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Bourdes et autres maladresses...

1906370210.jpgJe n'ai pas lu Millénium, la désormais célèbre trilogie de feu Stieg Larsson - d'autres l'ont fait (par milliers) et l'un d'eux s'est amusé à relever les erreurs en tout genre qui émaillent la traduction. Enumération certes cruelle pour les traducteurs (toute traduction étant perfectible, en particulier quand les délais sont serrés), mais non moins justifiée dans ce cas, au vu des perles que Jacques Drillon rapporte ici.

Incontournable, Millénium ? Il semblerait que non... ou bien seulement si l'on a du temps à perdre et envie de lire par soi-même des calques, des pléonasmes, des traductions mot à mot ; ainsi, les énormités du style :  «Elle doit être brûlée au feu», «Harriet Vanger a ressuscité de la mort», «La police aurait tâtonné à l'aveuglette», «Lisbeth n'est pas du genre à se rendre de son plein gré»,  «La seule chose positive avec cette photo était qu'elle y était si méconnaissable que peu de gens la reconnaîtraient». Ou encore, pour terminer ce florilège (extrait de l'article en lien) : «Camilla avait été pleine de réussite à l'école», «Nous vous demanderons quel type d'image vous paraît attirant en vous montrant plusieurs alternatifs» (???)

On aura beau tenter de me convaincre de la qualité des trois romans, je reste dubitative - à moins que la qualité langagière d'un polar soit moins importante que celle des "vrais" romans... ? Alors attendons peut-être la parution en poche, comme le suggèrent certains, en espérant que des relectures la précèderont.

Lien permanent Catégories : Littérature étrangère, Traduire 17 commentaires 17 commentaires

Commentaires

  • Je me demande tout de même si l'auteur, au départ, n'a pas voulu s'amuser avec ces pléonasmes qui sont tellement fréquents dans la vie de tous les jours, et dans le langage parlé ("Au jour d'aujourd'hui", "La paume des mains", etc). Dans ce cas, la traduction passe mal, parce qu'on est souvent"hors des clous" et que l'effet comique tombe à plat.
    Cela dit, s'il n'y a pas d'effet comique en suédois, évidemment... on peut s'interroger ;-)
    Ces livres ont visiblement beaucoup de succès, et ont récolté jusqu'ici que de bonnes critiques. Ce qui m'étonne, moi, c'est que ça n'ait gêné personne jusqu'à maintenant !

  • J'ai relevé récemment dans un autre polar, traduit du norvégien celui-là, quelques approximations de traductions (du genre : "Un corbeau était assis sur le bord de la fenêtre"...étonnant, non ?) mais il est vrai qu'au bout d'un moment,pris dans le roman, on a tendance à ne plus les remarquer !

  • C'est vrai que ces livres ne sont pas d'une qualité littéraire exceptionnelle et que les intrigues sont assez invraissemblables mais je me suis laissé prendre !

  • Nous savons bien comme il est aisé de critiquer une traduction.
    Ceci étant, une telle accumulation de bourdes ne s'explique que d'une manière (si l'on est indulgent) : le traducteur ne s'est pas relu. On en revient à l'une des règles d'or : ne pas accepter de contrat si les délais ne sont pas raisonnables. Or, nous savons aussi qu'il est parfois difficile de refuser un contrat.
    Ergo, c'est l'éditeur qu'il faut blâmer...

  • Merci, Emmanuel : je suis bien d'accord, il est facile de critiquer une traduction, et aucun de nous n'est à l'abri d'une erreur, de délais serrés - je suis consciente de mes limites et il n'est pas dans mes habitudes de critiquer le travail de confrères mais dans ce cas précis, les "bourdes" citées sont consternantes.
    Quand je lis, dans l'un des commentaires de l'article de Bibliobs, d'autres exemples, comme "Cours pour ta vie !" calque en anglais de "Run for your life !"(cela doit être une expression idiomatique identique en suédois, langue germanique comme l'anglais - en partie !), on n'est plus dans le registre du clin d'oeil humoristique... mais bien dans la traduction mot à mot ("sauve qui peut ! en français , ou bien "file !") - et même lors d'un premier jet, quel traducteur écrirait cela ?
    Soit, les traducteurs ne se sont pas relus, certainement pris par le temps et par une remise urgente - mais que dire de l'éditeur ? des correcteurs ?

  • Certaines maisons d'édition, et pas seulement les petites, n'investissent pas dans des correcteurs...

  • bourdes ?, Dieu !

  • Il faut préciser que dans le cas de cette traduction, l'éditeur EST le traducteur... Ce qui est rarement une bonne chose, car on sait bien que l'on a toujours besoin d'un regard extérieur sur son travail... Après, de deux (ou trois) choses l'une : soit il a cru pouvoir se passer d'un relecteur, soit ledit correcteur n'a pas osé critiquer le travail de son éditeur, soit enfin le relecteur a fait des suggestions au crayon, que l'éditeur outré a joyeusement biffées, qui sait... En tout cas, le résultat est en effet assez épouvantable et exaspérant au fil de la lecture.

  • Je suis bien triste de toutes ces fautes de traduction. J'avoue que j'ai été tellement conquise par les personnages, l'histoire, les histoires d'ailleurs, que je n'ai pas guère prêté attention à ces "bourdes". Quoiqu'il en soit je ne regrette pas ma lecture. Sans doute question budget, vaut-il mieux attendre que les trois bouquins sortent en format poche, mais égoïstement en tant que libraire, j'ai bien apprécié de pouvoir vendre beaucoup de ces trois titres. En ces temps d'abandon des librairies et de pénurie à tous les niveaux, cette trilogie permet de sauver un peu la mise sans rougir pour autant.

  • Bonjour Hélène - Je comprends le point de vue de la libraire ! En même temps, on espère que la version poche aura été rectifiée...

  • Bonjour Blandine,

    La réponse des traducteurs publiée par l'Obs:
    http://bibliobs.nouvelobs.com/2008/05/07/le-critique-litteraire-qui-ne-reconnait-pas-la-bible
    est intéressante, ainsi que les commentaires...

  • Merci pour le lien vers cette réponse des traducteurs. C'est bien qu'ils réagissent !

  • d'accord il y a pleins de bourdes...mais "brulé part le feu " n'en est pas une car il ya des des brulures electriques , des brulures chimiques ou par radiation..et des brulures thermiques (par le feu)

  • Il me paraît plus important de se laisser couler dans le flot de la création d'un auteur, que de traquer ses fautes (ou celles de ses traducteurs(trices)si l'on n'est pas payé comme correcteur(trice). Dans "Millenium" l'extraordinaire personnalité de Lisbeth Salander, l'intrigue, les visions de la vie suédoise, l'exposition de son histoire, et ce foutu Blumquist, transcendent les imperfections de l'écriture.
    Il y a deux lectures : celle du lecteur par plaisir et celle de l'enseignant. Loin de moi l'idée de vilipender ce beau métier, mais ce n'est pas la même chose de traquer les fautes de ses élèves que de s'abandonner à la littérature.
    Combien de prétendants à la publication m'ont adressé des manuscrits sans talent, en me faisant remarquer que leur qualité d'agrégé(e) les mettaient bien au dessus de mes éventuelles réticences d'éditeur.
    Et puis il y a un peu d'esprit chagrin à dire que "bof Millenium" parce que tout le monde lit Millenium.
    Sincèrement.
    Jack Cha

  • Merci Jack.
    Concernant Millénium, je ne l'ai pas lu, et me suis contentée de relayer les remarques de Drillon (confirmées par de nombreux lecteurs) ; mais en tant que "simple lectrice", il m'arrive de refermer un livre mal traduit au bout de 10 pages (c'est malheureusement parfois le cas des polars...), tant le plaisir de lire peut en être gâché. Et généralement, je ne lis pas en tant qu'enseignante (fort heureusement !!) et attends de me laisser porter par un texte (je n'attends que cela, en fait). Par ailleurs, un traducteur n'est plus un élève et il est des erreurs que l'on accepterait d'un élève mais pas d'un traducteur ou d'un correcteur professionnel. Non ?

    Concernant le fait que "tout le monde lit Millenium" : il est vrai que j'ai tendance à me méfier des engouements collectifs soudains pour un seul et unique bouquin tandis que des dizaines d'autres (pas moins excellents) sont oubliés... en particulier par la critique.

  • Voilà un post qui me semble justement polémique, car il s'appuie sur des éléments critiques rarement investis ("la littérature", "la facilité", "le snobisme", etc.), sur lesquels il est donc d'autant plus difficile de trancher, si tant est qu'il le faille, qu'on ne sait exactement ce qu'ils recoupent.
    Parler de la qualité d'une traduction, c'est aussi mettre en valeur des clans dans lesquels il faudrait se ranger ("les profs" versus "les amateurs de littérature", les "fidèles au texte" contre les "traîtres", par ex.) avant de prendre position, afin d'être identifiable et de pouvoir faire l'objet d'un discours non pas en-soi (je m'intéresse à ce que tu dis en tâchant d'en jauger la justesse et mon accord ou non avec le propos) mais pour-soi (je m'intéresse à ce que tu es).
    Enfin, le post sur "Millenium" permet utilement de mettre la question littéraire au centre du débat, en se demandant ce qui la caractérise. Si on ajoute à cela l'idée de "respect de l'auteur", de "respect du grand public" (s'il aime, de quel droit pourrait-on, pertinemment ou non, ne pas aimer ?), de plaisir (opposé à la lecture intellectuelle, vilaine) et d'argent, on obtient un cocktail joliment détonant, que les curieux pourront poursuivre par le cyberfeuilletage d'un dialogue sur http://master2.hautetfort.com/archive/2008/04/22/quand-la-situation-vampire.html.
    Cordialement,
    Bertrand Ferrier.

  • Merci Bertrand. Le "cas" Millenium est complexe, je vous l'accorde, et il m'est difficile de me positionner dans un clan ou dans un autre car je ne l'ai pas lu (c'est certainement un tort... et peut-être n'aurais-je pas dû proposer ce billet... ?). Il reste qu’il existe nombre de situations de lecture – et la dichotomie lecteur universitaire / lecteur lambda (ou "méchant prof jamais pleinement satisfait" contre "gentil amateur toujours bon public") est trop réductrice à mon goût, certains lecteurs amateurs sachant aussi apprécier la qualité/ les failles d'un texte - ne serait-ce qu'à l'aune du plaisir ou du déplaisir qu'ils en retirent.
    Par ailleurs, il nous sommes bien d'accord (du moins il me semble...) : une lecture attentive à la langue (celle du prof, entre autres, mais aussi du critique cherchant à capter l'architecture d'un texte et ses réseaux de signification) n'exclut pas la lecture plaisir (au contraire, elle l'amplifie dans certains cas...)
    Merci pour le lien vers votre billet portant sur Westerfeld, que je vais consulter.

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