Ma couleur de Catherine Leblanc & Sophie Charpin (illustrations), éditions Balivernes
Fathi, bouleversé par la séparation de ses parents, a perdu sa « couleur de famille », sa «couleur d’enfant » ; il se cherche, ne se retrouve plus, et seule une question le taraude à présent : « De quelle couleur je suis ? » ; une question qu’il pose à tous ceux qui l’entourent (au point d’exaspérer sa mère) sans entendre de réponse satisfaisante, ni dans la famille de son père, ni dans celle de sa mère, ni à l’école… Noir, blanc, chocolat, couleur de poussière ou couleur « de crotte » (selon certains camarades de classe…) ? En tout cas, il sait qu’il n’est pas couleur « lait tourné », contrairement au nouvel amoureux de sa mère...
L’écriture sobre et sereine de Catherine Leblanc retranscrit à merveille cette quête identitaire et les tourments d’un petit garçon attachant, déboussolé par des événements sur lequel il n’a pas prise ; Ma couleur explore avec finesse un drame intime que les enfants ont parfois du mal à mettre en mots : comment accepter qu'un univers confortable, construit autour d'un couple que l'on croit inséparable, s'écroule ainsi ? Et dans ce cas, comment se positionner face à cette cassure ? Mais c’est d’abord la poésie des mots (et le symbolisme des couleurs – en réalité très relatif… comme le montrent les réponses des différents protagonistes) que l’on retiendra, associée aux douces illustrations sépias et pastels de Sophie Charpin, qui s’accordent aux sentiments (et aux couleurs changeantes...) du jeune narrateur.
Une ode à la différence, à la diversité, qui développe habilement l’idée, en filigrane, qu’il faut apprendre à se séparer (de ses parents, de son enfance…) et à accepter les séparations des autres pour, finalement, grandir…