Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature jeunesse - Page 4

  • Lectures achevées et en cours...

    Parmi les ouvrages lus ces dernières semaines, en voici quelques-uns… Je n’ai pas écrit sur tous (ou pas encore) mais je les recommande vivement à la lecture, ça coule de source !

     

    *** Fiction

    Silences de Catherine Leblanc (Les Découvertes de la Lucioles, 2007) - un beau recueil de nouvelles, chez un petit éditeur à découvrir. article en ligne

    Chicago, je reviendrai de Gisèle Bienne (Médium de l’école des loisirs 2007) article en ligne 
    j'ajoute que Gisèle Bienne est aussi l'auteure d'un de mes "livres de chevet"...

    Paranoid Park de Blake Nelson (traduit de l'anglais par Daniel Bismuth, Hachette Littératures 2007) - le fameux roman dont Gus Van Sant s'est inspiré pour le film du même nom. Un bon roman pour grands ados et adultes, qui relate les tourments d'un jeune homme, seul face à un secret qui pèse lourd.

    La Rivière d'Annie Saumont, vu par Anne Laure Sacriste (Editions du chemin de fer 2007) - une nouvelle illustrée dont je reparlerai certainement.

    Faut-il croire les mimes sur parole ? de Céline Robinet (Au Diable Vauvert, 2007) - excellent recueil - Article en ligne

    *** Inclassables

    Imagier de Cécile Holveck (R-Editions 2007) - un "imagier" pour grands.

    Le chien de Nourreev d'Elke Heidenreich et Michael Sowa (traduit de l'allemand par Christine Lecerf, éditions Sarbacane)

    Le Mur, mon enfance derrière le rideau de fer, de Peter Sís (traduit de l’anglais par Alice Marchand, Grasset, 2007)

     

    *** Jeunesse

    8a81a1ba8a12eac35a0dc0b619b17037.jpgYllavu de Gambhiro Bhikkhu, illustrations de Samuel Ribeyron (Hongfei, 2007) j'en parle ici

    ça devait arriver de Gaëtan Dorémus (éditions Belize)

    Pas cochon de Christine Beigel (Gautier-Languereau)

    Mais qui a volé le maillot de la Maîtresse en maillot de bain ? de Lilas Nord et Carole Chaix (Après la lune jeunesse)

    Thésée  d'Yvan Pommaux (L'école des loisirs) - un bel album grand format.

    Le village aux mille trésors de Véronique Massenot et Joanna Boillat (Gautier-Languereau)

     

    *** Lectures en cours… à des stades plus ou moins avancés, que je livre en vrac...

    Servais des Collines d’Anne Percin (éditions Oskar 2007)

    Entre dieu et moi, c’est fini de Katarina Mazetti (Gaïa 2007)

    Van Gogh – la biographie signée David Haziot , qui vient de paraître dans la collection Folio Biographie.

    Boris Vian et moi de Lou Delachair (Exprim' Sarbacane)

    Quoi de neuf chez les filles, entre stéréotypes et libertés de Christian Baudelot et Roger Establet (Nathan, l'enfance en questions)

    If you liked school, you'll love work de Irvine Welsh (J. Cape 2007) auteur dont je recommande TOUS les livres... dont Une ordure, qui vient de paraître en poche.

    Le 3e tome (paru ce mois) de la série signée Stephenie Meyer, composée de Fascination, Tentation et Hésitation (Hachette roman jeunesse, collection Black Moon, traduit de l’anglais par Luc Rigoureau) – je le lis dans sa version anglaise, of course (Twilight, New Moon, Eclipse). Incontournable quand on a commencé le premier tome... (il suffit de me parler de vampires pour que je me laisse tenter...)

    Je ne dresse pas la liste de ceux qui attendent.

    Pour finir, quelques mots sur...

     

    aa3d7c113af70341bd31a9cf7bc89430.jpgMon cher ennemi de Yang Zhengguang, traduit du chinois et annoté par Raymond Rocher et Chen Xiangrong, Bleu de Chine, 2007

    Lao Dan, un vieux paysan qui se morfond auprès de son fils célibataire endurci (bon garçon soumis à son tyran de père), cherche à pallier son ennui et redonner un sens à sa vie… il s’invente pour cela un ennemi, sans raison apparente, et son choix se porte sur Zhao Zhen, trafiquant de femmes (entre autres), dont les affaires florissantes agacent le vieil homme. Mais le jour où Zhao Zhen revient accompagné d’une jeune femme d’une province voisine, Lao Dan se met en tête de marier son fils et les rapports de force se voient bouleversés… Entre farce tragi-comique et fable absurde, Mon cher ennemi relate une suite de mésaventures (certes entrecoupée de succès éphémères) qui se concentre sur un personnage entêté, à l’esprit tordu, cocasse et irritant à souhait. Tout se déroule à huis clos ou presque, dans ce court roman satirique et pourtant très réaliste, qui en dit long sur les idiosyncrasies et les caprices de l’esprit humain, qui a toujours besoin d'un "autre" pour se définir. B. Longre (novembre 2007)

    http://www.bleudechine.fr/

     

    Lien permanent Catégories : Critiques, Essais & non-fiction, Littérature étrangère, Littérature francophone, Littérature jeunesse 2 commentaires 2 commentaires
  • Nourritures littéraires

    Soif de livres, faim de lectures. Ainsi s'intitule le salon du livre de Cluses qui se déroule du 22 au 25 novembre.

    "Esperluette 2007 abordera ces rapports entre écriture, nourriture et boisson, de la gourmandise des mots et des mets en passant par l'exploration littéraire des lieux où l'on mange et où l'on boit, restaurants, bistrots, cuisine... "

    Seront entre autres présents Pierre Autin-Grenier (voir ici pour plus d'informations), Alain Chiche (voir son site), ou Christine Beigel qui vient de faire paraître, en tant que directrice de collection chez Après la lune jeunesse, un premier Zalboum intitulé : Mais qui a volé le maillot de la Maîtresse en maillot de bain ? (dont je parlerai très prochainement) de Lilas Nord et Carole Chaix (elle aussi invitée à Cluses), qu'il faut vite découvrir.

    Tous les autres auteurs

    Le programme

    Cuisine et littérature font souvent bon ménage et la thématique est fréquemment abordée. J'ai souvenir d'un excellent numéro de la revue La pensée de Midi qui abordait le sujet : La cuisine, un gai savoir (2004). mais mon "livre de cuisine" préféré reste toutefois celui-ci :

    35ab99ce5edf120d0708cf20c3ebbc13.jpg

     

    Jardins et Cuisines du Diable, Le plaisir des nourritures sacrilèges
    de Stewart Lee Allen
    - traduit de l'anglais par Sébastien Marty (titre original : In the devil's Garden)
    Autrement - 2004

    Un appétit d’enfer… sur les traces des nourritures interdites

    Même les moins gourmands des lecteurs aimeront ces jardins et cuisines et prendront goût aux diableries… Tout est ici délectable : le savoir encyclopédique de l’auteur, son humour, omniprésent, et son talent pour capter l’attention de nos esprits et de nos corps plus que rassasiés. Cet ouvrage, loin d'être une énième compilation de recettes, se lit comme un roman ou une suite d’histoires : véritable aventure des sens et de l'esprit, Jardins et cuisines du Diable est une merveilleuse fresque culinaire, sociale et humaine, un parcours qui traverse les époques et se joue des frontières, à la découverte des nourritures terrestres, des habitudes de table ou des aliments interdits ou diabolisés à un moment ou à un autre dans l’histoire de l’humanité.

    A travers nombre d’anecdotes historiques, de mythes ou de légendes, d’analyses littéraires (de Margaret Atwood à Gogol, en passant par Joyce ou Aristophane), ethnologiques, voire géopolitiques (avec entre autres l'affaire du cochon haïtien...) et de récits de ses propres pérégrinations, Stewart Lee Allen élabore une étude (presque exhaustive), qui nous mène de la Rome antique aux Aztèques, du monde musulman aux confins du Canada ; le fil conducteur, on s’en doutait, consistant à classer les interdits, us et coutumes alimentaires par péché… Les sept péchés capitaux, tels qu’ils sont énoncés par les chrétiens, constituent en effet un excellent point de départ, l’introduction précisant très justement que « l’histoire de la nourriture ne peut être dissociée de la notion de tabou alimentaire. ».

    En vrac, et pour nous mettre en appétit, nous apprenons tout ce qu’il faut savoir sur : le fameux « fruit défendu » (certainement pas une pomme…), l’art de lire l’avenir dans les abats de cochon d’Inde, les horrifiants menus que s’imposaient les saintes, divers aphrodisiaques (dont le chocolat, véritable viagra pour le marquis de Sade), la terrible discrimination dont les catholiques frappèrent (entre autres choses) la si belle tomate, les pratiques dites géophagiques ou encore les dangers que le « pain mollet » représentait aux yeux des aristocrates français, si le peuple se mettait en tête d’en consommer…(le pain constituant « un parfait baromètre des névroses françaises » !). Mais les groupes humains chez lesquels on répertorie le plus grand nombre d’interdits alimentaires sont assurément les Hindous et les Juifs traditionalistes (qui « partagent surtout le sentiment profond d’un lien entre nourriture, pureté et moralité. »), même si l’auteur retrace aussi dans le détail les discriminations alimentaires entretenues par les Américains (en particulier à l’égard des… Indiens et des Noirs.) Car la nourriture est aussi « mère de toutes les exclusions » ou encore un formidable « outil de contrôle » : « malgré le fossé technologique qui sépare l’Amérique d’aujourd’hui de la Sparte antique, le principe reste le même : créer une classe ouvrière idéale en contrôlant son alimentation »… et l’invention du fast-food en est un exemple flagrant.

    Toute nourriture, absorbée ou non, possède sa symbolique et sa fonction, inextricablement liées à une culture singulière, et au-delà des anecdotes, l’ouvrage prend peu à peu l’allure d’un véritable manuel ethnologique, catalogue intelligent et raisonné de l’inventivité humaine (en particulier à travers quelques recettes étonnantes), mais aussi des intolérances et du racisme : « Je suis ce que je mange et, si vous ne mangez pas comme moi – ou si vous n’aimez pas ce que je mange – vous êtes mon ennemi. », glose l’auteur, montrant par là comment la nourriture peut aussi galvaniser le repli identitaire et s'inscrire dans des mouvements de rejet de l'altérité. Et si Stewart Lee Allen ne cesse de mettre son érudition à contribution, c’est en grande partie pour dénoncer joyeusement à la fois les interdits alimentaires et les idées reçues – à la source de toute intolérance – et pour mieux défendre le respect mutuel des convives ainsi que la liberté de manger à sa guise : « Le plus grand plaisir de l’homme ne consiste-t-il pas précisément à enfreindre les règles ? »
    Blandine Longre

     

    Lien permanent Catégories : Critiques, Essais & non-fiction, Littérature étrangère, Littérature jeunesse 3 commentaires 3 commentaires
  • Les doudous et nous

    84119d5b5071ce352b16817016c24fc8.jpgL'an passé, Véronique Puech, journaliste, en cours décriture de l'ouvrage ci-contre, me contactait (merci à Jérôme) afin que je lui donne mon point de vue sur la place du doudou dans la littérature jeunesse.

    Doudou or not Doudou de Véronique Puech et Chantal Van Tri, Ramsay.
    4e de couv : Parce que les doudous sont de véritables baromètres affectifs, cette réjouissante enquête révèle la " doudouisation" du monde. Pour en savoir davantage

    Pour ma part, je reproduis ici quelques questions-réponses entre Véronique et moi, qui apparaissent en partie sous forme de témoignage dans le dit ouvrage.

     

     

    Le thème du doudou dans la littérature jeunesse est-il de plus en plus présent ? Et pourquoi ? Certaines maisons d’éditions y sont-elles plus sensibles ? 

     

    Cela fait maintenant plusieurs années que dans les ouvrages ou les magazines destinés aux plus petits (3-5 ans), mettant en scène des personnages de la même tranche d’âge, la présence du doudou est incontournable, même s’il n’apparaît qu’à l’arrière-plan des récits, dans les illustrations par exemple : plus personne ne discute l’idée qu’il fait maintenant partie intégrante du quotidien des jeunes enfants, qu’il est un compagnon de chaque instant, et ce que l’on voit dans ces albums reflète des situations bien réelles, le lecteur pouvant ainsi immédiatement s’identifier aux personnages. On retrouve ces ouvrages chez la plupart des éditeurs ayant des collections pour petits, entre autres chez Kaléidoscope (Le Doudou de bébé vampire d’Alain Brion, Le crocovoleur de doudous d’Aude Picault, etc.), chez Nathan (T'choupi a perdu Doudou de Thierry Courtin, Le doudou de Siyabou de  Françoise Bobe et Claire Le Grand etc.), dans des magazines (comme Popi, dont le titre est justement le nom d’un singe doudou…), mais aussi chez Flammarion, à l’Ecole des Loisirs, chez Hachette, etc. etc.

    Cette abondance est relativement récente (une quinzaine d’années environ), et montre avec quelle attention les auteurs ont observé les lecteurs potentiels et le monde de l’enfance en général – dont le doudou  est indissociable ; en fait, le doudou appartient à la grande famille des thématiques récurrentes que sont celles du loup, des terreurs enfantines, de l’amitié, etc.; et si multiplication des ouvrages il y a, elle s’explique aussi par le fait que la littérature jeunesse connaît un incroyable essor depuis quelques années.

     

    Le doudou symbolise l’enfance, mais c’est aussi un objet. Contraint-il les auteurs à décliner le sujet autour d’actions récurrentes, est-ce un frein à l’imaginaire ou les auteurs le dépassent-ils facilement ?

     

    6dc9e364d61e2734b52e0531773f9ab5.jpgAbondance ne rimant pas nécessairement avec originalité, un nombre impressionnant d’ouvrages proposent des trames narratives quasi identiques, tournant pour la plupart autour du doudou égaré puis retrouvé ; de la même façon, le doudou est fréquemment associé à des histoires qui relatent des peurs (du noir, de la nuit, des monstres sous le lit, etc.) et il endosse alors sa traditionnelle fonction rassurante. Plus un thème est rebattu, plus il est difficile de subvertir des normes implicites, mais quand un auteur y parvient, le résultat est souvent heureux ; certains auteurs introduisent des variantes, quand le personnage de l’enfant est remplacé par un animal petit ou gros, comme dans L’Epopée de l’hippopotame amoureux (Francis Nibart et Rachel Aubert - L’atelier du poisson soluble), où c’est l’énorme doudou qui part à la recherche de la petite fille rêvée ; ou bien quand le doudou n’est plus ni une peluche ni un vieux chiffon, mais un petit jeu électronique comme dans Mon beau tomatchou de Claire Ubac – ce qui n’empêche pas la petite Lola de s’y attacher. La différence peut aussi se jouer au niveau graphique et visuel, en témoigne un ouvrage tels que L’est où l’doudou d’Lulu ? (Michèle Moreau, Martine Bourre, Alex Grillo - Didier Jeunesse), accompagné d’un CD et présenté à la manière d’un petit opéra – en dépit d’une histoire très simple (tout est dans le titre) l’ouvrage est bien conçu et se démarque d'autres ouvrages.

     

    Il me semble qu’on est passé d’histoires d’enfants avec leur doudou à des histoires de doudous où l’on trouve évidemment des enfants ; cette évolution vous semble t-elle plus porteuse d’inspiration ?

     

    C’est exact, la parole est maintenant donnée au doudou, qui devient un personnage à part entière et, quand c’est le cas, les récits prennent des tournures inattendues, comme dans Chonchon, une histoire de Christian Bruel (éditions Etre), où le doudou est au centre du récit et non l’enfant, qui n’apparaît qu’au dénouement. Ajoutons que l’histoire gagne beaucoup à être illustrée par Sophie Dutertre, dont les gravures sur bois confèrent à l’ensemble une texture brute mais en parfaite résonance avec les attitudes figées de l’ours en peluche, auquel le récit donne paradoxalement vie.

    Quand les doudous s’humanisent, il arrive que les enfants n’aient plus le premier rôle, ils peuvent parfois être même absents du récit ; ainsi, dans Le doudou des camions poubelles d’Ati (T. Magnier), la petite Lucie, dès le début, se débarrasse de son doudou, un petit singe orange qui se retrouve à la poubelle, puis dans le camion qui l’emmène au centre de tri, où il échappe de justesse à un grand four pour être finalement recueilli par les éboueurs… Le doudou est ici narrateur de sa propre aventure mais aussi un guide pour l’enfant-lecteur, à qui l’auteur offre en sus une petite « leçon » environnementale.

    La notion de doudou peut par conséquent être prétexte à traiter de tout autre chose, et permet d’aborder des thèmes plus complexes tout en restant finalement proche du jeune lecteur, grâce au personnage doudou ; dans Du rififi chez les doudous (de Fabienne Séguy & Yann Fastier, Editions du Rouergue), ce sont les thèmes croisés du racisme et de l’intolérance qui sont mis en relief ; dans Méchante (Nadja, L’Ecole des loisirs), la poupée maléfique incite la petite héroïne à jouer de mauvais tours aux autres enfants, mais, en réalité, elle n’est là que pour incarner la part de mal que nous portons en chacun de nous et l’album tient davantage de la fable morale, la poupée n’étant qu’un catalyseur d’agressivité.

     

    Le doudou et la littérature. Plus féminin que masculin chez les auteurs ?

     

    Pas à ma connaissance en tout cas (en témoignent les auteurs cités précédemment) ; en littérature jeunesse (et en littérature tout court aussi) la dichotomie du genre semble aujourd’hui largement dépassée, hormis dans des registres très marqués – et l’on trouve autant d’auteures que d’auteurs écrivant de la science-fiction, du polar, ou des histoires de doudous… Par contre, la question du sexe des doudous pourrait être un champ d’investigation innovant…  Les anciennes controverses portant sur le sexe des anges seraient ainsi mises au goût du jour !

     

     « Doudou oblige », ces histoires ont-elles un âge limite chez les jeunes lecteurs ?

     

    On trouve encore quelques références aux doudous dans des histoires pour plus grands, par exemple dans Le pays du bout du lit (Alexandre Révérend, Gallimard Jeunesse, Giboulées) un roman conseillé à partir de 11 ans, où l’un des personnages que le jeune héros rencontre lors de son périple est un doudou plutôt déplaisant.
    Ce n’est pas nécessairement la thématique qui compte, mais plutôt le « comment », et tout dépend du traitement, de la polysémie du texte, des niveaux de lectures déployés, des concepts envisagés, de la qualité des illustrations : Le Doudou méchant de Claude Ponti fait partie de ces livres qui transcendent les tranches d’âge, de même que Bouilles, de Sarah d’Hayer (Ed. l’œil d’or – Ritagada), dans lequel l’artiste propose une collection de jouets hétéroclites, photographiés individuellement ; chacun de ces personnages porte la trace du temps passé et a été un jour le doudou de quelqu’un : inévitablement, l’album est transgénérationnel, même si la résonance émotionnelle diffèrera pour chaque lecteur, en fonction de son âge ou de son histoire. Mémoires d’un Ours (de Françoise Carré, Arléa) est un autre livre que j’apprécie particulièrement, un bref roman qui n’est pas destiné à de jeunes lecteurs, même si l’auteure y donne la parole à un jouet aimé puis délaissé, un ours en peluche qui tâche ensuite d’accepter son destin. A travers ce récit, où l’ours demeure à jamais le symbole d’une enfance perdue puis retrouvée par le biais du souvenir nostalgique, l’on voit combien l’objet doudou peut encore inspirer, même tardivement.

     

    Vos préférences ?

     

    Je préfère les ouvrages qui justement sont dans l’écart, car c’est là que peut se déployer l’imaginaire d’un auteur, engendrant le plaisir du lecteur, jeune ou moins jeune. Les livres à pure finalité utilitariste (éducative, pédagogique), où le récit ne sert qu’à mettre en avant des règles de vie préformatées, m’intéressent moins – à moins que les illustrations y soient particulièrement originales, pouvant alors contrebalancer le classicisme narratif. Il y a tant d’histoires éculées de doudous perdus, d’enfants qui ont du mal à accepter la séparation (lors de l’intégration scolaire en particulier) que là encore, c’est le « comment » qui prime et qui fait toute la différence : comment l’auteur parvient (ou non) à s’écarter des productions précédentes. Le Panier à doudou de Françoise Bobe et Cyril Hahn (Les albums du père castor) est par exemple beaucoup plus amusant qu’un très conventionnel Lulu Grenadine sauve les doudous (Laurence Gillot et Lucie Durbiano, Nathan). Mais j’aime surtout les livres pour lesquels il n’y a pas de limite d’âge – des livres frontières, difficiles à étiqueter, impossibles à classer , comme certains que je cite précédemment.

     

    D’après tous les ouvrages que vous avez pu lire, y a-t-il chez  les doudous des traits de caractères communs qui ressortent, ou sont-ils uniques à l’image des enfants qui les possèdent ?

     

    e2fc44ca54f23788b0b922587f601188.jpgL’éventail est large, et l’on trouve de tout : du doudou très classique, généralement muet,  qui accompagne docilement l’enfant dans sa vie de tous les jours, à la poupée un peu rebelle, voire terrifiante (lire Barbirella de Marc Séassau et Sylvia Dupuis, Magnard) ; dans Le peuple doudou (L’Ecole des loisirs), Olivier de Solminihac s’est lui amusé à écrire un petit traité d’anthropologie doudou – mais qui n’engage que lui et son jeune narrateur ! Un loup, d’un ouvrage à l’autre, d’un illustrateur ou d’un auteur à l’autre, ne sera jamais le même, et il en va pareillement pour le doudou – toujours unique pour l’enfant qui s’y attache comme pour l’auteur qui en parle. 

    Que dire des écritures anglophones à ce sujet ?

     

    De nombreux ouvrages pour petits sont traduits de l’anglais, les auteurs et illustrateurs étant très prolifiques sur le sujet ; on en trouve plusieurs dans la catalogue des éditions Kaléidoscope par exemple - Le Doudou perdu de Russell Ayto et Ian Whybrow, Bébé Canard et le doudou tout doux d'Amy Hest et Jill Barton, Thibaud le timide et le voleur de doudous de John Prater, ou encore, dans la série des Elmer, de David McKee Elmer et le doudou perdu ; il y a aussi Linus,  l’un des personnages de la célèbre bande dessinée Peanuts de Charles M. Schulz, que l’on ne voit jamais sans son doudou, et à qui l’on doit justement l’expression « security blanket » ; paradoxalement, il n’y a pas en anglais d’équivalent pour le terme générique « doudou » (on parlera de « ted », de « teddy », de « soft toy » , de « security blanket » ou « blankie », et plus rarement de « lovie »)…

    (B. Longre, septembre 2006)

    Lien permanent Catégories : Essais & non-fiction, Littérature jeunesse 3 commentaires 3 commentaires
  • De la critique

    f91877b89e1a5ffd288c5165df6a15bc.jpgJ'ai récemment découvert cette note sur le blog de Vincent Cuvellier, auteur jeunesse (pour plus d'informations, lire l'entretien en ligne et cet article).

    "Alors voilà une critique de mon nouveau livre... houlà, ils m'aiment pas, eux ! ça fait dix livres qu'ils me démolissent!  j'aime particulièrement le: "L’intérêt éducatif indéniable de ce roman, est malheureusement contrebalancé par le style littéraire employé. Pour aborder ce thème important, l’auteur a choisi de s’adresser aux enfants dans un vocabulaire très familier, truffé de gros mots, qu'il considère être le leur... "

    et l'auteur de donner ce lien : www.choisirunlivre.com/fiche_lecture.php5?livre_id=9286 qui mène sur le site intitulé "Choisir un Livre".

    En réaction à son post, Anne Percin, elle aussi auteure jeunesse, écrit :

    cf34330f7e966e52110128e4565cdb26.jpg" Salut Vincent ! je me sens tout à fait solidaire, ayant subi la même attaque de la part de ces mystérieux "critiques". www.choisirunlivre.com/fiche_lecture.php5?livre_id=7881 
    article où j'ai appris avec stupeur que mon roman était une sorte de traité de la masturbation masculine, écrit dans une langue "très relâchée". Et l'auteur de ce commentaire (ChB = Christine Boutin ?) de citer dans son article les deux ou trois seules phrases qui pouvaient voir en effet quelque chose de cru, tout le reste étant, de l'avis général, très pudique... Bref. Là où j'ai ri, c'est en lisant leur critique au sujet de mon 2eme roman..."

    Que des lecteurs lambdas donnent leur point de vue sur des ouvrages qu'ils ont lus n'a rien de gênant en soi, au contraire (la diversité de la critique est source de débat), mais que ces personnes qui ne signent pas leurs commentaires (les recensions sont signées par des initiales) s'érigent en "prescripteurs" ou critiques littéraires (on les retrouve en "prescripteurs" plus ou moins officiels sur un site de vente en ligne bien établi sur la toile) laisse dubitatif...

    Justement, qui sont ces "mystérieux" auteurs qui ne signent pas leurs avis ? Sur leur site, on trouve cette brève présentation : "Parents, bibliothécaires, enseignants, près de 30 personnes toutes actives auprès des enfants. Les comités de lecture sont présents en province et à Paris."
    Leur motivation ? "Donner le goût de lire ! Répondre à la demande croissante de conseils des parents et des éducateurs en général, ainsi que des enfants, en les informant sur le contenu des livres qui paraissent."

    Autant dire qu'on reste sur sa faim. Par ailleurs, il suffira de lire quelques-unes de leurs prétendues critiques, émaillées de jugements à l'emporte-pièce et adoptant un ton moralisateur d'un autre âge (j'ose espérer...) pour se faire une idée de leur ouverture d'esprit, de leur professionnalisme et de la rigueur de leurs analyses.

     

    Quelques exemples en vrac (voir aussi ceux qu'a relevés Vincent), d'ouvrages que je pense bien connaître.

    4047e4eece67cb801e8a1cbbb9d2e1d1.jpgSur On n'aime pas les chats de François David et Géraldine Alibeu (Sarbacane), voici ce que "CHB" nous dit, "Cette fable sur l'intolérance et la différence est difficile d'accès pour les enfants. Elle fait référence à des situations qu'ils ignorent. Les illustrations sont agressives et expriment une grande violence. Les adultes comprendront le message mais peuvent choisir de le transmettre par d'autres moyens moins perturbants. "

    Illustrations "agressives" ? C'est un point de vue... Mais en quoi ? Sur quels arguments se fonde ce jugement ? "perturbant" ? De savoir que le racisme épidermique est une absurdité ?

    Pour ma part, j'ai dû passer à côté de quelque chose en lisant cet admirable album, dont je parle ici : www.sitartmag.com/chats.htm
    (Quelle inconscience de l'avoir partagé avec mes enfants !)

     

    Sur Jeu Mortel de Moka (Medium de l'école des loisirs), voici ce qu'on lira (cette fois signé par "HB")
    "La violence des situations, le manque de respect d’autrui ainsi que la volonté de blesser avec cruauté celle qui n’est pas de son milieu social, pour en arriver au meurtre, ne permettent pas de donner à lire ce livre aux adolescents (...) l’absence de culpabilité, de remords ou de pardon devant le meurtre, ne peuvent laisser le lecteur indifférent. Même si l’actualité nous en donne parfois une telle image, les adolescentes ne sont pas aussi perverses."

    Ah bon ? Honte sur moi, qui l'ai conseillé ici : www.sitartmag.com/moka.htm 

     

    Plus fort encore (et là, on dépasse le cadre de la simple morale pour atteindre des sommets dignes des censeurs américains dont je parlais précédemment), sur Lady, ma chienne de vie de Melvin Burgess, paru chez Gallimard (Scripto), et qui obtient un zéro pointé (si ! Ils osent !)
    "Il est inadmissible qu'un ouvrage de ce type, faisant l'apologie des plus bas instincts, soit le "nec plus ultra" proposé par cette nouvelle collection, présentée avec éloge par l'éditeur qui nous annonce des grands textes de qualité. On reste très mal à l'aise, pensant que les adolescents méritent mieux !

    "CHB" termine en beauté : "A ne pas acheter, à oter des bibliothèques et à mettre à la poubelle."
    (tant qu'à faire, l'auteur de cette charmante diatribe devrait peut-être ajouter qu'il faudrait y jeter aussi l'auteur et brûler le tout).

     

    Je ne vais pas plus loin, parce que j'en ai un peu assez de perdre mon temps à lire des textes aussi pathétiques, et parce qu'on aura saisi quelles valeurs sous-tendent ses pseudo analyses, qui véhiculent une vision réductrice de l'enfance, de l'adolescence et de la littérature (encore faudrait-il qu'ils sachent ce qu'on entend par là). Allez, juste une dernière, histoire de rire de la (touchante ? Alarmante, plutôt) naïveté de lecteurs/commentateurs anonymes, assez dévoués pour nous transmettre leur bonne parole.

    5ac6c442a5270db6dc3db41b4afa49fc.jpgA propos de Je me marierai avec Anna de Thierry Lenain (illustré par Aurélie Guillerey, chez Nathan Jeunesse, Première Lune)
    "Dans cette histoire, la mère n’a pas une attitude constructive du tout : elle ne sanctionne rien et n’explique pas pourquoi deux filles ne peuvent pas se marier ensemble. Elle contente de se mettre en colère, puis de confectioner un gâteau au chocolat pour se faire pardonner. Quant au père, il ne va même pas expliquer à sa fille pourquoi deux femmes ne peuvent pas avoir d’enfant ni seule ni ensemble! Et Cora ne s’est pas sentie comprise par ses parents. Ce livre n’apporte aucune réponse à l’enfant qui se trouve dans une situation analogue, ni à celui qui ne la vit pas personnellement... ni aux adultes qui chercheraient une explication afin d'aider un enfant. "

    Merci à "IV" pour cette lecture certainement sincère, mais en tout cas si naïve que même de très jeunes lecteurs ont compris qu'il fallait aller au-delà des apparences. (et je passe sur les allusions chargées de relents homophobes - car justement, le sujet n'est pas celui que l'on croit...) J'en parle ici : www.sitartmag.com/thierrylenain.htm

     

    Pour les parents démunis (qui sont apparemment la cible de "Choisir un livre"), un conseil : faire confiance aux sites suivants (liste non-exhaustive) et à leurs publications.

    http://lsj.hautetfort.com

    La Joie par les livres

    Pour finir, un conseil à Vincent Cuvellier : qu'il tâche de soigner son français (ça suffit, les "gros mots" !) dans ses prochains livres, histoire de voir si c'est pour cette seule raison qu'ils ont pris ses textes en grippe...  Quant aux autres ouvrages victimes de ce comité de vigilance, que leurs auteurs n'hésitent pas à se manifester...

    Lien permanent Catégories : Littérature jeunesse 7 commentaires 7 commentaires
  • Littérature et (tentatives de) censure - 2

    Suite à ma note qui concernait la Banned Books Week organisée par l'ALA afin de sensibiliser l'opinion américaine aux diverses pressions que subissent les bibliothèques (en particulier les départements jeunesse et ado) ou les enseignants de littérature, quelques informations supplémentaires sur les ouvrages "incriminés" et les lobbies qui remettent en cause la liberté d'expression.

    On peut consulter le site d'une organisation baptisée la "Library Patrons Of Texas" : des utilisateurs des bibliothèques texanes qui affirment être opposés à toute censure, ce qui ne les empêche pas de recenser en ligne les ouvrages qui ne devraient pas se trouver sur les rayons jeunesse des bibliothèques publiques... selon eux, les contribuables devraient pouvoir approuver le choix des ouvrages proposés au prêt et contrôler les achats des bibliothécaires... A défaut, ils se contentent d’informer le public (très subjectivement, on l'imagine) et proposent en ligne des exemples d’ouvrages qu’ils ont pris la peine de lire afin d'en extraire et de citer tous les passages propres à corrompre les lecteurs (qu’ils aient 3 ou 16 ans…) ; les objections les plus fréquentes concernent, on s'en doute, la sexualité, les termes injurieux, le blasphème ou encore les familles recomposées… On l’aura compris, ce ne sont pas les éventuelles qualités littéraires ou documentaires des ouvrages discriminés qui retiennent l’attention de ces citoyens vigilants (et plein de bonne volonté, il faut le reconnaître).
    Attention, la consultation de ce site peut s'avérer néfaste... Justement, l'association demande aux internautes de bien réfléchir avant de consulter les fiches des ouvrages répertoriés ("PLEASE BE ADVISED that some of the following excerpts contain profanity, explicit sexual content and graphic violence") et aux utilisateurs de moins de 18 ans de ne pas consulter leurs pages !

    4f5d621ef545c4a7d78aa803b16f4483.jpgUn exemple de "fiche", histoire de voir jusqu’où certains poussent le vice... : It’s Perfectly Normal, Changing Bodies, Growing Up, Sex, and Sexual Health  – un célèbre ouvrage documentaire destiné aux 10-14 ans, qui ose parler de sexualité (et d’homosexualité, grand dieu !), de reproduction et de puberté, sans même « citer une seule fois le mariage »…  www.librarypatrons.org/book.asp?ID=39

    Un autre exemple amusant, la façon dont sont relevés les jurons dans un roman ado-adulte (The Perks of Being a Wallflower de S. Chbosky) : "Swirlie, A**holes, F**king, Hell, A**hole, smear the queer, cut and hunky, blow queen, knocked up, J****, b***hy dyke, bulls**t, bulls**t, Jesus, S**t, “I swear to G**, took a dump, blow job, F**k, f**ked-up, J****, F**king, G**, f**king freak, Faggot, G**, Faggot, Bulls**t, G**, F**k, F**k you, F**k you, f**king bastard, Pr**k, Hell, Pu**y, J****, Pu**y, A**hole, G**, Hell"

    Un autre site du même acabit, tenu par une association qui a choisi de s'appeler très puérilement PABBIS, "Parents against bad books in schools" (ouh les vilains livres!). Ils proposent entre autres un manuel du parfait petit censeur (ou comment intervenir si un ouvrage choque la sensibilité des parents) www.pabbis.com/news.htm
    De quoi donner des idées à certains... ?

    Pire encore, on ira jeter un coup d'oeil à www.factsonfiction.org/ où les banques de données vont jusqu'à indiquer le nombre exact de profanités, de baisers ou d'attitudes "négatives" que l'on peut trouver dans des dizaines d'ouvrages (de Dahl à Twain en passant par Bradbury et London... sans parler des albums.) Là non plus, pas l'ombre d'un point de vue sur la qualité littéraire des ouvrages (hormis les "comportements positifs" de certains personnages)

    Ce ne sont que quelques exemples (plutôt savoureux) du puritanisme exacerbé auquel doivent souvent faire face les enseignants ou les bibliothécaires américains. Nous n'en sommes pas là, mais on peut lire ce qui est arrivé récemment au Livre de L'Hiver de Rotraut Susanne Berner (La Joie de Lire) www.snuipp.fr/spip.php?article4691 

     

    dc6d61471ab064ab2309e3f18627cb66.jpgDans un autre genre, mais toujours à propos de la liberté d'expression et de création, on s'inquiétera de l'affaire Camino 999 (roman de Catherine Fradier) qui est relatée sur deux sites http://www.rue89.com/2007 et http://passouline.blog.lemonde.fr/ainsi que sur le site de l'éditeur mis en cause.

    Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Littérature jeunesse, Sur le Web 4 commentaires 4 commentaires
  • La vie rêvée de mademoiselle S.

    12a34c9355af42cc1a4cafc9a960d0c5.jpg

    La vie rêvée de Mademoiselle S. roman de Samira El Ayachi, dans la collection Exprim des éditions Sarbacane.

    Rêver pour vivre et vice-versa

    Entre deux eaux, Salima a bien du mal à réconcilier son présent et ce qu’elle éprouve (et laisse rarement sortir) – ses frustrations, sa lassitude face aux pressions qui viennent de toutes parts, ou tout ce qu’elle n’ose espérer vivre un jour. Fille d’immigrés marocains, issue d’un milieu modeste, la jeune lycéenne de terminale, pétrie de contradictions, semble ne plus savoir quelle route emprunter : certes, elle reconnaît la valeur de son travail scolaire et ses camarades lui en savent gré (profitant de « la » bonne élève comme bouée de sauvetage), tout comme ses professeurs (qui peuvent compter sur elle quand les autres les désespèrent…), mais Salima reste pourtant lucide sur la finalité de ce qu’elle apprend au lycée. Simultanément, cette étiquette d’élève brillante et consciencieuse (« dans le système, attrapée docile », dit-elle) lui pèse tout autant que certains rituels familiaux qui l’ennuient ou les incitations à « continuer ainsi » de ses parents qui veulent lui assurer le meilleur avenir possible. Alors, quoi faire ? Chercher un petit boulot ? Entrer dans la vraie vie ? Oui, mais comment ?

    Lire la suite...

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone, Littérature jeunesse 0 commentaire 0 commentaire
  • Salon du livre de Lyon - quelques éditeurs

    Place aux Livres ! salon National du Livre en Région, réunit depuis quelques années tous les professionnels de la chaîne du livre : auteurs, éditeurs et libraires qui s’unissent pour offrir aux Lyonnais la plus belle librairie de la Cité. Fort de son succès en 2003, 2004, 2005 et 2006 le Salon du Livre prend de l’ampleur et poursuit son ouverture aux régions francophones, entamée en 2006 avec la participation du Québec.
    Lyon, du 9 au 11 novembre 2007 - Place Bellecour
    http://www.salonlivrelyon.com

    Plusieurs éditeurs venant d'autres régions sont invités, dont les éditions du Chemin de fer, qui proposent des ouvrages soignés, qui allient art et littérature, D'un Noir si Bleu, éditeur de nouvelles, ou encore les éditions du Jasmin, spécialisée en jeunesse, mais pas seulement... Quelques présentations d'ouvrages qui méritent le détour, ci-dessous.

     

    ce7b1aa68b0ad77a4f2de9049972aab3.jpgOn a marché sur la tête de Marie Le Drian, vu par Raphaël Larre, Editions du chemin de fer, 2006

    Les éditions du chemin de fer ont la particularité de proposer des textes de fiction d’excellente qualité, accompagnés d’illustrations ; des ouvrages format poche qui mettent en vis à vis deux univers expressifs, l’un langagier, l’autre visuel, parfois contrastés ou d’autres fois en symbiose, comme ici avec les croquis décalés de cimetières de Raphaël Larre ; Albert-Léonard, un vieux célibataire, a en effet décidé, de son vivant, d’organiser ses funérailles. Il fait appel à une entreprise de pompes funèbres moderne et organisée, qui lui envoie une commerciale chargée de monter le contrat… La narration est à la première personne mais ce court récit enlevé, un long dialogue ponctué de réflexions en aparté d’Albert-Léonard pourrait tout aussi bien être adapté pour le théâtre. La naïveté, la circonspection et l’étonnement du futur décédé face aux complexités inattendues de cet arrangement amusent beaucoup et la froideur détachée (toute professionnelle) de l’employée permet de mettre en exergue l’acidité et l’ironie qui se dégage de la démarche même du « vieux gars ». Une nouvelle pour plaisanter d’un sujet grave et rire des absurdités des vivants face à la mort. B. Longre (mars 2007
    http://www.chemindefer.org

     

    819aa456d0c643cc4ea9c1e7a6e06fb7.jpgLa Mosaïque du fou de Sylvie Huguet, D’un Noir si bleu, 2006

    En dix nouvelles, Sylvie Huguet nous fait traverser bien des mondes intimes, et rencontrer des personnages solitaires qui tous ont en commun un certain penchant morbide, une tendance à se rapprocher inéluctablement des portes de la folie ou à y sombrer sans espoir de rémission. La plus terrifiante de toutes est peut-être Le Cri, le récit d’une emprise, quand la fascination (fatale) que le narrateur éprouve pour le célèbre tableau de Munch l’incite à se rendre à Oslo. D’autres récits, souvent en lien avec l’art, basculent dans le fantastique ou l’hallucinatoire, telle La dernière toile ou Agonie. On s’arrêtera aussi sur une série de brefs tableaux intitulée Névroses, qui illustre différentes pathologies, en écho avec Camouflage, l’histoire d’un effondrement psychique. Des histoires grinçantes ou glaçantes, mais toujours réjouissantes, qui parlent avec finesse de l’angoisse d’être humain et de celle de la mort, toujours présente en creux, au cœur des choses. B. Longre (déc. 2006)
    http://dnsb.chez-alice.fr

     

    1ed67fb2f30297c3981f2160fe6bc7cf.jpg

    Papa-barque de Magali Turquin et Yan Thomas - Editions du Jasmin, 2007

    Papa invisible

    Magali Turquin, qui dédie cet album à son « père pardonné », donne ici la parole à un enfant « né sans papa ». C’est en tout cas ce que prétend la mère, bien décidée à élever seule son petit garçon. Mais celui-ci n’est pas dupe, et pour combler le vide qu’il ressent, il s’invente l’histoire d’un « papa seul », un papa-barque qui aurait « une ancre énorme à la place du cœur », un poids qui l’empêcherait d’avancer et de venir le retrouver. Dans l’incapacité de se confier à sa mère, il se parle à lui-même, s’interroge sur l’absence et le manque, sur l’histoire de ses parents... Lire la suite
    http://www.editions-du-jasmin.com

     

    Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature francophone, Littérature jeunesse 0 commentaire 0 commentaire
  • Littérature et (tentatives de) censure

    suite de cette note ici :  Littérature et (tentatives de) censure - 2

    c2e19d5141db9efdf411d22a82715d34.jpgUn professeur de littérature a été suspendu début octobre par la direction de son lycée suite à une plainte déposée par les parents d’un de ses élèves, pour avoir proposé à ce dernier un roman contenant des scènes de nécrophilie… Que l'on se rassure, ceci se passe au Texas, dans une ville de moins de 1000 habitants, forcément en émoi... (source Associated Press du 22 octobre dernier). Le roman incriminé est Un enfant de dieu (Child of God, 1974) de Cormac McCarthy (un auteur qui fait figure de « classique »). Je ne l'ai pas lu mais je tends à penser qu'il doit être excellent ou du moins qu'il présente quelques qualités littéraires... Il figurait en tout cas sur une liste d’œuvres sélectionnées par les enseignants du lycée.

    L’affaire fait déjà couler beaucoup d’encre – d’autant que l’enseignant en question serait maintenant accusé d’avoir fait des avances à l’une de ses élèves… (on ne voit pas le rapport, mais la police texane semble justement penser que tout est lié…) Bref. Là n’est pas le problème. Car même s’il est rare que les controverses de ce type prennent de telles proportions aux Etats-Unis, il reste que l’incident est loin d’être isolé, les bibliothèques publiques et les établissements scolaires étant fréquemment confrontés à des ingérences parentales disproportionnées, relayées par divers lobbies religieux, réactionnaires, néo-conservateurs et tutti quanti.

     

    Il existe fort heureusement un contre mouvement, mené par plusieurs associations (dont l’importante American Library Association, mais aussi des regroupements de librairies, d’auteurs, de journalistes et d’éditeurs) qui organisent chaque année depuis 1982 une semaine des « livres interdits » : Banned Books Week, dont la devise est « Free People Read Freely » ; un événement qui incite le grand public à lire ces ouvrages sulfureux (!) que d’aucuns aimeraient voir mis à l’index (et pourquoi pas brûlés… comme cela est souvent arrivé à Harry Potter), après avoir fait boire la ciguë à leurs auteurs, cela va de soi.

    b349d2656645f0cdb65e4ffeb8cbfe19.jpgAussi, l’ALA recense-t-elle les livres qui ont été le plus souvent conspués chaque année. Le grand vainqueur, en 2006, serait le désormais célèbre And Tango Makes Three, un (inoffensif ?) album pour petits de Justin Richardson et Peter Parnell, qui raconte comment un couple de pingouins mâles (il paraît que ça existe) adopte un œuf orphelin… (Un exemple qui m’en rappelle un autre, qui a eu lieu chez nous, à propos de Jean a deux mamans) et qui, selon ses adversaires, véhiculerait des valeurs propres à déstructurer le psychisme dès la plus tendre enfance...

     

    En jetant un oeil au "top 10" de cette même année, on découvre un roman de... Toni Morrison aux côtés de séries pour jeunes filles, mais les gagnants des années précédentes méritent eux aussi le détour : L'Attrape-coeur de Salinger, Des Souris et des hommes de Steinbeck ou encore Huckleberry Finn de Twain ! Pour les curieux, l'ALA recense les 100 livres les plus "controversés" entre 1990 et 2000, une liste dont on ne sait s'il faut rire ou s'effrayer : www.ala.org/ala/oif/bannedbooksweek/bbwlinks/100mostfrequently.htm

     

    www.ala.org/

     

    bannedbooksweek.htm

     

    Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Littérature jeunesse 1 commentaire 1 commentaire
  • Lecture Jeune - revue

    14f2c413c1a5ffca6d64643bd9738ff7.jpgL'association Lecture Jeunesse fait paraître, quatre fois par an, une revue baptisée Lecture Jeune,qui traite spécifiquement des ouvrages pour ados. Le dossier du dernier numéro est consacrée à Arnaud Cathrine, un auteur qui navigue entre littérature générale (Sweet Home, Exercices de deuil) et littérature jeunesse (Nous ne grandirons pas ensemble, publié à L'Ecole des Loisirs, est l'un des derniers parus). Un dossier détaillé et précis, qui retrace le(s) parcours de l'auteur et analyse son rapport à l'écriture.

    Sommaire du n°123, septembre 2007.

    www.lecturejeunesse.com 

    Lien permanent Catégories : Littérature jeunesse, Revues 0 commentaire 0 commentaire
  • Editions Belize

    f38acf2a2909da6989e47b90a8813a94.jpgJ'apprends avec plaisir que l'ex maison d'édition Belem (une aventure débutée en 2003, qui avait dû s'interrompre il y a quelques mois) renaît de ses cendres et devient BELIZE ("la route vers la mer" en langue maya...).
    J’avais eu l’occasion d’apprécier plusieurs publications chez Belem, dont les deux ouvrages de Nouchka Cauwet, entre art et documentaire, qui relataient pour l’un la naissance de l’écriture, et pour l’autre celle des mathématiques, sans oublier les titres de la collection Carré d’Art dirigée par Sophie Comte-Surcin et les romans de la collection Prémices, placée sous la direction éditoriale d’Héliane Bernard (co-fondatrice de la revue et des albums Dada, de la Revue 9 de Cœur, puis des étonnants albums Tatou chez Michalon, toujours avec Alexandre Faure ).

    b127f063137a02784393ac38f625bfe4.jpg

    Bref, les éditions Belem sont mortes, vive les éditions Belize, qui proposent déjà 3 titres à découvrir sur leur site, dont deux albums très amusants (collection dirigée par Francesco Pittau) : Ça devait arriver de Gaëtan Dorémus et Il était une chaise de Bruno Heitz.

    En novembre, paraîtra un troisième opus signé Nouchka Cauwet, Parler le monde La naissance d’une langue, illustré par Sylvie Serprix, que j’ai hâte de découvrir...

    www.editions-belize.com
    Lien permanent Catégories : Edition, Littérature jeunesse, Sur le Web 0 commentaire 0 commentaire
  • La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse

    6e181d262033503ef8d1832ff0dea237.jpgLa Charte des Auteurs et des Illustrateurs jeunesse a mis en ligne une toute nouvelle version de leur site.
    www.la-charte.fr

    On y retrouve le répertoire des membres, des informations sur le métier, les revendications, le dernier n° des Nouvelles à télécharger, ou encore une histoire de l'association signée Claire Nadaud qui écrit : "Faire l’historique de la Charte alors qu’elle atteint ses 20 ans comme association 1901 et ses 30 ans d’existence et qu’elle est passée d’une vingtaine d’auteurs militants et déterminés, à près de 700 aujourd’hui, c’est faire la longue liste de tous ceux et toutes celles qui ont su donner du temps et de l’énergie pour que vive une association très originale..."

    La charte sera présente sur le salon du livre jeunesse de Montreuil 2007 du 28 novembre au 3 décembre (stand H1).

    Lien permanent Catégories : Littérature jeunesse, Sur le Web 0 commentaire 0 commentaire
  • Harry Potter

    bd0effa481915fdd9d35a15ee3804c62.jpgJ'ai appris hier (merci à Anne) une chose dont j’avoue avoir du mal à me remettre… Albus Dumbledore, mentor d’Harry Potter, aurait été gay (là n’est pas le problème) et je ne m’en serais pas rendue compte – même en ayant lu le septième et dernier tome ? (Tome réussi dans l’ensemble, en dépit d’un épilogue superflu…) Soit je suis passée à côté d’indices essentiels, soit ces mêmes indices n’existent pas… (N’ayant cependant pas le temps de me replonger dans les ouvrages, qu’on n’hésite pas à me signaler une quelconque allusion qui aurait pu m’échapper…)

    La créatrice de Potter a révélé l’orientation sexuelle du vieux sorcier il y a quelques jours. La plupart des fans (je ne parle pas des simples lecteurs, mais des fanatiques) sont paraît-il ravis, et la communauté gay se réjouit (ce n’est pas le cas des intégristes de tous bords, mais on sait que de ce côté, la série était de toute façon déjà conspuée et mise à l’index – entre autres pour satanisme – comme quoi, il n’y a pas que les accros à Potter qui confondent réalité et fiction…)

    Il reste qu’on se demande ce qu’une révélation de ce genre peut bien apporter à l’humanité… surtout quand on sait que les livres ne contiennent rien pour confirmer les dires de l’auteure. En revanche, il est fort dommage qu’un auteur cherche à imposer a posteriori des interprétations sur tel ou tel personnage… les romans devraient se suffire à eux-mêmes. Libre ensuite au lecteur d’imaginer ce qui lui chante selon ce que le texte lui évoque. Un auteur est en droit de parler de ses romans, mais est-il censé faire l’exégèse de ses propres écrits ? Pourquoi pas. Encore faut-il que cela ait un quelconque intérêt…

     

    On lira aussi l'analyse que Joannic Arnoi en fait sur son blog (après avoir proposé une traduction d'un article relatant LE coming-out dans le détail). Il écrit très justement : "D'un autre côté, cette façon naïve de "traiter" un personnage de fiction comme s'il était un être de chair et d'os est typiquement américaine. Comme est aussi très connotée cette reprise ultra sérieuse par la principale agence d'information US, et la multiplication des réactions de par le monde. Aujourd'hui, il semblerait qu'un personnage "virtuel", de par la puissance du dispositif médiatique dans lequel il s'insère, soulève des passions qui n'ont rien de virtuel."

     

    db94879c19e12791d42e654cf81f0d12.jpgJustement, Joannic Arnoi propose aussi une analyse fouillée de Point de côté, roman d'Anne Percin (T. Magnier) que j'aime moi aussi beaucoup et dont je parle sur Sitartmag. Le narrateur est homosexuel, mais là n'est pas le plus important à mes yeux.

    A propos du même roman, lire aussi le petit débat spontané (et instructif) qui avait eu lieu sur le site de Ricochet.

     

    Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Littérature jeunesse, Sur le Web 4 commentaires 4 commentaires
  • Parution - L'APPRENTI D'ARALUEN

    L'APPRENTI D'ARALUEN Le Chant des Wargals (tome 2)
    un roman de John Flanagan - traduit de l'anglais (Australie) par Blandine Longre - Hachette romans jeunesse - 2007

    cd491851a843106cc8ac5fc274fcf4e5.jpg

    4e de couv - L'apprentissage de Will auprès du sombre Halt a porté ses fruits. Le voilà prêt à accompagner Gilan, Rôdeur aguerri, en Celtica, pour prévenir le Roi des Celtes des plans diaboliques de Morgarath. Will doit faire preuve de courage et de perspicacité pour résister au chant morbide des Wargals, déjouer tous les pièges que sa périlleuse mission lui réserve et affronter le ténébreux Seigneur de Pluie et de Nuit... Will saura-t-il gagner sa place dans l'Ordre des Rôdeurs ?

    Le tome 1 sur Ricochet
    Le tome 2 sur Ricochet
    En douce - chronique
    Chroniques de l'imaginaire
    L'auteur
    L'éditeur français
    acheter

    Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Littérature jeunesse, Traductions & publications 0 commentaire 0 commentaire
  • Parution - L'APPRENTI D'ARALUEN 1

    L'APPRENTI D'ARALUEN L'Ordre des Rôdeurs (tome 1)
    un roman de John Flanagan - traduit de l'anglais (Australie) par Blandine Longre - Hachette romans jeunesse - 2007

    096e713a65dc61100a4e5c4ba517404c.jpg

    4e de couv - Will rêve de devenir chevalier, comme son père, mort en héros au combat. Mais c'est un tout autre destin qui lui est réservé. Il sera désormais l'apprenti sorcier du sombre Halt, un Rôdeur aux pouvoirs troublants, défenseur secret du royaume d'Araluen. Pour maintenir la paix du domaine, Willdoit apprendre la magie de la dissimulation et devenir une ombre parmi les ombres. Et il lui faut faire vite car les montagnes désoles de Pluie et de Nuit murmurent que Morgarath, noir seigneur et baron félon, serait de retour... Et qu'il compterait bien reprendre le pouvoir par le feu et le sang.

    Présentation du tome 1 sur Ricochet
    L'auteur
    L'éditeur français
    Publishers Weekly
    acheter

    Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Littérature jeunesse, Traductions & publications 0 commentaire 0 commentaire