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Cruelles amours

mats.jpgNatural woman de Rieko Matsuura, traduit du Japonais par Karine Chesneau, Philippe Picquier.

 

Yôko remonte le temps et se souvient avec lucidité de ses amours passées : à contre-courant donc, trois liaisons sont racontées, décortiquées, analysées ; des aventures singulières, non pas tant parce que Yôko aime les femmes, mais surtout par leur caractère sadomasochiste avoué, en particulier avec Hanayo qui, comme la narratrice, est dessinatrice de mangas et avec laquelle elle entretient des rapports amoureux et érotiques hors-normes, passionnés et destructeurs. Cette première expérience de l'amour semble alors dicter à Yôko son comportement avec ses autres partenaires.
Dans une langue crue et limpide, l'auteur fait évoluer une jeune femme libérée (nulle référence à la famille ou à des traditions surannées) dont l'indépendance n'est en réalité qu'une façade, tant elle est soumise à ses désirs charnels et à la complexité de ses rapports avec ses amies. Ses relations avec Yukiko, sa dernière amante en date, ressemblent à s'y méprendre à celles qu'elle entretenait avec Hanayo, excepté que tout sentiment en est ici absent. Seule Yuriko la trouble véritablement : si pure et inaccessible que Yôko refuse de penser à elle comme à une éventuelle compagne de jeux érotiques. En dépit du nombrilisme omniprésent et de l'incapacité de la protagoniste à trouver une voie vers une relation amoureuse stable, on se prend au jeu, à suivre les méandres du cœur et du corps de Yôko et ses souvenirs agrémentés de nombreux détails élevés au rang de symboles. Soit, l'auteur se démarque surtout par l'aspect provocateur des thèmes qu'elle aborde, mais on admire la vivacité de sa réflexion sur la souffrance et la cruauté que l'amour est susceptible engendrer.

(B. Longre)

http://www.editions-picquier.fr/

Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 1 commentaire 1 commentaire

Commentaires

  • Bonjour, et merci pour cette note. J'ai lu ce livre en effet très intéressant lorsqu'il est paru, car le Salon du Livre m'avait demandé de recevoir et d'interroger son auteur en public.

    Voilà un texte qui remise au placard certaines visions doucereuses des amours entre femmes, et rend carrément comiques certaine déclaration selon laquelle une femme peut préférer les femmes par refus des rapports que veulent lui imposer les hommes !

    Mais allons plus loin, et remarquons que dans les amours entre hommes et femmes, l'"homme" et la "femme" se disposent souvent de façon très partagée entre l'homme et la femme, partagée comme peuvent l'être des plaques tectoniques en tension dangereuse. Il peut y avoir beaucoup d'homme dans une femme et beaucoup de femme dans un homme - et notamment de cette sorte de sadisme féminin que l'on voit à l'oeuvre dans ce livre.

    Mais tout de même, l'amour, c'est autre chose. L'amour passe par-dessus toutes ces misères, l'amour est généreux, bon et profondément paisible, quand on l'atteint vraiment. N'est-ce pas ?

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