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"Résister dans la cacophonie"

arton158.jpgUne nouvelle revue littéraire ? Encore une... se lamenteront sans nul doute certains. Alors que toutes les initiatives de ce type méritent d'être examinées avant d'être jugées, ne serait-ce parce qu'elles témoignent généralement d'une volonté de renouvellement, d'une prise de risque certaine et d'un désir de créer des "espaces" où la parole est parfois susceptible de se libérer autrement, à partir de règles inédites, sinon innovantes.

Le premier numéro de l' "espace-revue contemporain" TINA / There is no alternative paraît dans a paru il y a quelques jours. Publiée par les éditions èRe, animée par un collectif (Éric Arlix, Chloé Delaume, Hugues Jallon, Dominiq Jenvrey, Emily King, Jean-Charles Massera, Jean Perrier et Guy Tournaye), TINA propose des fictions, un dossier ("la littérature occupée" pour ce numéro) et une partie intitulée "veille", composée de critiques diverses.

Les propositions énoncées dans l'éditorial, qui ressemble fort à une profession de foi, permettent de se faire une idée de ce que les "animateurs" entendent bâtir à partir de cet outil, entre expérimentation, ouverture et résistance. Certes, certaines assertions me laissent un peu perplexe - à savoir que la littérature ne serait pas "une affaire de divertissement"... alors qu'ouvrir un livre relève d'abord du principe du plaisir (ceci n'engage que moi) et que j'entends bien me divertir aussi en lisant (après, tout dépend de la définition du "divertissement" que l'on retient - entre "l'action de détourner de ce qui occupe", au sens pascalien du terme - celui que les contributeurs ont retenu -, et les notions de "jeu" et "plaisir", il peut y avoir un gouffre).

De même, l’idée suivante : « la solution face à la désertification de l’espace littéraire n’est pas de multiplier les mirages internet et les blogs en forme de rivière folle à descendre d’un scroll, bordée tous les trois posts des :- ) et des ;- ) des visiteurs… » me paraît bien peu justifiée. Déjà, le terme « désertification » est excessif, pour ne pas dire alarmiste (peut-être suis-je naïve), mais surtout, le fait de schématiser l’outil Internet (et de n’en retenir que des aspects sans intérêt) pourrait faire croire à une certaine posture conservatrice que dément, bizarrement, la création d’un blog collectif, conjointement à la parution de TINA. (Il va de soi qu'on ne défend pas l’Internet et ses dérives en tant que tel, mais l’usage que l’on peut en faire… il en est de même pour le papier ou tout autre « support ».) Ajoutons que la toile littéraire se porte assez bien et qu'il s'agit seulement de savoir faire le tri... :-)

Hormis ces réserves, il y a bien des choses à glaner dans la revue, qui elle-même contient des textes fort « divertissants » (oui, je les ai lus avec plaisir...), comme un extrait de Tuer Catherine de Nina Yargelov (à paraître en 2009 aux éditions POL) ou Vox Populi de Karoline Georges (parodie très lucide d'une démocratie vouée au ridicule). Quant au dossier, il s'interroge sur " l'occupation " du territoire littéraire actuel (qui se l'approprie, comment tenter de l'investir de nouveau, etc.), avec plusieurs contributions, dont celles de Dominiq Jenvrey (La littérature doit s'occuper à fabriquer l'action du futur) ou de Chloé Delaume (La République Bananière des Lettres), pamphlet sur le mode du guide socio-politico-économique, dont on retiendra entre autres : "La République Bananière des Lettres compte deux fêtes nationales. La Rentrée de Janvier et le Grand Sacrifice de Septembre, qui fait l'objet d'une surveillance récente d'Amnesty International."

 http://www.editions-ere.net/projet158

Voir aussi ce qu'en dit François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1367

La revue TINA sera présente au 18e salon de la revue (10-12 octobre 2008, Espace des Blancs-Manteaux, Paris IVe)
http://www.entrevues.org/

 

Lien permanent Catégories : Littérature francophone, Revues 1 commentaire 1 commentaire

Commentaires

  • Je suis un peu perplexe face à l'attaque faite aux blogs littéraires. Comme vous le dites si bien, il s'agit de faire le tri - le même que nous faisons dans un kiosque à journaux ou face à un rayon de livres dans une librairie. Cependant, je trouve héroïque de prendre le risque (considérable) de monter une revue littéraire. Bienvenue donc à Tina!

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