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Littérature francophone - Page 3

  • Lectures théâtrales

    Articles parus dans le n° 251 de la Revue des Livres pour Enfants (Joie par les livres / BNF), février 2010


    rengade-a-chaque-etage-7d70d.jpgÀ chaque étage on voit la mer

    de Claire Renegade

    Éditions Espaces 34, théâtre jeunesse, 2009


    Le périple de Pitch et Tiote, parsemé de rencontres (avec le loup, la fée, ou encore « plein d’enfants ») les mènent à la recherche de leur mère. L’originalité des dialogues doit beaucoup à la façon dont le langage enfantin subvertit sans relâche la syntaxe et le lexique et à la manière dont les deux enfants s’approprient et commentent le réel par le biais de leur débordante imagination. Les niveaux de lecture satisfont autant le lecteur adulte que les plus jeunes et cette aventure ludique, spontanément poétique, est une réussite. À noter, cette nouvelle collection jeunesse des Éditions Espaces 34, initiative qui mérite d’être soulignée, propose des textes de qualités, à l’égal des autres collections de la maison.

     

    tostain-par-la-voix-e2235.jpgPar la voix !

    de Christophe Tostain 

    Éditions Espaces 34, théâtre jeunesse, 2009

     

    Rosalie, bientôt dix ans, souffre d’un handicap majeur : elle déteste sa voix, semblable à celle d’un cochon. Elle se promet désormais de ne plus jamais parler et « d’enfermer sa voix dans un endroit secret ». La consternation de ses parents est grande, mais la fillette ne cède pas aux pressions et reste muette, « aphasique » selon l’orthophoniste qu’elle prend d’abord pour un ogre. En dépit d’une résolution un peu prévisible, ce texte de belle facture, entre théâtre et court roman (en effet, il s’agit plutôt du récit d’un narrateur omniscient, émaillé de monologues), propose des scènes oniriques dignes d’un conte de fée, l’auteur jouant sur plusieurs registres et réalités parallèles.

     

    9782742787029.jpgL'enfant caché dans l'encrier

    de Joël Jouanneau, Illustrations : Annie Drimaracci

    Actes sud papiers, Heyoka jeunesse, 2009

     

    On admire d’abord les illustrations abstraites d’Annie Drimaracci, entre calligraphie, aquarelle et collage, qui accompagnent intelligemment le texte, celui-ci restant parfois à décrypter ou à interpréter lui aussi ; il s’agit du journal de bord des aventures estivales et maritimes du petit Ellj, dont l’orthographe et la grammaire laissent à désirer : « Je doive vous raconter une histoire qu’elle être plus que trop vraie pour que je la mentir pas. » La poésie chaotique, primitive et involontaire qui en émane est peut-être adaptée à ce vagabondage imaginaire et enfantin, mais reste abrupte et le lecteur risque de se lasser de ce trop-plein de verbes à l’infinitif, entre autres, et de ce langage un peu forcé. Cependant, l’éditeur conseille de lire ce texte à haute voix afin de percevoir « la musique de la langue », et le parti-pris de l’auteur aura peut-être plus d’impact sur une scène que sur la page.

     

     

    9782742787036.jpgLes Orphelines

    de Marion Aubert, Illustrations : Fanny Michaëlis

    Actes sud papiers, Heyoka jeunesse, 2009

     

    Comment aborder le sujet des enfants que l’on tue car ils naissent filles ? L’approche de Marion Aubert sort de l’ordinaire : elle a imaginé un pays peuplée de petites filles disparues, celles « qui n’ont pas eu droit à la vie » ; elles sont recueillies par Violaine, elle-même tuée à la naissance, qui décide d’enlever un écrivain venu enquêter sur leur destin (« Elles se sont perdues entre les pages », dit-il, « Dans l’ombre. Et sous les mots. Il faut soulever les mots pour les voir. ») La violence est omniprésente, l’auteur ne cherchant pas à édulcorer les faits, mais tout passe par la parole, libératrice, un langage limpide et souvent direct, et par les jeux de rôle qu’un diablon et une diablonne infligent à des marionnettes, qui permettent de sonder ce qui demeure habituellement dans le non-dit.

     

     

    couv-Veilleurs-de-jour.jpgLes Veilleurs de jour

    de Laurent Contamin, illustrations Laurent Corvaisier

    Éditions du Bonhomme Vert, Théâtre illustré, 2009

     

    Les Veilleurs de jour aborde indirectement les débuts du cinématographe en s’inspirant d’une histoire vécue par les frères Lumière, ici représentés par Alex et Pierrot, toujours entre chamailleries et attachement, comme le sont souvent les frères. Ces derniers, en vacances à la mer, découvrent la « goule-aux-fées », une grotte magique qui permet d’évoquer différentes phases de la naissance du cinéma et de réconcilier les deux garçons. L’originalité de l’ouvrage vient plus particulièrement de la combinaison texte théâtral / album jeunesse, une approche qui redonne sa place au texte dramatique tout en ébauchant, par le biais des illustrations, une mise en scène possible.

     

     

    Couv-2-PH.jpgPetit homme

    de Françoise Gerbaulet, illustrations : Sylvaine Jenny

    Éditions du Bonhomme Vert, Théâtre illustré, 2009


    Camille, une petite fille qui se pose beaucoup de questions, des « pourquoi ? » incessants sur ceux qui l’entourent, mais aussi sur elle-même et sur l’univers, sur le temps et l’espace (« Tous ces signes que je ne comprends pas… »), part aux pays « des songes et des signes » ; là, quelques personnages (dont un « Raconteur ») lui apprennent à remonter aux origines (la préhistoire) pour qu’elle puisse comprendre d’où viennent les choses (la danse, l’écriture, le dessin, le feu…). Les illustrations, comme en mouvement, accompagnent joliment cette pièce aux aspects philosophiques évidents qui confronte le jeune lecteur à sa propre existence (« qui suis-je ? »).

     

     

    p705.jpgDe l'amour, de la rage et autres cocktails Molotov

    de Filip Forgeau

    Lansman, Urgence de la jeune parole, 2009

     

    Les scènes s’enchaînent sur un rythme alerte entre des filles et garçons à la dérive, qui entrent et sortent sur une scène terrain vague, où trône un énorme gâteau à la chantilly. Aucun ne se sent à sa place, tous ont « perdu quelque chose » ou quelqu’un, et ont aussi en commun un désir de révolte teinté d’un certain désabusement ainsi qu’une détresse parfois extrême comme celle de « la fille qui pleure », anonyme et invisible. Aucune résolution n’est attendue, car seul semble compter le partage temporaire d’histoires et d’émotions qui se bousculent en eux. Un texte cru, mais aussi poétique, entrecoupé de chants et d’échanges collectifs qui devraient toucher le lectorat ciblé.

     

    Dans la même collection :  

    La Mélancolie des Barbares de Koffi Kwahulé

    Deus Ex Machina de Perrine Griselin


    Collection Urgence de la jeune parole, Éditions Lansman

    Dirigée par Dominique Mercier, cette collection est le fruit de l’expérience menée depuis 1997 dans l’agglomération toulousaine, afin de sensibiliser les adolescents aux écritures et aux formes théâtrales contemporaines. Aussi, ces textes s’adressent d’abord aux lecteurs de plus de 14-15 ans, mais proposent divers niveaux de lecture susceptibles de satisfaire amplement un lectorat adulte.

     

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  • Lecture d'été - 2

    cette-guepe-me-regarde-de-travers.jpgCette guêpe me regarde de travers
    Poèmes en deux langues d’Oscar Mandel
    Éditions Bruno Doucey, Collection L’autre langue, 2010

    Oscar Mandel, né en Belgique en 1926, partage son temps entre Los Angeles et Paris et écrit librement en deux langues. Voilà pourquoi les poèmes en français en regard de chacun des poèmes en anglais (et vice-versa) ne sont nullement des traductions mais des variations qui « ne font que happer le moment », précise l’auteur, pour qui « chaque poème se veut molécule libre, et libre de se cogner contre une autre ». Au lecteur de tracer son chemin, donc, dans ce recueil dont la facétie n’est souvent qu’un leurre permettant de désamorcer temporairement des pensées intenses et des questionnements lucides, sans concession, comme dans le poème intitulé « Do not place your trust in babies » (« Méfie-toi des bébés ») :

    Do not place your trust in babies:

    Himmler was one.


    Ami, méfie-toi des bébés.

    Himmler en fut un.


    http://www.editions-brunodoucey.com/

    http://oscarmandel.com/

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  • LE ZAPOROGUE #8

    zp8.jpgNouveau numéro de la revue littéraire et artistique le Zaporogue.

    New issue of the free-to-download literary and artistic mag, Le Zaporogue.

    Téléchargement gratuit

    ou commande de l'ouvrage papier.

    On pourra y lire, entre autres, quelques-uns de mes poèmes, d'autres de Paul Stubbs, une nouvelle d'Anne-Sylvie Salzman, La brèche, illustrée par Bobo + Bobi, une autre de Jerry Wilson (dont on recommande le recueil paru récemment chez Zanzibar, Park Avenue) d'autres poèmes de Sébastien Doubinsky, de Yahia Lababidi, de Kris Saknussemm, ou encore des nouvelles de Sabine Wyckaert.

    Avec / with :

    Yahia Lababidi

    Frieda Marie Gade

    Sabine Wyckaert

    Marlène Tissot

    Casper Mack

    Gary Cummiskey

    Crescent Varrone

    Sébastien Doubinsky

    Stephen Weeks

    Anne-Sylvie Salzman

    Bobi+Bobi

    Paul Stubbs

    Christian Bonde Korsgaard

    Blandine Longre

    Matthew Bialer

    Kris Saknussemm

    Jerry Wilson

     

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  • En lecture, le Littré...

    littre.jpgComment j'ai fait mon dictionnaire, Émile Littré
    Les Editions du Sonneur, La Petite Collection
    Paru le 21 mai 2010

    "En 1841, l’éditeur Louis Hachette confie à Émile Littré (1801-1881) la rédaction d’un dictionnaire de la langue française, dont le dernier volume est imprimé en 1872. Dans l’intervalle, plus de 400 000 pages écrites, d’innombrables heures d’obstination, la succession de multiples collaborateurs – lexicographes, correcteurs, typographes,  imprimeurs… –, sans compter la guerre franco-prussienne et la Commune. Comment j’ai fait mon dictionnaire n’est pas l’ode d’Émile Littré à sa propre gloire, mais le récit d’un travail titanesque, semé d’embûches, traversé de doutes, le témoignage d’un temps où un dictionnaire se rédigeait sur des petits bouts de papier qui, assemblés, ont fini par constituer l’immense œuvre que l’on sait."

    http://www.editionsdusonneur.com

    feuilleter un extrait de l'ouvrage

    Lire l'article de Jean-Pierre Longre

    http://jplongre.hautetfort.com/archive/2010/07/28/le-labeur-du-lexicographe.html

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  • La mémoire des Pierres

    chantal.jpgLa cérémonie des poupées
    de Chantal Deltenre

    Éditions
    Maelström, 2005

    Tout fait sens dans ce palpitant roman, d'un bout à l'autre du récit de Keiko qui relate son séjour au Japon - un pays qu'elle ne connaissait pas en dépit de ses origines. Elle le découvre aux côtés de Pierre, son ami français que la langue et la culture japonaises fascinent. Cela fait maintenant un an qu'ils se sont installés dans un petit appartement, à Tokyo, un lieu que Keiko s'est appropriée avec une férocité dont elle seule a conscience (« m'arracher à l'appartement m'est devenu aussi douloureux qu'une amputation »), sacralisant secrètement l'endroit et engageant, au quotidien, un dialogue muet avec les objets et les meubles qui étaient déjà là lors de leur emménagement - elle les dote d'une vie propre (particulièrement la collection de poupées alignées au fond d'une alcôve percée dans le mur), entretenant avec chacun d'eux une relation sensorielle singulière, entre attraction et répulsion, une relation qui prend des tournures animistes à la fois belles et inquiétantes.

    Peu à peu, elle s'est détachée de Pierre, préférant, à sa présence amoureuse mais passablement étouffante («son amour absolu, son admiration sans bornes, m'éloignent de lui»), une solitude qui, pense-t-elle, peut l'aider à retrouver sa véritable identité, dont elle se sent désormais privée : sa mère a voulu faire d'elle une vraie française, « débarrassée de l'encombrant bagage des origines », tandis que Pierre ne la voit qu'à travers ces mêmes origines - « même en rêve, il a besoin de me savoir japonaise. Il ne peut m'aimer en dehors de cet univers étranger ». Ce qu'elle désigne comme une « fusion » qu'il lui imposerait lui est devenu insupportable et il lui semble même qu'elle et l'appartement se liguent contre lui chaque jour un peu plus (« de partout son corps déborde, en proie à l'hostilité des choses »), comme l'humidité et la poussière qui imprègnent les tatamis de la chambre et qui accentuent les crises d'asthme de Pierre - car lui aussi étouffe ici, à sa manière, et l'hostilité du lieu se fait plus prégnante, le gouffre entre les deux amants plus sombre ; à l'image d'un autre gouffre, celui dont la jeune femme sera proche tant qu'elle n'aura pas trouvé une voie à suivre ou à inventer, une manière de se faufiler entre les identités que les autres veulent lui imposer ; située dans un entre-deux « gris », « ni nuit, ni jour », elle ajoute : « c'est ainsi que je vis (...), titubant d'être sans racines comme cet espace, à chaque secousse sismique, vacille sur ses fondations hâtivement creusées dans les ruines. » - tout en cherchant à se débarrasser des accoutrements stéréotypés (symboliques ou concrets) dont on l'a affublée.

    Les tensions qui ne cessent de grandir entre les protagonistes et la confusion existentielle et identitaire de Keiko (qui s'accompagne d'un trouble linguistique logique et récurrent - « je perds la mémoire des lettres et des signes ») sont paradoxalement en décalage avec le ton posé, le lent pas de l'écriture soigneusement ciselée, non dépourvue d'un lyrisme soigné, qui s'attarde inlassablement sur chaque mouvement de pensée de la narratrice, chacun de ses gestes, du plus essentiel au plus ténu, sur chacun des échanges entre elle et les choses, qui « s'ouvrent à vous ou se rétractent au plus profond de la matière, rétives. » ; sensible à chaque ombre, chaque grain de poussière, aux moindres modifications de l'espace qu'elle a intériorisé et qui la hante, Keiko l'est aussi avec les pierres, matières mortes qu'elle collectionne depuis l'enfance (serait-ce parce que son prénom signifie « pierre » en japonais ?) - et plus particulièrement les pierres volcaniques, froides et éteintes, mais qui conservent la mémoire du feu des origines qui les a fait vivre un jour.

    On l'aura compris : on pénètre ici un monde intime et fragile, chargé de lourds et profonds secrets et, comme Keiko, on y avance avec circonspection, à tâtons, participant à sa quête désespérée et par instants fragmentée, sans parvenir à l'éloigner des fêlures qui la poussent vers des abîmes psychiques insoupçonnables. Ce roman à la fois polymorphe et épuré se bâtit autour d'une multiplicité de paradoxes (de la fascination à la répulsion, de l'amour à la haine, de la matière à l'esprit), de métaphores filées habiles et cohérentes, qui traversent le récit de part et d'autre, le nourrissent aussi, pour en faire une œuvre complexe et surprenante.

    (B. Longre, décembre 2005)

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  • En librairie, Quien es ?

    quien es.jpg"Les mots solitaires ont du mal à survivre, à exister – ils sont comme des oisillons tombés du nid, ils peuvent mourir à chaque instant, mais si on prend le temps de les recueillir et de bien s'en occuper, alors ils peuvent prendre une taille et une force terrible."

    Quién es ? de Sébastien Doubinsky (Joelle Losfeld, 2010) est un roman(-récit-monologue intérieur, stream of consciousness garanti) incontournable et parfaitement inclassable (d'où son intérêt générique et littéraire, entre autres), où il est question d'un certain Billy The Kid, d'un mythe habilement revisité, humanisé, et surtout de la puissance du verbe et de son contraire.

    Certains en parlent déjà très bien, et plus longuement (lire les articles de Claro de Bartleby et d'Anne-Françoise Kavauvea) et un peu moins bien ici.

    On en apprendra davantage sur Sébastien Doubinsky en allant lire l'entretien du Fric Frac Club.

    http://www.joellelosfeld.com/ouvrage-A78782-quien_es_.html

    Sébastien Doubinsky est aussi l'auteur, entre autres, de The Babylonian Trilogy (PS Publishing, 2009) et d'un recueil de poèmes, Tableaux Noirs (dessins de Christian Martinache, Le Grand Tamanoir, 2010), "34 tableaux en hommage à un couleur qui les efface toutes."

     

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  • Deux parutions ce jour

    Deux romans à ne surtout pas manquer, dès ce jour en librairie, publiés dans la collection Medium de l'Ecole des loisirs. Le Garçon bientôt oublié de Jean-Noël Sciarini, dont on ira aussi lire (si ce n'est déjà fait !) l'excellent Nous étions des passe-muraille (publié l'an passé chez le même éditeur) ; et (tenez-vous bien...) Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin, de Déborah Reverdy, dont on peut lire en ligne (ainsi que dans le Zaporogue 6) quelques improses et autres poèmes de haute voltige.

    http://jeannoelsciarini.canalblog.com/

    http://deborahreverdy.blogspot.com/

    A noter, une rencontre signature autour du roman de Jean-Noël Sciarini à La Librairie de Paris, Place Clichy, le samedi 12 juin 2010.

    deborah.jpgjn.jpg

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  • (Re-)vivre enfin

    cleblanc.jpgCatherine Leblanc m'annonce la réédition (dans un nouvel habillage) chez Actes Sud Junior de Rester Vivante, roman dont j'avais parlé à l'époque de sa première parution. On pourra relire cet article sur son blog ou directement ici.

    Elle est aussi l'auteure, entre autres, de Ma couleur  (illustrations de Sophie Charpin, Ed. Balivernes), du très beau Litli Soliquiétude (photos de Séverine Thevenet, Editions Où sont les enfants ?) et d'un recueil de nouvelles, Silences (Les Découvertes de la Lucioles).

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  • Les enchantements du poète

    couv-lenchanteur[1].jpgApollinaire et L'Enchanteur pourrissant, genèse d'une poétique
    de Jean Burgos
    Éditions Calliopées, 2009

    par Jean-Pierre Longre

    En 2008, les éditions Calliopées publiaient le très beau Calligrammes dans tous ses états de Claude Debon. Décidément à la pointe des études apollinariennes (n'oublions pas la publication régulière de la revue Apollinaire, qui a déjà à son actif six numéros), la même maison a récemment publié un autre beau livre grand format, Apollinaire et L'Enchanteur pourrissant de Jean Burgos, spécialiste des rapports entre poésie et imaginaire.
    Même si celui-ci avait déjà, dans une édition critique de 1972, commenté L'Enchanteur pourrissant, il estime à juste titre devoir revenir sur l'ouvrage à l'occasion de l'acquisition par la BNF du premier manuscrit de l'œuvre, et en profite pour élargir cette étude génétique à la « genèse d'une poétique ».
    Placé dans son contexte médiéval, vu comme un « théâtre d'ombres » à caractère poétique, le premier ouvrage qu'Apollinaire a publié (en 1909), mais qui l'a préoccupé toutes les années suivantes, est montré comme une œuvre en élaboration incessante, comme une série de « gammes » figurant peut-être « l'histoire même de la création apollinarienne ». La description et l'analyse du manuscrit, mais aussi de brouillons abandonnées, de feuillets isolés, de dessins, de cahiers et de carnets permettent d'envisager une perspective poétique, et la reproduction complète du document, dans la dernière partie du livre, donne au lecteur toute latitude pour se frotter lui-même à l'analyse.
    Jean Burgos consacre aussi des chapitres à la réception de l'œuvre, à la création et à la publication du Festin d'Esope, « revue des belles lettres » dans laquelle Apollinaire fit paraître son Enchanteur pourrissant, à celles de Couleur du temps, drame qui trahit un « changement profond ». Les pages intitulées « Pour une nouvelle lecture de L'Enchanteur pourrissant » révèlent en tout cas l'implication personnelle, intime, profonde d'Apollinaire dans son œuvre, dévoilant une « poétique à l'œuvre ». Parallèlement, on s'aperçoit, grâce à ce nouveau livre, que les études apollinariennes sont toujours un chantier riche de nouveautés.

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  • Les coeurs suspendus, de Myriam Gallot

    à paraître fin mars, Les Coeurs suspendus, recueil de nouvelles de  Myriam Gallot, aux éditions Noviny 44, avec les dessins de Jean-Philippe Bretin. 

    Je vous invite à découvrir sa prose, publiée entre autres dans le célèbre Zaporogue de Sébastien Doubinsky.

    Myriam a longtemps collaboré à Sitartmag - elle écrit aussi de la poésie et tient un blog

    http://lemeilleurdesmondes.blogs.courrierinternational.com/



    A cette occasion, les éditrices organisent deux soirées de lancement les 9 et 12 mars de 18h30 à 21h30 à la galerie Mycroft, 13 ter rue Ternaux Paris 11ème (Métro Parmentier ou Oberkampf).

    Une exposition de dessins est prévue. Vous pourrez découvrir en avant-première deux livres : « Kicked ass » de Benjamin Peurey (dont « Hollywood en larme » est déjà paru chez Noviny 44), et « Les Cœurs Suspendus ».

    novinypetit2-fly.jpg

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  • Si j'ai une âme

     

    vpeyrel3.jpgSi j'ai une âme

    De Vincent Peyrel

    Dessin à la pierre noire d'Ernest Pignon-Ernest, Editions de L'Amourier

     

    Inhumaine humanité

    « Il n'existe pas de phénomènes moraux, mais seulement une interprétation morale des phénomènes. » Nietzsche.


    « Je m'appelle Hans. Je m'appelais Hans. Déjà. Le 7 novembre 1919. J'ai rencontré Frédéric à la gare de Hanovre. Il faisait froid. »

    « Les flics sont venus le 23 juin 1924. Frédéric n'était pas là. Le piano ne jouait pas depuis quelques jours. Je dormais. Encore. »

    Si j'ai une âme pourrait être contenu dans ces deux déclarations, qui ponctuent le récit de temps à autre, à la manière d'un refrain lancinant qui semble aider Hans, le narrateur, à garder un point d'ancrage dans le réel ou à reprendre le fil de son monologue. Entre ces deux dates, l'histoire d'un couple atypique : un tout jeune homme et un homme mûr ; le premier, très beau, le second, beaucoup moins. Hans, débrouillard, fugueur depuis quelques années déjà quand il rencontre Frédéric, après avoir survécu seul, au jour le jour, vendant son corps à des dizaines d'hommes croisés au hasard des gares, pour l'argent mais aussi par goût, parce qu'il a « presque toujours envie de baiser. Avec n'importe qui. » La relation de Hans et Frédéric n'a rien à voir avec l'amour, tel qu'on l'entend communément, ni avec une quelconque forme de bonheur, mais avec cet homme, Hans sait qu'il est « à sa place » ; « On ne cherche pas le bonheur, ni la vérité », dit un jour Frédéric, « on veut l'attention, le contact, la chaleur et le goût des autres », ajoute-t-il. Frédéric est respecté, intelligent, plutôt cultivé, peut-être informateur pour la police, au-dessus de tout soupçon, même s'il ramène régulièrement chez lui de jeunes garçons qu'il tue, découpe, cuisine et mange, en fin gastronome, et dont il vend quelques morceaux - à une époque où le marché noir est en pleine expansion. Hans le découvre peu à peu, mais reste avec lui, comprenant que « Manger. Tuer.» sont des actes auxquels il prend goût, lui aussi.

    Le long monologue (qui n'est pas à proprement parler une confession) de Hans, enfermé dans une cellule dans l'attente de l'issue de son procès, se construit autour de quelques motifs récurrents, ressassés jusqu'à l'obsession avec une apparente froideur qui épouse la posture mentale du narrateur, capable d'objectiver et de se détacher du réel ; il évolue dans une sorte d'état d'indifférence au monde, derrière laquelle se devine la frénésie sexuelle - comme si cet acte seul pouvait l'animer, l'humaniser ; c'est avec Frédéric qu'il « se sent » à nouveau, qu'il se trouve et s'habitue à une vie stable, qu'il se retrouve aussi dans sa chair - dans le mélange des corps et de la viande qu'ils partagent, même s'il reconnaît, sans pourtant exprimer de regrets, qu'il n'aimait pas vraiment tuer, que c'était « douloureux », « un peu comme si je me tuais moi-même. » et peu à peu, il s'autorise des pensées qui ne lui auraient pas traversé l'esprit quelques mois plut tôt.

    Si j'ai une âme n'a rien d'un exutoire complaisant ni d'un épanchement gratuit : toute parole y est mesurée, parfois hésitante, posée avec sobriété, même les séquences les plus crues ou les plus sanglantes. Dans une écriture saccadée, qui avance par à-coups, Hans passe très vite sur l'enfance, retraçant quelques épisodes de sa courte vie dans un ordre aléatoire, ses errances et rencontres furtives dans les toilettes des gares, puis la vie à deux, les nombreux clients et leurs désirs pervers dont il se moque, ses meurtres (seulement trois) et ceux de Frédéric, leur anthropophagie naturelle et leurs fantasmes de dévoration, qu'ils prennent au mot. Un monologue entrecoupé de quelques saynètes dialoguées - des interludes théâtraux qui nous placent en voyeurs de l'intimité du couple, entre la logorrhée de Frédéric et les nombreux silences de Hans, à l'écoute des mots de son amant, sauf lorsque la parole se délie avec le vin

    Exhumant de l'oubli le « boucher de Hanovre » (Fritz Haarmann, 1879-1925), l'auteur s'en est emparé pour construire un récit ambivalent, par instants glaçant, mais qui n'appelle aucun jugement moral - surtout pas : au lecteur de le recevoir sans se voiler la face, d'écouter le narrateur tel qu'il se livre, de ne pas voir en lui le « monstre » à montrer du doigt... car l'humanité est là, au cœur des mots, au-delà des actes inhumains qui, paradoxalement, montrent à quel point Hans n'est qu'un humain, faillible, fragile et fluctuant - aussi fluctuant que la "morale". On perçoit aussi ses tentatives pour éprouver des sentiments et donner un sens, même infime, au monde et à son existence ; on entend sa solitude extrême, celle d'un esprit prompt à se détacher des autres (« je ne suis pas comme eux »), martelant sa différence et affirmant par-là même son individualité, en réaction à la société peu reluisante dans laquelle il vit, contre son gré.

    Happé par ce récit tortueux mais limpide, le lecteur se fraye un chemin dans les pensées de Hans, entre fascination, répulsion et compassion, tâchant de saisir l'essence de ce narrateur qui fait, quoi qu'on en dise, figure de victime sacrificielle ; son témoignage déplace le concept de «normalité» et affirme la relativité du bien et du mal, des notions qui n'apparaissent ici que comme de pures constructions sociales :« Je ne comprends toujours pas ce qui autorise quelqu'un à définir ce que l'on aime appeler le mal », dit Hans, dont les paroles dénoncent indirectement la société hypocrite et bien-pensante, garante de l'ordre moral, qui dissimule ses propres crimes en en dévoilant d'autres... éliminant les gêneurs et choisissant soigneusement ses boucs émissaires. « Un tribunal qui condamne quelqu'un à mort tue aussi. », constate le garçon, qui refuse d'être asservi à un monde qui l'a tué à la naissance, aspirant à une liberté qu'on lui refuse, dans une société qui, finalement, n'a que les "monstres" qu'elle mérite et qui lui ressemblent.

    © Blandine Longre

     

    http://www.amourier.com/

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  • Comment naît la musique

    Blues Gerber.jpgBlues
    D’Alain Gerber

    Fayard, 2009

     

    par Jean-Pierre Longre

     

    « Une musique immense, qui n’avait en aucun musicien ni commencement ni fin. Une musique à peau sombre, née avec la peau craquelée des vieux cuirs. Par hasard, j’appris un matin, à Clarksdale (Mississippi), dans le comté de Coahoma, qu’elle portait un nom : ces morceaux que nous chantions sans nous connaître, quelqu’un les avait appelés des blues ». Pour en arriver là, que de tribulations, que de vies cassées, que de violences, que d’aspirations à ce que certains appellent la liberté ou le bonheur, dont on sait bien qu’ils n’existent pas ici bas.

    Alain Gerber, avec la verve poétique et le pouvoir d’évocation qu’on lui connaît, illustre en quelques destinées le cheminement vers la naissance de cette musique vouée, « comme le silence, à étouffer les soupirs et les cris de joie de ce monde sans queue ni tête ». Nous suivons, depuis la victoire des Nordistes sur les Sudistes et l’« émancipation » des esclaves jusqu’à la mort et l’oubli – mais aussi jusqu’à l’invention de ce langage sublime qui sait exprimer l’indicible -, les vies de Nehemiah, Cassie, Silas, ces vies qui se perdent, se retrouvent, se reperdent, mais qui toutes se rejoignent dans le rêve d’autre chose.

    Musical, ce vaste roman l’est, à coup sûr, puisque, sans qu’il soit explicitement présent à chaque page, tout converge vers le blues, par la grâce progressive et miraculeuse des dons, du travail et du malheur de chaque personnage, de même que par la bonne volonté des instruments (piano, harmonica, banjo, guitare et, bien sûr, voix…) qui se plient aux rythmes, aux souffles, aux doigts de toutes sortes. Musical, le récit l’est aussi dans sa structure polyphonique, puisque chaque personnage, en se racontant, superpose sa voix à celle des autres, tout en se ménageant quelques chorus. Tous font résonner, de la Nouvelle Orléans à Chicago, du Tennessee à la Californie, des chants et des contre-chants de souffrance et de nostalgie qui passent par l’harmonie des phrases et des mots d’un vrai compositeur de romans. Comme le dit à Silas son ami le major : « Je suis convaincu qu’il existe une relation étroite entre la musique et la littérature. Malheureusement, j’ignore laquelle. L’homme qui mettra le doigt dessus méritera qu’on dresse son effigie devant le Capitole, mon cher Silas ! ». Chiche.

    http://www.fayard.fr

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  • À l’école du voyage

    pendant-le-reste-du-voyagebd.jpgPendant le reste du voyage, j'ai tiré sur les Indiens

    De Fabio Geda, Traduit de l’italien par Augusta Nechtschein

    Gaïa Éditions.

     

    par Jean-Pierre Longre.

     

     

    Emil, 13 ans, pourrait être un garçon comme les autres. Avec juste un peu plus d’imagination et de malice que la moyenne. Comme d’autres, il aime les bandes dessinées de Tex, et se prend parfois pour le vaillant cow-boy, son héros ; comme d’autres il aime les mots, surtout ceux qu’il ne connaît pas : « Grand-Père Viorel dit que parfois, il est possible de tomber amoureux d’un mot qu’on n’a jamais entendu auparavant, un mot nouveau, et que d’un seul coup on commence à l’entendre partout et à s’en servir en permanence ». Comme tous les autres, il a besoin de tendresse et de protection, même s’il sait farouchement défendre son indépendance.

     

    Mais à la différence des autres, Emil n’est nulle part chez lui. Avec son père, il a fui la Roumanie pour l’Italie, puis se retrouve seul avec son sac Jansport, sans papiers, pratiquement sans identité. C’est alors qu’il se met en quête de son Grand-Père Viorel, qu’il n’a jamais vu mais dont il reçoit régulièrement des lettres. Grâce à sa débrouillardise et à son obstination, grâce à la générosité naturelle de quelques personnes pour qui la vie est le contraire du repli sur soi, grâce même à une chance parfois ambiguë, il parcourra l’Europe, de Turin à Berlin, de Berlin à Madrid en passant par Carcassonne, et mènera le plus loin possible sa quête familiale, mais aussi son initiation personnelle : « Ce voyage, c’est comme aller à l’école ».

     

    À l’image de son titre, Pendant le reste du voyage, j'ai tiré sur les Indiens est un beau roman, tant par son écriture et sa construction que par l’émotion qu’il suscite. Avec l’auteur, nous nous prenons d’affection pour ce jeune Roumain qui réussit à transformer son enfance perdue en enfance européenne, et au-delà de l’errance parvient à retrouver ses racines.

     

     

    http://www.gaia-editions.com/

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  • Revue Rue Saint Ambroise 24

    revue242.jpgTextes de Guillaume Boppe, Juan Carlos Mendez Guedez, Isabelle Renaud, Danielle Lambert, Marc Chevallier, Blandine Longre, Guillaume Attal, Anne-Marie Teysseire, Denis Sigur, Anita Fernandez, Fabienne Lambard, Pierre Favory et Ignacio Padilla

    http://ruesaintambroise.weebly.com/

    à paraître en janvier 2010

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  • Parution du Zaporogue 7

    zap7.jpg

    Avec / with : Jerry Wilson  -  Diala Gemayel - Marco Carbocci -  Cynthia Hogue - Blandine Longre - Paul Stubbs - Pierre Cherruau - Juan-Carlos Cruz Suáres - Vinicius Mario de Carvalho - Koji Tajika - Stéphane Prat - Thomas Vinau - Christophe Lichtenauer - Serge Muscat - Alain Descarmes - Anne-Olivia Belzidsky - Sabine Wyckaert - Sofiul Azam - Abdullah Khan - Gil Duc - Jacques Sicard - Gary Cummiskey - Emmanuel Bourdaud - Philippe Laurent - Krystin Vesterälen - Marie Simon - Myriam Gallot - Simon Frost - Ole Wesenberg - D. James Eldon - Jørn Erslev Andersen - Claro - Lionel Osztean - Diniz Galhos - Olga Zeri - Robert Freeman Wexler - Anne-Sylvie Salzman.

     

    J'y publie quelques poèmes et recommande entre autres les textes d'Anne-Sylvie Salzman, de Claro, de Myriam Gallot et de Sabine Wyckaert, ainsi que les poèmes de Paul Stubbs.

     

    Publication : Sébastien Doubinsky

    Téléchargement gratuit - ou commande de l'ouvrage papier.

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  • Lectures vampiriques...

    Quelques suggestions et autres variations draculéennes, des classiques aux plus récentes.

     

    a5709af3c0dbe70d01da0807aba1fb24.jpgCarmilla de Sheridan Le Fanu Zulma Classics, 2005

    La fiancée de Vlad

    Que les amateurs se réjouissent : ce roman atypique aurait été une source d'inspiration non négligeable pour Bram Stoker ; publié en 1872, bien avant le (presque trop) célèbre Dracula (1897), Carmilla est l'une des premières histoires de vampires de la littérature anglophone et met en scène une femme redoutable (désignée comme « oupire ») ouvertement attirée par les jeunes filles ; un saphisme cannibale évoqué avec finesse et qui confère à ce roman (ou longue nouvelle) une touche érotique résolument subversive, la narratrice étant une jeune fille assez candide, justement, sur laquelle Carmilla a jeté son dévolu. Récit rétrospectif - et subjectif -, aux fonctions thérapeutiques évidentes, Carmilla est une curiosité littéraire raffinée et brutale tout à la fois, dont l’atmosphère en huis clos renvoie, par instants, au roman d’Henry James Le tour d’écrou. B.L. (août 2005)

    Le roman est paru en français en 1996 chez Actes Sud / Babel (traduction de Girard Gaïd) et en 2004 en Livre de Poche (traduction de Jacques Papy)

     

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    L'historienne et drakula d’Elizabeth Kostova (trad. de l'anglais Evelyne Jouve, éditions XO, 2006 - parution en poche : Pocket, octobre 2007) (titre original : The Historian - Little, Brown, 2005)

    Variations draculéennes

    Plus de cinq siècles après sa mort, Vlad Tepes frappe encore : cette fois par l’intermédiaire d’Elizabeth Kostova, dont le volumineux premier roman renouvelle intelligemment le folklore qui entoure l’ombre sinistre de Dracula (littéralement « le fils du dragon ») – depuis que Bram Stoker a vulgarisé le mythe du vampire, comme certains de ses prédécesseurs (dont Sheridan Le Fanu avec Carmilla). D’emblée, il est clairement énoncé qu’en dépit de sa cruauté, Vlad Tepes n'a pas été soupçonné de vampirisme de son vivant – c’est Bram Stoker qui popularisa cette association en recourrant à des légendes, plus tard (sur-)exploitée par le cinéma ou la littérature gothique (en particulier les romans d’Ann Rice).

    c94570f4f2482f50d23e388d83a85610.jpgThe Historian est une palpitante chasse au vampire étalée sur plusieurs décennies, orchestrée par des personnages dont le sort est fatalement lié à l'emprise de Dracula sur leurs existences (tout part d’un livre aux pages vierges, orné d’un dragon en son centre) ; il s'oppose cependant à cet être évanescent qui semble se jouer d’eux, tout en les attirant à lui, pour d’obscurs motifs. Le premier d’entre eux, le professeur Rossi, l’affirme : Dracula est bien vivant… Ce terrible secret, il le transmet, quelques instants avant de disparaître, à l’un de ses étudiants, Paul, qui lui-même le lèguera plus tard à sa fille – la narratrice du récit principal. La complexité de ces parcours entrelacés et des récits juxtaposés (auxquels s'ajoutent archives, lettres et témoignages d'un autre temps) témoigne d’une excellente maîtrise narrative ; véritable « page-turner », ainsi que l’écrivent les anglophones, ce roman possède une intrigue subtile et exploite agréablement les données historiques, tout en y mêlant des faits imaginaires.

    A plusieurs années d’écart les uns des autres, de bibliothèques en monastères, d’hypothèses en trouvailles, des Etats-Unis à Oxford, d’Istanbul à la Hongrie, les personnages apportent leur contribution à la quête et progressent dans leur invraisemblable investigation, parsemée de fausses pistes et de présages, d’apparitions ou d’amicales rencontres, d’inquiétants bibliothécaires et d’agents communistes peu affables (ou encore de personnages ambigus, que l’on apprend à reconnaître à leurs traits tirés et à leurs lèvres rouge sang…). Mais le roman d’Elizabeth Kostova, même s’il en comporte quelques caractéristiques génériques, n’est pas seulement un roman gothique : fresque familiale et quête historique, The Historian est une relecture qui s’efforce de reconstruire les origines – sinon les raisons - de la légende et de sa propagation, en particulier à travers l’Europe de l’Est. Plus spécifiquement, la romancière s’attaque à des domaines rarement explorés (après quelques années de recherches), à savoir les liens entre Vlad L’Empaleur et l’Empire Ottoman, une manière d’exposer ses propres vues sur l’Histoire, sa signification et sa fonction.
    Le récit est un hommage ardent au roman de Stoker sans pour autant en être une pâle copie ou un « remake » contemporain : en réinventant un Dracula particulièrement érudit, assoiffé de savoir, Elizabeth Kostova mène son lecteur en terra incognita, et fait preuve d’un admirable talent de conteuse – et d’historienne – multipliant les mises en abîmes, créant une vaste spirale temporelle qui englobe peu à peu l’ensemble des personnages, tout en dégageant, à travers de perpétuelles répétitions, une certaine idée de l’Histoire en tant que discipline essentielle à l’appréhension du temps présent. Blandine Longre (août 2005)

     

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    Une histoire sans nom de Sarah K. (Hachette jeunesse, 2006)

    813bbfe87a0727ac3d9e738f07845d2e.jpgLe dernier roman de de Sarah K  s’inspire très librement d’une nouvelle fantastique de Barbey D’Aurevilly, transposée à notre époque. Et pourtant, on a d’emblée l’impression d’être transporté dans un univers hors du temps, dans la sinistre maison que la jeune Aurore, pensionnaire à Reims, retrouve lors des Fêtes de Noël. Il y a là sa mère, une veuve murée dans sa dignité, autoritaire et rétrograde, et une vieille servante, Agathe, qui fait de son mieux pour égayer la vie de la jeune fille. Un prêtre étranger est invité à séjourner chez ces trois femmes, le temps des vacances ; il se montre énigmatique, presque séduisant, et tient des propos qui choquent la mère d’Aurore. Mais ce n’est qu’après son départ qu’Aurore semble perdre toute vitalité ; elle s’affaiblit de semaine en semaine et seule la fidèle Agathe paraît s’en inquiéter…
    L’atmosphère, oppressante à souhait, et les forces sinistres qui pèsent sur la jeune Aurore inquiètent le lecteur, pourtant partagé entre rationalité et fantastique : histoire de vampire ou simple affaire de mœurs ? Et plus que le personnage du prêtre, c’est sans doute la mère de la jeune fille qui terrifie dans ce conte cruel – dont le dénouement reste étonnant et agréablement ambivalent. A déguster un soir d’hiver... B. Longre (octobre 2006)

    De Sarah K. on conseille aussi la lecture de Disparus (Grasset jeunesse, 2006), dont Catherine Gentile fait la chronique.

     

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    V-Virus de Scott Westerfeld (traduit de l’anglais par Guillaume Fournier - Milan, Macadam, 2007)

    V. comme… vampire

    Originaire du Texas, venu faire des études de biologie à New York, Cal est un jeune homme tout ce qu’il y a de plus banal –– en apparence. Personne ne se doute qu’il appartient, depuis quelques mois, à une organisation secrète surnommée la Garde de Nuit, ayant pour mission de pourchasser des créatures sanguinaires, victimes d’un virus qui existe depuis la nuit des temps, afin de les contenir – à défaut de pouvoir les guérir : des peeps (abréviation de « positifs au parasite »). Un virus appelé très simplement « le parasite », qui modifie durablement le métabolisme de celui qui le porte et lui donne des pouvoirs qui le rapprochent de la bête et l’écartent du reste de l’humanité. Un virus qui se transmet par morsure ou par voie sexuelle, et dont Cal a lui aussi été victime, lors d’une rencontre sans lendemain avec la belle Morgane – à la différence que Cal est un porteur sain : « je suis partiellement immunisé – l’heureux gagnant de la loterie génétique », nous dit-il ; il peut donc transmettre le parasite sans en subir toutes les conséquences, et vivre à peu près normalement… à condition de se priver de toute vie amoureuse (il a déjà contaminé, sans le savoir, quelques conquêtes) et de nourrir son parasite en engloutissant de la viande plusieurs fois par jour.
    Rapidement repéré par la Garde de Nuit qui l’a informé de son état (et de celui de ses ex-petites copines…) et recruté dans ses rangs, Cal a suivi des cours intensifs en parasitologie et a appris à pourchasser les peeps, monstres cannibales terrorisés par la lumière et victimes du processus d’abomination (qui les incite à prendre en horreur tout ce qu’ils aimaient avant d’avoir été infectés). Il recherche à présent sa « génitrice » (plus exactement celle qui lui a transmis son parasite), Morgane, dont il ne sait presque rien… mais ce qu’il va découvrir va bientôt ébranler ses convictions.

    d113341dd6e32a039d74ee81de06af1c.jpgUne quête, un jeune héros solitaire hybride, en lutte permanente contre un ennemi intérieur (qui aimerait voir son hôte propager le virus…) et doté de sens ultradéveloppés, des adversaires visibles ou non (dont certains encore inconnus), une alliée à venir, au caractère bien trempé, (Lacey, étudiante en journalisme malencontreusement impliquée), une histoire d’amour et de pulsions réprimées (jusqu’à un certain point), des créatures cruelles mais pathétiques et désemparées, des chats et, surtout, des rats par milliers… Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman une aventure urbaine à l’intrigue palpitante, un thriller d’anticipation ambivalent qui plonge le lecteur dans un univers cohérent de bout en bout, et si proche de notre réalité que l’on serait tenté d’y croire.

    Mais l’auteur est aussi parvenu à exploiter avec originalité le mythe du vampire en apportant une explication scientifique très vraisemblable aux légendes véhiculées depuis des siècles aux quatre coins du monde, explication qui lèverait le voile sur bien des incidents (la chasse aux sorcière, la lycanthropie, certaines idées reçues généralement associées au vampirisme…). Le tout est ainsi ancré dans une démarche rationnelle ingénieusement incorporée à la trame centrale, par le biais de courts chapitres pairs construits comme des leçons d’histoire naturelle mettant en scène des parasites divers et variés… des plus inoffensifs aux plus terrifiants, des plus utiles au plus retors (toxoplasmes, wolbachias, et autres Cochliomyia hominivorax…), qui tous ont en tête la survie de leur espèce. Loin d’être rébarbatifs, ces interludes (!) concoctés par Cal (au ton faussement badin…) donnent à voir tout un monde microscopique dont on n’a généralement pas conscience et interrogent très intelligemment la notion de libre-arbitre. Incontournable, V-Virus s’achève sur un épilogue très satisfaisant qui laisse toutefois deviner que l’auteur prépare une suite… Blandine Longre (mai 2007)

     

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    Dracula’s guest and other weird stories de Bram Stoker (introduction de Kate Hebblethwaite - Penguin Classics, 2006)

    Transgressions

    Le Dracula de Stoker a laissé dans l’ombre les autres écrits de l’écrivain, pourtant prolifique ; cet ouvrage érudit permet de les découvrir, tout en incitant à mieux comprendre les diverses évolutions du mythe vampirique ainsi que tout un pan de la veine « gothique », à laquelle appartiennent entre autres Sheridan Le Fanu ou Ann Radcliffe, et qui continue d'inspirer nombre d'écrivains. Stoker lui-même était un homme énigmatique (sa discrétion a suscité nombre de conjectures sur sa vie sexuelle) et on a souvent eu tendance à émettre des hypothèses biographiques à l’aune de son œuvre. Il est vrai que Dracula (« le texte freudien par excellence » selon un critique) est révélateur de désirs refoulés et de préoccupations d’ordre pulsionnel, mais il faut aussi savoir étudier les écrits en tant que tels, comme le rappelle Kate Hebblethwaite dans son excellente introduction.

    Le premier des récits, Dracula’s guest, a parfois été considéré comme un fragment qui aurait pu être le premier chapitre original de Dracula ; l’histoire de ce voyageur anglais qui se retrouve seul dans un village abandonné des Carpates a en effet des points communs avec le roman, et tout se prête évidemment à une étude comparative – l’atmosphère sinistre de l’aventure, les éléments surnaturels, la présence d’une créature tapie dans l’ombre, les effets « spéciaux »…

    960521104040b17bc19f61e9d8ae9e0f.jpgLe surnaturel réapparaît dans chacun des récits suivants, plus ou moins cruels et toujours ambigus. The Squaw relate la vengeance d’une chatte dont le petit vient d’être tué par un grossier personnage, un Américain qui visite la forteresse de Nuremberg en compagnie d’un jeune couple d’Anglais. La tour des tortures, la tradition de la « vierge de fer » (un engin diabolique), l’émotivité de la jeune femme et la farouche détermination de l’animal tendent vers une inéluctable tragédie dont le lecteur devine le dénouement, sans pourtant pouvoir lâcher le livre… Tout comme dans The Secret of the Growing Gold, où un autre assassin est poursuivi sans relâche par sa victime. Le destin est parfois moins terrible et l’on peut aussi lui forcer la main, comme dans A Gipsy Prophecy.

    La transgression est au cœur de ces récits, qui posent en creux la notion de limite ; les frontières entre la vie et la mort, entre l’animalité et l’humanité, entre le réel et l’imaginaire sont allègrement franchies. Même si les intrigues ne sont jamais novatrices, c’est dans l’évolution du suspense et dans l’habileté à créer des atmosphères et des tensions que l’auteur excelle. Ces « contes de l’étrange » décrivent un univers où l’horreur côtoie le quotidien, où le monstrueux l’emporte sur les sentiments et où le macabre et le mortifère règnent en maîtres. Un pur régal. Blandine Longre (février 2007)

    La traduction de ces nouvelles ou courts romans se trouve dans le recueil Œuvres publié chez Omnibus (Edition établie par Alain Pozzuoli et Jean-Pierre Krémer.)

     

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    6b8996f13b389c925fcd10c58ca65b96.jpgFascination, Tentation, Hésitation de Stephenie Meyer (Hachette roman jeunesse, collection Black Moon, traduit de l’anglais par Luc Rigoureau)

     

    Tout commence le jour où Isabella rencontre Edward, un jeune homme troublé par la présence de la jeune fille, au point qu'il la repousse, apparemment sans raison. On comprend assez vite que le garçon est un vampire, et que pour la première fois de sa longue existence, il est en train de tomber amoureux. Le traitement vampirique s'écarte là encore des stéréotypes habituels et l'auteure a su créer un univers singulier dans lequel le lecteur est entraîné malgré lui, si bien que fantastique et réel se côtoient de manière très cohérente – une belle alchimie romanesque. (B. L.)

     

    à lire également : 

    Sanguine
    de Cynthia Leitich Smith, traduction Blandine Longre
    Editions Intervista, 2009

     

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    Je découvre un blog qui parle des vampires sous toutes leurs formes... en particulier littéraires, et qui propose quelques articles intéressants.

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  • La noblesse des parvenus

    livre J. Prévost.jpgLe sel sur la plaie de Jean Prévost, Zulma, 2009

    (par Jean-Pierre Longre)

    Dieudonné Crouzon est d’abord un intellectuel humilié : par la pauvreté, par la calomnie, par la lâcheté de ses camarades. Fort de ses études de Lettres et de Droit, rongé par la rage sociale, il quitte brusquement Paris pour Châteauroux, incarnation de la France profonde, où la soif de revanche le transforme en arriviste : le journalisme, l’imprimerie, la publicité, la politique… Il devient un notable local, un homme d’affaires de province qui, fortune faite et la crise des années 1930 aidant, pourra revenir savourer son ascension à Paris.

    Le sel sur la plaie fait partie de ces grands romans trop méconnus de l’entre-deux-guerres dont les protagonistes, tout en rappelant les héros des romans initiatiques du XIXe siècle, se construisent sur la modernité (encore très actuelle) d’un monde en pleine mutation. L’ambition de Crouzon peut faire penser à celle de Rastignac ou de Bel-Ami, mais elle est plus proche de celle de Julien Sorel, dont Jérôme Garcin, dans sa préface, affirme à juste titre qu’il est un « cousin germain ». Son ambition est intimement liée à ses états d’âme, et ses sentiments le guident davantage que la simple soif de fortune et de notoriété ; les femmes (l’Epervière, Mme Rougeau, Anne-Marie) ne sont pas, comme pour le Leroy de Maupassant, des échelons de l’ascension sociale, mais de sincères étapes amoureuses ; l’amour et l’amitié lui valent autant de déboires que de coups de chance… Bref, Crouzon est profondément humain, lui qui, selon les mots de son ami Boutin, philosophe et poète, garde « la seule noblesse, celle des parvenus ».

    Jean Prévost, mort prématurément dans la bataille du Vercors, n’a pas eu le temps de donner la pleine mesure de son talent. Ses beaux essais sur Stendhal ou Baudelaire, son abondante production journalistique, ses romans vifs et roboratifs appelaient une suite dont les balles nazies nous ont privés. Avec Le sel sur la plaie, nous avons non seulement le bonheur d’une réédition bienvenue, mais aussi la grâce d’une écriture alerte, incisive, dont la vigueur quasiment physique s’associe à la clairvoyance  psychologique, et qui depuis 1944 nous manque.

    www.zulma.fr

    voir aussi http://www.lesimpressionsnouvelles.com/jean_prevost_aux_avant_postes.htm

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  • Questionnaire de l'étrange

    nng_images.jpg

    Eric Poindron, dont on recommande vivement le blog, a questionné de manière bien étrange Anne-Sylvie Homassel, traductrice et auteure – on lira entre autres Lamont, recueil de nouvelles délicatement illustré par Stepan Ueding, paru récemment aux éditions du Visage vert, des fictions parfaitement opaques et inquiétantes, pourtant composées dans une langue limpide, précisionniste, peuplée de terreurs qui prennent des formes imprévisibles ; de même, on pourra découvrir la nouvelle Fox into Lady, parue dans le dernier numéro du Zaporogue (téléchargeable gratuitement, est-il besoin de le rappeler ?) en compagnie d'illustrations de Marc Brunier Mestas dont il faut visiter le blog.

    livre_l_544.jpgPour connaître le travail d'Anne-Sylvie Homassel dans le détail, une visite de son netvibes s'impose, de même que celle du blog du Visage Vert, revue littéraire publiée par les éditions Zulma et dont le dernier numéro comporte entre autres un bien beau dossier sur la sorcellerie concocté par Michel Meurger et la petite équipe dirigée par Xavier Legrand-Ferronnière, secondé par A-S. Hommassel et la traductrice Elisabeth Willemz.

    Rappelons aussi que Le Visage Vert est aussi une structure éditoriale (à ce propos, lire ce billet sur la petite édition, très justement intitulé Les nains aussi...) dont les publications peuvent être commandées en ligne.

    Le Visage vert est de nouveau l’invité de Bulles Noires / Bulles de rêve, samedi 4 juillet, à Radio Libertaire.

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  • LE ZAPOROGUE #6

    zap6.jpgLe numéro 6 de la revue le Zaporogue, dirigée par l'irremplaçable Sébastien Doubinsky, est arrivé.

    On peut commander l'ouvrage en ligne ou le télécharger gratuitement.

    Au sommaire, poésie, nouvelles, illustrations, créations, etc.

    JERRY WILSON – THIBAULT DE VIVIES – ANDRÉ ROBÈR – CATHY YTAK TABISH KHAIR – MÉTIE NAVAJO – DÉBORAH REVERDY VS ENTORTILLÉE STEPAN UEDING – LIONEL OSZTEAN – LUC BARANGER – DANIEL LABEDAN – JEFF SYLVA – ALEX SCHREIBER – JONAS LAUTROP – JEAN-FRANÇOIS MARIOTTI ANNE-SYLVIE SALZMAN MARC BRUNIER MESTAS – JOHANNES HØIE –YANNIS LIVADAS BLANDINE LONGRE – ERIC BEAUNIE – CELINA OSUNA – FRANÇOIS BONNEAU – SOFIUL AZAM – MYRIAM GALLOT – OLE WESENBERG NIELSEN – CHRIS ROBERTS – OLGA ZERI.

    http://lezaporogue.hautetfort.com/archive/2009/06/22/le-zaporogue-6.html

    Le Visage Vert en cause ici http://www.zulma.fr/visagevert/?p=170

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  • Zaporoguons - ter...

    celina.jpgLes éditions du Zaporogue, passerelle dont j'ai déjà parlé ici et là, se dotent d'une vitrine :

    http://lezaporogue.hautetfort.com/

    Derniers titres parus : COLLECTION DE SOMBREROS par Thomas Vinau et HAPPINESS IS A RUMOUR par Ole Wesenberg.

    J'incite aussi à aller découvrir, entre autres, la poésie de Celina Osuna.

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  • Du côté des blogs

    Plusieurs blogs ont fait leur apparition ces temps, dont ceux-ci.

    Le making-of d'Ammi, un album illustré de Françoise Malaval et Patrice Favaro
    http://ammi-editionsmassala.hautetfort.com/

    Mon p'tit mot m'a dit - une invitation à mognoter, par Martine Falgayrac
    http://mognoter.blogspot.com/

    Anne Mulpas, en résidence à la médiathèque de Cormontreuil (51), ouvre un blog intitulé L'être en lettres
    http://alphabetre.over-blog.com/

    Les 7 mains - Sept auteurs pour un même blog : Stéphane Beau, Jean-Claude Lalumière, Fabrice Lardreau, Claire Le Cam, Bertrand Redonnet, Emmanuelle Urien et Marc Villemain.
    http://lesseptmains.canalblog.com/

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  • Lectures théâtrales - BIS

    pommerat.jpgPinocchio de Joël Pommerat, illustrations d'Olivier Besson

    Actes Sud papiers - collection Heyoka jeunesse, 2008

     

    On pourrait croire l’histoire usée jusqu’à la corde et pourtant, Joël Pommerat signe un Pinocchio résolument optimiste et innovant, en particulier du point de vue de la langue ; une interprétation où l’humanité du pantin n’est pas engendrée par un phénomène magique, mais se construit « tellement progressivement que même le père ne s’en était pas rendu compte ».

    La construction suit toutefois la trame de l’original, tout en adoptant un rythme énergique et en proposant des dialogues enlevés, souvent amusants, voire insolents. Un « présentateur » fait office de récitant, ce qui permet de faire le lien entre les épisodes et de planter les différents décors.

     

    adkeene.jpgL’apprenti, de Daniel Keene
    traduction de l’anglais (Australie) Séverine, Magois

    Éditions Théâtrales - jeunesse, 2008

     

    L’Apprenti se penche intelligemment sur la relation entre les pères et leurs fils, par le biais d’une amitié choisie entre Pascal, un quadragénaire qui n’a pas vu son père depuis longtemps et Julien, 12 ans, qui regrette qu’on ne puisse choisir son père idéal… Le sien, indifférent, ne lui convenant pas, il a décidé d’enseigner à Pascal (malgré les réticences de celui-ci), l’art d’être père. Ils apprennent à se connaître à mesure que les mois passent, lors de promenades et de rendez-vous dans des lieux variés. Naît une belle complicité, dont on sait pourtant qu’elle ne serait pas la même si Pascal était le père véritable du garçon… Un décor épuré, « non réaliste » (ainsi que l’indique l’auteur) sert de cadre à cette intrigue bien bâtie et d’une grande finesse psychologique.

     

    madani.gifErnest ou comment l’oublier d’Ahmed Madani

    L’école des loisirs, théâtre, 2008

     

    Marie-Louise et Yvonne, deux vieilles artistes de cirque, vivent dans l’attente de l’improbable retour de l’homme aimé, Ernest, et passent leur temps à se chamailler plus ou moins gentiment ; ce qui ne les empêche pas de se soutenir mutuellement quand l’une perd la mémoire ou que l’autre ne tient plus sur ses jambes. Leurs souvenirs les entraînent sur les pistes qu’elles ont connues, quand elles étaient Miss Lévitos et Melle Saltarella, tandis que dans le présent, elles s’escriment à balayer la poussière (préfigurant leur fin proche) qui s’accumule étrangement autour d’elles, envahissant l’espace scénique. Un duo attachant, dont la paradoxale vivacité réjouit le lecteur, et qui rappelle par instants (à travers la thématique de l’humain face à la mort) la pièce de Suzanne Van Lohuizen, Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir (L’Arche éditeur, 2006).

     

     (Blandine Longre, décembre 2008)

     

    revue244.jpgCes articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 244 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008)

    les autres numéros : les sommaires des numéros des deux dernières années sont consultables en ligne. Les numéros des années précédentes ont été numérisés et sont consultables en texte intégral sur le site. 

    http://www.editionstheatrales.fr/

     

    http://www.ecoledesloisirs.fr/index1.htm

     

    http://www.actes-sud.fr

     

     

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  • RectoVerso, revue

    rectoverso4.gifLa revue Recto/Verso est un espace de travail et d’échange autour de l’étude de la création littéraire et artistique. Dévouée à la jeune recherche internationale dans l’étude de la genèse des œuvres et des manuscrits d’écrivains, dans différents domaines littéraires, linguistiques et artistiques, Recto/Verso est une revue interdisciplinaire et quadrilingue. Elle publie des articles en anglais, français, espagnol et italien et se compose de cinq rubriques - « Cahiers de genèse », « Rendez vous », « Passerelles », « Marges » et « Apprentissages ».

    Le numéro 4 vient de paraître, intitulé "Mauvais genres".

    Le sommaire 

    "Du roman noir à la littérature de jeunesse, de la science-fiction au roman sentimental ou policier, cette littérature, pour faire l’objet, depuis de nombreuses années, d’études scientifiques, reste prise dans le spectre du genre à contraintes. Souvent abordée sous l’angle exclusif du procédural ou de l’archétypal, elle peine à s’extraire, malgré la diversité de ses réalisations, du carcan des mauvais genres, ceux-là même qu’on fréquente sans (trop) le dire, et qu’on hésiterait en principe à interroger dans le cadre d’une recherche génétique. (...) Au cœur de ce numéro, l’importance prise par la réflexion théorique de la section « Passerelles » met justement en lumière la question de la valeur. Quels sont les codes socioculturels et historiques, les implicites qui entravent la pleine jouissance de cette littérature ? Alors même que seul le plaisir de la lecture semblerait à même de sauver ces mauvais genres, il apparaît que sous la contrainte, la liberté de la création sourde, comme une évidence plus éclatante encore d’avoir été longtemps contenue – sinon retenue. À ce titre, l’entretien avec Blandine Longre permet de mesurer, du côté de l’auteur, cette évidence de la création en littérature jeunesse, là où il serait trop facile de ne voir que la mise en œuvre d’un cahier des charges plus ou moins invariant." (Editorial, Guillaume Bellon)

    http://www.revuerectoverso.com/

     

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  • Lectures théâtrales

    carel.gifInséparables ! de Fanny Carel
    L’école des loisirs, théâtre, 2008

     

    Violette et son frère Bruno sont aux prises avec Nasta, une abominable marâtre qui a tué leurs parents ; refusant de les voir grandir, elle affame délibérément les deux petits. Mais Violette n’y tient plus et les enfants prennent la fuite. L’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ne suffira pas à les sauver des griffes de Nasta, et il faudra l’intervention d’un roi pour qu’enfin ils puissent vivre en paix.
    Dans cette pièce inspirée de nombreux contes, la résilience enfantine (ou simplement humaine) est à l’honneur. Le conte s’achève avec la mort de la sorcière, incarnation du mal et de la cruauté, mais aussi de la part sombre de la maternité (quand elle maintient volontairement les enfants dans un état de dépendance alimentaire). Ces ramifications psychanalytiques fort intéressantes (qui satisferont les lecteurs adultes) témoignent de la richesse des niveaux de lecture de ce texte.

     

    milovanoff.jpgLa carpe de Tante Gobert de Jean-Pierre Milovanoff, illustrations de Lino

    Actes Sud papiers - collection Heyoka jeunesse, 2008

     

    Selon son père, Philippon pourrait être « le meilleur élève du collège », s’il n’était pas un cancre… Pour le remettre dans le droit chemin, on envoie le garçon en vacances forcées chez Tante Gobert, une « femme rude et imprévisible » qui n’a qu’une obsession depuis 30 ans : pêcher le plus beau poisson du lac situé devant sa masure. Au fil des rencontres – un lutin, une carpe, un peintre, une jeune fille, un pêcheur – la tante revêche se radoucit… Mais Philippon mûrit-il vraiment ? Rien n’est moins sûr. Cette histoire fantaisiste, agréablement illustrée, entrecoupée de chansons, est une comédie légère qui célèbre avant tout l’insouciance de l’enfance : « Enfant, on reste un enfant / Pas moyen de faire autrement, On s’amuse et on attend / Le jour où l’on sera grand / Pour regretter le bon temps », ainsi que l’affirme l’un des chants.

     

    gauthier.gifUne jeune fille et un pendu de Philippe Gauthier

    L’école des loisirs, théâtre, 2008

     

    Dans un décor indéfini dominé par un vieux chêne, Marc, une corde autour du cou, voit arriver Déborah, une jeune fille aux jambes ensanglantées. Tandis que le garçon tâche de lui transmettre sa passion pour les chiffres (et son besoin compulsif de compter tout ce qui lui tombe sous la main, des feuilles aux flocons de neige), Déborah lui apprend à danser. Ils s’attachent l’un à l’autre au fil des saisons, jusqu’au jour où un certain Pierre entre en scène...
    Le texte, qui met en contact deux souffrances, est composé dans une langue familière, aux phrases brèves, coupantes. La vie, la mort, l’amour s’enchevêtrent entre tragédie et légèreté, tandis que les corbeaux qui s’insinuent entre les scènes, commentant les activités des humains ou vivant leur propre vie (avec ses querelles, ses amitiés ou ses attachements) participent de la tonalité parfois très irrévérencieuse de l’ensemble ; une impertinence qui, au-delà du sort tragique des personnages et de la thématique, nous arrache quelques sourires.

     

     (Blandine Longre, décembre 2008)

     

    Ces articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 244 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008)

    les autres numéros : les sommaires des numéros des deux dernières années sont consultables en ligne. Les numéros des années précédentes ont été numérisés et sont consultables en texte intégral sur le site. 

    http://www.ecoledesloisirs.fr/index1.htm

     

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  • Un auteur à ses lecteurs

    spielberger4.jpgDepuis le 1er janvier, l'écrivain Christophe Spielberger (Touché !, Editions du Seuil, Otto le puceau, Florent Massot) propose aux internautes de lire gratuitement ses derniers romans inédits, à partir de son site où les textes sont consultables sur écran, mais également imprimables en intégralité. Selon l’auteur, cette démarche n’est pas une fin en soi et ne saurait se substituer au travail de l’éditeur (dont il espère à nouveau bénéficier un jour), mais elle représente le moyen de permettre à ses lecteurs de continuer à le suivre, voire de le découvrir avant de se rendre en librairie, où plusieurs de ses ouvrages restent disponibles.

    Pour bénéficier de cette bibliothèque en ligne, il suffit de contacter l’auteur à partir de la page d’accueil de son site afin d’obtenir un accès personnel à une vingtaine de textes, parmi lesquels cinq romans.

    Christophe Spielberger est l'auteur de plusieurs romans dont On part, et d'un ouvrage intitulé La vie triée.
    On pourra lire quelques chroniques le concernant dans Sitartmag.

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  • Karpe diem...

    karmasutra.jpgKarma Sutra, 30 positions à fantasmer
    de Maïa Brami et Barroux

    Magellan & Cie, 2008

     

    Caractérisé par un humour léger et un ton vivifiant, cet ouvrage atypique, unique en son genre, énumère des positions sexuelles fantasques tout en égrenant quelques conseils (à ne pas suivre pour certains !) permettant de jouir au mieux de la rencontre amoureuse et/ou charnelle…

    Les textes, courts poèmes subtils qui évitent habilement l’écueil de la vulgarité, décrivent chaque acrobatique position (de celle du petit-beurre à celle du bourdon ardent…), et sont accompagnés d’illustrations graphiquement sobres, qui suggèrent plus qu’elles ne montrent – et, quand elles montrent, la fantaisie l’emporte haut la main. Attention, ne vous méprenez pas sur l’objectif de ce beau livre, qui prend le contrepied des guides et autres manuels susceptibles d’éradiquer toute spontanéité : ici, la lecture stimule avant tout le cerveau et l’imagination de chacun.
    (B. Longre, janvier 2009)

     

     

    Afin de mieux saisir la démarche des auteurs, quelques question posées à Maïa Brami, qui a bien voulu y répondre.

     

    Maïa Brami, comment est né ce projet ? De quelles envies ?

    Ce projet est né autour d’une table, dans un Café. Barroux et moi étions en train de travailler à un album jeunesse — « Goûte au moins » ed. Circonflexe, 2005 — quand il m’a confié son envie de dessiner des hommes et des femmes… tous nus ! Il a alors joint le geste à la parole et en découvrant son croquis sur la nappe un peu « naïf » proche du dessin d’enfant, j’ai compris que notre projet serait certes érotique mais traité sous un angle drôle et poétique. Dans une société où les cartes de St Valentin ont été remplacées par des canards vibrants, nous avons eu envie de rappeler aux gens que le désir est avant tout affaire d’imagination. D’où la phrase d’exergue tirée du film culte des Frères Cohen — The Big Lebowski : « Les gens oublient que le cerveau est la plus grande zone érogène », réplique lancée par le producteur de films porno joué par Ben Gazzara. 

     

    De quelle façon avez-vous procédé ? Les textes d’abord, les illustrations venant ensuite, ou bien l’inverse ou dans le désordre ?

    Après avoir parcouru le véritable Kama Sutra — hautement instructif et surtout d’une grande poésie ! —, je me suis dit qu’il serait amusant d’inventer des positions infaisables, surréalistes. Et très vite, je me suis aperçue qu’en prenant les mots au pied de la lettre — « s’envoyer en l’air » par exemple —, on arrivait à des situations cocasses. Chacun a ensuite apporté de l’eau au moulin. Nous avons essayé de veiller à ce qu’il y en ait pour tous les goûts ! De l’écriture proprement dite, je me souviens surtout de mes éclats de rires toute seule devant mon écran d’ordinateur ! Après avoir imaginé une trentaine de positions, Barroux a pris ses plus beaux pinceaux pour en peindre quelques-unes dans un style élégant et épuré — contours noirs et lavis ocre. Nous sommes ensuite allés démarcher les éditeurs.

     

    Justement, comment ce projet a-t-il été accueilli par les éditeurs ? Avez-vous eu des retours plutôt positifs dans l’ensemble ?

    Dans l’ensemble, les éditeurs se  sont bien amusés à la lecture, mais tous nous ont répondu qu’il n’entrait dans aucune case — N’est-ce pas pourtant le propre de tout projet artistique ?! Cependant, nous avons eu le choix entre Magellan & Co et un éditeur de littérature érotique, mais ça aurait cantonné le livre à un public d’avertis.

     

    Il est rare de parler de sexualité de façon aussi décalée. Des ouvrages qui traitent du rapport amoureux vous ont-ils inspirée, stimulée ou irritée ?

    Je trouve absurde toutes ces émissions télés et ces journaux qui réduisent le sexe à un plaisir égoïste qu’il faut assouvir à tout prix et par n’importe quel moyen — commercial de préférence —  au risque d’être taxé d’anormal ! Le sexe est avant tout langage, dialogue, jeu amoureux fondé sur une écoute et un don mutuels, où l’on n’a jamais fini de se surprendre et de s’amuser.

     

    À travers vos publications, vous êtes généralement associée à la littérature jeunesse (tout comme l’illustrateur Barroux). Pensez-vous que cet ouvrage marque un tournant dans votre travail ?

    Un tournant ? Je ne pense pas. Chaque projet m’apprend et m’empêche de tomber dans la répétition. De son côté, Barroux a publié des carnets de voyage qui visent un public adulte et il a pas mal travaillé pour la presse. Vous savez, ce qui me motive avant tout, c’est d’écrire, peu importe l’âge du lecteur pourvu qu’il y en ait un !

     

    http://www.barroux.info

     

    http://www.editions-magellan.com/

     

    Maïa Brami est aussi l'auteure de Norma, de Neuf mois par moi, et de nombreux ouvrages pour la jeunesse.

     

     

    *********************************

     

    9mois.jpg9 mois par moi de Maïa Brami et Karine Daisay, La Martinière, 2007

    Maïa Brami et Karine Daisay ont concocté un ouvrage réalisé avec soin, poétique et innovant, qui se démarque du journal intime traditionnel ou des multiples guides existants, un livre-cahier qui tient davantage du carnet de bord ; elles proposent ainsi aux futures mères (et ce sans exclure les pères) de mettre en mots et en images l’expérience de leur grossesse, en offrant poésie, citations, recettes traditionnelles, et guide des prénoms (venus du monde entier) qui sort des sentiers rebattus. Les décors monochromes, discrètement rehaussés de collages et d’illustrations très sobres, qui évoquent pour la plupart vie végétale et animale, permettront de faire sien ce cahier où tout reste évidemment à écrire (et/ou à coller). Une belle incitation à la création, à la réflexion, à la rêverie et, plus tard, aux réminiscences.
    B. Longre (mars 2007)

    barroux.jpgMon poisson rouge de Barroux, Nathan, 2006

    Quoi de plus banal et d'ennuyeux qu’un poisson rouge qui tourne dans son bocal ? Ce n’est pourtant pas l’avis de Barroux, pour qui le poisson rouge peut devenir un fabuleux animal de compagnie… à condition de faire preuve d’imagination ! Le poisson en question est costaud, curieux et téméraire (mais pas trop…), il aime chanter, se déguiser, nager (de préférence en piscine), mais par contre, il mange comme un cochon, attrape des coups de soleils et a plutôt mauvaise mémoire… On peut le consoler quand il a peur la nuit et lui offrir son amour, ce qui lui permettra d’atteindre un âge canonique. Barroux signe là son premier ouvrage en tant qu’auteur-illustrateur, un album cocasse et décalé qui enchante les jeunes lecteurs ; de belles illustrations (entre peinture et gravure), des coloris vifs et contrastés, pour le portrait original d’un petit poisson en définitive très attachant…
    B.L. (février 2006)

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  • Le jeu troublant de l’existence

    dlachaud.jpgLe vrai est au coffre, de Denis Lachaud - Actes Sud, 2005 / Babel 2009

     

    Des parents aimants et une atmosphère familiale relativement paisible ne pourront empêcher le petit Thomas, qui démarre son récit à l’âge de cinq ans, de peu à peu glisser dans un monde parallèle, semi imaginaire, qui annonce de façon ténue la fracture identitaire à venir. Les indices offerts au lecteur sont d’abord maigres : la création, entre autres, d’une famille virtuelle avec son amie Véronique et ses poupées, un éparpillement de réalités qui se superposent dans l’esprit du jeune narrateur et qui n’inquiètent pas d’emblée, des jeux en surface innocents qui ouvrent pourtant la voie à un malaise plus ample, qui prend corps quand Thomas (Tom pour lui-même et Toto pour ses parents…) entre à l’école primaire, et devient le bouc émissaire d’une catégorie brutale d’élèves, prompts à tourner en dérision son comportement qu’ils disent efféminé.

    Car Tom n'est pas comme les autres, il est un enfant solitaire et curieux, fasciné par la grue du ferrailleur ou par les trains (dont le passage le terrorise pourtant chaque nuit) et l’alignement de voies de chemin de fer qui se croisent en bas de son immeuble : il s’approprie ce vaste espace au fil des années, rien qu’en l’observant depuis la fenêtre du plus haut palier de l'édifice. Un lieu où, justement, la vie de sa petite famille de poupées s’organise avec sérieux.

    L’écriture, d’abord lisse et comme patinée par le temps, régentant un récit dont le fil paraît limpide, se fissure à mesure que l’on se rapproche de l’événement central qui va conduire à une métamorphose confuse et troublante, passionnante. La narration nous autorise à démêler le vrai du faux - tout dépendra cependant du lecteur, de son degré d’aptitude à accepter la fiction et ses mises en abyme successives. S’instaure en sus un autre jeu, subtil et dérangeant, entre le lecteur et le narrateur tandis que l’énigmatique quête de Thomas, qui s’accompagne désormais d’un ardent désir de vengeance, se nourrit de la haine éprouvée pour tous les conformistes, une colère libératrice dirigée contre les enfants qui le martyrisaient et qui ont grandi maintenant : « tout leur est dû, ils se trouvent importants, drôles, spirituels, ils pensent que tout le monde rit de leurs blagues, ils pensent que même les tapettes rient de leurs blagues homophobes et les femmes de leurs blagues sexistes. »

    Cet étrange roman, dans lequel on entre sans se méfier, retranscrit habilement les hésitations d’une conscience qui ne sait quel chemin emprunter, entre le faire-semblant de l’enfance et le simulacre des adultes : le chemin de la réalité qu’imposent les autres ou bien celui de la réalité que l’on s’invente pour, justement, échapper aux autres et à l’uniformisation qui toujours guette.

     

    http://www.actes-sud.fr/index.htm

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  • Archivages... again.

    De "nouveaux" articles désormais en ligne sur la nouvelle version de sitartmag.

    colapinto3.jpgAbout the author, de John Colapinto - Fourth Estate, 2002

    Auteur en sursis - traduit de l’anglais par Cécile Arnaud - Belfond, 2003

     

    La poursuite de la célébrité peut se décliner de multiples façons, souvent sur le mode satirique. Avec About the author, les amateurs de suspense et d'humour trouveront leur compte, car ce premier roman (palpitant, admettons-le) ne manque pas d'efficacité (on serait tenté de dire "à l'américaine"). Mais sous des dehors de thriller littéraire un peu facile, le récit est avant tout une confession angoissée, écrite dans l'urgence par un homme qui a longtemps caché son jeu, et qui a donc beaucoup à nous apprendre : Cal Cunningham revient ainsi sur ses pas et raconte comment, fraîchement sorti de l'université, il s'installe à Manhattan dans l'espoir de devenir écrivain, mais surtout, "célèbre". LIRE LA SUITE

     

    kaikisen3.jpgKaikisen, retour vers la mer
    Satoshi KON
    - Casterman, collection Sakka, 2004

     

    S'inspirant d'une mythologie poétique qui prête à l'ondine (représentée ici sous les traits de la femme-poisson, telle que nous la connaissons) des pouvoirs sur la mer et ses créatures, Kaikisen se présente comme un manga émouvant, palpitant et engagé, dont l'action se déroule à Amidé, une petite ville côtière imaginée par l'auteur, et qui s'accroche à son passé tout en essayant de s'adapter à une modernité galopante, avec la promesse d'un essor économique sans précédent. L'histoire débute sur un œuf mystérieux dont Yôsuké, un jeune homme rêveur et respectueux des traditions, sera bientôt l'unique gardien, comme l'est encore son grand-père, prêtre Shintô. LIRE L'ARTICLE

    choe1.gifPoétique de la soif de Ch’oe Yun
    récits traduits du Coréen par l'auteure et Patrick Maurus - Actes Sud, 1999

    Dans cet ouvrage sont regroupés quatre récits écrits à différentes périodes, mais ayant pour dénominateur commun la Corée du "miracle économique" et les répercussions dévastatrices de ces changements sur l'individu et la société entière. Une tristesse ineffable semble adhérer aux êtres qui ont un profond sentiment de solitude dans des foules anonymes : ils intériorisent leurs émotions, ne parvenant pas à communiquer dans un monde clos et oppressant. Par bonheur, l'écriture ouvragée de Ch'oe Yun leur permet d'exister et de révéler leurs peurs et leurs rêves, leurs lâchetés et leurs courts bonheurs : une écriture alambiquée, une prose empreinte d'une poésie mouvementée qui illumine les récits. LIRE LA SUITE

    christophedufosse1.gifL'heure de la sortie de Christophe Dufossé
    Denoël, 2002 - Folio Gallimard, 2004

    Les enseignants seraient-ils des créatures à part ? A en croire Christophe Dufossé, ils formeraient une catégorie atypique, une espèce sclérosée et obnubilée par des relents d'enfance, et pourtant en tous points génétiquement semblables aux autres humains... C'est du moins le point de vue, non pas tant énoncé qu'esquissé, qui domine ce sombre roman. L'histoire est racontée par l'esprit en perdition d'un jeune professeur de français, Pierre Hoffman, qui porte un regard désabusé, cynique mais aussi très amusant sur la profession, une vision amère mais teintée de drôlerie du microcosme de la salle des profs de son collège : des descriptions et des remarques peu flatteuses qui sonnent juste de bout en bout, en dépit d'un penchant à noircir allègrement le tableau. LIRE LA SUITE

    charlesmasson3.jpgSoupe froide de Charles Masson
    Casterman, Écritures, 2003

    Quand frappe l'hiver, on a tous quelques pensées fugaces pour les plus démunis ; les journaux et les radios se chargent de nous le rappeler et entonnent une litanie (c'est la faute à la froidure...) qui, à force d'être répétée, perd de son sens et devient, comme beaucoup d'autres sujets, une façon de combler le vide. La mauvaise conscience refait surface, mais tout s'efface très vite des esprits qui habitent des corps à l'abri du froid, de la faim et de la déchéance. L'ouvrage de Charles Masson est exemplaire, car il force le lecteur à l'intimité d'un rude face à face... LIRE LA SUITE

     

    genevievebrisac6.jpgAngleterre, de Geneviève Brisac
    Médium de L’Ecole des Loisirs, 2005

     

    Les parents d’Adélaïde décident de l’envoyer en séjour linguistique sans l’avoir consultée au préalable (pour des raisons d'abord obscures), la toute jeune fille est révoltée – et se plie malgré tout à l’autorité parentale… Quand elle arrive en Angleterre, elle va de surprises en déconvenues, portant un regard critique sur tout et sur tous – transformant ainsi certaines scènes au demeurant banales en une comédie très acide : la famille d’accueil en prend pour son grade, mais les Français qui l’accompagnent aussi. LIRE LA SUITE

     

    deltenre1.jpgLa cérémonie des poupées de Chantal Deltenre - Maelström, 2005

    Tout fait sens dans ce palpitant roman, d’un bout à l’autre du récit de Keiko qui relate son séjour au Japon – un pays qu’elle ne connaissait pas en dépit de ses origines. Elle le découvre aux côtés de Pierre, son ami français que la langue et la culture japonaises fascinent. Cela fait maintenant un an qu’ils se sont installés dans un petit appartement, à Tokyo, un lieu que Keiko s’est approprié avec une férocité dont elle seule a conscience (« m’arracher à l’appartement m’est devenu aussi douloureux qu’une amputation »), sacralisant secrètement l’endroit et engageant, au quotidien, un dialogue muet avec les objets et les meubles qui étaient déjà là lors de leur emménagement... LIRE LA SUITE

    loupsarbacane3.jpgUn LOUP peut en cacher un autre
    collectif d'illustrateurs - textes de François David - Sarbacane, 2006

    Après l’éléphant, un animal autrement plus ambivalent a été retenu par les éditions Sarbacane pour ce deuxième album grand format, qui réunit une trentaine d’illustrateurs, et dont le fil conducteur est une nouvelle fois offert par François David et ses poèmes – en regard de chacune des créations graphiques. Un bel éventail, donc, qui permet à la fois de (re)découvrir des artistes et d’observer le loup à travers le prisme d’univers imaginaires forcément très hétérogènes. LIRE L'ARTICLE

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  • Harfang, revue de nouvelles

    Après un numéro centré sur Pierre Bordage, la revue Harfang, née en 1991 et dirigée par Joël Glaziou, poursuit sa route avec un numéro 33 paru en octobre dernier, consacré aux « prix de la nouvelle ». On y trouvera plusieurs textes, dont une énigmatique nouvelle de Marc Bernard (Quién sabe… ?), lauréat du prix de la nouvelle d’Angers 2008 (organisée par Harfang et l’association Nouvelles R) et une autre intitulée Contes d’auteur, signée Alain Kewes, qui relate une découverte littéraire de taille (doublée d’une aventure éditoriale fort ironique). On lira aussi des entretiens stimulants, dont l’un avec le même Alain Kewes, fondateur des éditions Rhubarbe. Ce dernier revient sur la genèse de sa maison d’édition et sur le premier texte publié (une délicieuse histoire en vers, du pur libertinage que je recommande vivement : Moi aussi), sur ses choix et les critères qui, pour lui, entrent en jeu, tout en précisant qu’il refuse de s’enfermer dans un genre spécifique et aime à publier également du « court hybride », des textes « qu’on range, faute de mieux, sous l’appellation ‘récit’, ‘carnet’ ou ‘prose courte’ », une façon « d’établir des ponts contre nature ».

     

    lire aussi

    La nouvelle de A à Z, ou troisième tour du monde de la nouvelle en langue française, de René Godenne - Editions Rhubarbe, 2008

     

    Et sur le genre et ses frontières.

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  • Un peu de lecture

    book2.jpgÀ découvrir, entre autres, dans le Zaporogue Magazine n° 5, revue de littérature, un texte intitulé " Dernier séjour ".

    Lien direct: http://www.lulu.com/content/5336540

    À télécharger gratuitement ou à acheter en ligne
    - édité par Sébastien Doubinsky, éditions du Zaporogue
    http://www.myspace.com/zaporogue

    Merci de vos lectures.
    Belles fêtes à tous.

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