Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Critiques - Page 7

  • Anna K. de Marti Rossello

    b1410a55d31e2f949e408c8fbe8f26e5.jpg

    Anna K. de Marti Rossello
    traduit du catalan par Marie-José Castaing, éditions Tinta Blava.

    Anna K. existe-t-elle ?

    Quel mystère recèle le nom de famille laconique de l'héroïne éponyme ? Le lecteur sera-t-il à même de percer l’énigme ou bien l'auteur lui en livrera-t-il la clé ? D'emblée, ce nom tronqué est une incitation, une tentation. Il arrive parfois que ce qu'évoque la combinaison d’un simple prénom et d’un patronyme épouse à la perfection les caractéristiques du personnage ainsi nommé : Anna K. est sans nul doute tout aussi fascinante que sa dénomination et l'ouvrage, qui retrace par le menu l'existence tour à tour mouvementée et paisible de cette création littéraire hors normes, se présente comme une biographie intime et une fresque familiale déjantée, entre domesticité domptée et romanesque débridé.

    Profondément hybride, proche et lointaine, affreusement quelconque et pourtant captivante, Anna K. résiste à toute tentative d’enfermement dans un résumé ; disons que l’intégralité du roman repose sur l'histoire d'une famille marquée par un incontrôlable fatum et dont les péripéties tragi-comiques, loufoques et sauvages valent bien celle des mythiques Atrides...

    Lire la suite de l'article

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 0 commentaire 0 commentaire
  • Les Boréales

    7bfcd887e66359198e9b3a0f6ebefe36.jpgL'affiche du prochain festival pluridisciplinaire (littérature, musique, danse, photo, cinéma…) que propose chaque année le Centre régional des lettres de Basse-Normandie est une invitation à elle toute seule... Les manifestations se déroulent du 12 au 25 novembre 2007 à Caen et en région. Cap sur la Suède pour cette 16e édition, à laquelle sont conviés de nombreux auteurs scandinaves, dont Laila Stien, auteure des Têtards dans un bocal ( Thierry Magnier , traduction de Jean-Baptiste Coursaud – un roman fantaisiste à souhait), lors d’un débat sur la littérature jeunesse norvégienne ; l’artiste finlandaise Kaisa Leka, auteure de I am not these feet (éditions Cactus), le romancier norvégien Gunnar Staalesen (dont il faut lire Le Roman de Bergen aux éditions Gaïa, traduction d’Alexis Fouillet), la romancière finlandaise Riikka Ala-Harja (Tom Tom Tom et Reposer sous la mer chez Gaïa), la suédoise Katarina Mazetti (il ne faut surtout pas passer à côté du Mec de la tombe d’à côté vendu à plus de 450000 exemplaires en Suède et publié en 2006 chez Gaïa).

    Programme en ligne

    5cdd43e18c8fa4c1fbc7df4ee5f5bd44.jpgLe mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti, traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, Gaïa, 2006

    Comment deux êtres que tout sépare (Désirée, bibliothécaire cultivée et Benny, éleveur de bovins) peuvent-ils envisager une vie ensemble ? Leurs points communs : tous deux ont laissé filer les années et, arrivés à la trentaine, supportent mal leur solitude (Désirée a perdu son mari, avec qui elle s’ennuyait, et Benny vit en vieux garçon, dans la ferme héritée de ses parents). Leur histoire d’amour mouvementée, aussi étonnante que douloureuse, sera le fil conducteur de ce roman cocasse et piquant, dans lequel l’auteur donne la parole en alternance à chacun des deux protagonistes : ils s’interrogent sur ce qu’ils aimeraient enfin faire de leur vie et sur qui ils sont vraiment. Même si le fossé social et culturel paraît impossible à combler, l’histoire touchante et fantaisiste de leur relation emporte le lecteur dans le tourbillon sans fin de leurs brouilles et de leurs rabibochages, de leurs chagrins et de leurs doutes, de leurs colères et de leurs manies... on ne s’en lasse pas, et le lecteur sera rassuré d’apprendre que deux autres titres de Katarina Mazetti paraissent en novembre de cette année, Les larmes de Tarzan et Entre Dieu et moi, c'est fini.
    B. Longre (juillet 2007)

    www.gaia-editions.com

     

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 2 commentaires 2 commentaires
  • Marie-Salope de Gisèle Bienne

    113f35177987acd7fe488acd04a264c8.jpg

    Marie-Salope ou La Jeune Fille et la Vie, de Gisèle Bienne
    Ed. Climats, Collection Arc-en-Ciel, 2004

    Le Péril jeune…

    Cet âpre roman, d’abord paru en 1976 aux Editions Des Femmes, met en scène et en mouvement perpétuel une toute jeune fille impétueuse, curieuse et révoltée, dont les envies d’évasion vont naturellement à l’encontre de ce qui est attendu d’elle. Incomprise, insoumise, elle souffre de la médiocrité ambiante, de l’existence éteinte de ses parents agriculteurs et de frères et sœurs (« les autres », comme elle les appelle) déjà dans le moule, passés dans le monde adulte et appelés à vivre raisonnablement ; elle n’accepte pas non plus la violence d’un père volage et le manque d’affection maternel – en dépit de ses tentatives pour qu’enfin sa mère la reconnaisse et l’accepte comme son enfant, telle qu’elle est. Les humiliations et les petites persécutions, pas forcément délibérées, s’intègrent naturellement au quotidien, s’accumulent et forment un nœud de souffrance, tout au long de l’été ici conté, élargissant le gouffre qui déjà sépare Marie de son milieu familial.

    « On l’appelle Marie-Salope pour rire, naturellement, mais aussi parce qu’elle se salit facilement, parce que leur propreté ne la fascine pas. » Devant cette fille qui ne « veut jamais faire comme tout le monde » et qu’ils ne comprennent pas, ils ont recours, au gré de leurs humeurs, aux moqueries, aux stratégies culpabilisantes, à la mesquinerie inscrite en eux, aux interdictions absurdes et normalisantes, et enfin à la violence : celle des mots, puis celle des mains qui régulièrement s’abattent sur Marie – le dégoût qu’elle semble inspirer à son père la poussant à le provoquer – comme après le grand « complot » qu’ils ont fomenté un soir (lui couper ses beaux cheveux de force parce que « ça ne fait pas propre »), un événement vécu (par Marie et le lecteur) à la manière d’un viol identitaire, une dépossession qui engendre une amertume légitime – amplifiée par le silence complice de sa mère.

     Lire la suite de l'article

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire
  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    4230774d71760429b57635758345bd8d.jpg

     Les Démons caca de Fabienne Loodts, Editions Esperluète, 15 euros.

    Vade retro…

    « Nous avons tous notre démon caca », raconte Fabienne Loodts, talentueuse auteure-illustratrice belge ; dans cette étonnante série de portraits pleine page exécutés au fusain, chaque personnage se retrouve affublé, en guise de couvre-chef, d’une étrange bestiole (démon grimaçant, dragon difforme, gargouille aux griffes acérées, gremlins en noir et blanc…), à la manière d’un ornement maléfique qui le suit partout où il va : ces diablotins sont l’incarnation de la noirceur que l’on porte en soi, et on peut accepter leur tyrannie, s’en accommoder, ou l’accueillir à bras ouverts, on peut aussi tenter de dissimuler son démon ou l’affronter violemment, en vain ; l’on choisira alors d’apprivoiser la bête et de minimiser son emprise par le biais d’un dialogue lucide…
    En dépit de son titre surprenant, cet ouvrage n’a rien de scatologique (hormis la malfaisance infantile et primaire de nos propres démons), et c’est d’abord un objet artistique remarquable où les textes, brefs et limpides, accompagnent les illustrations sous forme de légende. L’allégorie évoque quelque ancienne vision infernale, tel un bestiaire moyenâgeux remis au goût du jour –  et sous-entend l’idée que l’humain est bel et bien une créature hybride, capable du meilleur comme du pire, mais seule responsable de ses choix.
    © B. Longre

    www.esperluete.org/

    www.wesentlich.com/fabienne

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire
  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    33a8585a0870df274e2fd6a3bb8c9fa8.jpg

    Chroniques des quais, David Wojnarowicz, Ed.Désordres, trad. de l’anglais par Laurence Viallet

    La vie à vif

    C’est au cours de pérégrinations aux quatre coins des USA que David Wojnarowicz (écrivain, artiste militant de la scène underground, mort du Sida en 1992) a collecté de saisissants témoignages retranscrits sous forme de brefs monologues, l’écriture calquant habilement leur oralité originelle. Près d’une cinquantaine de voix anonymes, celles des laissés pour compte, orphelins d’une « amérique » dévoyée, confrontés à un ordinaire de violence (physique et morale) : jeunes fugueuses, prostitué(e)s, ex-taulards, travestis, routiers et vagabonds confient leurs errances, leurs dérives choisies ou non. A partir de ces lambeaux d’existences, instantanés sordides, paradoxalement cocasses et vivifiants, Wojnarowicz, porte-parole de la marge, fait rejaillir l’humanité, généralement déniée, de cette multitude invisible et tourmentée ; humanité qui prend le pas sur la subversion, l’impudeur ou l’obscénité de surface. Reflet inversé du capitalisme, ce strip-tease urbain vaut bien nombre d’études sociologiques.
    editions-desordres.com
    Entretien avec Laurence Viallet

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 0 commentaire 0 commentaire
  • Magazine TOC - Chroniques 2005-06

    638fa913e781d66332084f4095d620f3.jpgJ'ai récemment appris que le magazine TOC, mensuel indépendant et contributif, était sorti en kiosques pour la dernière fois en juin 2007.  Les numéros (le premier datant d'octobre 2003) sont néanmoins répertoriés dans leurs archives. J'avais contribué à quelques numéros dans la rubrique littérature en 2005-2006, en proposant des critiques d'ouvrages décalés ou souvent sous-médiatisés (lesquels sont toujours en bonne place sur mes étagères !) En voici déjà une, d'autres suivront - histoire de les faire partager à nouveau.

     

    04489fd9dae60794a5ba2f22e1bd3b73.jpgNorma de Maïa Brami, Editions Folie d’Encre, 2006 - 160 p. 15 euros.

     

    Fêlures

    Que fait Norma, maigrichonne de sept ans, crâne rasé sous une casquette qu’elle refuse d’ôter, dans un foyer pour enfants abandonnés ?  Et que lui veut Léo, adolescent rêveur et buté, réputé pour son comportement instable ? Le personnel du centre s’en méfie, surveille ses moindres faux pas, alors que Léo ne cherche qu’à prendre Norma sous son aile, à se perdre dans le regard de cette petite sœur rayonnante mais brisée, et à partager avec elle ses rêves de liberté.
    Maïa Brami écrit aussi pour la jeunesse mais dans ce roman, il n’est pas seulement question d’enfance abîmée : les adultes sont tout autant fragiles que les enfants dont ils ont la charge, leurs fêlures n’ayant pu s’atténuer avec le temps - le psychologue agressif, agacé par les silences de ses jeunes patients, la surveillante solitaire qui ne peut réfréner son mal d’enfant et qui perd le sens des réalités, la mère de Norma, attendant d’être jugée, ou bien celle de Léo, dont il se souvient avec terreur… Pour s’évader d’un univers loin d’incarner le réconfort attendu, les enfants forment des alliances implicites et se confient à leurs pairs, avec leurs mots à eux, plutôt que de répondre aux questions des adultes qui tentent de contrôler leurs amitiés ou leurs émotions.
    Un récit poignant, pudique, où s’entrecroisent des quêtes affectives dont il n’est pas certain qu’elles aboutissent, mais qui, libérées par les mots, ouvrent de nouveaux horizons aux personnages malmenés par l’existence. Sans misérabilisme ni mièvrerie, dans une langue exigeante, regorgeant d’heureuses trouvailles poétiques, l’auteure mêle la froideur du réel à la douceur accueillante des rêves, entre dialogues spontanés, tensions intérieures et douleurs muettes.
    Editions et librairie Folies d'encre, 9 Avenue de la Résistance, 93100 Montreuil
    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire
  • La Promesse de Shanghai

    e8d4282884921315d2bbfe40ef3dd605.jpgUn roman que j'avais lu d'une traite, La Promesse de Shanghai, d'abord publié chez Bleu de Chine (une maison de qualité, dont l'excellent catalogue se trouve ici), vient se sortir en Babel. Son auteur, Stéphane Fière (qui vit en Chine depuis plusieurs années) propose depuis peu quelques chroniques en ligne sur un blog qu'il a intitulé "Chine Nouvelles" ; un site où il entend  parler "de la Chine ordinaire, celle que l'on cache habituellement et dont personne ne parle jamais; je prends des faits divers tirés de la presse chinoise et je "fictionnalise", c'est un peu comme du réel romancé ou de la fiction réaliste! tous les deux jours j'écris une courte nouvelle mais tout ce que j'invente est vrai, ou vraisemblable." On y retrouve le regard lucide et critique de La Promesse de Shanghai - pour découvrir la Chine sous son vrai jour...

    Article et entretien (mai 2006) avec S. Fière à lire sur Sitartmag.

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone, Sur le Web 1 commentaire 1 commentaire
  • Mélanie Cuvellier

    7396b7639c19639c1ed163ada9911d5f.jpgLes mots, ça m’est égal
    de Mélanie Cuvelier - Exprim’ Sarbacane, 2007

    Un tout nouveau roman paru dans la collection Exprim' des éditions Sarbacane (destinée aux grands ados, jeunes adultes et grands adultes...)
    lire l'article sur Sitartmag

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire