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Revues - Page 2

  • The Wolf, revue de poésie

    wolf.jpgThe Wolf, The magazine for new poetry, issue 24 – mars 2011

    Le dernier numéro de la revue de poésie The Wolf, que dirige le poète anglais James Byrne (voir son dernier recueil Blood / Sugar, publié par Arc Publications) depuis 2002, entre Londres et New York, revue qui a toujours proposé une ligne éditoriale soignée et de qualité (loin de la vacuité qu’engendre fréquemment une certaine poésie contemporaine dénuée de profondeur, qui se repaît du domestique et de l’anecdotique), contient de beaux textes qu’apprécieront sans nul doute tous ceux qui lisent l’anglais. On citera entre autres les poètes Anne Waldman (dont le recueil bilingue Fast speaking woman a paru en 2008 chez Maelstrom), John Kinsella, Gabriel Levin (dont je recommande le recueil Ostraca, paru en édition bilingue aux éditions Le bruit du Temps, traduction d’Emmanuel Moses) mais aussi Will Stone (dont le dernier recueil, Drawing in Ash, vient de paraître), Paul Stubbs (un poème intitulé The Last Signs of Science), ainsi que des traductions du macédonien (Nikola Madzirov) ou encore du birman (le poète Zawgyi). Ailleurs, Sandeep Parmar propose une critique éclairée et précise de deux recueils récents, Man of Glass de Tabish Khair (Harper Collins) et Kalagora de Siddhartha Bose (Penned in the Margins) – deux poètes que l’on pourra lire aussi dans le premier numéro de la revue The Black Herald. Le tout accompagné de toiles signées Bahram, dont le site vaut assurément de détour.

    Pour se procurer la revue

    http://www.wolfmagazine.co.uk/buy.php

     

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  • Lecture d'extraits

    de la revue de littérature THE BLACK HERALD, numéro 1

    lien direct http://www.calameo.com/read/0004709157335e99f2e97

    Pour se procurer la revue


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  • Clarities sur tumblr

     

    clarities.jpgQuelques extraits poétiques sur
     
    A noter, l'un de mes poèmes paraît dans le numéro 24 (fin mars 2011) de la revue de poésie The Wolf, éditée par James Byrne.
     
    Quant au recueil Clarities (Black Herald press, 2010), il est disponible en ligne (site sécurisé, PayPal ou carte bancaire), ainsi que dans quelques librairies (Atout Livre et Cambourakis à Paris)

     

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  • The Black Herald, quelques nouvelles

    2011-01-13 13.39.17.jpgMerci tout d'abord au Visage Vert qui propose ici une belle présentation de la revue, ainsi qu'à tous les lecteurs et à ceux qui ont transmis les informations, via leurs blogs, sites, etc. comme Ent'revues, Poezibao, DeBurenJos Roy ou Claude Chambard, sans parler des contributeurs à ce premier numéro.


    On peut se procurer le 1er numéro de la revue de diverses manières :

    Directement en ligne, via une connexion sécurisée (règlement via PayPal OU carte bancaire)

    Pour les règlements par chèque, il suffit de nous écrire (blackheraldpress@gmail.com)

    La revue est par ailleurs disponible dans quelques librairies : L'Ecume des pages, Atout Livre et Cambourakis à Paris / Passerelle à Dole / London Review Bookshop à Londres / Athenaeum à Amsterdam. (voir détails en ligne)

    Enfin, pour ceux qui s'interrogeraient sur le numéro 2 et surtout sur ce qu'on appelle en anglais le "submission process" / ou proposition de textes, des précisions ici

     


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  • The Black Herald - numéro 1

    Le premier numéro de la revue de littérature THE BLACK HERALD paraît en janvier. Au sommaire, poésie, fiction, essais et traductions - en français et en anglais. 

    Issue #1 – January 2011 – Janvier 2011
    160×220 – 148 pages - 13.90 €
    ISBN 978-2-919582-02-0


    Le numéro est disponible en pré-commande

    (connexion sécurisée - PayPal ou Carte)

    couv-rectobis.jpg

     

    Texts by / Textes de : 

    Laurence Werner David

    John Taylor

    Valeria Melchioretto

    Tabish Khair

    Émile Verhaeren

    Will Stone

    Philippe Rahmy

    Rosemary Lloyd

    Osip Mandelstam

    Alistair Noon

    Onno Kosters

    Willem Groenewegen

    Sandeep Parmar

    Georges Rodenbach

    Andrew O’Donnell

    Khun San

    Sylvie Gracia

    Georg Trakl

    Anne-Sylvie Salzman

    James Byrne

    Claro

    Brian Evenson

    Siddhartha Bose

    Romain Verger

    Yahia Lababidi

    Sébastien Doubinsky

    José Mena Abrantes

    Cécile Lombard

    Darran Anderson

    Anne-Françoise Kavauvea

    Emil Cioran

    Nicolas Cavaillès

    Mark Wilson

    Zachary Bos

    Paul Stubbs

    Blandine Longre. 

    ImagesEmily Richardson • Romain Verger • Will Stone

    Design: Sandrine Duvillier

     

    Présentation à lire, sur le blog de Bartleby les yeux ouverts et sur celui du Visage Vert.

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  • A paraître, The Black Herald

    The Black Herald

    Literary magazine – Revue de littérature

    Issue #1 - January 2011 – Janvier 2011
    160×220 – 160 pages
    13.90 €/ £11.99 / $ 19.50
    ISBN 978-2-919582-02-0

    Poetry, short fiction, essays, translations.
    Poésie, fiction courte, essais, traductions.

    http://blackheraldpress.wordpress.com/magazine/

     

    cover1.jpg

     

     

     

     

     

     

     

    © Emily Richardson 2008 (Still from the film Cobra Mist)

     Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

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  • Vert Visage, le 17e

    livre_l_559.jpgOn l'attend avec impatience, il arrive le 14 octobre : le 17e numéro de la revue Le Visage Vert. Une présentation en ligne sur le site des éditions Zulma et davantage d'informations sur le blog de la revue

    A noter, une présentation de ce numéro et des projets éditoriaux de l'équipe aura lieu le vendredi 15 octobre à la librairie Atout-Livre (203 bis avenue Daumesnil, Paris XIIe) à partir de 19h30.

    "De l'Autriche au Chili, de l'étude des mythes à la poétique des forêts, des esprits élémentaires aux étranges débordements de la nature, le Visage Vert confirme son statut unique de révélateur et d'explorateur du fantastique."

    Le Tumblr du Visage Vert

    Le Visage Vert sur Facebook

    Les ouvrages du Visage Vert éditeur.

     

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  • Lectures théâtrales

    Articles parus dans le n° 251 de la Revue des Livres pour Enfants (Joie par les livres / BNF), février 2010


    rengade-a-chaque-etage-7d70d.jpgÀ chaque étage on voit la mer

    de Claire Renegade

    Éditions Espaces 34, théâtre jeunesse, 2009


    Le périple de Pitch et Tiote, parsemé de rencontres (avec le loup, la fée, ou encore « plein d’enfants ») les mènent à la recherche de leur mère. L’originalité des dialogues doit beaucoup à la façon dont le langage enfantin subvertit sans relâche la syntaxe et le lexique et à la manière dont les deux enfants s’approprient et commentent le réel par le biais de leur débordante imagination. Les niveaux de lecture satisfont autant le lecteur adulte que les plus jeunes et cette aventure ludique, spontanément poétique, est une réussite. À noter, cette nouvelle collection jeunesse des Éditions Espaces 34, initiative qui mérite d’être soulignée, propose des textes de qualités, à l’égal des autres collections de la maison.

     

    tostain-par-la-voix-e2235.jpgPar la voix !

    de Christophe Tostain 

    Éditions Espaces 34, théâtre jeunesse, 2009

     

    Rosalie, bientôt dix ans, souffre d’un handicap majeur : elle déteste sa voix, semblable à celle d’un cochon. Elle se promet désormais de ne plus jamais parler et « d’enfermer sa voix dans un endroit secret ». La consternation de ses parents est grande, mais la fillette ne cède pas aux pressions et reste muette, « aphasique » selon l’orthophoniste qu’elle prend d’abord pour un ogre. En dépit d’une résolution un peu prévisible, ce texte de belle facture, entre théâtre et court roman (en effet, il s’agit plutôt du récit d’un narrateur omniscient, émaillé de monologues), propose des scènes oniriques dignes d’un conte de fée, l’auteur jouant sur plusieurs registres et réalités parallèles.

     

    9782742787029.jpgL'enfant caché dans l'encrier

    de Joël Jouanneau, Illustrations : Annie Drimaracci

    Actes sud papiers, Heyoka jeunesse, 2009

     

    On admire d’abord les illustrations abstraites d’Annie Drimaracci, entre calligraphie, aquarelle et collage, qui accompagnent intelligemment le texte, celui-ci restant parfois à décrypter ou à interpréter lui aussi ; il s’agit du journal de bord des aventures estivales et maritimes du petit Ellj, dont l’orthographe et la grammaire laissent à désirer : « Je doive vous raconter une histoire qu’elle être plus que trop vraie pour que je la mentir pas. » La poésie chaotique, primitive et involontaire qui en émane est peut-être adaptée à ce vagabondage imaginaire et enfantin, mais reste abrupte et le lecteur risque de se lasser de ce trop-plein de verbes à l’infinitif, entre autres, et de ce langage un peu forcé. Cependant, l’éditeur conseille de lire ce texte à haute voix afin de percevoir « la musique de la langue », et le parti-pris de l’auteur aura peut-être plus d’impact sur une scène que sur la page.

     

     

    9782742787036.jpgLes Orphelines

    de Marion Aubert, Illustrations : Fanny Michaëlis

    Actes sud papiers, Heyoka jeunesse, 2009

     

    Comment aborder le sujet des enfants que l’on tue car ils naissent filles ? L’approche de Marion Aubert sort de l’ordinaire : elle a imaginé un pays peuplée de petites filles disparues, celles « qui n’ont pas eu droit à la vie » ; elles sont recueillies par Violaine, elle-même tuée à la naissance, qui décide d’enlever un écrivain venu enquêter sur leur destin (« Elles se sont perdues entre les pages », dit-il, « Dans l’ombre. Et sous les mots. Il faut soulever les mots pour les voir. ») La violence est omniprésente, l’auteur ne cherchant pas à édulcorer les faits, mais tout passe par la parole, libératrice, un langage limpide et souvent direct, et par les jeux de rôle qu’un diablon et une diablonne infligent à des marionnettes, qui permettent de sonder ce qui demeure habituellement dans le non-dit.

     

     

    couv-Veilleurs-de-jour.jpgLes Veilleurs de jour

    de Laurent Contamin, illustrations Laurent Corvaisier

    Éditions du Bonhomme Vert, Théâtre illustré, 2009

     

    Les Veilleurs de jour aborde indirectement les débuts du cinématographe en s’inspirant d’une histoire vécue par les frères Lumière, ici représentés par Alex et Pierrot, toujours entre chamailleries et attachement, comme le sont souvent les frères. Ces derniers, en vacances à la mer, découvrent la « goule-aux-fées », une grotte magique qui permet d’évoquer différentes phases de la naissance du cinéma et de réconcilier les deux garçons. L’originalité de l’ouvrage vient plus particulièrement de la combinaison texte théâtral / album jeunesse, une approche qui redonne sa place au texte dramatique tout en ébauchant, par le biais des illustrations, une mise en scène possible.

     

     

    Couv-2-PH.jpgPetit homme

    de Françoise Gerbaulet, illustrations : Sylvaine Jenny

    Éditions du Bonhomme Vert, Théâtre illustré, 2009


    Camille, une petite fille qui se pose beaucoup de questions, des « pourquoi ? » incessants sur ceux qui l’entourent, mais aussi sur elle-même et sur l’univers, sur le temps et l’espace (« Tous ces signes que je ne comprends pas… »), part aux pays « des songes et des signes » ; là, quelques personnages (dont un « Raconteur ») lui apprennent à remonter aux origines (la préhistoire) pour qu’elle puisse comprendre d’où viennent les choses (la danse, l’écriture, le dessin, le feu…). Les illustrations, comme en mouvement, accompagnent joliment cette pièce aux aspects philosophiques évidents qui confronte le jeune lecteur à sa propre existence (« qui suis-je ? »).

     

     

    p705.jpgDe l'amour, de la rage et autres cocktails Molotov

    de Filip Forgeau

    Lansman, Urgence de la jeune parole, 2009

     

    Les scènes s’enchaînent sur un rythme alerte entre des filles et garçons à la dérive, qui entrent et sortent sur une scène terrain vague, où trône un énorme gâteau à la chantilly. Aucun ne se sent à sa place, tous ont « perdu quelque chose » ou quelqu’un, et ont aussi en commun un désir de révolte teinté d’un certain désabusement ainsi qu’une détresse parfois extrême comme celle de « la fille qui pleure », anonyme et invisible. Aucune résolution n’est attendue, car seul semble compter le partage temporaire d’histoires et d’émotions qui se bousculent en eux. Un texte cru, mais aussi poétique, entrecoupé de chants et d’échanges collectifs qui devraient toucher le lectorat ciblé.

     

    Dans la même collection :  

    La Mélancolie des Barbares de Koffi Kwahulé

    Deus Ex Machina de Perrine Griselin


    Collection Urgence de la jeune parole, Éditions Lansman

    Dirigée par Dominique Mercier, cette collection est le fruit de l’expérience menée depuis 1997 dans l’agglomération toulousaine, afin de sensibiliser les adolescents aux écritures et aux formes théâtrales contemporaines. Aussi, ces textes s’adressent d’abord aux lecteurs de plus de 14-15 ans, mais proposent divers niveaux de lecture susceptibles de satisfaire amplement un lectorat adulte.

     

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  • Paul Stubbs, reading The Birth of The Third Reich

    The Birth of the Third Reich
    After "Triptych 1976" by Francis Bacon
    (for Blandine)

    http://paulstubbspoet.wordpress.com

    (published in The Wolf, the magazine for new poetry, London / New York, issue 23, June 2010).

    wolf23.jpgTous les numéros de The Wolf, magazine édité par James Byrne, publié trois fois par an, sont disponibles à Paris chez Shakespeare & Co (37 rue de la Bûcherie) ou bien peuvent être commandés en ligne.

    Le dernier numéro contient plusieurs reproductions des travaux du peintre Scott Anderson, dont on peut admirer quelques-unes des toiles sur son site.



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  • Revue Rue Saint Ambroise 24

    revue242.jpgTextes de Guillaume Boppe, Juan Carlos Mendez Guedez, Isabelle Renaud, Danielle Lambert, Marc Chevallier, Blandine Longre, Guillaume Attal, Anne-Marie Teysseire, Denis Sigur, Anita Fernandez, Fabienne Lambard, Pierre Favory et Ignacio Padilla

    http://ruesaintambroise.weebly.com/

    à paraître en janvier 2010

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  • LE ZAPOROGUE #6

    zap6.jpgLe numéro 6 de la revue le Zaporogue, dirigée par l'irremplaçable Sébastien Doubinsky, est arrivé.

    On peut commander l'ouvrage en ligne ou le télécharger gratuitement.

    Au sommaire, poésie, nouvelles, illustrations, créations, etc.

    JERRY WILSON – THIBAULT DE VIVIES – ANDRÉ ROBÈR – CATHY YTAK TABISH KHAIR – MÉTIE NAVAJO – DÉBORAH REVERDY VS ENTORTILLÉE STEPAN UEDING – LIONEL OSZTEAN – LUC BARANGER – DANIEL LABEDAN – JEFF SYLVA – ALEX SCHREIBER – JONAS LAUTROP – JEAN-FRANÇOIS MARIOTTI ANNE-SYLVIE SALZMAN MARC BRUNIER MESTAS – JOHANNES HØIE –YANNIS LIVADAS BLANDINE LONGRE – ERIC BEAUNIE – CELINA OSUNA – FRANÇOIS BONNEAU – SOFIUL AZAM – MYRIAM GALLOT – OLE WESENBERG NIELSEN – CHRIS ROBERTS – OLGA ZERI.

    http://lezaporogue.hautetfort.com/archive/2009/06/22/le-zaporogue-6.html

    Le Visage Vert en cause ici http://www.zulma.fr/visagevert/?p=170

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  • L'école des loisirs, théâtre

    E114962.gifL'hiver, quatre chiens mordent mes pieds et mes mains de Philippe Dorin
    L'Ecole des loisirs, 2008

    Un homme et une femme occupent un espace scénique presque vide, où ils attendent que l’auteur veuille bien écrire leur histoire. À défaut, ils font connaissance, s’efforcent de s’inventer une vie, bon gré mal gré, d’effectuer quelques gestes quotidiens, d’accueillir deux enfants ; ainsi, leur quête identitaire prend peu à peu du sens, malgré l’absence supposée de l’auteur… Cette pièce, Molière du Spectacle jeune public 2008, parle finement de l’illusion théâtrale et des ficelles qui sous-tendent toute création dramatique (les personnages, loin d’être dupes, savent qu’ils ne sont que des personnages, aussi ne jouent-ils pas toujours le jeu…) et déconstruit en creux les clichés associés à des rôles figés (l’homme, la femme, les enfants) que ce soit dans l’univers théâtral ou dans le monde réel.

    E114975.gifLa morsure de l'âne de Nathalie Papin
    L'Ecole des loisirs, 2008

    Paco, un « égaré » entre la vie et la mort, se retrouve dans un espace hors du temps, où il croise plusieurs personnages : un âne qui fait office de guide, son fils qui vient lui demander de faire un choix (vivre ou mourir), une petite à naître qui aimerait être sa fille… En errance dans un purgatoire étrange, réinventé pour l’occasion, le protagoniste passe par diverses phases, jusqu’à se séparer de son enveloppe charnelle, pour se décider plus tard à la réintégrer et à revenir dans le monde des vivants. L’auteure s’efforce ici de mettre en mots et en scène le processus du passage de la vie à la mort (et vice-versa) de façon métaphorique, mais l’ensemble, malgré ses qualités, reste fort abstrait et, sans être morbide, manque un peu de fantaisie.

    (B. Longre)

    Ces articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 245 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008)

     

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  • Un peu de théâtre

    9782742777815.gifMoi et ma bouche, de Denis Lachaud, illustrations Patrick Fontana
    Actes Sud-Papiers, Heyoka jeunesse, 2008

     

    Pièce créée sur scène en octobre dernier, Moi et ma bouche donne la parole à Pauline, adolescente plongée dans un long coma (« enfermée à l’intérieur d’elle-même »), mais aussi à certains de ses organes : sa bouche, ses yeux, ses oreilles et son cerveau. Les dialogues qui s’instaurent entre elle et eux lui permettent de tromper son ennui, tandis que grâce à son cerveau, elle revit certains souvenirs (dont l’accident qui l’a mené sur ce lit d’hôpital), et parvient peu à peu à reprendre contact avec le monde extérieur. Le procédé rappelle En voiture Simone, de Luc Tartar (Lansman jeunesse, 2006), où les cinq sens de la jeune héroïne étaient personnifiés. Si Denis Lachaud traite la thématique avec moins de fantaisie, le ton reste léger. Les phrases sont brèves, sobres et vont à l’essentiel sans pourtant se départir de poésie, via les séquences oniriques qui succèdent aux scènes des deux mondes de Pauline.

     

    9782070616176.gifThomas More ou L'homme libre de Jean Anouilh
    Gallimard jeunesse, Scripto, 2008

     

    Thomas More (1478-1535) auteur de l’Utopie (1516), s’opposa, par fidélité à ses principes (et au pape), à la volonté royale, ce qui lui valut d’être condamné à mort par Henry VIII. Figure historique qui a inspiré une autre pièce célèbre (A Man for All Seasons de Robert Bolt, 1954), More incarne ici l’homme libre qui jamais ne plie, prêt à se sacrifier, à l’instar d’Antigone, au nom de ses principes et de ce que lui dicte sa conscience. Publiée en 1987 à La Table Ronde, peu de temps avant la mort d’Anouilh, cette pièce est rééditée en Scripto, visiblement à l’attention des grands collégiens ou des lycéens, sans que cette parution propose pour autant d’appareil critique (hormis une brève biographie de Thomas More en fin d’ouvrage) – ce qui est regrettable, vu la complexité des questions éthiques et politiques abordées et les nombreuses références au contexte historique.

     

     

    9782070618316.gifJe vais au théâtre voir le monde
    de Jean-Pierre Sarrazac, illustrations Anne Simon

    Giboulées, collection Chouette penser ! 2008

     

    Cet ouvrage entre essai et documentaire propose un panorama diachronique (mais non linéaire) et générique du théâtre en tant qu’art du spectacle, « du présent et de la présence » ; hormis le retour sur les origines grecques du théâtre, l’auteur offre des tentatives de réponses à des questions rarement abordées : pourquoi aller au théâtre ? Seulement pour se divertir ? Pourquoi la comédie ? La tragédie ? Quels éléments distinguent le roman du théâtre ? De la même façon, on comprendra comment le théâtre est toujours « action », qu’il y a « des » théâtres, chacun s’inscrivant dans une société donnée, et que le spectateur sera nécessairement impliqué dans une représentation. Une lecture stimulante, dans une prose simple qui n’exclut cependant pas le développement d’idées complexes et paradoxales.

     

    (B. Longre)

     

    couv245_grand.jpgCes articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 245 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008)

     

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  • Lectures théâtrales - BIS

    pommerat.jpgPinocchio de Joël Pommerat, illustrations d'Olivier Besson

    Actes Sud papiers - collection Heyoka jeunesse, 2008

     

    On pourrait croire l’histoire usée jusqu’à la corde et pourtant, Joël Pommerat signe un Pinocchio résolument optimiste et innovant, en particulier du point de vue de la langue ; une interprétation où l’humanité du pantin n’est pas engendrée par un phénomène magique, mais se construit « tellement progressivement que même le père ne s’en était pas rendu compte ».

    La construction suit toutefois la trame de l’original, tout en adoptant un rythme énergique et en proposant des dialogues enlevés, souvent amusants, voire insolents. Un « présentateur » fait office de récitant, ce qui permet de faire le lien entre les épisodes et de planter les différents décors.

     

    adkeene.jpgL’apprenti, de Daniel Keene
    traduction de l’anglais (Australie) Séverine, Magois

    Éditions Théâtrales - jeunesse, 2008

     

    L’Apprenti se penche intelligemment sur la relation entre les pères et leurs fils, par le biais d’une amitié choisie entre Pascal, un quadragénaire qui n’a pas vu son père depuis longtemps et Julien, 12 ans, qui regrette qu’on ne puisse choisir son père idéal… Le sien, indifférent, ne lui convenant pas, il a décidé d’enseigner à Pascal (malgré les réticences de celui-ci), l’art d’être père. Ils apprennent à se connaître à mesure que les mois passent, lors de promenades et de rendez-vous dans des lieux variés. Naît une belle complicité, dont on sait pourtant qu’elle ne serait pas la même si Pascal était le père véritable du garçon… Un décor épuré, « non réaliste » (ainsi que l’indique l’auteur) sert de cadre à cette intrigue bien bâtie et d’une grande finesse psychologique.

     

    madani.gifErnest ou comment l’oublier d’Ahmed Madani

    L’école des loisirs, théâtre, 2008

     

    Marie-Louise et Yvonne, deux vieilles artistes de cirque, vivent dans l’attente de l’improbable retour de l’homme aimé, Ernest, et passent leur temps à se chamailler plus ou moins gentiment ; ce qui ne les empêche pas de se soutenir mutuellement quand l’une perd la mémoire ou que l’autre ne tient plus sur ses jambes. Leurs souvenirs les entraînent sur les pistes qu’elles ont connues, quand elles étaient Miss Lévitos et Melle Saltarella, tandis que dans le présent, elles s’escriment à balayer la poussière (préfigurant leur fin proche) qui s’accumule étrangement autour d’elles, envahissant l’espace scénique. Un duo attachant, dont la paradoxale vivacité réjouit le lecteur, et qui rappelle par instants (à travers la thématique de l’humain face à la mort) la pièce de Suzanne Van Lohuizen, Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir (L’Arche éditeur, 2006).

     

     (Blandine Longre, décembre 2008)

     

    revue244.jpgCes articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 244 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008)

    les autres numéros : les sommaires des numéros des deux dernières années sont consultables en ligne. Les numéros des années précédentes ont été numérisés et sont consultables en texte intégral sur le site. 

    http://www.editionstheatrales.fr/

     

    http://www.ecoledesloisirs.fr/index1.htm

     

    http://www.actes-sud.fr

     

     

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  • RectoVerso, revue

    rectoverso4.gifLa revue Recto/Verso est un espace de travail et d’échange autour de l’étude de la création littéraire et artistique. Dévouée à la jeune recherche internationale dans l’étude de la genèse des œuvres et des manuscrits d’écrivains, dans différents domaines littéraires, linguistiques et artistiques, Recto/Verso est une revue interdisciplinaire et quadrilingue. Elle publie des articles en anglais, français, espagnol et italien et se compose de cinq rubriques - « Cahiers de genèse », « Rendez vous », « Passerelles », « Marges » et « Apprentissages ».

    Le numéro 4 vient de paraître, intitulé "Mauvais genres".

    Le sommaire 

    "Du roman noir à la littérature de jeunesse, de la science-fiction au roman sentimental ou policier, cette littérature, pour faire l’objet, depuis de nombreuses années, d’études scientifiques, reste prise dans le spectre du genre à contraintes. Souvent abordée sous l’angle exclusif du procédural ou de l’archétypal, elle peine à s’extraire, malgré la diversité de ses réalisations, du carcan des mauvais genres, ceux-là même qu’on fréquente sans (trop) le dire, et qu’on hésiterait en principe à interroger dans le cadre d’une recherche génétique. (...) Au cœur de ce numéro, l’importance prise par la réflexion théorique de la section « Passerelles » met justement en lumière la question de la valeur. Quels sont les codes socioculturels et historiques, les implicites qui entravent la pleine jouissance de cette littérature ? Alors même que seul le plaisir de la lecture semblerait à même de sauver ces mauvais genres, il apparaît que sous la contrainte, la liberté de la création sourde, comme une évidence plus éclatante encore d’avoir été longtemps contenue – sinon retenue. À ce titre, l’entretien avec Blandine Longre permet de mesurer, du côté de l’auteur, cette évidence de la création en littérature jeunesse, là où il serait trop facile de ne voir que la mise en œuvre d’un cahier des charges plus ou moins invariant." (Editorial, Guillaume Bellon)

    http://www.revuerectoverso.com/

     

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  • Lectures théâtrales

    carel.gifInséparables ! de Fanny Carel
    L’école des loisirs, théâtre, 2008

     

    Violette et son frère Bruno sont aux prises avec Nasta, une abominable marâtre qui a tué leurs parents ; refusant de les voir grandir, elle affame délibérément les deux petits. Mais Violette n’y tient plus et les enfants prennent la fuite. L’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ne suffira pas à les sauver des griffes de Nasta, et il faudra l’intervention d’un roi pour qu’enfin ils puissent vivre en paix.
    Dans cette pièce inspirée de nombreux contes, la résilience enfantine (ou simplement humaine) est à l’honneur. Le conte s’achève avec la mort de la sorcière, incarnation du mal et de la cruauté, mais aussi de la part sombre de la maternité (quand elle maintient volontairement les enfants dans un état de dépendance alimentaire). Ces ramifications psychanalytiques fort intéressantes (qui satisferont les lecteurs adultes) témoignent de la richesse des niveaux de lecture de ce texte.

     

    milovanoff.jpgLa carpe de Tante Gobert de Jean-Pierre Milovanoff, illustrations de Lino

    Actes Sud papiers - collection Heyoka jeunesse, 2008

     

    Selon son père, Philippon pourrait être « le meilleur élève du collège », s’il n’était pas un cancre… Pour le remettre dans le droit chemin, on envoie le garçon en vacances forcées chez Tante Gobert, une « femme rude et imprévisible » qui n’a qu’une obsession depuis 30 ans : pêcher le plus beau poisson du lac situé devant sa masure. Au fil des rencontres – un lutin, une carpe, un peintre, une jeune fille, un pêcheur – la tante revêche se radoucit… Mais Philippon mûrit-il vraiment ? Rien n’est moins sûr. Cette histoire fantaisiste, agréablement illustrée, entrecoupée de chansons, est une comédie légère qui célèbre avant tout l’insouciance de l’enfance : « Enfant, on reste un enfant / Pas moyen de faire autrement, On s’amuse et on attend / Le jour où l’on sera grand / Pour regretter le bon temps », ainsi que l’affirme l’un des chants.

     

    gauthier.gifUne jeune fille et un pendu de Philippe Gauthier

    L’école des loisirs, théâtre, 2008

     

    Dans un décor indéfini dominé par un vieux chêne, Marc, une corde autour du cou, voit arriver Déborah, une jeune fille aux jambes ensanglantées. Tandis que le garçon tâche de lui transmettre sa passion pour les chiffres (et son besoin compulsif de compter tout ce qui lui tombe sous la main, des feuilles aux flocons de neige), Déborah lui apprend à danser. Ils s’attachent l’un à l’autre au fil des saisons, jusqu’au jour où un certain Pierre entre en scène...
    Le texte, qui met en contact deux souffrances, est composé dans une langue familière, aux phrases brèves, coupantes. La vie, la mort, l’amour s’enchevêtrent entre tragédie et légèreté, tandis que les corbeaux qui s’insinuent entre les scènes, commentant les activités des humains ou vivant leur propre vie (avec ses querelles, ses amitiés ou ses attachements) participent de la tonalité parfois très irrévérencieuse de l’ensemble ; une impertinence qui, au-delà du sort tragique des personnages et de la thématique, nous arrache quelques sourires.

     

     (Blandine Longre, décembre 2008)

     

    Ces articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 244 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008)

    les autres numéros : les sommaires des numéros des deux dernières années sont consultables en ligne. Les numéros des années précédentes ont été numérisés et sont consultables en texte intégral sur le site. 

    http://www.ecoledesloisirs.fr/index1.htm

     

    http://www.actes-sud.fr

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  • Le Visage Vert - bis

    Je parlais récemment de la revue de littérature Le Visage Vert et de son numéro 15.

    Romain Verger, que l'on retrouve aussi ici, lui consacre un bel article dans Sitartmag.

     

    Le Visage vert , revue de littérature, n° 15 (éditions Zulma, responsable de la rédaction : Xavier Legrand-Ferronnière)

     

    Pour information : Le Visage Vert est édité par l'association Le Visage Vert depuis 1995. Le n° 1, auto-édité, est épuisé, mais un retirage est envisagé. Les numéros 2 à 13 — coédités avec les Éditions Joëlle Losfeld — ne sont plus disponibles en librairie, mais on peut les commander directement auprès du Visage Vert, au numéro, ou sous forme de collection « complète ». Enfin les numéros les plus récents (14 et 15) sont coédités avec les Éditions Zulma et donc disponibles en librairie. A partir de cette année (2008) le Visage Vert propose une collection d'ouvrages.

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  • Harfang, revue de nouvelles

    Après un numéro centré sur Pierre Bordage, la revue Harfang, née en 1991 et dirigée par Joël Glaziou, poursuit sa route avec un numéro 33 paru en octobre dernier, consacré aux « prix de la nouvelle ». On y trouvera plusieurs textes, dont une énigmatique nouvelle de Marc Bernard (Quién sabe… ?), lauréat du prix de la nouvelle d’Angers 2008 (organisée par Harfang et l’association Nouvelles R) et une autre intitulée Contes d’auteur, signée Alain Kewes, qui relate une découverte littéraire de taille (doublée d’une aventure éditoriale fort ironique). On lira aussi des entretiens stimulants, dont l’un avec le même Alain Kewes, fondateur des éditions Rhubarbe. Ce dernier revient sur la genèse de sa maison d’édition et sur le premier texte publié (une délicieuse histoire en vers, du pur libertinage que je recommande vivement : Moi aussi), sur ses choix et les critères qui, pour lui, entrent en jeu, tout en précisant qu’il refuse de s’enfermer dans un genre spécifique et aime à publier également du « court hybride », des textes « qu’on range, faute de mieux, sous l’appellation ‘récit’, ‘carnet’ ou ‘prose courte’ », une façon « d’établir des ponts contre nature ».

     

    lire aussi

    La nouvelle de A à Z, ou troisième tour du monde de la nouvelle en langue française, de René Godenne - Editions Rhubarbe, 2008

     

    Et sur le genre et ses frontières.

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  • Quand Twain revisite le Paradis

    twain.gifLe blog du Visage Vert, loin d'être replié sur lui-même, propose quelques belles idées de lectures recensées ici, des ouvrages publiés par des éditeurs indépendants. On y trouve entre autres certains textes de Mark Twain, publiés par L'Oeil d'or.

    Lettres de la Terre, L'Oeil d'or, 2005 / Journal d'Adam et journal d'Ève, de Mark Twain
    L'Oeil d'or, 2004 -
    collection fictions & fantaisies - Traduction Freddy Michalski, ill. Sarah d'Haeyer
    The diary of Adam and Eve (Hesperus Press 2002)

    La véritable histoire d'Adam et Eve...

     

    Journal d'Adam et journal d'Ève réunit plusieurs textes peu connus de Mark Twain et dont les diverses publications s'étendaient jusqu'à lors de 1906 à 1962 en anglais. Tous ont en commun les deux ancêtres bibliques, revus et corrigés par le satiriste Twain, qui a imaginé les journaux intimes d'Adam et d'Eve, depuis leurs premiers jours au paradis jusqu'à leur chute, en passant par leur exploration de l'Eden et la découverte de l'arbre de la connaissance. En résulte une chronique à l'humour décapant, qui dérive en partie de la naïveté originelle des deux protagonistes et de la description de leurs tâtonnements intellectuels et empiriques, leurs conclusions (souvent erronées) et leurs questionnements sur le monde idyllique et totalement absurde dans lequel ils vivent : Eve s'étonne avec justesse qu'un tigre ou qu'un lion soit condamné à se nourrir de framboises ou de légumes, alors que leur mâchoire semble plutôt indiquer qu'ils sont destinés à être des carnivores... De même, Adam s'interroge sur l'origine de sa compagne, qui déclare avoir été créée à partir d'une de ses côtes, alors que ses côtes sont toujours bien en place... Celle qu'il nomme "la nouvelle créature" (en la gratifiant tout d'abord du pronom anglais "it", en lieu et place de "she") avec une pointe de misogynie (déjà !) l'agace par ses bavardages incessants et dérange sa solitude : elle le suit partout où il va, s'obstine à nommer les choses qu'ils rencontrent avant même que lui ait eu le temps de réfléchir à un nom... Twain accorde ainsi le pouvoir du verbe à Eve, qui pense que le mutisme d'Adam est dû au fait "que peut-être, il n'est pas très intelligent." Assurément, elle ne se trompe guère sur son compte, lui qui s'obstine à ne pas reconnaître ses propres enfants, les prenant d'abord pour de mystérieux poissons, puis des kangourous, et enfin des ours, pour enfin comprendre, bien des années plus tard, qu'ils sont des "garçons" ! Une façon d'insister sur l'ignorance crasse du premier homme mais aussi d'illustrer avec drôlerie les stades par lesquels passe chaque être humain, de la naissance à l'âge adulte.

    twain2.jpgL'humanité naissante selon Mark Twain peut se résumer ainsi : un homme peu curieux, acceptant son lot sans se poser trop de questions et déjà désireux d'éviter une compagne désignée par un créateur invisible, qui n'apparaît que sous forme de "voix" lointaine, (contrairement à Satan...) ; Eve est une femme active, impatiente de découvrir ce monde qu'elle explore sans relâche, charmante dans sa hâte à nommer tout ce qui croise son chemin et dans son entêtement à vouloir comprendre chaque phénomène (le feu, les étoiles ou l'instinct maternel...). Et pourtant, peu après la chute, Adam prend conscience de cette énergie bouillonnante et se dit qu'il pourrait en tirer profit (puisqu'il leur faudra maintenant travailler pour vivre...). Eve seule est consciente de la beauté qui les entoure (la femme est déjà poète, s'abreuvant de courtes phrases qu'elle compose spontanément), alors que son compagnon a une fâcheuse tendance à ne considérer les choses qu'à travers un prisme utilitariste...
    Ces textes amusants, subtils et semi-philosophiques abordent aussi des questions d'ordre générique et social, et, tout particulièrement, dénoncent en filigrane certains comportements typiquement masculins (qui auraient donc été véhiculés par la bible ?). Suivent quelques extraits "autobiographiques" de la main d'une Eve vieillie qui revient sur son "enfance" au paradis, se remémorant sa soif de savoir quand elle était encore une "scientifique", une rivale d'Adam et que tous deux recherchaient le sens du terme "mort" (bien entendu soufflé par le serpent ; Lettres de la Terre sont dédiées au "Journal de Satan"). Un autre passage ("Adam's soliloquy") voit Adam en visite au Musée d'histoire naturelle de New-York puis discutant avec une dame, l'une de ses descendantes, assise sur un banc...
    Dans cette « compilation», Twain joue (et se joue) des mythes bibliques et du conte de la genèse, tout en faisant montre d'un humour brillant : une relecture de la bible (et de ses incongruités, inhérentes à toute légende) particulièrement savoureuse et amorale, à la lumière des découvertes scientifiques de son temps, livrant de délicieux anachronismes darwiniens ou parsemant son Eden de quelques ptérodactyles ou autres brontosaures...

    (B. Longre)

     

    http://loeildor.free.fr/

     

    http://www.hesperuspress.com

     

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  • Zaporoguons - suite...

    zaporogue5.jpg

    LE MAGAZINE "LE ZAPOROGUE" #5 EST SORTI
    "THE ZAPOROGUE" MAGAZINE ISSUE #5 IS OUT NOW

     

    Textes et images de/Texts and images by: Thibault de Vivies, Didier Dæninckx, Jean-Yves Lemesle, Lynn Hoggatt, Kim « Kix» Jeppesen, Sébastien Doubinsky, Michel Embareck, Jonas Lautrop, Michael Moorcock, Tabish Khair, Jean-François Mariotti, Hélène Dassavray, Métie Navajo, Pierre Cherruau, La bande des 4 (Doubinsky, de Vivies, Mariotti, Sendek), Zach Seemayer, Claro, Nicolas Richard, Eric Coulaud, Lionel Osztean, Alexandre Planque, Blandine Longre, Arlene Colombe, Hiquily Ole Wesenberg, Nielsen Johannes Høje, Cathy Ytak, Manu Rich, Celina Osuna, Matt Gangi.

     

     

    Lien direct: http://www.lulu.com/content/5336540

    À télécharger gratuitement ou à acheter en ligne.

     

    – édité par Sébastien Doubinsky, éditions du zaporogue

    http://www.myspace.com/zaporogue

     

     

    Lire aussi l'entretien que La Revue des ressources a accordé à Sébastien Doubinsky
    http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1043

     

     

    Et la présentation de quelques publications, vivement recommandées.

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  • Le VV sur les ondes...

    livre_l_524.jpg

    L'émission Mauvais genres, ce samedi 13 décembre de 21 à 22 heures sur France Culture, sera consacrée à Gaston Leroux, Fu Manchu... et à la revue Le Visage vert. Avec la participation d'Anne-Sylvie Homassel (membre de la rédaction du Visage vert et traductrice des aventures de Fu Manchu chez Zulma).

     

    Le numéro 15 du Visage Vert est en cours de lecture de mon côté, et j'y ai déjà découvert quelques auteurs dont les histoires, pour la plupart glaçantes, sont à leur place dans cette parution intitulée "Hantises et malédictions".

    On lira entre autres Le Succube de Jules Bois (1868-1943), où libido et mortido sont indissociables. Bois, ami de Huysmans, journaliste, féministe, versé dans l'occultisme, y relate comment la victime masculine, peu à peu, se laisse posséder par le démon qui a pris les traits de sa compagne décédée ; et le récit se fait plus décousu, le style plus saccadé à mesure que le narrateur bascule dans un état fébrile, engendré par ses terreurs...

    D'autres scènes propres à générer quelques plaisants cauchemars composent N° 252, rue Monsieur-le-Prince de Ralph Adams Cram (auquel Michel Meurger consacre un dossier stimulant), une histoire de fantôme (et de maison hantée) atypique, aux révélations imprévisibles ; tout comme La vallée morte, du même auteur, au début de laquelle le narrateur nous met en garde : "des histoires qui deviennent, alors que la nuit court à son plus profond, et que le feu s'affaisse, de plus en plus étranges, de moins en moins crédibles ; mais je les tiens, moi, pour vraies." Une façon de souligner le pacte narratif qui s'instaure entre l'auteur et son lecteur, invité à jouer le jeu et à entrer dans des mondes imaginaires oppressants - pourtant fort vraisemblables...

     

    On lira aussi les autres nouvelles qui composent ce numéro,  signées Jean Cassou (avec un dossier d'Eric Vauthier), Leopoldo Lugones, Anne-Sylvie Salzman, Norbert Sevestre, etc.

     

    Le Visage Vert, revue de littérature, n° 15 (éditions Zulma, responsable de la rédaction : Xavier Legrand-Ferronnière)

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  • Brèves, anthologie permanente de la nouvelle

    arton3162.jpgParution du dernier numéro de la revue Brèves (n°86)

    Avec des nouvelles inédites de Tadeuz Rozewicz (Traduit du Polonais) Jean-Claude Guillon, Dieter P. Meier-Lenz (Traduit De l’allemand) Isabelle Milkoff, François Teyssandier, Michel Wallon, Stephane Bonnefoi, Richard Huitorel, Anne Banville, Samuel Ico, Irene Duboeuf, Thomas Vinau, Michel Lamart, Chris Simon

    L’invité du numéro : le peintre SERGE KANTOROWICZ

    Pour en savoir plus sur la revue

    et sur ce blog

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  • Sélection 2008

    revue243.jpgLe numéro 243 de la Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, décembre 2008) vient de paraître : un numéro spécial qui propose, comme chaque année à cette période, une sélection d'ouvrages choisis parmi les nouveautés éditées de septembre 2007 à septembre 2008 - un choix de plus de 800 titres...
    Livres illustrés, contes, romans, poésie, théâtre, BD, documentaires, chansons, multimédia, magazines, etc.

    Articles consultables en ligne.

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  • Livre & Lire

    Je n'avais pas encore remercié l'écrivain Frédérick Houdaer pour son article consacré entre autres à ce blog, et paru dans le n° 231 de la très dynamique revue Livre & Lire (mensuel du livre en Rhône-Alpes et supplément régional à Livres Hebdo, publié par l'Arald).
    L'occasion de mentionner le blog http://houdaer.hautetfort.com/ et le travail d'éditeur de Frédérick, qui dirige depuis peu la collection À Charge, aux éditions À plus d’un titre. Une collection "dédiée à une littérature noire, vibrante et contemporaine", avec deux premiers romans : LES RUINES DE LA FUTURE MAISON d’Hélène Dassavray et CURTIS de Dominique Salon.

    arald.jpg

     

     

     

     

     

     

    Tous les numéros de Livre & Lire sont disponibles ici http://www.arald.org/journal_archives.php.

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  • Lire du théâtre ? Quelle idée !

    revue242.jpgCes articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 242 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, septembre 2008)

    Ce numéro comprend entre autres un dossier complet sur Nicole Claveloux, des dizaines de recensions (romans, albums, documentaires, poésie, etc.), un entretien avec Christian Bruel (Editions Être), une revue des revues, etc.

    les autres numéros : les sommaires des numéros des deux dernières années sont consultables en ligne. Les numéros des années précédentes ont été numérisés et sont consultables en texte intégral sur le site.

    bonbon.jpgLes Sœurs Bonbon, d'Emmanuelle delle Piane, Lansman - Lansman Jeunesse

    Dans la famille Bonbon, je voudrais… les sœurs (Réglisse et Guimauve) et le père. Quant à la mère, morte il y a longtemps, Monsieur Bonbon l’a beaucoup pleurée. Confiseur hors pair, il fournit en sucreries la famille royale et ses savantes recettes réjouissent la Reine, ses « larmes au sucre » ayant des vertus curatives sur le Prince. Et quand la souveraine exige que l’on double, puis triple, la production, les sœurs Bonbon s’en chargent. Mais bientôt, les larmes viennent à manquer…
    Emmanuelle delle Piane publie cette année trois pièces (Moi, tit Jack, ed.Mise en mots, et Orage à Belle Maison, éditions Campiche), dont Les Sœurs Bonbons, comédie familiale et sentimentale entrecoupée de chants, où les dialogues fusent sans temps mort ; un texte pour gourmands des mots qui offre une vision très positive (et idéaliste) de la solidarité, quand le bien commun l’emporte sur les clivages de classes sociales et que les individus, sans sacrifier leur bonheur, parviennent à s’ouvrir aux autres. Pour en savoir plus http://www.dellepiane.ch/

    petula.jpgWanted Petula de Fabrice Melquiot, L’Arche Editeur - collection Théâtre Jeunesse

    Après Bouli Miro (2002) et Bouli Redéboule (2005), Fabrice Melquiot offre un nouvel opus centré sur Bouli, garçon tout rond, à présent 12 ans et 101 kilos. Celui-ci gère comme il peut parents et beaux-parents (Daddi et Améthyste… peut-être une vampire, Mama Binocla, remariée à Jo Moudugenou, lanceur de javelot) et s’interroge toujours sur la disparition de sa cousine Petula, introuvable. Bouli, persuadé qu’elle fait « la grève des humains », part à sa recherche… dans l’espace : des rencontres saugrenues, entre poésie et fantaisie pure, contrebalancées par le bon sens de Bouli - qui ne peut s’empêcher de « mettre une rouste » au Petit prince, jeune arrogant… La route vers Petula n’est pas « une ligne droite », il faut surmonter ses peurs, accepter les questions sans réponses, mais l’histoire d’amour est émouvante à souhait. On ne se lasse pas du théâtre jeune public de F. Melquiot, qui ne se cantonne pas à des mises en situation formatées ; à chaque pièce, il renouvelle le genre et montre une inventivité illimitée.

     

     

    hubert.jpgHubert au miroir de Dominique Richard, Editions Théâtrales

     

    « Faire le deuil pour grandir », écrit l’auteur, parlant de son personnage narcissique ; Hubert, sur le seuil de l’adolescence, rêve de « traverser le miroir », de se fondre dans le double insaisissable qu’il admire tant. Grandir, « mais tout conserver avec moi, tout retenir » de son enfance ; tout comme il aimerait détester son père, en trouver un autre ou se débarrasser de son encombrant petit frère. Les paradoxes de l’entrée dans l’entre-deux adolescent se côtoient, dans cette pièce d’apprentissage intelligente, qui explore plusieurs pistes, pose de vastes questions : « Les plus beaux mystères ne sont pas toujours ceux qu’on pense déchiffrer » ; ainsi, d’énigmes en questionnements, de sautes d’humeur en réconciliations, le protagoniste grandit, même s’il devient maladroit et n’est plus certain de sa beauté d’antan... Succession de brèves séquences, entrecoupées de soliloques d’Hubert ou de son père et de rêves, la pièce décline les frustrations à surmonter et les questionnements d’un garçon intelligent, dont on suit le parcours avec plaisir.

     

     

     

    mechant.jpgMéchant ! d'Anne Sylvestre, Actes Sud Junior - Poche Théâtre

     

    Entre Croch’patte la brute et Biquette la vaillante, pourtant « copains », rien ne va plus. Le premier fait de son mieux pour harceler la seconde (en lui volant son goûter), qui résiste pourtant aux attaques verbales ou physiques de son assaillant. Croch’patte cherche le point faible, la faille qui pourrait lui donner l’illusion de soumettre Biquette à sa volonté, mais plus il attaque, mieux elle se défend, astucieusement, en fine stratège, sans pour autant nourrir une quelconque haine envers celui qui voudrait faire d’elle un souffre-douleur. En plaçant l’action dans une cour de récréation, l’auteur facilite l’identification entre le lecteur et ses personnages et permet aux enfants de rapidement établir des correspondances entre une histoire au prime abord farfelue et leurs propres expériences. Elle examine ainsi les mécanismes des conflits, leurs sources (en particulier la crainte de passer pour un faible ou encore la jalousie et le manque d’affection) et propose quelques façons de les résoudre. Des répliques brèves, des mises en situation ludiques qui parleront d’emblée au jeune lecteur : cette fable sur l’amitié est un jolie réussite. On ne manquera pas de consulter le mini dossier pédagogique établi par Christophe Lécullée.

     

     

    http://www.arche-editeur.com/index.htm

    http://www.actes-sud-junior.fr/

    http://www.editionstheatrales.fr

    http://www.lansman.org

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  • "Résister dans la cacophonie"

    arton158.jpgUne nouvelle revue littéraire ? Encore une... se lamenteront sans nul doute certains. Alors que toutes les initiatives de ce type méritent d'être examinées avant d'être jugées, ne serait-ce parce qu'elles témoignent généralement d'une volonté de renouvellement, d'une prise de risque certaine et d'un désir de créer des "espaces" où la parole est parfois susceptible de se libérer autrement, à partir de règles inédites, sinon innovantes.

    Le premier numéro de l' "espace-revue contemporain" TINA / There is no alternative paraît dans a paru il y a quelques jours. Publiée par les éditions èRe, animée par un collectif (Éric Arlix, Chloé Delaume, Hugues Jallon, Dominiq Jenvrey, Emily King, Jean-Charles Massera, Jean Perrier et Guy Tournaye), TINA propose des fictions, un dossier ("la littérature occupée" pour ce numéro) et une partie intitulée "veille", composée de critiques diverses.

    Les propositions énoncées dans l'éditorial, qui ressemble fort à une profession de foi, permettent de se faire une idée de ce que les "animateurs" entendent bâtir à partir de cet outil, entre expérimentation, ouverture et résistance. Certes, certaines assertions me laissent un peu perplexe - à savoir que la littérature ne serait pas "une affaire de divertissement"... alors qu'ouvrir un livre relève d'abord du principe du plaisir (ceci n'engage que moi) et que j'entends bien me divertir aussi en lisant (après, tout dépend de la définition du "divertissement" que l'on retient - entre "l'action de détourner de ce qui occupe", au sens pascalien du terme - celui que les contributeurs ont retenu -, et les notions de "jeu" et "plaisir", il peut y avoir un gouffre).

    De même, l’idée suivante : « la solution face à la désertification de l’espace littéraire n’est pas de multiplier les mirages internet et les blogs en forme de rivière folle à descendre d’un scroll, bordée tous les trois posts des :- ) et des ;- ) des visiteurs… » me paraît bien peu justifiée. Déjà, le terme « désertification » est excessif, pour ne pas dire alarmiste (peut-être suis-je naïve), mais surtout, le fait de schématiser l’outil Internet (et de n’en retenir que des aspects sans intérêt) pourrait faire croire à une certaine posture conservatrice que dément, bizarrement, la création d’un blog collectif, conjointement à la parution de TINA. (Il va de soi qu'on ne défend pas l’Internet et ses dérives en tant que tel, mais l’usage que l’on peut en faire… il en est de même pour le papier ou tout autre « support ».) Ajoutons que la toile littéraire se porte assez bien et qu'il s'agit seulement de savoir faire le tri... :-)

    Hormis ces réserves, il y a bien des choses à glaner dans la revue, qui elle-même contient des textes fort « divertissants » (oui, je les ai lus avec plaisir...), comme un extrait de Tuer Catherine de Nina Yargelov (à paraître en 2009 aux éditions POL) ou Vox Populi de Karoline Georges (parodie très lucide d'une démocratie vouée au ridicule). Quant au dossier, il s'interroge sur " l'occupation " du territoire littéraire actuel (qui se l'approprie, comment tenter de l'investir de nouveau, etc.), avec plusieurs contributions, dont celles de Dominiq Jenvrey (La littérature doit s'occuper à fabriquer l'action du futur) ou de Chloé Delaume (La République Bananière des Lettres), pamphlet sur le mode du guide socio-politico-économique, dont on retiendra entre autres : "La République Bananière des Lettres compte deux fêtes nationales. La Rentrée de Janvier et le Grand Sacrifice de Septembre, qui fait l'objet d'une surveillance récente d'Amnesty International."

     http://www.editions-ere.net/projet158

    Voir aussi ce qu'en dit François Bon
    http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1367

    La revue TINA sera présente au 18e salon de la revue (10-12 octobre 2008, Espace des Blancs-Manteaux, Paris IVe)
    http://www.entrevues.org/

     

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  • Théâtre !

    Tête à claques de Jean Lambert, Lansman, 2008

    Les jumeaux Stef et Mika s’apprêtent à fêter leur douzième anniversaire, quand l’un d’eux est arrêté, accusé d’avoir incendié l’école du village, une grange et un café. Le garçon revient douze ans plus tard et découvre que son frère et la table de banquet l’ont attendu, figés dans le temps. De courtes saynètes se succèdent, retraçant l’enfance difficile des deux enfants, en butte aux moqueries de leurs pairs – tout comme Sauveur, leur père, et Gina, leur mère, étaient méprisés par les villageois. L’écriture presque scandée (des phrases brèves en vers libres et des redites qui tendent à la ritournelle) permet d’apprécier ce texte, qui restera cependant ardu à suivre pour de jeunes lecteurs, de par son découpage et les non-dits qui s’accumulent. On s’intéressera cependant à la genèse atypique de Tête à claques, résultat d’un travail scénique qui lui-même s’inspirait d’une nouvelle de Jean Lambert (disponible en fin d’ouvrage) ; une façon de montrer combien écriture et mise en scène sont parfois interdépendantes. (B. Longre)

    Cette pièce, mise en scène par les Ateliers de la Colline (en coproduction avec le Théâtre de la Place, Liège), se joue actuellement. Lire l'article de Samia Hammami.

     

    p638.jpgOù est passé Mozart ? d’Ariane Buhbinder - Lansman, 2008

    Depuis un an, Félix prend des cours de chant avec Anna, trentenaire comme lui, dont il est tombé amoureux. Elle éprouve des sentiments similaires mais tous deux tournent autour du pot, ne savent comment s’avouer les choses, hésitent, parlent à mots couverts, sans cesse interrompus par les appels téléphoniques de la fille d’Anna qui a perdu son doudou, Mozart le canard…
    Les références à Tolstoï (par le biais du roman Anna Karénine) interpelleront les lecteurs adultes, tandis que les plus jeunes s’amuseront des chants et du jeu (parfois enfantin) de ces adultes, tous deux parents divorcés, qui abordent nécessairement la difficulté de leurs enfants respectifs à accepter la situation. Un éclairage original pour traiter avec pudeur de la séparation, de l’amour et de la difficulté d’accepter le changement. Souvent ludique et farfelue, Où est passé Mozart ? reste pourtant ancrée dans l’ici et le maintenant, et l’écriture, faite de ruptures, de blanc, de phrases avortées, reflète parfaitement la difficulté de dire le désir, les sentiments et les émotions. (B. Longre)

    http://www.lansman.org

    revue2412.jpgCes articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 241 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, mai 2008).
    Ce numéro propose, hormis nombre de recensions sur des parutions récentes, un vaste dossier intitulé : "Mais qui sont les héros de la littérature de jeunesse ?" Les héros d'hier et d'aujourd'hui, figures paradoxalement atemporelles, y sont analysés, expliqués, interrogés - de Fifi Brindacier à Tom-Tom et Nana, de Tobie Lolness aux nouveaux héros des romans de fantasy.

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  • Pouce-Pouce, Petite-Peau et Petit Poucet

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    Ah la la ! Quelle histoire, de Catherine Anne – Actes sud junior, Théâtre, 2008

    Pouce-Pouce a beau être « malin-malin », il est plutôt mal parti dans l’existence : dernier de sa fratrie, le plus petit (de la taille d’un pouce), il est « hyper-pauvre » et, pour couronner le tout, sa famille l’a abandonné dans la forêt… Quant à la princesse Petite-Peau, elle vit cachée sous une peau de chien depuis sa fuite du château familial, par crainte de devoir épouser son père… Les deux enfants perdus se croisent, décident de faire route ensemble et de s’entraider. Ils font plusieurs rencontres – Boustifaille, la fille de l’ogre, une vieille femme qui leur fait boire de l’herbe d’obéissance, un serpent indolore, une maison magique et une fée… Chaque aventure étant le prétexte d’une épreuve à surmonter. On aura compris que Catherine Anne applique ici la formule du détournement de contes (Tom-pouce, Le Petit Poucet, Peau d’Âne, Hansel et Gretel…), certes classique, mais amplement réussie, à laquelle elle ajoute de multiples clin d’œil en entrelaçant les récits ; cela donne une histoire d’amour à la fois grave et légère, des dialogues enlevés, une intrigue rythmée (avec de multiples rebondissements et changements de cadres) et le tout se lira avec délectation.
    B. Longre

    9782742774180.jpgLe petit poucet de Caroline Baratoux - illustrations Vincent Fortemps - Collection Heyoka – Actes sud papiers, 2008

    Une nouvelle fois, le théâtre se propose de réinvestir un conte qui appartient au répertoire habituel  : une histoire qui mêle le désespoir des parents à l’aventure d’un petit garçon courageux et malin, qui prend peu à peu son indépendance. Ce Petit Poucet se distingue néanmoins de la version originale, d’abord en insistant sur les dilemmes parentaux et leurs ambivalences, souvent occultés dans les versions traditionnelles : la mère passive et le père qui culpabilise à l’idée de devoir laisser ses fils dans la forêt – une solution qui l’arrange cependant, en cela qu’il peut retrouver un peu de la tranquillité amoureuse d’antan, seul à avec son épouse (« sans nos enfants… loin et heureux peut-être, / soulagés au moins… plus légers… / Pour nous retrouver comme avant », dit-il). De même, Caroline Barratoux a créé un héros humain, qui saura non seulement guider ses frères mais aussi aider son père à grandir, à prendre confiance en lui et à devenir un vrai père. Les échanges en vers libres sont de qualité, à l’instar des illustrations de Vincent Fortemps. Celui-ci propose sa version à lui de la pièce, plus sombre, peut-être, que le texte, mais admirablement crayonnée.
    B. Longre

    Ces articles ont paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 241 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, mai2008).

    http://www.actes-sud-junior.fr/

    http://www.actes-sud.fr

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  • De la Chine à la France et vice-versa...

    shanghai.jpgLa Revue littéraire de Shanghai, animée par Tang Loaëc (fondateur de La Vénus littéraire, qui signe aussi la rubrique L’Enfer sur Bibliobs), Cécile Oberlin (la webmistress) et Fabienne Trunyo (qui partage son temps entre France et Chine) a pour objectif avoué d' « ouvrir un espace propice à la réinvention d’une vie littéraire mettant en résonance la langue française et une réalité chinoise mithridatisée par le creuset Shanghaien. » Une belle passerelle, donc, qui permet des échanges fructueux et promet de belles choses : des articles critiques consacrés principalement à la littérature chinoise et à ses interactions avec la culture française, des nouvelles, des dossiers. On ira lire, entre autres, Mingong, un texte émouvant de Tang Yi-Long (nom chinois et de plume de T. Loaëc), ou Les pyjamas de Shanghai, jolie chronique de Fabienne Trunyo - des suggestions non exhaustives...

    http://www.shanghai-litterature.com

    « Les références à la France abondent à Shanghai, qui revendique de nouveau son rang de Paris de l’Orient. Le cœur de la ville est hanté par les fantômes de la concession française, qui mettent tant de grâce à raviver ses souvenirs et à inspirer parfois son avenir.
    Les mondes de l’art, de l’architecture, de l’économie aussi portent les marques renaissantes d’une passion française pour Shanghai, faite de fascination et d’affinité. Dans une ville dont la puissance tellurique et le tourbillon humain sont d’une brutalité qui peut inspirer ou éteindre le mouvement de l’écriture, la renaissance d’une réalité littéraire nourrie à la confluence de la langue française et de la Chine ne se décrète pas.
    Cette réalité littéraire existe parce que des gens écrivent en français, à Shanghai ou sur Shanghai. Elle existe aussi parce que des écrivains chinois encouragent à la traduction de leur œuvre et à sa diffusion en français, dont nous voulons aussi nous faire écho. Elle existe enfin parce que des départements de littérature française dans les universités chinoises portent encore un regard sur une littérature française qu’il nous appartient collectivement de continuer de faire vivre. »
    (Les fondateurs)

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  • Revue Incognita, Bruno Doucey

    incognita.jpgParaît ce mois le troisième numéro de la revue Incognita (avec, à sa tête, Luc Vidal, directeur de la publication et Pierrick Hamelin, rédacteur en chef), publiée par les éditions du Petit Véhicule, un numéro consacré, entre autres choses, au travail et à l'oeuvre de Bruno Doucey, poète, écrivain, éditeur. Le dossier approfondi débute sur un entretien, dans lequel le poète retrace son parcours, parle de son rapport à l'écriture et à la poésie, de résistance, liée à la lutte de Victor Jara (à propos duquel il a signé cette année un roman dans la collection "Ceux qui ont dit Non" - Actes Sud Junior), et aborde son activité d'éditeur chez Seghers, en continuité avec l'écriture poétique telle qu'il la conçoit : "Ecrire, publier de la poésie : un même acte de résistance, une même réponde apportée à la détresse humaine (...) Changer le monde ou changer le regard que nous portons sur le monde : dans les deux cas, j'assigne à la littérature le rôle de faire bouger les choses."

    A propos de l'écriture elle-même, plus précisément du processus qui mène à la création, il répond : "Avant de prendre la plume, une même attitude s'impose : il faut donner du temps à l'impression d'arriver et d'entrer, ouvrir son esprit aux effets qu'elle produit et s'en laisser pénétrer." Les textes qui suivent rendent hommage à l'oeuvre, par le biais de témoignages, de poèmes et d'analyses fouillées qui dévoilent les différentes facettes (et il y en a !) du créateur.

    D'autres richesses composent ce numéro, que l'on recommande vivement (est-il besoin de le préciser ?), dont un entretien avec Jean-Pierre Engelbach, directeur des éditions Théâtrales depuis leur création en 1981, un texte d'Alain Kewes, responsable des éditions Rhubarbe, dans la rubrique "Un éditeur à son auteur" ou encore un article portant sur le travail de Pascal Bouchet, collagiste.

    Incognita n° 3, juin 2008
    ISBN : 9782842736620
    nombre de pages : 152

    La Revue
    www.petit-vehicule.asso.fr/revues_02.php?id_revue_titre=58

    La maison d'édition
    http://www.petit-vehicule.asso.fr/
    que l'on peut aussi retrouver ici
    myspace.com/editionsdupetitvehicule  

    Les éditions du Petit Véhicule publient aussi les Cahiers d'Etudes Léo Ferré, dont Jocelyne Sauvard parle ici www.sitartmag.com/leoferrevidal.htm

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