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Littérature et (tentatives de) censure

suite de cette note ici :  Littérature et (tentatives de) censure - 2

c2e19d5141db9efdf411d22a82715d34.jpgUn professeur de littérature a été suspendu début octobre par la direction de son lycée suite à une plainte déposée par les parents d’un de ses élèves, pour avoir proposé à ce dernier un roman contenant des scènes de nécrophilie… Que l'on se rassure, ceci se passe au Texas, dans une ville de moins de 1000 habitants, forcément en émoi... (source Associated Press du 22 octobre dernier). Le roman incriminé est Un enfant de dieu (Child of God, 1974) de Cormac McCarthy (un auteur qui fait figure de « classique »). Je ne l'ai pas lu mais je tends à penser qu'il doit être excellent ou du moins qu'il présente quelques qualités littéraires... Il figurait en tout cas sur une liste d’œuvres sélectionnées par les enseignants du lycée.

L’affaire fait déjà couler beaucoup d’encre – d’autant que l’enseignant en question serait maintenant accusé d’avoir fait des avances à l’une de ses élèves… (on ne voit pas le rapport, mais la police texane semble justement penser que tout est lié…) Bref. Là n’est pas le problème. Car même s’il est rare que les controverses de ce type prennent de telles proportions aux Etats-Unis, il reste que l’incident est loin d’être isolé, les bibliothèques publiques et les établissements scolaires étant fréquemment confrontés à des ingérences parentales disproportionnées, relayées par divers lobbies religieux, réactionnaires, néo-conservateurs et tutti quanti.

 

Il existe fort heureusement un contre mouvement, mené par plusieurs associations (dont l’importante American Library Association, mais aussi des regroupements de librairies, d’auteurs, de journalistes et d’éditeurs) qui organisent chaque année depuis 1982 une semaine des « livres interdits » : Banned Books Week, dont la devise est « Free People Read Freely » ; un événement qui incite le grand public à lire ces ouvrages sulfureux (!) que d’aucuns aimeraient voir mis à l’index (et pourquoi pas brûlés… comme cela est souvent arrivé à Harry Potter), après avoir fait boire la ciguë à leurs auteurs, cela va de soi.

b349d2656645f0cdb65e4ffeb8cbfe19.jpgAussi, l’ALA recense-t-elle les livres qui ont été le plus souvent conspués chaque année. Le grand vainqueur, en 2006, serait le désormais célèbre And Tango Makes Three, un (inoffensif ?) album pour petits de Justin Richardson et Peter Parnell, qui raconte comment un couple de pingouins mâles (il paraît que ça existe) adopte un œuf orphelin… (Un exemple qui m’en rappelle un autre, qui a eu lieu chez nous, à propos de Jean a deux mamans) et qui, selon ses adversaires, véhiculerait des valeurs propres à déstructurer le psychisme dès la plus tendre enfance...

 

En jetant un oeil au "top 10" de cette même année, on découvre un roman de... Toni Morrison aux côtés de séries pour jeunes filles, mais les gagnants des années précédentes méritent eux aussi le détour : L'Attrape-coeur de Salinger, Des Souris et des hommes de Steinbeck ou encore Huckleberry Finn de Twain ! Pour les curieux, l'ALA recense les 100 livres les plus "controversés" entre 1990 et 2000, une liste dont on ne sait s'il faut rire ou s'effrayer : www.ala.org/ala/oif/bannedbooksweek/bbwlinks/100mostfrequently.htm

 

www.ala.org/

 

bannedbooksweek.htm

 

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Commentaires

  • Hypocoristique !
    Suivant le Littré : "Qui exprime l'affection". Un comportement "hypocoristique" est typique des adultes qui gazouillent devant de petits enfants. Mme Edwige Antier a érigé le style hypocoristique en marque de fabrique pour parler des enfants, et manifestement ça plaît, même si elle s'adresse à des adultes... Et quand elle prétend que "Jean a deux mamans" est un livre qu'on ne devrait pas imposer aux "petits", elle n'a aucun argument raisonnable à faire valoir. Elle ne justifie pas l'idée qu'il y aurait imposition d'une norme là et pas en d'autres circonstances. Elle se drape dans une posture d'autorité (je sais de quoi je parle) tout en clamant une attitude compassionnelle envers les malheureux homosexuels (on croirait lire une encyclique vaticane).
    L'homophobie religieuse a ceci de particulier qu'elle proscrit les contenus homosexuels dans les livres pour la jeunesse au nom de l'insignifiance du sujet, notamment pour les petits. A ce titre, en suivant une telle logique, les livres pour les enfants ne devraient aborder que des sujets anodins. Evidemment, si l'on évacue tout ce qui pourrait "choquer" les censeurs, on pourra dire que les enfants ne s'intéressent qu'à des choses anodines, et s'appuyer sur cet "état de fait" pour perpétuer cette situation. En fait, c'est un argument circulaire, qui a des effets éminemment conservateurs.

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