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ALA

  • "Closing Books Shuts Out Ideas"

    bannedbookssign.jpgJe parlais déjà de la "Banned Books Week" dans un billet daté de l'an passé. Une initiative dont on pourrait s'inspirer en France, et qui permet de réaffirmer l'idée de liberté, indissociable de la lecture et de la création littéraire, et l'absurdité de toute tentative de censure. La prochaine aura lieu du 27 sept. au 4 octobre 2008 et aura pour devise : "Closing Books Shuts Out Ideas", qu'on pourrait librement traduire par "Un livre refermé, c'est une idée qu'on enferme" (on peut en proposer d'autres, je suis preneuse).

    L'ALA (American Library Association) recense aussi les ouvrages qui ont été les plus controversés ou censurés durant l'année écoulée et établit un "top ten" qui, pour 2007, propose toujours le célèbre (et très inoffensif...) And Tango Makes Three de Justin Richardson et Peter Parnell (raisons données pour justifier la censure ou les "plaintes" : "Anti-Ethnic, Sexism, Homosexuality, Anti-Family, Religious Viewpoint, Unsuited to Age Group"), The Chocolate War de Robert Cormier (Sexually Explicit, Offensive Language, Violence), The Golden Compass de Philip Pullman (pour des raisons religieuses...), et les habituels The Adventures of Huckleberry Finn de Mark Twain (pour... racisme) et The Perks of Being A Wallflower de Stephen Chbosky (Homosexuality, Sexually Explicit, Offensive Language, Unsuited to Age Group).

    chbosky3.jpgDans un autre billet, je relevais en effet ce à quoi certains censeurs s'opposaient, et citait entre autres les jurons qu'un lecteur courageux de Pas Raccord de Stephen Chbosky avait fidèlement notés (attention, âmes sensibles s'abstenir...) : "Swirlie, A**holes, F**king, Hell, A**hole, smear the queer, cut and hunky, blow queen, knocked up, J****, b***hy dyke, bulls**t, bulls**t, Jesus, S**t, “I swear to G**, took a dump, blow job, F**k, f**ked-up, J****, F**king, G**, f**king freak, Faggot, G**, Faggot, Bulls**t, G**, F**k, F**k you, F**k you, f**king bastard, Pr**k, Hell, Pu**y, J****, Pu**y, A**hole, G**, Hell"...
    Non par plaisir (?), mais pour conseiller aux parents de ne surtout pas laisser cet ouvrage entre les mains de leurs adolescents et de s'opposer à ce que ce roman soit étudié en classe, par exemple. Le procédé consistant à dissimuler certaines lettres (plus malsaines que d'autres ?) frise évidemment le ridicule, car on reconnaît sans peine "God" ou autre "Fuck" (alors que d'autres termes, comme "Blow queen" ou "Faggot", ne bénéficient pas du même traitement - peut-être n'ont-ils pas été jugés suffisamment insultants ?)

    Plus sérieusement, les groupes de pression (associations de parents, communautés religieuses menant parfois de véritables croisades, etc.) sont généralement plus "efficaces" aux USA, et parviennent régulièrement à faire interdire certaines lectures par les conseils d'administration des établissements scolaires, qui préfèrent obtempérer plutôt que de donner raison aux enseignants. Pourtant, en France, on trouve çà et là des exemples assez frappants, qui surviennent plus souvent qu'on le croit.

    Une affaire relatée l'an dernier par Anne-Sophie http://www.lalettrine.com/article-6963542.html, que j'ai trouvée de ce côté-ci http://lescorpsempeches.net/corps/?p=169 ; une autre forme de censure, institutionnelle, comme relatée ici...

    http://www.ala.org/ala/oif/bannedbooksweek/bannedbooksweek.cfm

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  • Littérature et (tentatives de) censure - 2

    Suite à ma note qui concernait la Banned Books Week organisée par l'ALA afin de sensibiliser l'opinion américaine aux diverses pressions que subissent les bibliothèques (en particulier les départements jeunesse et ado) ou les enseignants de littérature, quelques informations supplémentaires sur les ouvrages "incriminés" et les lobbies qui remettent en cause la liberté d'expression.

    On peut consulter le site d'une organisation baptisée la "Library Patrons Of Texas" : des utilisateurs des bibliothèques texanes qui affirment être opposés à toute censure, ce qui ne les empêche pas de recenser en ligne les ouvrages qui ne devraient pas se trouver sur les rayons jeunesse des bibliothèques publiques... selon eux, les contribuables devraient pouvoir approuver le choix des ouvrages proposés au prêt et contrôler les achats des bibliothécaires... A défaut, ils se contentent d’informer le public (très subjectivement, on l'imagine) et proposent en ligne des exemples d’ouvrages qu’ils ont pris la peine de lire afin d'en extraire et de citer tous les passages propres à corrompre les lecteurs (qu’ils aient 3 ou 16 ans…) ; les objections les plus fréquentes concernent, on s'en doute, la sexualité, les termes injurieux, le blasphème ou encore les familles recomposées… On l’aura compris, ce ne sont pas les éventuelles qualités littéraires ou documentaires des ouvrages discriminés qui retiennent l’attention de ces citoyens vigilants (et plein de bonne volonté, il faut le reconnaître).
    Attention, la consultation de ce site peut s'avérer néfaste... Justement, l'association demande aux internautes de bien réfléchir avant de consulter les fiches des ouvrages répertoriés ("PLEASE BE ADVISED that some of the following excerpts contain profanity, explicit sexual content and graphic violence") et aux utilisateurs de moins de 18 ans de ne pas consulter leurs pages !

    4f5d621ef545c4a7d78aa803b16f4483.jpgUn exemple de "fiche", histoire de voir jusqu’où certains poussent le vice... : It’s Perfectly Normal, Changing Bodies, Growing Up, Sex, and Sexual Health  – un célèbre ouvrage documentaire destiné aux 10-14 ans, qui ose parler de sexualité (et d’homosexualité, grand dieu !), de reproduction et de puberté, sans même « citer une seule fois le mariage »…  www.librarypatrons.org/book.asp?ID=39

    Un autre exemple amusant, la façon dont sont relevés les jurons dans un roman ado-adulte (The Perks of Being a Wallflower de S. Chbosky) : "Swirlie, A**holes, F**king, Hell, A**hole, smear the queer, cut and hunky, blow queen, knocked up, J****, b***hy dyke, bulls**t, bulls**t, Jesus, S**t, “I swear to G**, took a dump, blow job, F**k, f**ked-up, J****, F**king, G**, f**king freak, Faggot, G**, Faggot, Bulls**t, G**, F**k, F**k you, F**k you, f**king bastard, Pr**k, Hell, Pu**y, J****, Pu**y, A**hole, G**, Hell"

    Un autre site du même acabit, tenu par une association qui a choisi de s'appeler très puérilement PABBIS, "Parents against bad books in schools" (ouh les vilains livres!). Ils proposent entre autres un manuel du parfait petit censeur (ou comment intervenir si un ouvrage choque la sensibilité des parents) www.pabbis.com/news.htm
    De quoi donner des idées à certains... ?

    Pire encore, on ira jeter un coup d'oeil à www.factsonfiction.org/ où les banques de données vont jusqu'à indiquer le nombre exact de profanités, de baisers ou d'attitudes "négatives" que l'on peut trouver dans des dizaines d'ouvrages (de Dahl à Twain en passant par Bradbury et London... sans parler des albums.) Là non plus, pas l'ombre d'un point de vue sur la qualité littéraire des ouvrages (hormis les "comportements positifs" de certains personnages)

    Ce ne sont que quelques exemples (plutôt savoureux) du puritanisme exacerbé auquel doivent souvent faire face les enseignants ou les bibliothécaires américains. Nous n'en sommes pas là, mais on peut lire ce qui est arrivé récemment au Livre de L'Hiver de Rotraut Susanne Berner (La Joie de Lire) www.snuipp.fr/spip.php?article4691 

     

    dc6d61471ab064ab2309e3f18627cb66.jpgDans un autre genre, mais toujours à propos de la liberté d'expression et de création, on s'inquiétera de l'affaire Camino 999 (roman de Catherine Fradier) qui est relatée sur deux sites http://www.rue89.com/2007 et http://passouline.blog.lemonde.fr/ainsi que sur le site de l'éditeur mis en cause.

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  • Littérature et (tentatives de) censure

    suite de cette note ici :  Littérature et (tentatives de) censure - 2

    c2e19d5141db9efdf411d22a82715d34.jpgUn professeur de littérature a été suspendu début octobre par la direction de son lycée suite à une plainte déposée par les parents d’un de ses élèves, pour avoir proposé à ce dernier un roman contenant des scènes de nécrophilie… Que l'on se rassure, ceci se passe au Texas, dans une ville de moins de 1000 habitants, forcément en émoi... (source Associated Press du 22 octobre dernier). Le roman incriminé est Un enfant de dieu (Child of God, 1974) de Cormac McCarthy (un auteur qui fait figure de « classique »). Je ne l'ai pas lu mais je tends à penser qu'il doit être excellent ou du moins qu'il présente quelques qualités littéraires... Il figurait en tout cas sur une liste d’œuvres sélectionnées par les enseignants du lycée.

    L’affaire fait déjà couler beaucoup d’encre – d’autant que l’enseignant en question serait maintenant accusé d’avoir fait des avances à l’une de ses élèves… (on ne voit pas le rapport, mais la police texane semble justement penser que tout est lié…) Bref. Là n’est pas le problème. Car même s’il est rare que les controverses de ce type prennent de telles proportions aux Etats-Unis, il reste que l’incident est loin d’être isolé, les bibliothèques publiques et les établissements scolaires étant fréquemment confrontés à des ingérences parentales disproportionnées, relayées par divers lobbies religieux, réactionnaires, néo-conservateurs et tutti quanti.

     

    Il existe fort heureusement un contre mouvement, mené par plusieurs associations (dont l’importante American Library Association, mais aussi des regroupements de librairies, d’auteurs, de journalistes et d’éditeurs) qui organisent chaque année depuis 1982 une semaine des « livres interdits » : Banned Books Week, dont la devise est « Free People Read Freely » ; un événement qui incite le grand public à lire ces ouvrages sulfureux (!) que d’aucuns aimeraient voir mis à l’index (et pourquoi pas brûlés… comme cela est souvent arrivé à Harry Potter), après avoir fait boire la ciguë à leurs auteurs, cela va de soi.

    b349d2656645f0cdb65e4ffeb8cbfe19.jpgAussi, l’ALA recense-t-elle les livres qui ont été le plus souvent conspués chaque année. Le grand vainqueur, en 2006, serait le désormais célèbre And Tango Makes Three, un (inoffensif ?) album pour petits de Justin Richardson et Peter Parnell, qui raconte comment un couple de pingouins mâles (il paraît que ça existe) adopte un œuf orphelin… (Un exemple qui m’en rappelle un autre, qui a eu lieu chez nous, à propos de Jean a deux mamans) et qui, selon ses adversaires, véhiculerait des valeurs propres à déstructurer le psychisme dès la plus tendre enfance...

     

    En jetant un oeil au "top 10" de cette même année, on découvre un roman de... Toni Morrison aux côtés de séries pour jeunes filles, mais les gagnants des années précédentes méritent eux aussi le détour : L'Attrape-coeur de Salinger, Des Souris et des hommes de Steinbeck ou encore Huckleberry Finn de Twain ! Pour les curieux, l'ALA recense les 100 livres les plus "controversés" entre 1990 et 2000, une liste dont on ne sait s'il faut rire ou s'effrayer : www.ala.org/ala/oif/bannedbooksweek/bbwlinks/100mostfrequently.htm

     

    www.ala.org/

     

    bannedbooksweek.htm

     

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