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  • The Enormous Room

    ERoom_lg.gifMonsieur le Ministre was evidently rather uncomfortable. He writhed a little in his chair, and tweaked his chin three or four times. The rosette and the moustache were exchanging animated phrases. At last Noyon, motioning for silence and speaking in an almost desperate tone, demanded:

    'Est-ce-que vous détestez les boches?'

    I had won my own case. The question was purely perfunctory. To walk out of the room a free man I had merely to say yes. My examiners were sure of my answer. The rosette was leaning forward and smiling encouragingly. The moustache was making little oui's in the air with his pen. And Noyon had given up all hope of making me out a criminal. I might be rash, but I was innocent; the dupe of a superior and malign intelligence. I would probably be admonished to choose my friends more carefully next time, and that would be all....

    Deliberately, I framed the answer:

    Non. J'aime beaucoup les français.'

    Agile as a weasel, Monsieur le Ministre was on top of me: 'It is impossible to love Frenchmen and not to hate Germans.'

    I did not mind his triumph in the least. The discomfiture of the rosette merely amused me. The surprise of the moustache I found very pleasant.

    Poor rosette! He kept murmuring desperately: 'Fond of his friend, quite right. Mistaken of course, too bad, meant well.'

    'With a supremely disagreeable expression on his immaculate face the victorious minister of security pressed his victim with regained assurance: 'But you are doubtless aware of the atrocities committed by the boches?'

    'I have read about them,' I replied cheerfully.

    'You do not believe?'

    'Ça se peut.'

    'And if they are so, which of course they are' (tone of profound conviction), 'you do not detest the Germans?'

    'Oh, in that case, of course anyone must detest them,' I averred with perfect politeness.

    And my case was lost, for ever lost. I breathed freely once more. All my nervousness was gone. The attempt of the three gentlemen sitting before me to endow my friend and myself with different fates had irrevocably failed.

    At the conclusion of a short conference I was told by Monsieur:

    'I am sorry for you, but due to your friend you will be detained a little while.'

    I asked: 'Several weeks?'

    'Possibly,' said Monsieur.

    This concluded the trial.

     

    (E.E Cummings, The Enormous Room, 1922)

     

     

     

    Plus d'informations en anglais : 

    http://www.gvsu.edu/english/cummings/ERoom.html

     

    et en français à propos de L'Enorme Chambrée (traduit de l'anglais par par D. Jon Grossman) : http://remue.net/spip.php?article1887

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  • Poésie en traduction

    racines.jpgEn complément du 2e numéro du Black Herald, on peut lire ici un poème de Jos Roy, accompagné de sa traduction en anglais. D'autres textes de Jos figurent au sommaire de la revue. 

    à propos de l'auteur, consulter cette page.

    D'autres poèmes, notamment sur Terres de femmes, anthologie poétique, et dans le n° 29 des Carnets d'Eucharis.

    (Photo: Romain Verger)

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  • Elles, de David Haziot

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    Elles
    David Haziot
    (Autrement, collection Littératures, 2004)

      

    Pour une révision de l'histoire et une audacieuse mythologie féminine

    L'histoire débute sur une course-poursuite étonnante, une chasse à l'homme (au sens propre du terme) organisée et impitoyable : les chasseurs sont des chasseresses, des femmes-gardes habiles et bien entraînées, des archères de premier ordre résolues à capturer leur proie masculine... Le mâle est roi, mais au lieu d'avoir accepté la castration rituelle qui devait mettre fin à son règne d'une année, il a tué la reine et s'est enfui...

    Nous sommes quelque part sur une île de la mer Égée (la Crète, peut-être), à une époque indéterminée du néolithique, un lieu où les femmes détiennent le pouvoir et vouent un culte quasi monothéiste à la Déesse-mère, une idole féconde, bienveillante envers ses croyantes mais terriblement belliqueuse envers les hommes. L'île de Keypora abrite ainsi un royaume prospère, une société rurale où la répartition des rôles est savamment agencée, de façon à assurer bien-être et confort aux femmes - un système qui ne peut passer que par la soumission des hommes. Afin de procréer, les femmes entretiennent une poignée d'hommes choisis pour leur docilité et leur obéissance aux désirs féminins, tandis que ceux qui sont jugés comme les plus agressifs sont émasculés, une façon d'éradiquer leurs penchants brutaux et leur agressivité naturelle.

    Ce bel équilibre est pourtant sur le point de se rompre et le drame, insensiblement, prend tournure, déterminé par les actes et les sentiments de quelques personnages pivots : Anya, la nouvelle reine, une jeune fille à qui Sakya, la grande prêtresse, transmet oralement ses savoirs et le grand "secret" de la procréation, détenu par quelques femmes seulement, un secret qui maintient les hommes à leur place et les empêche de se révolter ; Penthéa, une jeune guerrière fougueuse mais lucide, ennemie farouche de tout ce qui peut entraver les femmes ; Sigur, enfin, l'homme qu'Anya a choisi comme roi pour l'année à venir. Un homme dangereux selon Penthéa, l'Amazone qui déteste les hommes, mais dont la nouvelle reine, la douce Anya, est amoureuse.

    "Faute de mieux, nous appellerons roman le résultat de cette recherche (...) Conte, mythe des origines, fantasmes personnels ou libre enquête, chacun jugera selon son goût", nous dit l'auteur dans un éclairant prologue, refusant ainsi de se prononcer et dans le même temps d'imposer au lecteur une interprétation unique... Ceci étant, cet ouvrage peut d'abord se lire comme un merveilleux roman qui nous transporte dans un univers à la fois barbare et profondément humain, un âge d'or qui laisse songeuse, quand le monde appartenait encore à "elles"... Mais David Haziot n'a pas seulement voulu raconter l'amour, la trahison, la vengeance et l’extermination, et l’histoire sert avant tout d'une thèse, certes personnelle, mais étayée par de savantes recherches : ce récit inclassable interroge et remet en cause certains mythes fondateurs (avant un "dieu-père", il y aurait eu une "déesse-mère"), notre système social et notre regard sur la Préhistoire et les débuts de l'Antiquité. C'est ainsi qu'est explorée la théorie de l'existence d'un matriarcat ancestral sans lequel les premières tribus et les premières civilisations n'auraient pu survivre, une domination féminine qui aurait été ensuite éradiquée, occultée par les hommes durant des siècles - des hommes soucieux de maintenir, consciemment ou inconsciemment, un pouvoir durement gagné sur l'autre moitié de la race humaine. Cette reconstruction poétique de temps révolus, volontairement effacés des annales de l'histoire et de la mémoire collective est certes propice à la rêverie, mais pas seulement : les thèses ici avancées et le regard scientifique qui est porté sur l'histoire de l'humanité se fondent sur un abondant matériau livresque et une érudition de taille (présentés en détail en fin d'ouvrage, dans une passionnante bibliographie) et reprennent des recherches déjà effectuées par des historiens, des paléontologues, des primatologues, des anthropologues pour la plupart anglo-saxons (citons entre autres Marija Gimbutas, S. Blaffer Hrdy, Yves Coppens, C. Knight, M. Stone ou Merlin Stone).

    Il subsiste, au cœur de ces hypothèses, suffisamment de zones d'ombre pour entourer le récit d’une aura mythique et pour enclencher un riche processus imaginaire et une véritable attente dans l'esprit du lecteur, mais ce que le romancier-chercheur met en place apparaît comme hautement vraisemblable. En se penchant sur un moment pivot, l'époque où tout aurait basculé pour les femmes (entre 8000 et 4000 av. J.-C.) d'abord sur l'île de Keypora puis dans les territoires où les rescapées auraient tenté de reconstruire leur civilisation, David Haziot a pu construire une trame qui permet d'englober à la fois le passé lointain, le présent et l'avenir de la femme et de ses aspirations. On saura gré à l'auteur d'être un homme... Défenseur indirect de la cause des femmes, tout en refusant de promouvoir un féminisme de l'extrême, il met l'accent sur l’importance de la parité dans la dernière partie du roman (quand s’ébauchent les fondations d'une société plus juste, dans le respect mutuel et le partage des tâches et des pouvoirs - ce à quoi les sociétés occidentales tendent de nos jours, même maladroitement) ; un point de vue sociologique particulièrement intéressant, développé tout au long du roman, chacun des personnages principaux incarnant une conception différente de ce que doit être une vie en société : Penthéa la guerrière, convaincue de la suprématie intellectuelle et stratégique des femmes, a raison de se méfier des hommes et prône l'extermination et l'humiliation : "Sans la terreur que nous répandons, nous aurions depuis longtemps disparu. (...) Dès qu'ils mesurent leur force, ils ne rêvent que de s'en servir pour nous réduire en esclavage. (...) Partout des femmes vivent dans l’abjection, brutalisées, brisées, labourées par les hommes nuit et jour pour enfanter sans fin." Lance-t-elle à Anya, beaucoup plus mesurée et optimiste, peut-être plus naïve aussi : "Acceptons les hommes, élevons-les dès l'enfance dans l'idée du respect des femmes."

    C’est Sigur qui symbolise les hommes dont parle Penthéa - des hommes-esclaves, qu'ils soient objets sexuels ou eunuques, tous soumis aux lois des femmes qu’ils parviendront à combattre quand leur sera révélé le grand secret... C'est des années plus tard que Sigur comprendra que les hommes et les femmes gagneraient à vivre en harmonie, même s'il s'interroge toujours sur l'essence énigmatique de la féminité : "Comment les hommes avaient-ils pu voir des monstres en ces femmes ? Certes, il acceptait l’idée que la femme fût un être d'une étrangeté définitive. Ne l’avait-il pas remarqué même chez celles qui lui étaient apparemment soumises ? (...) Et pourquoi cette division de l'humanité en deux groupes liés pour la vie et si ennemis l'un de l'autre ? Les hommes autour se trompaient en leur attribuant des museaux de louve ou de panthère. Elles se montraient bien plus terribles en femmes, selon lui, car si dans l'âme elles étaient des fauves, leur masque de beauté les rendait beaucoup plus redoutables."

    Parabole universelle qui développe un révisionnisme éclairé, Elles est une vision fulgurante et lumineuse de l'histoire ancienne, revisitée par une plume vive et souple et une sécheresse narrative qui évite les digressions ; on appréciera la beauté et le souci de précision des descriptions de ce monde antique et parfois décadent, la grandeur des sentiments évoqués (sans pourtant en faire un mélo ou une interminable saga) et, bien entendu, l’évocation d’une société égalitaire, l’auteur opposant, au manichéisme des plus brutaux (qu’ils soient hommes ou femmes), les visions pacifiques d’Anya. Quand bien même certains seraient tentés de mettre à mal les théories ici émises (il est de bon ton aujourd'hui de dénigrer de nouvelles avancées féminines en se réconfortant dans l’idée que le statut des femmes a déjà pu bénéficier d'évolutions non négligeables et certainement suffisantes), cette re-création épique ne s'estompe pas avec le temps et pourrait peut-être devenir l'un des mythes fondateurs à propager autour de soi.

    B. Longre

    (article publié en juillet 2004 dans feu Sitartmag)

    ******************

    Entretien avec l'auteur (novembre 2004) à lire en format pdf.

    "Le récit a encore de beaux jours devant lui."

     

     

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  • En lecture

    9782814502734.main.pngClairVision de Nathalie Riera

    illustrations de Lambert Savigneux

    à découvrir ici.

    L'auteur

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  • En direct de Shanghai - par Philippe Rahmy

    "Chercher, s’enfoncer. Combien de fois mourir de son vivant, ou plutôt quelle place faire en soi à la mort pour écrire ? Nappes de silhouettes luttant contre des forces aussi liquides qu’elles, têtes humaines heurtant d’autres extrémités froides, mêlant toutes sortes de panaches, pollution atmosphérique, écoulements, câbles, sirènes, conversations, rails, tunnels, à cette mystérieuse ligne mentale ou géographique au-delà de laquelle revenir ne signifie plus rien. Etrange rivalité entre le voyage et l’écriture, chacun voulant prendre le pas sur l’autre. Chacun voulant tracer sa frontière. Impossibilité de « raconter » ce qui se passe, avalé par la masse de ce qui se produit et dont l’écriture constitue à la fois la négation, l’ossature et la peau. La dimension intermédiaire, placentaire, mélange d’heures, de vagues pensées et de pointes urbaines sert de lubrifiant au tremblement qui court entre les phrases et au- dehors. Devenir ce qui vient et non plus l’accueillir..."

    Extrait de "Shanghai n'est pas une ville", de Philippe Rahmy (actuellement en résidence d'écriture à Shanghai, invité par la Shanghai Writers Association avec le concours de Pro Helvetia).

    lire la chronique complète sur remue.net : Chronique d'un voyage 

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  • The Black Herald : revue de littérature, numéro 2

    the black herald,littérature,poésie,poetry,literatureLe deuxième numéro de la revue que je coédite avec le poète Paul Stubbs paraît dans quelques jours. On peut désormais le commander en ligne (ou par email), en attendant de le trouver dans les librairies signalées sur le site.

    http://blackheraldpress.wordpress.com/buy-our-titles/

    On pourra y lire, entre autres, des textes (en version originale et en anglais) des poètes français Laurence Werner David (poème traduit par John Taylor), dont nous avions déjà publié un poème (L'Epousé / The Bridegroom) dans le premier numéro de la revuePierre Cendors (dont le prochain roman, après Engeland, paraîtra en octobre chez Finitude) et Jos Roy, dont on peut découvrir des textes dans le dernier numéro des Carnets d'Eucharis, et qui tient un blog poétique (vivement recommandé) : http://belarbeltza.blogspot.com/ 

    On pourra de même lire une sélection d'aphorismes de Georges Perros (choisis et traduits par John Taylor) ainsi qu'un essai portant sur le poète Tristan Corbière (par Jean-Baptiste Monat, avec sa version anglaise en regard, par Rosemary Lloyd), un autre sur Arthur Rimbaud (par Paul Stubbs) et un troisième sur Jacques Derrida (par l'auteur britannique Hugh Rayment-Pickard). Du côté des aphorismes, nous publions aussi le Slovaque Róbert Gál (traduit par Michaela Freeman), qui est l'auteur d'un ouvrage paru chez Twisted Spoon Press (Signs & Symptoms), entre autres. 

    Les poètes de langue anglaise (pour la plupart traduits en français dans ce numéro), originaires d'Inde, de Grande-Bretagne, de la Nouvelle-Zélande ou encore des États-Unis sont eux aussi bien représentés : W.S. Graham (encore peu connu en France), Clayton Eshleman (par ailleurs traducteur de César Vallejo, d'Antonin Artaud ou d'Aimé Césaire, plus d'informations ici), Andrew Fentham, Hart Crane, Paul Stubbs, Alistair NoonIain Britton, Gary J. Shipley (dont on recommande l'ouvrage Theoretical AnimalsSudeep Sen, Will Stone, Delphine Grass et Michael L. Rattigan. Par ailleurs, on retrouvera le Néerlandais Onno Kosters (poèmes extraits d'un ouvrage intitulé Anatomy of Silt).

    Quant à la prose et à la fiction, nous sommes heureux d’accueillir des auteurs de divers horizons, dont Jacques Sicard (dont on peut lire certains textes ici) Dumitru Tsepeneag, André Rougier, Khun San, mais aussi le Péruvien César Vallejo (traduit par Michael Lee Rattigan), Danielle Winterton (qui coédite la revue Essays & Fictions), Lisa Thatcher, Anne-Sylvie Salzman, Dimíter Ánguelov (traduit par Cécile Lombard) et Robert McGowan (dont on peut découvrir les travaux et les ouvrages ici).

    Enfin, nous remercions Jean-François Mariotti et Romain Verger pour leurs photographies.

    Pour toute information supplémentaire sur les contributeurs de ce numéro. 

    Contact : blackheraldpress(at)gmail(point)com

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  • Ethel Mannin

    ethel mannin,anne-sylvie homassel,terre de brume,littérature,fictionLucifer and the Child (1945) Ethel Mannin

    Lucifer et l’enfant (traduction Jacques Light & Anne-Sylvie Homassel - Terre de Brume)

    http://www.terredebrume.com/librairie-en-ligne/Terres-fantastiques/ISBN-2-84362-244-1-Lucifer-et-l-Enfant.html

    Ethel Mannin (1900-1984) Romancière, essayiste et nouvelliste irlandaise. Bien que née à Londres — ses parents étaient anglais —, elle s’est fait un nom dans les lettres irlandaises. Activiste politique dans le camp anarchiste, féministe convaincue, militante de la décolonisation et de la révolution espagnole, Ethel Mannin a laissé une cinquantaine de romans, de nombreux articles et des dizaines d’ouvrages dans les domaines les plus divers : autobiographies, essais, recueils de nouvelles, livres de voyages, contes pour enfants, etc. Lucifer et l’enfant, l’une de ses rares incursions dans le fantastique, date de 1945.

    ethel mannin,anne-sylvie homassel,terre de brume,littérature,fictionPour plus d'informations sur l'auteur :

    http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/Wmannin.htm

    ethel mannin,anne-sylvie homassel,terre de brume,littérature,fiction

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