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tingo

  • D'une langue à l'autre

    tingo3.jpgJe découvre, via http://jelct.blogspot.com/2008/11/kmutonla-et-cetera.html, une excellente initiative intitulée "le Dictionnaire des Intraduisibles", mise en place par la Bulac. L'occasion de reparler de deux ouvrages qui se penchent sur les mots français et de nombreux autres.

    Tingo, Drôles de mots, drôles de mondes, d'Adam Jacot de Boinod, traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Dupin - 10-18, 2007

    Les mots Oiseaux de Marie Treps, illustrations Gwen Keraval - Le Sorbier, 2007

    Adam Jacot de Boinod, un amoureux des langues, a répertorié et classé des dizaines de mots appartenant à une centaine d’idiomes plus ou moins connues chez nous (de l’anglais au japonais, en passant par le persan, le maori, le pachto, le tulu…). Des mots amusants ou surprenants, qui recouvrent souvent diverses réalités culturelles, ou bien l’universalité de l’expérience humaine.
    Cet ouvrage d’ethnolinguistique, de prime abord léger et divertissant, est malgré tout le résultat de recherches longues et fouillées (plus de 200 dictionnaires consultés) ; sans pourtant céder à la simplification, l’auteur a su mettre son érudition au service du plus grand nombre en vulgarisant le jargon linguistique, et aborde divers domaines de la vie quotidienne (de l’alimentation à l’amour, des expressions animales à la météo…). On remarque que certaines langues font preuve d’un sens de l’économie étonnant, un terme très court pouvant exprimer une situation ou une idée pour laquelle aucun équivalent n’existe dans les autres langues. Ainsi, que signifie le fameux « tingo » du titre en rapanui (langue de l’île de Pâques) ? («Emprunter une à une les affaires d’un ami jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien chez lui. ») Même chose pour «rujuk », verbe indonésien (« se remarier avec une femme dont on a divorcé»), pour « ilunga », un mot tchiluba, langue africaine (« personne prête à pardonner n’importe quelle offense la première fois, à la tolérer une deuxième fois, mais jamais une troisième »…) L’auteur recense par ailleurs un grand nombre d’expressions figées, montrant que les métaphores varient avec la géographie. Un panorama qui témoigne en tout cas de l'indéniable richesse et de la diversité des langages humains.

    motsoiseaux.jpgIl en est de même avec Les mots Oiseaux, de Marie Treps (linguiste, attachée au Laboratoire d’anthropologie urbaine au CNRS) ; un ouvrage illustré avec finesse et humour par Gwen Keraval, certes d’abord destiné à de jeunes lecteurs (à partir de 8-9 ans), mais que les adultes auront plaisir à découvrir et feuilleter. Cet abécédaire des mots français venus d’ailleurs part du principe que « les mots sont des oiseaux », qu’ils « ignorent les frontières » et « nous relient à d’autres gens ». Le lecteur comprend comment, à travers les multiples exemples recensés par l’auteure, la langue n’est pas un matériau fixe, mais est en perpétuelle évolution, au fil de l’histoire et des échanges entre les peuples (d’où la nécessité de fuir les puristes ou censeurs qui aimeraient momifier le français). On apprendra ainsi d’où viennent des termes aussi banals que « cauchemar », « toboggan », « matelas », « caramel » ou « ballon »…

    (B. Longre)

     

    Toujours du côté de la traduction, je recommande un article fort instructif publié par Emmanuel Pallier : "Satané fucking", où l'on comprend que le terme en question n'est pas si simple à traduire...

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