sont comme des oisillons tombés du nid, ils peuvent mourir à chaque instant, mais si on prend le temps de les recueillir et de bien s'en occuper, alors ils peuvent prendre une taille et une force terrible."
Quién es ? de Sébastien Doubinsky (Joelle Losfeld, 2010) est un roman(-récit-monologue intérieur, stream of consciousness garanti) incontournable et parfaitement inclassable (d'où son intérêt générique et littéraire, entre autres), où il est question d'un certain Billy The Kid, d'un mythe habilement revisité, humanisé, et surtout de la puissance du verbe et de son contraire.
Certains en parlent déjà très bien, et plus longuement (lire les articles de Claro de Bartleby et d'Anne-Françoise Kavauvea) et un peu moins bien ici.
On en apprendra davantage sur Sébastien Doubinsky en allant lire l'entretien du Fric Frac Club.
http://www.joellelosfeld.com/ouvrage-A78
782-quien_es_.html Sébastien Doubinsky est aussi l'auteur, entre autres, de The Babylonian Trilogy (PS Publishing, 2009) et d'un recueil de poèmes, Tableaux Noirs (dessins de Christian Martinache, Le Grand Tamanoir, 2010), "34 tableaux en hommage à un couleur qui les efface toutes."