Compter le monde, la naissance des nombres de Nouchka Cauwet, ill. de Patricia Reznikov - éditions Belize, 2008
Après Ecrire le monde et Parler le Monde, Nouchka Cauwet offre un autre ouvrage tout aussi réussi que les précédents, qui se penche cette fois sur l’histoire des chiffres et de leurs combinatoires ; un ouvrage ludique, vivant et encyclopédique qui passionnera même les plus réticents des écoliers…
Tout débute par un petit conte astucieux qui dévoile comment l'humanité en est venue, au fil des siècles, à devoir inventer un moyen pour dénombrer les objets sans perdre trop de temps. D’abord très concrètement, à l’aide de cailloux (d’où le terme « calcul », tout droit descendu du latin « calculus », « le petit caillou »), d’encoches gravées dans des os, de cordelettes ou de petits cônes d’argile, puis, selon les régions du monde, à l’aide d’idéogrammes, de pictogrammes ou de hiéroglyphes, des codes qui permettent de simplifier les calculs. Après nous avoir appris que c’est aux savants indiens que l’on doit l’invention des chiffres actuels (ainsi que le zéro et l’idée de la position du chiffre dans le nombre), un système arrivé en occident par l’intermédiaire des Arabes, l’auteure entreprend de raconter avec précision la genèse de chaque chiffre, du 0 au 10. L’agencement de chaque double page reprend celle qui avait été adoptée pour les lettres de l’alphabet : des éclaircissements étymologiques, historiques et scientifiques et, en regard, ou en accompagnement, une approche artistique, à travers diverses reproductions picturales – le Zéro de Jasper Johns, les Trois personnages d’Aurélie Nemours, L’Autoportrait aux sept doigts de Marc Chagall ou encore les Ten Lizes de Warhol – et des extraits poétiques – Desnos, De Vigny, Baudelaire, etc.
Plus loin, le lecteur pourra « jongler avec les nombres » et, sur près d’une vingtaine de pages, s’amuser avec les peintres ou résoudre de petites énigmes mathématiques. La mise en page aérée, la variété des décors (illustrations, photographies, schémas, peintures, etc.) conjuguée à une typographie qui se fait parfois mouvante et s’échappe de la ligne, les jeux et les problèmes proposés au lecteur, la grande clarté des textes et des explications… Faut-il en dire davantage pour convaincre de l’excellence de cet ouvrage unique en son genre, qui s’efforce, à chaque instant, d’impliquer son lecteur et de le rendre actif, tout en éduquant son regard et éveillant sa sensibilité à l’art ?
(B. Longre)
Cet ouvrage est publié dans la collection "Pour comprendre le monde", dirigée par Sophie Comte-Surcin. à paraître : Regarder le monde, la naissance d'une image. Il avait fait l'objet d'une première édition aux éditions Belem.