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littérature, traduction - Page 3

  • L'homme couvert de dieux

    Marguerite Yourcenar, Fata Morgana, littérature, allégorieL’homme était assis au bord du fleuve.
    C’était aux premiers jours des siècles. L’homme était nu, velu, fauve, avec d’énormes os saillants sous la peau brune que tigraient des plaques de boue. Avec ses jarrets faits pour la course, ses yeux faits pour l’affût, ses mains exercées pour la prise, ses mâchoires façonnées pour mordre et moudre la proie, l’homme était semblable aux bêtes. Il avait d’elles les instincts simples, la défiance, les brusques terreurs irraisonnées qui hantent les solitudes. Il était fort. Il ignorait sa force. Il avait peur des nourritures inconnues, des choses nouvelles, des fauves plus robustes que lui, des insectes qui harcèlent le chasseur endormi, des vers qui mangent le chasseur mort. Des pensées, peu nombreuses, se construisaient lentement, par fragments, sous son front très bas.

    Marguerite Yourcenar, L’homme couvert de dieux (Fata Morgana, 2011, dessins de Philippe Hélénon, postface d’Achmy Halle – première parution dans L'Humanité du 13 juin 1926.)

    http://www.fatamorgana.fr/livres/l-homme-couvert-de-dieux


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  • Le mal dans la peau, Gabriel Báñez

    LMDLP.png« À cet instant précis, je me remémorai l’histoire d’un vieux pêcheur qui, jour après jour, jetait son filet à la mer pour ne recueillir que des méduses dont il s’empressait d’aller enterrer les corps gélatineux derrière sa cabane parce que, disait-il, c’étaient les fœtus dont le monde avait avorté. C’était une histoire sordide, bien sombre ; je l’avais lue en cachette lors d’un cours au séminaire, même si je ne me rappelais pas qui l’avait fait circuler, ni de quel livre elle était tirée. D’une façon ou d’une autre, Rachel avorterait elle aussi et le destin, étrangement, se manifesterait non comme la résolution illusoire d’une somme de possibles, mais comme l’unique certitude où menait cette histoire : un fœtus dans le fleuve. »  

    Le mal dans la peau, Gabriel Báñez, traduit de l’espagnol (Argentine) par F. Gross-Quelen, La Dernière Goutte, 2012

    Lire l'article de Romain verger

    http://anagnoste.blogspot.fr/2012/09/gabriel-banez-le-mal-dans-la-peau.html

     

    Du même auteur : Les enfants disparaissent


    Pour commander l’ouvrage :

    http://www.ladernieregoutte.fr/livres/le-mal-dans-la-peau/

     

    Anne-Françoise Kavauvea présentait ici les éditions de La Dernière Goutte.


    Gabriel Báñez est décédé en juillet 2009, on peut consulter son blog ici :

    http://cortey.blogspot.com/

     

    4e de couverture :

    La nuit qui habite Damien Daussen est noire comme son amertume et sa médiocrité, et rougeoyante comme sa haine à l’encontre de tout ce qui vit et cherche à grandir. C’est à une plongée dans ces ténèbres que nous convie Gabriel Báñez pour exorciser le cauchemar d’une humanité indécente, sans rédemption, sans innocence. Car il fait sombre, parmi les hommes, quand le rire des enfants ressemble au rictus des bourreaux et quand les victimes jouissent, à l’instar de leurs tortionnaires, des coups qu’on leur assène. Qui dit conscience humaine dit pouvoir et prédation, et à côté d’une telle humanité, seules les bêtes apparaissent comme des êtres sans défense. Une fable glaçante sur le mal qui, au-delà de la cartographie mentale d’un antisémite, s’avance tout au bord du gouffre de l’histoire des dominations et des violences politiques.

     

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  • Librairie Point D’encrage - Lyon

    Une nouvelle librairie vient d’ouvrir à Lyon, créée par Emmanuel et Anne-Françoise (que l'on connaissait grâce à son blog critique, De seuil en seuil, toujours consultable).
     
     
    Point D’encrage
    73 rue Marietton 69009 Lyon
     
     
    On y trouve entre autres les ouvrages de Black Herald Press et de nombreux éditeurs indépendants. 
     
     
    Pour en savoir plus, petite présentation sur le blog de Romain Verger et pour suivre les actualités de la librairie : sur Facebook et sur le blog de la librairie (en attendant le site internet). 

    A lire également, un entretien tout récent avec Anne-Françoise Kavauvea. 
     

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  • Traduction littéraire en France : quelques sites et textes de référence

    Un grand merci à Nathalie Mège, traductrice littéraire, qui a rassemblé ces informations sur sa page Facebook (laquelle s'enrichit régulièrement de nouveaux liens). 

    • Une mine d'informations pratiques, même pour les non-adhérents : le site de l'Association des Traducteurs Littéraires de France.

     

    • Le forum du site "portail-traduction", peuplé de traducteurs littéraires. (On ne voit l'intégralité des messages qu'une fois inscrit.) Ses deux atouts : l'entraide et l'ambiance.

     

    • Le convertisseur de tarifs  (langue source ↔ langue cible ; papier ↔ informatique, etc.) édité par plusieurs membres du forum.

     

    • Le nouveau Code des usages pour la traduction littéraire co-signé par le Syndicat National de l'Édition, qui régit les rapports entre éditeurs et traducteurs depuis mars 2012.

     

    • Le Code de la Propriété Intellectuelle sur les principes et la lettre duquel est fondé le Code des Usages, le traducteur littéraire étant considéré comme l'auteur du texte français.

     

    • Une "Loi sur les œuvres indisponibles" très contestée par les auteurs, car elle instaure une sorte de réquisition des droits numériques sur les ouvrages parus jusqu'en 2000, a complété le CPI début 2012. Les auteurs ne sont d'ailleurs pas les seuls à la contester : cf l'analyse d'un juriste spécialisé parue dans les recueils Dalloz de référence (plan de l'article + document téléchargeable).

     

    • En attendant d'éventuels aménagements, un Petit guide de survie juridique à l’usage des auteurs d’œuvres indisponibles aide à y voir clair sur le site S.I.Lex . Le Syndicat des auteurs de BD a également mis en ligne en novembre 2012 les recommandations du Conseil Permanent des Ecrivains pour "récupérer vos droits" sur vos livres épuisés.

      

    • Autre guide indispensable, ce pdf à télécharger sur le statut fiscal des auteurs (donc, des traducteurs littéraires)rédigé par une expert-comptable et édité par l'Agence du Livre Provence Alpes Côte d'Azur.

     

    • Toujours sur le nerf de la guerre : chaque printemps tombent (en théorie) dans la boîte aux lettres de l'auteur/traducteur des feuilles qu'on appelle "relevés de droits". Elles sont décryptées dans ce pdf sur la reddition des comptes, édité par une mystérieuse "'instance de liaison SGDL/SNE qui réunit à parité auteurs et éditeurs" – mais diffusé sur le site de La Charte des Auteurs et Illustrateurs pour la jeunesse, ce qui est un gage de sérieux.

     

     une page utile (sur le site ProZ) pour ne pas se faire piéger par les escrocs de la traduction technique.


    •  Et enfin, après l'effort… la réflexion : les deux revues françaises consacrées à la traduction littéraire sont consultables gratis en ligne :

    Palimpsestes, créée par des universitaires en 1987, éditée par les Presses de la Sorbonne nouvelle, et Translittérature, issue de l'ATLF et d'ATLAS (l'association organisatrice des Assises de la traduction littéraire d'Arles). A été mise en ligne, archives y compris, à la rentrée 2012. 

     

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  • Gregory Corso en traduction

    A découvrir dans le dernier numéro du Black Herald, plusieurs poèmes de Gregory Corso accompagnés de leur traduction en français et d'une présentation (en VO et en VF) de Kirby Olson, auteur de Gregory Corso: Doubting Thomist (Southern Illinois University Press, 2002). Gregory Corso (1930-2001), poète américain, fut le plus jeune membre du noyau dur de la Beat Generation, proche de Jack Kerouac, d’Allen Ginsberg et de William S. Burroughs. Ses deux recueils les plus célèbres demeurent Gasoline (City Lights, 1958) et The Happy Birthday of Death (New Directions, 1960).

     

    “I leave paradise behind me

    My paradise squandered fully

    What dies dies in beauty

    What dies in beauty dies in me—”

     

    (On Pont Neuf, Gregory Corso - from The Happy Birthday of Death, 1960)


    ***


    “Je laisse le paradis derrière moi

    Mon paradis pleinement gaspillé

    Ce qui meurt meurt dans la beauté

    Ce qui meurt dans la beauté meurt en moi –”


    (Sur le Pont-Neuf, trad. B. Longre, The Black Herald, n°3, septembre 2012)


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    "Selon moi, la poésie de Corso associe le meilleur de la tradition imagiste américaine et le meilleur du surréalisme français. Aussi l’œuvre de Corso est-elle très proche de celle de son ami Frank O’Hara. En effet, ce dernier avait apparemment appris à associer le surréalisme français à la métrique variable et idiomatique de William Carlos William, le tout rédigé sur le ton de la conversation. Marjorie Perloff dit de Frank O’Hara : « ...O’Hara ne fut à même d’écrire les poèmes que nous considérons comme ses plus accomplis que lorsqu’il apprit à fusionner ces deux modes – adapter des images et des formes surréalistes à un idiome américain. » Une définition qui peut tout autant s’appliquer à Corso, lequel demeure l’un des grands secrets de la poésie américaine des années 1950 et au-delà, et presque certainement l’un des poètes américains les plus sous-estimés." Kirby Olson.



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  • En traduction : parutions récentes

    51bhCda68mL._SL500_.jpg

    Immortels, tome 3
    Cate Tiernan
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par B. Longre
    Hachette, Black Moon, nov. 2012

    les tomes précédents
    blongre.hautetfort.com/tag/cate+tiernan

    Sur le site de l'éditeur
    www.lecture-academy.com/immortels-tome-3-l-eternite 

     

     


    51-vd5hC9mL._SL500_.jpgL'Apprenti d'Araluen, tome 9, La Traque des Bannis
    John Flanagan
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par B. Longre
    Hachette, nov. 2012

    lecture-academy.com/l-apprenti-d-araluen-tome-9-la-traque-des-bannis


     
     

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  • "Liminal" - Michael Lee Rattigan

    Vient de paraître, le recueil de poésie Liminal, de Michael Lee Rattigan (Rufus books 2012). L'un des poèmes, accompagné de sa traduction en français, est disponible dans le dernier numéro du Black Herald

     

    "Shake the dry branch:

    scatter grain, unhusked

    on the heels of a hidden sun—

    the bone raised,

    flung

    airy monument

    of untold memory, future form."

    (from "Unshadowed" - M. Lee Rattigan)


    **


    "Secoue la branche sèche :

    éparpille le grain, mondé

    sur les talons d’un soleil caché –

    l’os dressé,

    projeté

                    monument aérien

    d’un souvenir indicible, forme à venir."


    ("Hors d'ombre" - extrait - trad. de l'anglais B. Longre)

     

    **

    Plus d'informations

    http://blackheraldpressblog.wordpress.com/tag/liminal/

    http://www.rufusbookspublishing.ca/authors/rattigan_michael_lee/liminal.html

    Pour commander l'ouvrage

    http://www.rufusbookspublishing.ca/orders/index.html

    Pour commander le Black Herald

    http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

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  • "Le Monde de Charlie" ("Pas raccord") de Stephen Chbosky

    Le Monde de Charlie de Stephen Chbosky
    traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Blandine Longre
    Titre original : 
    The Perks of being a Wallflower
    Roman Exprim, Sarbacane, nov. 2012 (réédition)


    A l'occasion de la sortie en France du film The Perks of being a Wallflower (Le Monde de Charlie en VF, réalisé par Stephen Chbosky) en janvier prochain, adaptation du roman du même nom, les éditions Sarbacane (collection Exprim') rééditent la traduction française du roman (première édition 2008, Pas Raccord, traduit de l'anglais par B. Longre).

     

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    Quelques articles à propos du roman 

    un article de Madeline Roth

    un article d'Antoine Dole

    un article de Joannic Arnoi

     

    le site officiel du film http://perks-of-being-a-wallflower.com/

     

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  • À propos d’un thug

    À propos d’un thug

    de Tabish Khair

    traduit de l'anglais (Inde) par Blandine Longre (avec le concours du CNL)

    Les Editions du Sonneur, 2012 (The Thing about ThugsHarper Collins 2010)

     

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    "Qu’il est étrange de devenir ce qu’on n’est pas. Quelques histoires, quelques mots, suffisent-ils ? Notre emprise sur la réalité est-elle si faible, si précaire ? Les histoires – racontées par nous ou par d’autres – peuvent-elles nous transformer ainsi ? Et pour quelle raison avons-nous besoin de nous en revêtir – quelle que soit notre manière d’avoir prise sur la réalité, et quelle que soit cette réalité ? Est-ce donc ce à quoi nous nous résumons ? Des histoires, des mots, un souffle ?"

    C’est depuis la bibliothèque de son grand-père, à Phansa, petite ville imaginaire de l’état indien du Bihar, qu’un narrateur anonyme bâtit « le fantôme d’une histoire vraie », la trame d’une intrigue qui débute à Londres en 1837, à la veille du couronnement de la reine Victoria : à partir d’ouvrages divers (réels ou fictifs), d’une coupure de presse datée de 1839, d’un manuscrit épistolaire rédigé en persan et de ses propres réminiscences, le narrateur tisse des récits enchâssés qui enjambent temps et espace, dont celui d’Amir Ali, lequel a quitté son village natal du Bihar pour accompagner le capitaine William Meadows jusqu’à Londres. Ce dernier, tout particulièrement intéressé par la carrière de thug d’Amir Ali, lui demande de lui relater l’histoire de sa vie – Meadows souhaite en effet écrire un ouvrage destiné à instruire ses contemporains, Notes à propos d’un thug : caractère et circonstances. Meadows ignore cependant tout des véritables intentions d’Amir Ali… et ce sera au lecteur de démêler les fils du récit de ce dernier.

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeDans le même temps, Lord Batterstone, phrénologue renommé, charge John May, un individu qui a fait tous les métiers, de lui trouver des crânes et de les lui apprêter : peu importe leur provenance, il lui faut des crânes exceptionnels pour son « Théâtre de Spécimens phrénologiques », grâce auquel il parviendra enfin à prouver les différences inhérentes qui séparent les races et les cultures, et à réfuter les arguments de ses adversaires. La quête désespérée de John May le pousse peu à peu à commettre des actes qui provoquent sensation et terreur dans tout Londres. Bientôt, les soupçons se porteront sur Amir Ali – car qui d’autre qu’un Oriental, thug de surcroît, aurait pu commettre de telles abominations ?

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeÀ propos d’un thug subvertit les repères classiques du récit postcolonial, du roman victorien, du roman à sensation et plus particulièrement du roman policier, et brouille les frontières entre fiction, imagination et réalité en interrogeant sans répit les notions de vérité, d’authenticité et de crédibilité – historiques, identitaires, narratives – via la juxtaposition de fausses vérités et de vrais mensonges. Aussi le narrateur déstabilise-t-il volontairement le lecteur en mêlant éléments réels et fictifs ou pseudo-historiques : Notes à propos d’un thug : caractère et circonstances ducapitaine William Meadows, cité dès l’exergue et dont on découvre de nombreux extraits au fil du roman, s’inspire très librement d’un roman bien réel, lui : Confessions of a Thug de Meadows Taylor, publié en 1837 (Mémoires d’un Thug, traduit de l’anglais par Lucienne Escoube, disponible chez Phébus).

    tabish khair, thugs, traduction, blandine longre, le sonneur, man asian literary prize, cnl, thuggismeDe la même façon, la vérité historique du phénomène thugiste est déconstruite, non sans ironie, à travers le double récit d’Amir Ali (celui qu’il livre à Meadows, confronté à celui qu’il relate en persan dans un journal intime hybride), et permet ainsi de dévoiler fantasmes, clichés paternalistes et constructions faussées que les Britanniques et les puissances impérialistes en général ont entretenus, consciemment ou non, sur l’Inde et sur tout autre pays colonisé. Des procédés semblables mettent en lumière l’absurdité de la pseudoscience phrénologique (à travers le personnage de Batterstone, dont le fanatisme est sans bornes) et les préjugés engendrés par la notion de « races », l’auteur ridiculisant ces certitudes « scientifiques » et le « Dieu de la Raison » que ne cesse d’invoquer Meadows.

    tabish khair, thugs, traduction, blandine longre, le sonneur, man asian literary prize, cnl, thuggismeAinsi, Amir Ali, personnage insaisissable posté entre deux mondes, dont le rôle de témoin en terre étrangère n’est pas sans rappeler les Lettres persanes de Montesquieu, ne se réduit pas à l’archétype qu’il incarne aux yeux des puissants ou de l’ordre public : une fois les stéréotypes renversés, c’est lui qui passe pour un homme cultivé et sage, parlant mieux l’anglais qu’on ne le croit, se jouant de ceux qui le considèrent avec crainte, mépris ou bienveillance paternaliste. Outre la quête identitaire d’Amir (et de tant d’autres, comme le prouvent au fil du roman les précisions données sur les noms et les appellations de chacun, à la limite de l’obsession), À propos d’un thug se double une histoire d’amour presque invraisemblable (celle d’Amir et de Jenny, bonne à tout faire analphabète, nièce d’une vieille femme qui tient une fumerie d’opium) et développe sans relâche deux thèmes étroitement liés, ceux de la solitude et de la vengeance, dont Amir Ali est le catalyseur involontaire. L’auteur s’intéresse également de près aux « invisibles » de la cité londonienne et de ses bas-fonds, monde que l’on pénètre grâce au récit de Paddyji, vieil Irlandais opiomane marié à une ancienne ayah indienne, Qui Hy : lascars échoués en Europe, brigands de diverses origines, résurrectionnistes, bohémiens, mendiants, domestiques – individus dont on attend servilité et silence mais qui, dans leur univers parallèle, s’avèrent capables de prendre en main une enquête qui échappe à la sagacité des autorités policières et médiatiques, et de parfois faire montre de solidarité à l’égard de ceux qui leur ressemblent.

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeLe roman, en accumulant les niveaux de lecture, propose ainsi une intrigue polymorphe, kaléidoscopique et labyrinthique en parfaite adéquation avec la multiplicité des genres et des styles auxquels l’auteur rend hommage en même temps qu’il les transgresse (roman exotique, d’amour, policier, victorien, épistolaire, biographie romancée, etc.), ainsi qu’une réflexion filée sur la lecture, l’écriture et le langage (entre autres par le biais d’une langue émaillée de termes étrangers, en particulier hindoustanis, qui constamment rappellent les identités doubles et souvent disjointes de certains personnages). La fragmentation de surface fait sens à mesure que les récits morcelés se télescopent (à l’instar d’un précédent roman de Khair, Filming, Picador, 2007), donnant alors naissance à des parallèles insoupçonnés entre des personnages, des voix, des siècles, des contrées et des cultures en apparence divergents, des bas-fonds du Londres victorien nimbé de brouillard à nos villes modernes et cosmopolites. 


    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeEn construisant le récit sous nos yeux depuis une bibliothèque fantomatique, le narrateur élabore un roman délibérément livresque, érudit, dans lequel s’entrelacent en permanence d’autres récits, histoires, romans : ceux qui l’ont inspirés (de Dickens à Wilkie Collins, en passant par Mayhew, Peter Ackroyd, Conrad ou Austen), ceux qui s’écrivent à l’intérieur du roman (dont l’ouvrage du capitaine Meadows ou le journal épistolaire d’Amir Ali), ceux qui sont physiquement présents (les Œuvres complètes de Shakespeare, bible d’un pacha antillais des bas quartiers) ou encore les étonnants fragments poétiques et religieux inscrits sur les parois d’une grotte dissimulée sous la ville de Londres, œuvre monumentale d’Ustad, vieil ermite indien : « le plafond est entièrement couvert d’extraits du Coran et de vers de poètes tels que Mir Taqi Mir et Wali Mohammed Wali  – la belle écriture cursive, argent, or et blanc, ouvre ses ailes sur la pierre et le plâtre, les agitant comme un oiseau pris dans un filet, emplissant la salle d’un bruit silencieux. Des fragments sophistiqués de cultures perdues se sont fondus pour créer cette volière d’alphabets hurlants, muets, en appui sur les ruines d’un esprit… »

     

    tabish khair,thugs,traduction,blandine longre,le sonneur,man asian literary prize,cnl,thuggismeLe roman, d’abord paru en Inde (4th Estate, Harper Collins) a été sélectionné pour The Hindu Best Fiction Prize, The Man Asian Literary Prize 2010 et le DSC Prize for South Asian Literature, 2012. Il paraîtra aux États-Unis en juillet 2012 (Houghton Mifflin Harcourt).

    Tabish Khair est aussi l’auteur de Filming (Picador, 2007), de The Bus Stopped (Apaiser la poussière, les Éditions du Sonneur, 2010, traduit de l’anglais par B. Longre, avec le concours du CNL).

    Pour se procurer l'ouvrage 

    editionsdusonneur.com/produit.php?ref=Khair-Thugs&id_rubrique=7

    recherche.fnac.com/ia584150/Tabish-Khair

     

    EXTRAITS DE PRESSE

    Thugs makes for intellectually satisfying reading, by virtue of its redoubtable research and excellent atmospherics. By reintroducing imagination to the Indian novel in English without sacrificing relevance, Khair has done us all a favour.” (The Wall Street Journal, August 27, 2010)

    “Partly, perhaps, the world Khair creates seems so real because foggy Victorian London is so well entrenched in the imagination. However, much more is due to Khair's own peculiar genius. He is a renowned poet, and like many poets before him, has a rare gift for prose. He can, in a few words, a brief alliterative phrase, conjure up a picture, inspire horror, pity, fear or love. He has also crafted a novel full of suspense where the various strands of mystery, human relationships and crime are expertly woven into one absorbing and fast-moving tale. This is a book that deserves to stand the test of time and join the other masterpieces of Victorian London.” (India Today, Aug 30, 2010)

    “As the story swings from India to England and voice to voice, Khair peoples the trans-Atlantic landscape with a string of edgy and wondrously inventive characters, most of whom emerge from the gloomy shadows and stinking, muck-laden by-lanes of London. Lying, cheating, murdering and beheading, they shuffle through the pages in a miasma of odours, eccentricities and transgressions. (…) thuggee is soon overtaken by English skulduggery and therein lies Khair's triumph: his evocative recreation of the seedier side of Victorian England. His research, and his elegant use of it, are both meticulous and skillful; you can smell those odorous, dingy by-lanes, see those shady figures through the London fog that seems to envelop much of this story.” (The Hindu, Oct 03, 2010)

     

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  • The Black Herald 3 - revue de littérature, vient de paraître

    Le troisième numéro de la revue de littérature en partie bilingue que je coédite avec le poète Paul Stubbs vient de paraître. On peut désormais le commander en ligne (ou par email, par bon de commande), en attendant de le trouver dans quelques librairies signalées sur le site (dont L’Écume des Pages, Paris).

    http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

    Issue #3 – September 2012 - Septembre 2012
    190 pages – 15€ / £13 / $19 – ISBN 978-2-919582-04-4


    The Black Herald, revue de littérature, poésie, fiction, essais, traductions, Blandine Longre, Paul Stubbs

    On y trouvera plusieurs textes de fiction et de poésie (en version originale et certains traduits en anglais) d’écrivains français : Louis Calaferte (traduction inédite de John Taylor), Tristan Corbière, Nicolas Cavaillès, Romain Verger, Michel Gerbal, Dominique Quélen, Pierre Trouiller, Nathalie Riera (également fondatrice des Carnets d’Eucharis), Mylène Catel et Jos Roy.

    Les poètes de langue anglaise (pour la plupart traduits en français), originaires de Grande-Bretagne, de la Nouvelle-Zélande ou encore des États-Unis sont eux aussi bien représentés : W.S. Graham (dont nous avions déjà publié des poèmes dans le numéro 2 du Black Herald), Clayton EshlemanAndrew FenthamPaul B. Roth (également fondateur de la maison The Bitter Oleander Press) Alexandra Sashe, Andrew O’Donnell, Anthony Seidman, Gerburg Garmann, Mark Wilson, Paul Stubbs, Iain Britton, James Joyce (traduction de Pierre Troullier), Gary J. Shipley et Michael Lee Rattigan (dont le recueil Liminal paraîtra d’ici quelques semaines chez Rufus Books). Par ailleurs, on découvrira des poèmes de l’expressioniste allemand August Stramm (traduit en français par Elisabeth Willenz et en anglais par Antony Vivis et Will Stone), ainsi que plusieurs poèmes traduits en français de Gregory Corso, auteur de la Beat Generation injustement méconnu en France et pourtant tout aussi important que Kerouac ou Ginsberg, traductions accompagnées d’une présentation signée Kirby Olson.

    On pourra de même lire un essai de Sébastien Doubinsky sur Baudelaire (version anglaise en regard), un second signé Bernard Bourrit (« C’est un héritage en moi qui me dévore », portant à la fois sur Julio Cortázar, les axolotls, et Fritz Horn) et un troisième sur Francis Bacon et le retable d’Issenheim de Matthis Grünewald (par la britannique Ingrid Soren, traduit en français), ainsi qu’un extrait des souvenirs d’Ernest Delahaye sur Rimbaud (traduction inédite en anglais). De même, Michael Lee Rattigan nous offre un nouveau texte en prose du péruvien César Vallejo (« Estado de la literatura española »), tandis que Rosemary Lloyd traduit du français des extraits de l’œuvre de Denis Buican, écrivain et biologiste. Nous sommes également heureux d’accueillir des auteurs de divers horizons, dont Devin Horan (cinéaste, qui prépare un troisième film sur Georg Trakl), le dramaturge new-yorkais Allan Graubard (traduit par Anne-Sylvie Homassel), l’Angolais João Melo (traduit par Cécile Lombard) et Sadie Hoagland (un texte étonnant traduit par Anne-Sylvie Homassel).

    Enfin, nous remercions pour leurs photographies Olivier Longre, Will Stone, Ágnes Cserháti et Devin Horan, et Sandrine Duvillier pour sa mise en page (couverture et intérieur).

    Le sommaire complet :

    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/the-black-herald-3/contents-sommaire-3/

    Pour toute information complémentaire sur les contributeurs de ce numéro.

    Contact : blackheraldpress(at)gmail(point)com

     

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  • Magazine Littéraire, dossier Queneau

    « En dépit d’apparences trompeuses, peu de livres sont plus élaborés, moins fantaisistes que Zazie dans le métro. »

    Le numéro du Magazine Littéraire de septembre (n° 523) propose un dossier Queneau de 40 pages cordonné par Philippe Rolland : plusieurs articles, dont « L’insaisissable Zazie », proposé par Jean-Pierre Longre (auteur de Raymond Queneau en scènes, éd. Presses universitaires de Limoges, il a participé à l’édition de La Pléiade des Œuvres de Raymond Queneau), lequel présente aussi, pour conclure ce dossier, un texte inédit de Queneau, La Légendes des poules écrasées, datant de 1945.

    À noter aussi, le Musée des lettres et manuscrits (222, boulevard Saint-Germain, Paris, VIe) expose, jusqu’à fin octobre, une quinzaine de pièces emblématiques de l’œuvre de Queneau, dont les manuscrits autographes de Morale élémentaire et de Zazie dans le métro ainsi qu’un autoportrait aquarellé.

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    http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/523

    http://www.museedeslettres.fr/public/index.php

    http://jplongre.hautetfort.com/

    et sur Raymond Queneau :

    http://jplongre.hautetfort.com/tag/raymond+queneau



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  • The Black Herald - 3 / revue de littérature

    à paraître en septembre 2012

    Issue #3 – September 2012 - Septembre 2012
    185 pages – 15€ / £13 / $19 – ISBN 978-2-919582-04-4

    Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
    Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

    pour plus d'informations

    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/the-black-herald-3/

    black herald press,the black herald,revue littéraire,paul stubbs,blandine longre,poésie,fiction,poetry,essay,translation,traduction


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  • 40 jours de nuit - à paraître

    40 jours de nuit
    Michelle Paver
    traduit de l'anglais par Blandine Longre
    (Hachette Jeunesse, Black Moon, 26 septembre 2012)

    (titre original : Dark Matter)

    pour découvrir l'ouvrage
    http://www.michellepaver.com/dark-matter

    michelle paver, dark matter, 40 jours de nuit, blandine longre, traduction, hachette jeunesse

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  • Le Temps des Héros - tome 1

    Le temps des héros
    Tome 1 - Le feu bleu
    Michelle Paver
    traduit de l'anglais par Blandine Longre
    (Hachette Jeunesse, 3 septembre 2012)

    (titre original : Gods & Warriors)

    pour découvrir l'ouvrage
    http://www.lecture-academy.com/le-temps-des-heros-tome-1-le-feu-bleu 

    et lire les premières pages
    http://www.lecture-academy.com/le-temps-des-heros-tome-1-le-feu-bleu/extrait/11027 

    michelle paver, blandine longre, Hachette jeunesse, Le temps des héros

     Voir aussi, de Michelle Paver : Les Chroniques des temps obscurs (Hachette jeunesse)

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  • En lecture, Hugo von Hofmannsthal

    La Grèce
    Hugo von Hofmannsthal
    Traduit de l’allemand par Eryck de Rubercy
    Edition bilingue – postface du traducteur
    Isolato, 2012

    « Les dieux et les déesses homériques surgissent constamment de cet air lucide ; rien ne paraît plus naturel, sitôt qu’on connaît cette lumière. Nous sommes du Nord et la semi-obscurité du Nord a formé notre imagination. Nous pressentions le mystère de l’espace, mais nous tenions qu’il n’y avait pas d’autre façon possible de le glorifier que celle de Rembrandt : avec lumière et ténèbres. Mais ici nous le reconnaissons : il y a un mystère en pleine lumière. Cette lumière enveloppe les choses à la fois de mystère et d’intimité. Ce ne sont que des arbres et des colonnes que notre regard embrasse, au mieux les corps muets de Caryatides de l’Érechthéion, qui sont à moitié vierges, à moitié colonnes encore, et pourtant la beauté de leur corps dans cette lumière s’impose à notre admiration. Mais les Dieux et les déesses étaient des statues de chair et de sang ; dans leurs yeux, sous leur front lourd, étincelait le feu du sang… »

    (Griechenland, 1923)

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    Quatrième de couverture :

    Dans ce texte sur la Grèce, écrit en 1922, Hugo von Hofmannsthal se reporte par le souvenir à l’unique voyage qu’il y effectua au printemps 1908, le qualifiant de « voyage spirituel ». Là, ce n’est qu’en se détournant de toutes les représentations livresques, à la fois excessives et en porte-à-faux, qu’il put ressentir la proximité d’une Grèce qui s’imposa à lui d’une pleine lumière « comparable à rien sinon à l’esprit » – cette lumière seule permettant de comprendre « l’unité de l’histoire qui, depuis des millénaires, détermine notre destinée intérieure. » 


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  • En lecture

    Discrete series de George Oppen (1934) ; trad. par B. Vilgrain et B. Rival, Théâtre typographique, 1993 - ouvrage bilingue.

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    http://belarbeltza.blogspot.fr/2012/06/oppen.html

    http://poezibao.typepad.com/poezibao/2011/11/george-oppen.html

    http://www.poetryfoundation.org/bio/george-oppen


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  • Les Carnets d'Eucharis, création d'une revue papier

    Les Carnets d'Eucharis - Projet d'un numéro annuel en version papier pour Février 2013 + BULLETIN DE SOUSCRIPTION/ABONNEMENT.

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    http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/archive/2012/05/31/les-carnets-d-eucharis-communique-de-presse.html

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  • Rimbaud à Java

    Parution imminente, aux éditions du Sonneur, de la traduction de "Rimbaud in Java, the Lost Voyage" de Jamie James (Editions Didier Millet 2011) - traduit de l'anglais par Anne-Sylvie Homassel.

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    http://www.editionsdusonneur.com/produit.php?ref=Rimbaud-a-Java-Jamie-James&id_rubrique=7

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  • Librairie éphémère, printemps 2012

    Du 31 mai au 10 juin 2012
    la librairie éphémère présente, à la Halle Saint Pierre, Paris.
    la production de plus de cinquante éditeurs peu présents en librairie.
    en semaine de 10 heures à 18 heures, 
    le samedi de 10 heures à 19 heures, le dimanche de 11 heures à 18 heures.

    quelques rencontres (parmi d’autres) :

    Jeudi 31 mai, à partir de 18 heures : vernissage
    chant & contrebasse avec le duo Poly Tiktok, apéritif et signatures sauvages. 

    Dimanche 3 juin, à 15 heures auditorium
    Carte blanche aux éditions Le Visage vert autour de la littérature fantastique, 
    lectures surprises, projections possibles, bizarreries assurées.

    La librairie éphémère, organisée par les éditions l’oeil d’or et Passage Piétons, présente la production de plus de cinquante éditeurs indépendants.

    Halle Saint Pierre, Librairie Ephémère , 2 rue Ronsard, Paris XVIIIe.

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  • "Your Psych Tunes"

    Free psychedelic music for the masses - Celina O. runs the show.

    http://yourpsychtunes.bandcamp.com/

    8 albums, free download. 

     

    Your Psych Tunes Vol. 8 - The Day Breaks at Dawn

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  • Jardin, abstrait (Hart Crane)

     

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    Garden Abstract 

     

    The apple on its bough is her desire,—

    Shining suspension, mimic of the sun.

    The bough has caught her breath up, and her voice,

    Dumbly articulate in the slant and rise

    Of branch on branch above her, blurs her eyes.

    She is prisoner of the tree and its green fingers.

     

    And so she comes to dream herself the tree,

    The wind possessing her, weaving her young veins,

    Holding her to the sky and its quick blue,

    Drowning the fever of her hands in sunlight.

    She has no memory, nor fear, nor hope

    Beyond the grass and shadows at her feet.


    Hart Crane (from White Buildings, 1926)


    ****


    Jardin, abstrait

     

    La pomme sur sa branche est son désir, –

    Éclatante suspension, imitation solaire.

    La branche a saisi son souffle, et sa voix,

    Muettement distincte dans les obliques et les hauteurs

    Des branchages au-dessus d’elle, brouille son regard.

    Elle est captive de l’arbre et de ses doigts verts.

     

    Aussi en vient-elle à se rêver arbre,

    Possédée par le vent qui tisse ses jeunes veines,

    La hisse vers le ciel et son bleu vif,

    Noie la fièvre de ses mains dans l’éclat du soleil.

    Elle n’a plus ni mémoire, ni peur, ni espoir

    Au-delà de l’herbe et des ombres à ses pieds.

     

    Traduit de l’anglais par Blandine Longre

    Paru dans The Black Herald 2, septembre 2011.

    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/the-black-herald-issue-2/

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    à propos de Hart Crane

    http://agora.qc.ca/thematiques/mort.nsf/Dossiers/Hart_Crane

    http://alidades.librairie.assoc.pagespro-orange.fr/crane.html

    http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/01/hart_crane.html

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  • À propos d’un thug - Tabish Khair

    à paraître en avril aux Editions du Sonneur

    À propos d’un thug
    un roman de Tabish Khair
    traduit de l'anglais (Inde) par Blandine Longre
    (avec le concours du CNL)

    (The Thing about Thugs, Harper Collins 2010)

     

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    Pour feuilleter les premières pages

    THUGS : secte active en Inde du XIIIe au XIXe siècle, dont les membres pratiquaient le vol et le meurtre par strangulation en l’honneur de la déesse Kali. Amir Ali, l’un d’eux, a quitté l’Inde pour accompagner le capitaine William Meadows dans la grisaille du Londres victorien. Ce dernier a en effet pour projet d’écrire un ouvrage sur cette confrérie meurtrière. Dans le même temps, lord Batterstone, un célèbre phrénologue qui cherche à prouver les différences séparant les hommes et les races, charge un certain John May de lui trouver des crânes et de les lui apprêter. La quête de John May le pousse peu à peu à commettre des crimes abominables qui provoquent sensation et terreur dans tout Londres. Bientôt, les soupçons se portent sur Amir Ali – car qui d’autre qu’un thug, même repenti, aurait pu commettre de tels meurtres ?

    Le roman a été retenu dans les dernières sélections des prix suivants : 

    Man Asian Literary Prize 2011
    DSC Prize for South Asian Literature, 2012
    Hindu Best Fiction Prize, 2010

     

    du même auteur 

    Apaiser la Poussière
    (Editions du Sonneur, 2010, traduit de l'anglais par B. Longre)

    voir aussi

    http://blongre.hautetfort.com/tag/tabish+khair

    http://www.tabishkhair.co.uk/

    Concernant les thugs, un extrait du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. 

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  • De nouveau en librairie, Le Cercle Meurtrier

    littérature,roman,sokoloff,hachette,traductionLe Cercle meurtrier
    Alexandra Sokoloff
    (The Harrowing) - traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Blandine Longre

    Le Livre de poche jeunesse, mars 2012 

    4e de couv. Vacances de Thanksgiving. Le campus est déserté. Roxane est restée seule à Mendenhall. Âme solitaire, noyée dans ses idées noires, la jeune femme a décidé d'en finir avec la vie. Mais dans la salle commune où elle a trouvé refuge, d'autres étudiants sont également présents...

    "The Harrowing is a real page-turner. Alexandra Sokoloff raises a fine crop of goosebumps and shivers. A first novel of unusual promise. " IRA LEVIN, author of Rosemary's Baby and The Stepford Wives.

    Alexandra Sokoloff

    Lire les premières pages 

    Acheter le roman

    Première publication (collection Black Moon, 2008)

    L'éditeur

     

    La bande-annonce du roman en anglais


    http://fr.youtube.com/watch?v=bFpRLP_2J1A

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  • Les enfants disparaissent - Gabriel Báñez

    la dernière goutte,gabriel báñez,roman,argentine,littérature« Il ne rêva pas. Il ne rêvait jamais. À peine savait-il ce qu’était un rêve. Les enfants lui racontaient leurs rêves, mais leurs récits lui paraissaient toujours incohérents et imaginaires. De sa propre enfance aussi, il ne lui restait que peu de souvenirs. Rien d’autre qu’une époque scandée par les changements successifs de fauteuil et par les périodes d’adaptation auxquelles il devait se soumettre à mesure que son thorax grandissait. Pour lui, la croissance avait été une série constante de transformations.

    Cependant, il avait fini par se sentir vieux. Cette conscience du temps le dérangeait, l’empêchait de s’en tenir aux pures sensations, le contraignait à admettre les années, les jours. L’âge lui avait toujours semblé une idée abstraite. Les adultes se remémoraient les meilleurs moments de leur vie, et c’est ainsi qu’ils se rassuraient quand il était trop tard. Pour les adultes, il était toujours trop tard, pour tout. L’enfance, au contraire, était un printemps toujours neuf qui repoussait la vieillesse dans un au-delà. Le vertige des pentes et l’éternel assemblage des mécanismes, eux aussi, nécessitaient de faire abstraction des années. Les adultes, se disait-il, n’avaient pas ce genre de préoccupations. Les adultes pensaient.

    Il ne faisait part de ses obsessions qu’avec réticence. Entrer dans le giron des innombrables associations pour handicapés, c’eût été renoncer à sa condition. Il avait ces cercles en horreur. Ils étaient aussi traîtres que l’écoulement de son sablier ou que les mécanismes de mesure qui faisaient croire à la plupart des gens que le temps était uniforme. Pour Macias, le temps n’était rien d’autre qu’une définition, un ordre arbitraire, sans effet ni cause. »

    Les enfants disparaissent, de Gabriel Báñez - Traduit de l'espagnol (Argentine) par Frédéric Gross-Quelen, La Dernière goutte, 2010


    http://www.ladernieregoutte.fr/livres/les-enfants-disparaissent/


    Anne-Françoise Kavauvea présentait ici les éditions de La dernière goutte.


    Gabriel Báñez est décédé en juillet 2009, on peut consulter son blog ici :

    http://cortey.blogspot.com/

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  • Les carnets d’eucharis n°32 Hiver 2012

    Le sommaire ici 

    et la revue en format pdf

    par Nathalie Riera

    http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/

     nathalie riera, les carnets d’eucharis, poésie, littérature, arts plastiques

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  • Des monstres et des saints : SADE 2.0

    Marquis de Sade, Jean-François Mariotti, Clémentine Marmey, théâtreUne adaptation de Sade pour rire des monstres sacrés et démonter férocement le puzzle de l’histoire.

    Auteurs : Sade / Jean-François Mariotti
    Metteur en scène: Jean-François Mariotti

    Avec Clémentine Marmey

    Théâtre Les déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, Paris 75001
    du 24 janvier au 08 mars 2012 à 20h / mardi, mercredi et jeudi.
    pour réserver : 
    http://www.lesdechargeurs.fr/node/533 

    Jean Moulin, Pétain, Sœur Emmanuelle, Jean-Paul Sartre ou la Cicciolina, tour à tour victimes et bourreaux d’une grande orgie décomplexée. Sade 2.0, c’est Sade revisité et mélangé sans vergogne aux cendres du XXème siècle : un tour de passe-passe pour en découdre avec la grande Histoire. Et peut-être en finir avec ces statues de marbre qui pèsent lourdement sur nos mémoires et nous empêchent d’avancer, libres du passé.

    "Sade 2.0 est une adaptation libre des dernières pages des 120 Journées de Sodome, du Marquis de Sade. Ces pages-là sont les plus terribles, puisqu’elles se résument à de longues listes de cruautés énoncées de manière systématique, sans préoccupation narrative. Une sorte de plan, sans doute, la promesse d’une narration à venir, mais que Sade n’a jamais écrite. Tout comme le XXe siècle fut la promesse d’une grande histoire, pour s’abîmer finalement dans l’horreur érigée en système. Si je me suis permis des digressions autour du texte de Sade, et si j’ai changé le nom des protagonistes pour coller à mon projet, je n’ai en revanche absolument rien touché à l’essentiel du texte : la cruauté. Cette dernière appartient entièrement à Sade, jusqu’aux répétitions, approximations et, parfois, contresens. Écrites dans la solitude d’une cellule de la Bastille, Les 120 journées de Sodome possèdent cette langue brute, quasi improvisée, qui sied parfaitement à Sade 2.0..." Jean-François Mariotti

    Lire ici la critique du Visage Vert

    http://leblogduvisagevert.wordpress.com/2012/02/08/sade-en-scene/

    pour en savoir plus

    http://www.lesdechargeurs.fr/sites/default/files/DP_Sade2.0_web.pdf

    http://www.heautontimoroumenos.com/

    http://www.lesdechargeurs.fr/node/2071


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  • Le poème sauvage – Jos Roy

    le poème sauvage n’est pas sauvage puisqu’il
    parle

    chien disait l’homme à l’homme et chacun perdait sa parole

    le poème n’est pas autre chose
     qu’une chose                  (sauvage/sylvestre)                      vivante qui pousse malgré toute
    condition catastrophique du monde                       qui pousse malgré tout
     
    faut dire              :             on se fout du biotope des
    civilisations & de toute cette littérature qui ne situe rien
    rien
    (presque rien)
     
    **
    (extrait – pour lire le texte dans son intégralité :
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  • Le BH2 vu par le Visage Vert

    “Mais ce sont les œuvres — poèmes, nouvelles, essais — qui priment avec, pour seul commentaire, la traduction (puisque l’un des principes duBlack Herald est de publier tous ses textes au moins en français ou en anglais, quelle qu’en soit la langue originale, de toute façon toujours restituée.) Le seule exception, déjà citée, est l’introduction de Stubbs (on peut la lire ici), laquelle réaffirme la primauté des voix sur les auteurs eux-mêmes et préconise leur émergence, “sur la rive opposée à l’égotisme contemporain“. À cette lumière, et bien loin du narcissisme sans joie où s’embourbent nombre de revues ou de magazines littéraires, on ira donc, dans ce deuxième numéro du Black Herald, chercher des voix dont le seul point commun est probablement de ne jamais s’écouter parler (ce qui les rapproche, toutes poétiques qu’elles soient, de la littérature de genre si chère au Visage vert).”

    à lire sur le blog du Visage Vert, revue et éditeur.


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  • Merci à ParisLike

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    http://www.parislike.com/FR/happenings/page.php?link=Herald

    (Photomontage réalisé par ParisLike - "À bout de souffle" (1960) de Jean-Luc Godard)

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  • En lecture

    Au bord d'un lent fleuve noir
    Anne-Sylvie Salzman
    (Ed. Joëlle Losfeld, 1997)

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    le site de l'auteur

    ashomassel.wordpress.com/fictions/

    Critique

    lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=4390

    sur le site de l'éditeur

    joellelosfeld.fr/ouvrage-964529-au_bord_d_un_lent_fleuve_noir.html

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