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colas gutman

  • De l'attachement au détachement

    cgutman3.jpgLes inséparables de Colas Gutman
    Neuf de l’école des loisirs

    Simon et Delphine, les inséparables du titre, ont bien du mal à accepter que leurs parents se… séparent, que leur mère se retrouve seule, que leur père aille vivre chez Pierrette, qu’on leur impose les enfants de cette dernière, « Porcinet l’infâme » et « Marie-Neige tête à claques » qui, comble de malchance, fréquentent la même école… Pierrette devenue l’ennemie à abattre, le garçon et sa sœur mettent alors en place de multiples stratégies visant à déstabiliser la recomposition familiale - tour à tour la douceur, la rébellion, l’espionnage… Les adultes, qui en font trop peu ou pas assez, ne se doutent de rien, ou à peine, mais en prennent assurément pour leur grade ; d'ailleurs, les enfants aussi, que ce soit ceux de la « grosse vache » ou Delphine quand, peu à peu, elle semble se détacher elle aussi de Simon, qui ne comprend plus rien et se sent trahi. Inséparables, Simon et Delphine ? C’est du moins ce que croit le premier, qui fait aveuglément confiance à sa grande sœur, jusqu’au jour où l’impensable se produit et qu’un gouffre vient les… séparer, car Delphine se met à grandir, à mûrir, à pactiser avec l’ennemi, bref, à tout simplement s'accommoder de situations qu’elle trouvait intolérables quelque temps plus tôt. Déboussolé, le garçon ne sait plus vers qui se tourner, puis apprend peu à peu à faire avec, sans pourtant se départir de sa verve et de son esprit critique.

    Le regard acide et souvent lucide du jeune narrateur (qui n'est pas dupe des manoeuvres de séduction parfois hypocrites des adultes) est un pur régal, oscillant entre drôlerie et cruauté, tandis que lui se forge les armes qu’il peut (du cynisme à l’indifférence affichée, de la mauvaise foi à la révolte) afin d’occulter à sa façon la souffrance psychologique qui accompagne toute séparation. Des séparations, justement, qui se succèdent et se superposent, engendrant frustrations et questionnements, mais qui permettent aussi d’avancer et de grandir un peu plus à chaque fois, même contre son gré, et malgré les adultes dont les maladresses n’arrangent rien. Simon, qui cherche sa place dans ce cadre familial chamboulé, est un peu le double et le petit frère romanesque du narrateur du Journal d’un garçon, et l’on retrouve dans chacun des romans, malgré la différence d’âge des deux protagonistes, des préoccupations similaires et une acidité de ton réjouissante.
    (B. Longre)

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  • Lisez le garçon...

    cgutman.jpgJournal d’un garçon de Colas Gutman, Médium de l’école des loisirs, 2008

    Un garçon qui tient un journal intime ? C’est soit « une fille, soit un pédé, soit une fille-pédé »… du moins de l’avis du père et du demi-frère du narrateur. Ce qui n’empêche heureusement pas celui-ci de tenir son journal (et de s’y tenir, de septembre à juin) pour notre plus grand plaisir. Car tout y passe et rien n’est simple : sa famille recomposée, sa sœur qui joue à la rebelle, ses amis qui n’en sont pas (surtout le sosie de Julien Lepers, un « gentil » garçon qui s’est pris d’affection pour lui…), ses tristes amours (d’avance vouées à l’échec avec une « fille de terminale ») ou encore la très collante Nathalie Sicard, qui le poursuit de ses assiduités. Le désenchantement ambiant est cependant compensé par la finesse d’esprit de ce narrateur qui tente de rester « distant et classe » en toutes circonstances… Un jeune lycéen qui n’a pas sa plume dans sa poche, adepte d’une autodérision âpre et laconique qui lui permet peut-être de moins souffrir que d’autres, en dépit de situations humiliantes qui laissent le lecteur proche de l’hilarité. A lire absolument et à faire circuler.
    B. Longre (mai 2008)

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