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révoltes

  • Marie-Salope de Gisèle Bienne

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    Marie-Salope ou La Jeune Fille et la Vie, de Gisèle Bienne
    Ed. Climats, Collection Arc-en-Ciel, 2004

    Le Péril jeune…

    Cet âpre roman, d’abord paru en 1976 aux Editions Des Femmes, met en scène et en mouvement perpétuel une toute jeune fille impétueuse, curieuse et révoltée, dont les envies d’évasion vont naturellement à l’encontre de ce qui est attendu d’elle. Incomprise, insoumise, elle souffre de la médiocrité ambiante, de l’existence éteinte de ses parents agriculteurs et de frères et sœurs (« les autres », comme elle les appelle) déjà dans le moule, passés dans le monde adulte et appelés à vivre raisonnablement ; elle n’accepte pas non plus la violence d’un père volage et le manque d’affection maternel – en dépit de ses tentatives pour qu’enfin sa mère la reconnaisse et l’accepte comme son enfant, telle qu’elle est. Les humiliations et les petites persécutions, pas forcément délibérées, s’intègrent naturellement au quotidien, s’accumulent et forment un nœud de souffrance, tout au long de l’été ici conté, élargissant le gouffre qui déjà sépare Marie de son milieu familial.

    « On l’appelle Marie-Salope pour rire, naturellement, mais aussi parce qu’elle se salit facilement, parce que leur propreté ne la fascine pas. » Devant cette fille qui ne « veut jamais faire comme tout le monde » et qu’ils ne comprennent pas, ils ont recours, au gré de leurs humeurs, aux moqueries, aux stratégies culpabilisantes, à la mesquinerie inscrite en eux, aux interdictions absurdes et normalisantes, et enfin à la violence : celle des mots, puis celle des mains qui régulièrement s’abattent sur Marie – le dégoût qu’elle semble inspirer à son père la poussant à le provoquer – comme après le grand « complot » qu’ils ont fomenté un soir (lui couper ses beaux cheveux de force parce que « ça ne fait pas propre »), un événement vécu (par Marie et le lecteur) à la manière d’un viol identitaire, une dépossession qui engendre une amertume légitime – amplifiée par le silence complice de sa mère.

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    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone 0 commentaire 0 commentaire