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  • Révélation

    suisse3.jpgAlors que le concours Révélation Fnac 2008 invite au voyage, en hommage à Nicolas Bouvier, la 3e édition de ce prix (2007) proposait un thème intitulé « La Suisse côté cour et côté jardin », associé à une contrainte générique : écrire un texte de théâtre. Les trois textes (sur plus d’une centaine) primés ont été regroupés, avec quelques autres, dans un recueil publié par les éditions genevoises Zoé, dirigées par Marlyse Piétri. Un recueil préfacé par Sylviane Dupuis, elle-même dramaturge (mais aussi poète et essayiste, lire entre autres A quoi sert le théâtre ? aux éditions Zoé), qui, face à des démarches artistiques pluridisciplinaires pouvant laisser croire que le texte théâtral serait dépassé, affirme justement le contraire. Le texte dramatique (à destination de la scène , mais qui forme aussi un artefact à lui tout seul) a encore du « sens », écrit-elle, et « continue de solliciter l’imagination et l’invention de formes. »

    Aussi, aux côtés de productions plus anecdotiques, trouve-t-on dans cet ouvrage quelques textes qui explorent intelligemment  l'absurdité de certaines situations afin de commenter le réel (et son double - le théâtre) :  Titre provisoire (Titre définitif) de Nicolas Haut qui, en mettant en scène des ébauches de personnages en quête d’intrigue, s’amuse à déconstruire l’acte théâtral afin d'en analyser les singularités ; L’entre-chambre d’Anthony Bouchard, faussement vaudevillesque, qui joue sur l’invisibilité du quatrième mur de scène, ce qui permet d’insister sur la relation privilégiée qui s’instaure entre  personnages et spectateurs ; ou encore une fable d’anticipation proposant une solution radicale afin que les plus de 60 ans, nouveaux indésirables, n’encombrent plus la pyramide démographique d’une Suisse (et d’une Europe) vieillissantes (La boîte à biscuits, de Giancarlo Copetti).

    Reste un texte qui se démarque de cet ensemble assez hétérogène, et qui n’a pas obtenu le premier prix par hasard : Dans l’ombre de ta ville, parcouru de tensions ambivalentes qui reflètent l'état d'esprit d'un narrateur, qui tend, justement, vers l'inaccessible. Ce monologue (fait paradoxal que de voir cette forme primée, comme le souligne la préfacière - ce qui ne lui ôte en rien ses nombreuses qualités), signé Jean-Noël Sciarini, met en scène un narrateur-récitant de dix-sept ans ; celui-ci, entre révolte et résignation, relate son exil et son déracinement dans une Suisse qui incarne d’abord le " rêve américain" pour lui et sa mère. Car il « fallait s’en aller », quitter la terre natale et rejoindre Genève, ville de tous les possibles qui bien vite devient le lieu de l’enfermement et de la dissimulation ; quitter un pays connu pour vivre « dans l’ombre » d’un autre, si peu accueillant en définitive. Chimo, clandestin, « encre dont aucune feuille ne voulait », incarne à lui tout seul le drame de ces « ombres réfugiées dans les plis de la ville », de ces méconnus que l’on croise sans vraiment les voir. Il y a deux Suisses comme il y aurait deux mondes parallèles appelés à se côtoyer et parfois à se télescoper, lorsque le tout jeune homme fait la connaissance de Camille dans une boutique de souvenirs, une rencontre qui se pourrait salvatrice…

    Les émotions successives et fluctuantes du personnage, pour lequel on ressent une forte empathie dès les premières lignes, sont retranscrites dans une langue à la fois directe et poétique, âpre et douce, à l’instar des contradictions qui agitent son esprit, révélant un monde intérieur d’une insoupçonnable richesse – de sa soif de liberté à la haine éprouvée face à la liberté des autres, de la honte de devoir survivre (et non pas vivre) au désir d’écrire et de se raconter, de son fatalisme à ses regains d’espoir, confiant au lecteur/spectateur une désespérance derrière laquelle se devine toutefois une obstination sans bornes, celle de ceux qui n’ont plus rien à perdre ou si peu. Esquissé avec finesse, ce portrait désenchanté interroge la tentative de se fondre dans un nouveau décor, de devenir un autre tout en restant soi-même, d’adopter un nouveau pays en s’efforçant de croire qu’il vous adoptera en retour. « Nous voulions nous approprier la ville », dit-il avec candeur, une ville qui devient d’emblée « sa » ville, lieu pourtant plus imaginaire que réel, vu à travers le prisme de la clandestinité. Ceux qui seraient convaincus que lire du théâtre est un exercice fastidieux, et/ou s'imagineraient qu’un texte dramatique ne peut se suffire à lui-même (du moins serait amputé de son expressivité ou privé de toute qualité s’il n’est pas mis en scène) feraient bien d’aller découvrir ce monologue qui, au-delà de toute classification générique, donne la parole à une voix émouvante, à la fois singulière et collective : un texte qui parlera à tous, si du moins on daigne tendre l'oreille.

    (B. Longre)

    Jean-Noël Sciarini est l'auteur de nouvelles (revue En attendant l'or) et d'un premier roman à paraître prochainement à L'école des loisirs dans la collection Medium.

    www.editionszoe.ch

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  • Le syndrome adolescent

    godzilla3.jpgLe syndrome Godzilla de Fabrice Colin - collection Les Mues, Intervista.

    Le syndrome adolescent

    Entre France et Japon, Fabrice Colin nous invite à entrer dans le monde intérieur d’un adolescent qui rêve de métamorphose, un univers narratif composé de séquences relativement brèves, parfois morcelées, qui empruntent de temps à autre au style cinématographique. Le garçon rêve d’une transformation radicale qui lui permettrait de donner un sens à sa vie, de se trouver, et peut-être de surmonter la disparition d’une mère dont on ne saura pas grand-chose, hormis qu’elle se serait suicidée, une perte qui a marqué l’enfance. La mère, justement, présence qui dit rarement son nom mais qui plane dans l’esprit du narrateur - solitaire de son plein gré, nomade par le métier de son père. Une existence quelque peu mécanique - « ça fait des années, et rien ne change, tout est figé dans un présent éternel qui s’étire… ». Mais de coups de fil énigmatiques en rencontres qui ne le sont pas moins avec un inconnu dont le visage est caché sous un sac en papier, les choses vont enfin bouger et une obsession grandissante pour la figure du monstre Godzilla et de ses diverses facettes, au fil de sa filmographie, va mener le narrateur sur des routes aux issues multiples, vers des ailleurs possibles, à condition de conjurer le sentiment de culpabilité qui le maintient en enfance et de se débarrasser des démons et des blessures du passé, comme on le ferait d’une vieille peau.

    Roman d’apprentissage déguisé en fantasmagorie métaphorique (du moins dans la seconde partie, où le narrateur retrouve Tokyo, ville de ses « rêves » et aussi de sa mémoire, « carrefour éternel », où évolue en parallèle un autre double de Godzilla, dont on suit le récit autobiographique), Le syndrome Godzilla est un beau texte déstabilisant, hors normes, habité d’une indéniable mélancolie qui n’empêche pourtant pas d’envisager l’idée rassurante d’un avenir. (B. Longre)

    "Les Mues"

    L'intitulé de cette collection créée aux éditions Intervista par Constance Joly-Girard évoque d’emblée transformations, métamorphoses et autres mutations – sans oublier l’idée associée de transition. Car rien n’est jamais immuable, justement, et les changements de peau successifs que nous connaissons tous sont partie prenante de l’expérience humaine. L'éditrice entend, depuis le début, proposer une littérature « transgenre, moderne, audacieuse et sans tabou », résolument « adulte », mais dans laquelle les adolescents et les « jeunes adultes » sont tout à fait susceptibles de se retrouver.
    La collection accueille des textes très différents les uns des autres – des choix qui reflètent une belle ouverture d’esprit mais aussi le désir de lancer de nouveaux auteurs aux côtés d'auteurs confirmés, hors des sentiers battus, ou des artistes dont c'est la première incursion dans un univers livresque. Du vent dans mes mollets, de Raphaële Moussafir, relate les expériences et les découvertes d’une fillette de neuf ans, Rêver, grandir et coincer des malheureuses (sous-titré "Biographie sexuelle d'un garçon moyen" ! très amusant) de Frédéric Recrosio, "parle de sexualité sans une once de vulgarité ni de misogynie", L’enchanteur et illustrissime gâteau café-café d’Irina Sasson de Joëlle Tiano mérite assurément le détour et Enfin nue ! de Catherine Siguret, "confessions d'un nègre écrivain", qui pratique un drôle de métier, est disponible en librairie depuis le 15 mai dernier.

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  • Des contes solidaires

    conteschinois.jpgPour la 5e année consécutive, les éditions Rue du Monde s'associent au Secours populaire et proposent une opération de solidarité en faveur des enfants "oubliés des vacances", intitulée "Eté des bouquins solidaires", qui se déroule du 21 juin au 15 août 2008.

    Deux ouvrages parus en juin sont concernés par cette initiative : La grande montagne des contes chinois de Catherine Gendrin et Fabienne Thiéry, illustré par Vanessa Hié (un recueil de près d'une vingtaine de récits adaptés de contes ou de fables), et Le bufflon blanc de Fabienne Thiéry, illustré par Judith Gueyfier. Chaque fois que ces deux titres sont achetés en librairie, un enfant recevra un livre. Plus de 60000 jeunes lecteurs ont déjà pu bénéficier de cette opération depuis l'été 2004.

    Rue du monde
    5, rue de Port-Royal, 78960 Voisins-le-Bretonneux
    http://www.secourspopulaire.fr

    bufflon.jpgLe bufflon blanc de Fabienne Thiéry et Judith Gueyfier, Rue du monde, 2008

    Li, éleveur de buffles, s’inquiète quand naît un bufflon blanc qui dénote dans son troupeau noir. Serait-ce mauvais présage ? Le vieux sage qu’il consulte, connu pour sa clairvoyance, lui assure que non ; mais une fois rentré chez lui, Li est subitement frappé de surdité. Lu, son fils, part alors voir le sage et, dès son retour, est lui aussi victime d’un mal soudain, la cécité. Li et Lu pensent avoir joué de malchance quand des événements bien plus terribles encore s’abattent sur la vallée.
    Librement inspiré d’une fable du philosophe chinois Lie-Tseu, maître taoïste, l’histoire que conte Fabienne Thiéry (spécialiste du conte chinois) a vocation universelle et parle à la fois de résilience, de résignation à son sort, d’impuissance face à plus fort que soi ; elle véhicule toutefois l’idée que la vie se compose d’une succession bariolée de bonheurs et de malheurs et que les uns ne peuvent exister sans leurs contraires. Les illustrations de Judith Gueyfier, qui signe plusieurs albums chez cet éditeur, sont d’une grande finesse dans les plans rapprochés comme dans les plans d’ensemble, avec une attention toute particulière portée aux motifs des textiles, en contraste avec les aplats des paysages à l’arrière-plan ; mais ce sont surtout les visages lumineux tourmentés ou apaisés, en résonance avec le conte, qui séduisent le lecteur. Un bel album à partager et à offrir.
    B. Longre (juin 2008)
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  • Thrillers & Cie

    ruines.jpgLes Ruines de Scott Smith
    traduit de l’anglais par A. Regnauld, M. Laffon, 2007 / Le Livre de Poche, 2008

    Six jeunes vacanciers au Mexique, un septième parti sur un site de fouilles archéologiques en pleine jungle, des Indiens peu hospitaliers et une colline couverte d’une végétation luxuriante, parsemée de belles fleurs rouges. Tout est posé pour que démarre un huis clos se déroulant sur quelques jours, fable tragique et morbide, susceptible de générer nombre d’angoisses (mais dont on taira la source…), certes éprouvante pour les nerfs du lecteur, mais terriblement efficace. La mort plane, tandis que les tensions montent entre les personnages, pour certains ambivalents à souhait, que les carapaces se désagrègent, que les liens fragiles qui peuvent s’instaurer entre les êtres se défont peu à peu. On admire l’ironie dramatique dont use habilement l’auteur, qui décline presque cliniquement toute une gamme de réactions et de sentiments exacerbés par la situation (du désespoir à la résignation, de la lâcheté à la vaillance…), mais aborde aussi la question de la responsabilité individuelle, celles de l’ubris (comme dans toute bonne tragédie qui se respecte) et du mal, qui réside en chacun de nous, prompt à se réveiller au moindre stimulus. Et l’on y croit, car malgré le fantastique qui s’installe insidieusement, le réalisme implacable de l’ensemble détermine la lecture. Un suspense de qualité, ingénieusement bâti. (B. Longre)

    Le site officiel http://www.randomhouse.com/kvpa/ruins/

    Le film de Carter Smith, inspiré du roman, est sorti le 11 juin en salles. Pour ma part, je m'abstiendrai, le roman se suffisant à lui-même (et puis, je l'avoue, je crains d'être terrifiée de bout en bout...) mais les critiques ne sont pas négatives, hormis celle de Télérama ("un jeu de massacre assez typique du film d'horreur à l'américaine, avec gentils étudiants se faisant dézinguer un par un."). Lire entre autres ce qu'en pense Jean-François Rauger dans Le Monde, qui dévoile cependant de nombreux éléments de l'intrigue ("Dans le paysage actuel du cinéma d'horreur hollywoodien, catégorie inépuisable du divertissement du samedi soir mais aussi, parfois, laboratoire idéal pour diverses expériences cinématographiques qui ne disent pas leur nom, Les Ruines, de Carter Smith, ferait plutôt bonne figure. ")

    tanaf.jpgJe recommande aussi La mort dans les bois (traduit de l'anglais par François Thibaux, M. Lafon, 2008) de Tana French, auteure irlandaise (à ne pas confondre avec le couple d'auteurs Nicci French), un thriller psychologique et d'atmosphère très différent du précédent, qui mêle subtilement deux époques et deux affaires policières qui se recoupent peu à peu, en particulier dans l'esprit tourmenté de l'inspecteur de police chargé de l'enquête - suite au meurtre d'une fillette ; un narrateur peu fiable (lui-même le confesse), obsédé par un traumatisme subi dans l'enfance et dont il ne s'est jamais remis.

    http://www.tanafrench.com/

     

    Quelques thrillers (mot passe-partout bien commode...) que j'aimerais lire et que j'ai mis de côté.

    Out de Natsuo Kirino, traduit du japonais par Ryôji Nakamura et René de Ceccatty (Points Thriller)

    Un mensonge presque parfait de Howard Roughan, traduit de l'anglais par Elisabeth Peellaert (10-18) - j'avais lu Infidèle, du même, et l'avais trouvé plutôt bien ficelé, à la manière d'un des premiers Douglas Kennedy (parce que les derniers... bref.)

    Bad Monkeys de Matt Ruff, traduit de l'anglais par Laurence Viallet (10-18, 2008), un univers qui, d'après la critique, se rapprocherait de celui d'un P. K. Dick, "une joie cérébrale" selon Publishers Weekly.

    Le cueilleur de fraises de Monika Feth, traduit de l'allemand par Sabine Wyckaert-Fetick (Hachette, Black moon 2008), dont on me dit le plus grand bien.

     

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  • Charlie ou le jugement suspendu

    Je découvre une excellente analyse de Pas Raccord de S. Chbosky sur le blog de Joannic Arnoi. Un point de vue particulièrement intéressant, car Joannic avait lu The Perks of being a Wallflower dans sa version originale bien avant (quelques années ?) que le livre paraisse en français et même s'il ne propose pas d'étude comparative des deux versions, il a pu se faire une idée précise du roman sur le long terme.

    Un passage qui me semble très juste et bien observé (même si tout l'est dans l'ensemble !) : "Pas raccord n’est en aucun cas une succession de tableaux statiques : divers plans narratifs coulissent tout au long du récit (...), avec nombre de rebondissements et, aussi, de ressauts prévisibles. Pour autant, on est aux antipodes d’une histoire scénarisée sur le mode du feuilleton. On n’est pas chez Armistead Maupin ou Mark Haddon. La matière du narrateur est faite d’événements ordinaires, qu’il raconte de manière étrangement dense. Toutes proportions gardées, la texture du livre me rappelle les analyses de Nabokov sur Anna Karénine : « Les lecteurs appellent Tolstoï un géant de la littérature […] parce qu’il est toujours exactement de notre taille, qu’il marche exactement à notre pas, au lieu de passer loin de nous comme le font d’autres auteurs » (Littératures 2, p. 221). Il me semble que ce qui fait le charme de Pas raccord est un peu de cet ordre."

    à lire dans son intégralité
    http://joannic-arnoi.over-blog.fr/article-20560231.html

    A noter que Joannic chronique de nombreux ouvrages - pour certains traitant de thématiques homosexuelles, mais pas que. J'en parlais ici.

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  • De la critique - entre censure et ouverture, entre fiction et réalité...

    adole3.jpg

    Le n° 50 du magazine Citrouille, qui paraît le 20 juin, propose un dossier portant sur le roman pour ados. A l'occasion de l'anniversaire de la revue, la rédaction met ce dossier en ligne, et invite à participer à un forum.

    J'ai lu attentivement l'article de José Lartet-Geffard (qui parle de subterfuge et d’hypocrisie parce que la loi obsolète de 49 n’est pas mentionnée dans les ouvrages de la collection Exprim – c’est assez édifiant…) et celui d'Ariane Tapinos portant sur le roman d'Antoine Dole, Je reviens de mourir (la libraire l'accuse - on ne sait plus s'il est question du roman ou de l'auteur... -  de misogynie et d’« étalage malsain et largement fantasmagorique »).

    Cet article, en particulier, m’inspire plusieurs remarques. Chacun est en droit de ne pas aimer un roman. Mais faut-il dans ce cas adopter des points de vue et des critères aussi réducteurs pour en parler ? Pourrait-on aussi se pencher sur la langue, l'écriture, l'architecture narrative ? Et pas seulement sur les "messages", ou les "thématiques" ? Ou sur le caractère (soi-disant) transgressif (voire "pornographique" - dès qu'il est question de sexualité décrite crûment) de l'ouvrage ? Certes, les prescriptrices citées ci-dessus sont dans leur rôle : déconseiller un roman qui, potentiellement, sera lu par des "adolescents" (13, 15, 17 ans ???) et qui représenterait un "danger" pour ces derniers (c'est du moins ainsi que je comprends et interprète les articles lus).

    On peut aussi se demander si les auteures de ces papiers ne confondent pas (et ce ne serait pas nouveau…) réalité et fiction... Une narratrice se suicide ? Quelle noirceur ! Cela pourrait désespérer les "jeunes" lecteurs... Une autre se prostitue ou se fait violer ? Et si cela donnait des idées à quelques adolescents désoeuvrés ? Pour ma part, je me refuse à critiquer un livre (jeunesse ou non) dans des termes purement utilitaristes ou éducatifs (je renvoie encore une fois à cet article et aux commentaires pleins de bon sens de Jean-paul Nozière)

     

    La fiction appartient forcément au domaine de l'imaginaire et ne saurait se confondre avec le réel ; nul n’a jamais été capable de prouver si un roman était susceptible de mener au meurtre, au suicide, à la prise de drogues, bref à des « conduites à risque » (qui existent aussi chez les ados qui ne sont pas lecteurs… !). On pourrait, si on allait dans ce sens « éducatif », poser les termes inverses, comme le fait judicieusement Caroline Scandale (prescriptrice à ses heures !) : « Vous craignez donc que nos lecteur-trice-s adolescent-e-s se prostituent ou se suicident (ou pire les 2) après la lecture de ce roman? Et si au contraire, en s'identifiant à l'héroïne, ils ressentaient une forte envie de vivre et relativisaient leurs problèmes au regard de sa terrible souffrance ? Laissons les adolescents libres de lire des romans qui parlent de sexualité transgressive, vous les prenez donc pour des enfants de chœurs ?! »

    Des jeunes filles subissent des humiliations ? Elles sont avant tout des personnages... de papier et de mots. La littérature EST fantasme (ou fantasmagorie, si l’on veut) et ses liens avec la réalité sont plus ou moins ténus. Un roman peut mettre mal à l’aise quand il s’empare, comme ici, de personnages égarés, en souffrance et en violence. Un roman peut parfois être un exutoire pour un auteur, mais les amalgames entre un auteur et ses écrits me semblent très imprudent d’un point de vue strictement littéraire. Quand Ariane Tapinos écrit : " Antoine Dole est un homme qui écrit : une fille violentée est une femme dépravée. Une prostituée doit bien, quelque part, prendre son pied. Prétend-il dénoncer, qu'il exhibe et se complaît. Cette violence exhibée est le reflet de la domination - ici, même pas stylisée, mais bêtement hyper violente - des hommes sur les femmes." (on se demande ce qu'elle entend par "stylisée" ?) elle confond assurément fiction et réalité, tout comme elle confond l'auteur en tant qu'individu et ses écrits, en lui faisant dire ce qu’il n’a nullement dit, mais en interprétant une œuvre fictive de façon subjective, à l'aune du réel. Et si Antoine Dole avait été une femme ? Les accusations auraient-elle été les mêmes ? Ou bien aurait-on alors accusé une femme d'avoir intégré des valeurs misogynes et de les véhiculer ?

    Je peux concevoir que ce roman puisse choquer, interpeller, mais la lecture que j'en fais est tout autre. L'auteur n'entend rien dénoncer (est-ce là son tort ?), hormis, peut-être, le formatage social qui incite les jeunes filles à croire au prince charmant, et il ne fait certainement pas l'apologie de la prostitution, de la violence masculine ou de la soumission féminine... Il se contente de dire l'indicible, de raconter l'horreur au quotidien, la désespérance et la souffrance et les tentatives pour survivre malgré tout. Rien de complaisant dans ce récit des sentiments extrêmes et ambivalents. Rien de gratuit dans la langue violente et poétique. Surtout, ce n'est plus un homme ou une femme qui met tout cela en mots, mais seulement un auteur ; et justement, la question des genres est bel et bien brouillée dans Je reviens de mourir (et c’est tant mieux) car en le lisant, j'ai souvent eu l'impression, presque inconsciemment, qu'une femme aurait pu l'écrire, tant certains passages pénètrent avec habileté les pensées et les émotions de personnages féminins. Et quand on sait que l’auteur lui-même recherche « une certaine universalité des émotions, au-delà des questions de genre et de sexe » car « on est tous égaux face à la perte de l’autre, l’absence de l’autre, le besoin de l’autre… », les accusations de misogynie frisent le contresens.

    kathyacker3.jpgL’amalgame entre réalité et fiction me rappelle entre autres le rapport demandant l'interdiction de Sang et Stupre au lycée de Kathy Acker, en Allemagne (1986) ; le censeur s’expliquait ainsi : « il est partiellement très difficile voire complètement impossible au lecteur de comprendre s'il se trouve face à l'imagination du personnage principal ou de vrais événements."... ce qui fera dire à l’auteure : "le pauvre gars qui s'y est collé n'y comprenait rien. (...) ils ont cru que c'était vrai." !

    Un libraire est en droit de ne pas vouloir conseiller un ouvrage, en revanche, qu’il refuse de le vendre ou de le commander… on appelle cela de la censure, me semble-t-il… « Si Comptines était une librairie générale, on n'y proposerait pas plus ce livre, ramassis de clichés misogynes. » ajoute Ariane Tapinos. Dans ce cas, il leur faudrait ôter de nombreux livres de leurs rayons… de Sade (dont on sait qu’il n’a pas vécu le quart de ce qu’il imaginait dans ses écrits…) à Baudelaire, sans oublier Montherlant, cet affreux bonhomme (dont Les Jeunes filles m’ont pourtant accompagnée à l’adolescence, sans que je devienne pour autant cynique et misogyne), sans parler de tous les ouvrages douteux (érotiques) qui pourraient choquer les bonnes âmes.

    Je préfère de loin l’ouverture d’esprit de Madeline Roth qui, dans un autre article du même numéro de Citrouille, écrit : « Moi, et tant pis si certains ne sont pas d’accord, ou tant mieux, je ne crois pas au danger d’un livre "qui ne serait pas pour adolescents". Je crois aux dangers des silences. Et juger qu’un livre n’est pas pour quelqu’un, c’est une décision personnelle et subjective."

    http://www.sitartmag.com/adole.htm

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  • Le théâtre jeune public - quelques nouvelles

    9b27622bee94bc9e706d53fcb6c8b32a.jpgLe Prix Collidram (que je présentais il y a quelques mois) a été décerné à Dominique Richard pour sa pièce Une journée de Paul (Théâtre en court 2, Éditions Théâtrales Jeunesse) - que je compte lire.

     Les autres pièces sélectionnées étaient les suivantes :
    Bouge plus ! de Philippe Dorin - Les Solitaires Intempestifs
    Jojo au bord du monde de Stéphane Jaubertie - Éditions Théâtrales Jeunesse
    Louise / les ours de Karin Serres - L'École des loisirs
    Kardérah de René Zahnd - Bernard Campiche Éditeur

    L'an passé, Ohne de Dominique Wittorski (Actes Sud-Papiers) recevait  ce prix, organisé par l'ANETH (www.aneth.net/) - Aux Nouvelles Ecritures Théâtrales, une association qui a pour mission de découvrir et faire découvrir les écrivains et les pièces de théâtre contemporain.

    gbrisactheatre.jpgDu côté du théâtre joué, signalons Je vois des choses que vous ne voyez pas, un conte musical de Geneviève Brisac, jusqu'au 18 juillet à la Manufacture des Abbesses - Paris XVIIIe. La pièce est un conte qui revisite l'histoire de la Belle au bois dormant, mais Belle ne se pique pas le doigt avec un fuseau, elle est victime d'un stylo...

    Avec Alice Butaud, Mathieu Duméry, Anne-Camille le Heuzey-Bansat, Geoffroy Rondeau - à partir de 8 ans

    www.genevievebrisac.com

    Il n'est pas rare que le théâtre s'empare des contes ou des fables (dont la richesse thématique et symbolique n'est plus à prouver) comme point de départ, pour finir par en faire tout autre chose, des variations pour la plupart réussies - ent tout cas parmi les textes que j'ai pu découvrir récemment, comme Le Petit poucet de Caroline Baratoux (Actes Sud-Papiers, Heyoka jeunesse) Les deux bossus de Richard Demarcy (Actes Sud Junior, Poche théâtre) ou encore Méchant ! d'Anne Sylvestre (même éditeur), qui met en scène une chèvre et un loup... On pourra aussi lire Mascarade de Sacha et Nancy Huston (Actes Sud Junior, poche théâtre) ou encore Alice et autres merveilles de Fabrice Melquiot (L'Arche), dont je parlais ici.

    livre2008.jpgDe son côté, le TJA-Biennale du Théâtre Jeunes Publics publie un ouvrage intitulé Biennale du Théâtre Jeunes Publics/Lyon 1977-2007 (Lansman éditeur) que les deux fondateurs-créateurs-organisateurs-directeurs artistiques, Maurice Yendt et Michel Dieuaide, présentent ainsi : « Depuis trente ans, l’itinéraire artistique de la Biennale du Théâtre Jeunes Publics s’avère particulièrement fécond. Trente ans d’engagements durables pour tenter d’imposer, en rupture avec les schémas réducteurs qui dévalorisent encore fréquemment les pratiques culturelles des enfants, une reconnaissance exigeante de leur droit à un théâtre d’art et d’essai, authentiquement émancipateur. Il existe, évidemment, à l’occasion de ce trentième anniversaire plusieurs manières de rendre compte d’un tel parcours.Nous avons choisi, simplement, de laisser parler les nombreux témoins de l’aventure en faisant se répondre images photographiques et articles de presse. Autant de regards entrecroisés, de repères au fil du temps qui nous semblent en dire beaucoup plus que toute forme habituelle de récit. »

    www.biennale-tja.fr
     

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  • Le monde en tranches

    sorciere.jpgUn débat animé se déroule en ce moment sur Citrouille, le blog des libraires jeunesse.

    Le point de départ : une tribune libre intitulée "Nous, les 9-12 ans, les oubliés de l’édition" et signée Véronique Marie Lombard de Livralire, qui laisse entendre que la "tranche" des 9-12 ans manquerait de bons livres, que les éditeurs se soucieraient davantage des très jeunes lecteurs et des + de 13 ans, laissant les 9-12 ans sans rien à lire...

    Autant j'apprécie le travail de Livralire, leurs coups de coeur, leur démarche de "passeurs", autant j'ai trouvé ce constat injustifié, car l'offre est importante dans ce domaine et les éditeurs savent se renouveler. Ainsi, Thomas Savary, en réaction, énumère quelques collections que les éditeurs ont conçues pour cette "tranche" :

    "Bayard jeunesse (collections Estampillette, Estampille, Poche Littérature), L’École des loisirs (certains Mouche, les Neuf), Gallimard jeunesse (Folio Cadet et une bonne partie des Folio Junior), Milan (cadet + et junior), Nathan (8-10 et 10-12), Oskar, Rageot (collection roman et les Heures noires à dos jaune), le Rouergue (Zig zag), Syros (Tempo, Tempo+, Souris Noire), sans oublier Thierry Magnier (certains titres de la collection Roman et les Petite poche, certes très courts, mais s’adressant au moins autant aux 9-12 ans qu’aux 7-8 ans). "

    On peut aussi ajouter Mouchoir de poche des éditions Motus, nombre de titres du Livre de poche jeunesse, Les Castor Poche de Flammarion, la nouvelle collection Chapitre du Seuil jeunesse, les romans Cadet d'Actes Sud Junior... et je dois encore en oublier.

    Difficile, dans ce cas, de saisir ce qu'entend dénoncer de son côté la tribune libre de Livralire qui dit (le "nous" représente les enfants dont V. Lombard se fait le porte-parole) : "Quand nos parents ou nos enseignants vont en librairie, quand les bibliothécaires de notre ville lisent les critiques et consultent des sites, ils ne trouvent plus de romans pour nous, alors qu’ils ont l’embarras du choix pour les ados."

    La tribune s'achève sur : "Nous, ce qu’on veut, c’est tout simplement une histoire unique, entre 100 et 150 pages, qui nous raconte le monde, qui nous parle de nous et des autres, qui nous fait rêver, rire ou pleurer, qui nous emmène loin ou tout près."

    J'ai réagi sur Citrouille, en écrivant (je n'ajoute pas de guillemets, puisque je me cite ;-) : On sait bien que le nombre de pages ne veut STRICTEMENT rien dire (pourquoi ne pas préciser la taille de la police de caractère, tant qu’on y est… ?) On peut dévorer 300 pages sans s’en rendre compte et se traîner sur 40 malheureuses et nullissimes petites pages... à n’importe quel âge - et j'ajouterai, quel que soit le degré d'autonomie du lecteur.

    Quant à la tranche d'âge évoquée, non seulement elle est surfaite et totalement subjective, mais montre qu'il reste encore à faire pour décloisonner les livres et la littérature... : un enfant de 9 ans et un autre de 12 n’ont pas des préoccupations, compétences, désirs, etc. similaires ; mais il peut aussi y avoir de grandes disparités entre deux enfants du même âge… Chaque lecteur est unique, on a l’air de l’oublier. Et à chacun de se faire son propre parcours de lecteur, avec ou sans adulte qui lui dise quoi lire et quand, selon ses envies et son degré d'autonomie. Certains dévoreront dès 8 ans, sans avoir besoin de « prescription » (médicale ?), d’autres ne commenceront qu’à 20 ans… certains iront directement voir du côté adulte ou ado, d’autres encore liront peu – et alors ?

    Certes, l'offre pour les 13 ans et plus s'est considérablement élargie ces dernières années (pourquoi s'en plaindrait-on ?), mais les plus jeunes ont aussi de quoi faire. Bien entendu, tout ne se vaut pas (mais ce constat est valable dans toutes les "catégories" éditoriales), mais pour avoir lu des dizaines d'ouvrages publiés ces temps, il me semble qu'il existe, à côté des romans formatés (c'est à dire explicitement didactique, calqués sur des moules sans saveur, dont les "morales" ou les dénouements sont là davantage pour faire plaisir aux adultes - parents, prescripteurs, etc. - qu'aux enfants), des ouvrages d'excellente facture, d'une richesse telle qu'ils seront appréciés autant des enfants que des adultes (car tout est question de niveaux de lecture, il me semble, et de leur superposition...).

    petitechance3.jpgPour ne citer que quelques lectures récentes (et je vais en oublier au passage, c'est certain) éditorialement destinés aux lecteurs de 8-11 ans mais que nombre de lecteurs plus âgés prendront plaisir à lire : Une petite chance de Marjolin Hof (traduit du néerlandais par Emmanuèle Sandron, Chapitre, Seuil jeunesse), Ma pomme d'Olivier de Solminihac (Mouche de l'école des loisirs), Tonton Zéro de Roland Fuentès (Mini Syros), Les inséparables de Colas Gutman (Neuf de l'école des loisirs), Un cow-boy dans les étoiles de Claire Mazard (Chapitre, Seuil jeunesse). Sans parler des ouvrages de fantasy, d'aventure ou d'évasion qui paraissent... et qui ne sont pas forcément moins bons ou plus méprisables que les précédents.

    Quant aux tranches d'âge indiquées sur les ouvrages par les éditeurs, elles restent des suggestions, rien d'autre. On peut prendre plaisir à lire des albums à tout âge, comme on peut aussi passer sans transition de la Bibliothèque verte à Zola... A ce sujet, je lis aussi sur Citrouille que le monde de l'édition jeunesse en Grande-Bretagne se mobilise pour éviter qu'on impose un âge minimum sur les ouvrages. Il est vrai que jusqu'à présent, les parutions britanniques échappaient à ces classifications explicites.

    Voilà le début de l'appel lancé par des écrivains, des illustrateurs, des bibliothécaires, des éditeurs et des libraires, qui revendiquent que chaque lecteur est unique, chaque livre aussi...

    " We are writers, illustrators, librarians, teachers, publishers and booksellers. Some of us have a measure of control over what appears on the covers of their books; others have less.
    But we are all agreed that the proposal to put an age-guidance figure on books for children is ill-conceived, damaging to the interests of young readers, and highly unlikely, despite the claims made by those publishers promoting the scheme, to make the slightest difference to sales.
    We take this step to disavow publicly any connection with such age-guidance figures, and to state our passionately-held conviction that everything about a book should seek to welcome readers in and not keep them out."

    http://www.notoagebanding.org/

     

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  • Revue Incognita, Bruno Doucey

    incognita.jpgParaît ce mois le troisième numéro de la revue Incognita (avec, à sa tête, Luc Vidal, directeur de la publication et Pierrick Hamelin, rédacteur en chef), publiée par les éditions du Petit Véhicule, un numéro consacré, entre autres choses, au travail et à l'oeuvre de Bruno Doucey, poète, écrivain, éditeur. Le dossier approfondi débute sur un entretien, dans lequel le poète retrace son parcours, parle de son rapport à l'écriture et à la poésie, de résistance, liée à la lutte de Victor Jara (à propos duquel il a signé cette année un roman dans la collection "Ceux qui ont dit Non" - Actes Sud Junior), et aborde son activité d'éditeur chez Seghers, en continuité avec l'écriture poétique telle qu'il la conçoit : "Ecrire, publier de la poésie : un même acte de résistance, une même réponde apportée à la détresse humaine (...) Changer le monde ou changer le regard que nous portons sur le monde : dans les deux cas, j'assigne à la littérature le rôle de faire bouger les choses."

    A propos de l'écriture elle-même, plus précisément du processus qui mène à la création, il répond : "Avant de prendre la plume, une même attitude s'impose : il faut donner du temps à l'impression d'arriver et d'entrer, ouvrir son esprit aux effets qu'elle produit et s'en laisser pénétrer." Les textes qui suivent rendent hommage à l'oeuvre, par le biais de témoignages, de poèmes et d'analyses fouillées qui dévoilent les différentes facettes (et il y en a !) du créateur.

    D'autres richesses composent ce numéro, que l'on recommande vivement (est-il besoin de le préciser ?), dont un entretien avec Jean-Pierre Engelbach, directeur des éditions Théâtrales depuis leur création en 1981, un texte d'Alain Kewes, responsable des éditions Rhubarbe, dans la rubrique "Un éditeur à son auteur" ou encore un article portant sur le travail de Pascal Bouchet, collagiste.

    Incognita n° 3, juin 2008
    ISBN : 9782842736620
    nombre de pages : 152

    La Revue
    www.petit-vehicule.asso.fr/revues_02.php?id_revue_titre=58

    La maison d'édition
    http://www.petit-vehicule.asso.fr/
    que l'on peut aussi retrouver ici
    myspace.com/editionsdupetitvehicule  

    Les éditions du Petit Véhicule publient aussi les Cahiers d'Etudes Léo Ferré, dont Jocelyne Sauvard parle ici www.sitartmag.com/leoferrevidal.htm

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  • De l'éphémère - Land art / Andy Goldsworthy

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    Beech leaves collected only the deepest orange from within the undergrowth protected from sunlight unfaded each leaf threaded to the next by its own stalk - Hampstead Heath, London - 26 December 1985

     

     

     

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    Frozen patch of snow each section carved with a stick carried about 150 paces, several broken along the way began to thaw as day warmed up - Brough, Cumbria - March 1984 

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    Sycamore leaves stitched together with stalks hung from a tree
    Glasgow, Lanarkshire - 1 November 1986

     

    source
    http://www.goldsworthy.cc.gla.ac.uk/

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  • Chroniques des temps obscurs

    1552422501.jpgÀ paraître en juin 2008

    Chroniques des temps obscurs - Tome 4 : Le banni
    de Michelle Paver, traduit de l'anglais par B. Longre
    Hachette roman jeunesse.

    Il y a 6000 ans... quelque part dans le nord de l'Europe. Torak est banni du clan des Corbeaux à cause du tatouage dessiné sur sa poitrine, celui d'un Mangeur d'Âme. Condamné à porter ce fardeau en fuyant toujours plus loin dans la Forêt, Torak est seul au monde et tente de survivre. Mais son amie Renn n'a pas l'intention de l'abandonner à son sort...

    Michelle Paver, de mère belge et de père sud africain, est née en Afrique centrale où elle a vécu toute son enfance. De ses voyages dans les montagnes des Carpathes, en Norvège, en Finlande, en pays lapon, elle a rapporté une étonnante expérience de la nature sauvage.

    http://www.michellepaver.com/

    http://www.torak.info/

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  • Tentatives & projets...

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    Je redécouvre Thibault de Vivies par le biais d'un de ses textes publié sur Publie.net : Tentative de pourquoi j'ai toujours si mal à la tête, un monologue percutant composé de tirades plus ou moins longues, une ponctuation économe, des phrases saccadées qui se déroulent et se percutent dans l'esprit d'un narrateur déboussolé, pour rebondir dans l'esprit du lecteur. L'auteur crée une voix déstabilisante, celle d'un individu dont il est difficile de cerner la personnalité et la nature, et qui tâche de mettre de l'ordre dans sa vie et ses pensées, d'appréhender le monde qui l'entoure et d'y survivre - des tentatives au prime abord déstructurées et tâtonnantes et qui font pourtant peu à peu sens et s'inscrivent dans une démarche introspective cohérente, que chaque lecteur reconstruira comme il l’entend. On se laisse porter par la succession et l'enchevêtrement de mots, à la découverte d'un univers intérieur atypique et d'un parcours bouleversant. Un texte étonnant que je recommande vivement.

     

    Présentation, extrait et achat en ligne http://www.publie.net/tnc/spip.php?article84

     

    Le site de l'auteur http://www.tentatives-lesite.net/ 

    Son premier roman, Me suis fait tout seul, publié en 2002 par les éditions Pétrelle, est réédité par les éditions Jets d’encre. Je l'avais lu lors de la première édition.

    931843450.jpgMe suis fait tout seul est là encore un monologue, ou plutôt un dialogue entre un homme brisé, "une sale gueule", et un monde sourd à ses appels, le dialogue entre le désespoir et l'indifférence. Cet homme que la société a mis en marge se raconte avec lucidité, en sachant qu'au fond, il ne s'en sortira pas, que ses tares psychologiques et ses déviances ne lui laisseront pas de repos. Il commet un crime sexuel et se retrouve pour quelques années en prison, sans que ses troubles psychiques soient un instant pris en compte, ou tout du moins, qu'une tentative de traitement se mette en place. Il en ressort tout aussi désaxé, convaincu que sa réintégration sociale est impossible. Ainsi, il traîne sa liberté toute neuve comme un boulet, et, désemparé, il la reçoit comme une autre forme d'enfermement.
    Son errance l'entraîne à devenir l'homme à tout faire dans un sinistre bordel, où il se sent bien un temps, mais qu'il quitte un jour, "vers de nouvelles aventures". En réalité, son existence sans but est motivée par un déphasage psychologique constant, routinier, et les pérégrinations qu'il nous conte là sont poignantes d'ironie dramatique : l'on y ressent une pointe de sarcasme, qui vise surtout les autres hommes et leur "monde terrible" et une bonne dose de dégoût, que le narrateur retourne le plus souvent contre lui-même.
    Thibault De Vivies a d'abord écrit pour le théâtre et publiait là son premier roman, mais on y ressent à chaque instant les influences de l'écriture dramatique : chaque chapitre semble fonctionner comme un tableau et le style spontané, où une certaine poésie perce par endroits, est totalement oralisé, sans tabous ni pudeur ; un texte brut qui paraît destiné à être lu à haute voix, voire joué sur scène, même si là n'était pas l'intention de l'auteur, qui disait : "J''essaie de mettre de côté, pour un temps du moins, le théâtre, et de me recentrer sur ce que j'ai à exprimer en utilisant l'écriture romanesque où je me sens pour le moment plus libre".
    (B. Longre)

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