Mascarade de Sacha et Nancy Huston
Actes Sud Junior, collection poche théâtre, 2008
Un loup, une chèvre… jusqu’ici, on se trouve en terrain connu. Mais quand s’engage le dialogue (véritable quiproquo dû à des confusions lexicales et phonétiques), que tombent les masques et qu’apparaissent successivement d’autres protagonistes (dont un rappeur et un psychanalyste…), on comprend qu’aux mains des auteurs (mère et fils), la base du conte risque de subir quelques détournements. La scène initiale devient scène de ménage puis scène de séduction, et ainsi de suite. Ludique (autant au niveau langagier que scéniquement), Mascarade propose des dialogues vifs, des altercations rythmées, au fil des transformations parfois surprenantes. Par le biais de références que seuls les adultes reconnaîtront, sans pour autant devenir des obstacles de lecture pour les plus jeunes (pas avant le collège, semble-t-il, contrairement à ce qui est proposé par l’éditeur), le texte présente plusieurs niveaux de lecture qui enrichissent le propos, évoquant en filigrane l’idée d’une quête identitaire sans fin – en écho avec les mots du loup (« où vais-je ? D’où viens-je ? Qui sois-je ? »…) – et la notion que les masques métaphoriques que nous revêtons et les méprises qui s’ensuivent sont le lot commun. (B. Longre)
Cet article a paru en compagnie de quelques autres dans le numéro 240 de La Revue des livres pour enfants (La Joie par les livres / BNF, avril 2008).