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Etrange précisionnisme

ogawa3.jpgL'annulaire, de Yoko Ogawa
traduit du Japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
(Titre original Kusuriyubi no hyohon, 1994)
Actes Sud, 1999 Babel, 2005

 

L'annulaire est un beau récit, étrange et déroutant, surprenant par sa brièveté et par sa sobriété de ton. On apprend peu de choses de la vie passée de la narratrice, une jeune fille candide et sans attaches. Employée dans une usine de boissons gazeuses, une machine lui arrache un morceau de chair à l'annulaire. Bouleversée par cette perte, elle part en ville et trouve un emploi dans un laboratoire très spécial. L'unique employé de l'immense bâtisse, monsieur Deshimaru, y rassemble des objets qui incarnent, pour les personnes qui les apportent, une souffrance, un souvenir... Ces objets subissent alors une transformation et deviennent des 'spécimens', entreposés à jamais dans ce lieu.

Alors que la jeune secrétaire s'installe dans une routine en apparence apaisante, elle succombe peu à peu, fascinée, aux obsessions de son patron, et le récit devient celui d'une emprise. Ce qui semble lier les personnages est 'l'objet', quel qu’il soit, toujours décrit de façon minutieuse : les chaussures de la fille, la blouse de Deshimaru, les différents spécimens .. L'écriture, limpide, s'attache à désincarner ces objets, à leur donner une âme capable de dominer un être humain. L'auteur maîtrise parfaitement la tension croissante et, en dépit des signes avant-coureurs que le lecteur perçoit, la jeune fille est projetée dans un abîme fétichiste : la tragédie peut alors se rapprocher, implacable, inéluctable.

(B.Longre)

 

ogawa2.jpgL’œuvre complète de Yoko Ogawa paraît ce mois dans la collection Thesaurus des éditions Actes Sud : 1000 pages pour 18 textes qui couvrent dix ans d’écriture. Hormis L'annulaire, je recommande La Piscine, Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, ainsi que Les abeilles.

 

http://www.actes-sud.fr/

Lien permanent Catégories : Critiques, Littérature étrangère 4 commentaires 4 commentaires

Commentaires

  • moui.... Mais nettement moins étrange, et original, du même coup, si on rappelle que par cette étrangeté même, et cet obsessionnel soin du détail, Ogawa s'inscrit dans la filiation littéraire japonaise. Elle m'apparaît, à moi, comme une petite-fille de Sôseki et une cousine de Murakami, l'humour en moins, me semble-t-il, malheureusement.

  • En effet, tu as raison sur cette étrangeté, très japonaise. Quant à l'absence d'humour, oui, je souscris aussi, mais je trouve cette froideur de ton plutôt fascinante.

  • oh ! J'ai vu le film "L'annulaire", mais j'ignorais que c'était un livre, au départ !
    je serais curieuse de le lire...
    Le film était déjà tellement étrange...
    Bon-week end Blandine :-)

  • Et je ne savais pas qu'il existait un film ! Merci pour l'info.

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